La démence est un sujet particulièrement douloureux et émotionnel, dont il est difficile de parler sans se sentir mal à l’aise. Si vous avez constaté des symptômes évoquant la maladie d’Alzheimer ou tout autre trouble cognitif, vous ne savez peut-être pas comment aborder la question avec votre parent. Vous trouverez ci-après quelques conseils pour engager la conversation sur la démence soupçonnée et encourager votre proche à se faire diagnostiquer.

Comment parler de la démence avec un parent âgé ?

Vous avez le sentiment que votre proche souffre de troubles cognitifs et comportementaux, mais ne savez pas trop comment aborder le sujet et l’inviter à chercher de l’aide ? Les gens changent avec l’âge : leur santé et leurs facultés mentales peuvent décliner rapidement, surtout lorsque la détérioration est liée à une maladie d’Alzheimer ou à toute autre forme de démence.

Votre proche soupçonne peut-être déjà que quelque chose ne va pas et est anxieux. Il est possible qu’il tente de dissimuler son inquiétude et ses symptômes, plutôt que d’avoir une conversation avec vous, ce qui risque d’être encore plus frustrant.

Heureusement, en adoptant une attitude appropriée, vous pouvez amorcer une conversation productive et l’aider à accepter de se faire diagnostiquer pour rechercher une éventuelle démence.

1. Montrez à votre proche que vous êtes concerné

Souvent, les parents âgés ne veulent pas être un fardeau pour leurs enfants adultes et ont peur des conséquences de la démence. Il n’est pas aisé d’inverser les rôles parent/enfant. C’est pourquoi l’aidant familial doit exprimer son inquiétude en montrant qu’il est concerné. Il pourra ainsi engager la conversation, notamment par une phrase comme : « Je suis inquiet pour toi et avoir l’avis du médecin me rassurerait. » Il est important de souligner devant votre proche que nombre de problèmes de mémoire et troubles fonctionnels, liés à la démence ou à une autre cause, peuvent être améliorés avec un traitement.

2. Faites-vous aider par un proche ayant plus d’influence

Si votre proche ne veut pas vous écouter lorsque vous évoquez les symptômes éventuels d’une démence, trouvez quelqu’un qu’il est plus susceptible d’écouter : un autre membre de la famille, un ami, un prêtre, un avocat…

3. Restez positif

Ne vous concentrez pas sur les problèmes de votre proche, mais parlez plutôt de l’importance de recevoir un traitement rapidement afin de maintenir ses facultés, sa mémoire et, partant, une bonne qualité de vie.
Montrez à votre parent que vous êtes de son côté et que vous voulez qu’il reste autonome et heureux.
Il est important d’éviter d’utiliser des mots comme démence et maladie d’Alzheimer, avant le diagnostic, car ils peuvent faire peur à la personne âgée.

4. Reconnaissez ses craintes

Il est normal d’être inquiet lorsqu’on soupçonne un trouble mental susceptible d’affecter les aptitudes quotidiennes, telle la démence. Soyez bienveillant et humain, et reconnaissez que vous aussi êtes inquiet, c’est pourquoi vous voulez l’aider.

5. Ne répondez jamais avec colère

Les personnes souffrant de démence peuvent présenter des troubles du comportement et vous aurez donc encore plus de difficultés à les aider. La colère, la confusion, la peur, la paranoïa et la tristesse qu’éprouve une personne atteinte de démence peuvent entraîner une agressivité, des propos offensifs, voire des actes violents. Si vous vous mettez en colère, elle ne vous écoutera pas. Il est important de rester calme et d’approcher la personne souffrant de démence de face, en gardant un contact visuel. Employez des phrases courtes et essayez de détourner la conversation en proposant une activité ou un aliment apprécié.

6. Contactez le médecin avant le bilan de santé

N’attendez pas un bilan de santé annuel pour exprimer votre inquiétude au sujet d’une éventuelle démence. Invitez votre proche à consulter son médecin traitant dès que possible, lequel décidera éventuellement de l’orienter vers une consultation mémoire, afin de diagnostiquer une démence ou au contraire de rassurer votre parent.

7. Soyez persévérant

Si votre proche refuse de parler de démence et ne veut pas d’aide, persévérez en douceur. Vous pouvez abandonner la question quelque temps et tenter une nouvelle approche en adoptant une technique différente.

Faut-il mentir à un proche atteint de démence ?

L’honnêteté stricte n’est pas toujours la meilleure approche à l’égard d’une personne atteinte de démence. Il faut tenir compte des émotions et de la santé mentale de votre proche. Sa perception de la réalité est souvent déformée par le déclin cognitif et la perte de capacité à comprendre et traiter les informations.

Essayer de forcer votre proche à abandonner sa version de la réalité et à revenir dans le « monde réel » peut entraîner confusion, douleur, anxiété, peur et colère.

Découvrez les bienfaits de la validation et de la redirection

Il est recommandé de valider les sentiments de votre proche atteint de démence.

Par exemple, si votre mère est agitée et veut voir son père (qui est décédé), lui rappeler crûment qu’il n’est plus de ce monde peut s’avérer cruel. Essayez de valider ce qu’elle éprouve en disant : « On dirait que tu penses à ton père. Parle-moi de lui ! »

Se souvenir et partager des réminiscences aidera souvent votre proche à s’apaiser. En respectant ce que votre mère ressent, vous n’exprimez ni votre accord ni votre désaccord avec l’idée que son père est toujours en vie.

Outre la thérapie de la validation, vous pouvez essayer la redirection, utile dans ce genre de situations. Rediriger signifier détourner l’attention de votre proche vers quelque chose d’agréable. Dans l’exemple ci-dessus, vous pourriez rediriger votre mère vers une activité qu’elle apprécie, comme écouter de la musique ou jouer à un jeu simple.

Ne craignez pas le mensonge thérapeutique

Parfois, la validation et la redirection n’atteignent pas l’objectif souhaité et votre proche reste agité ou anxieux. Dans ce cas, vous allez devoir recourir au mensonge thérapeutique. Il s’agit soit d’abonder dans le sens de votre proche soit de dire des choses qui ne sont pas vraies pour éviter de lui causer de la peine.

Si votre mère insiste pour voir son père, vous pouvez lui dire qu’il est sorti faire des courses ou qu’il habite loin et que vous irez lui rendre visite plus tard. Cela vous aidera à entrer dans sa réalité actuelle et à lui éviter une détresse inutile.

Il vous faudra probablement un certain temps pour vous habituer à cette technique. Accepter la nouvelle réalité de votre proche peut vous donner le sentiment désagréable de lui mentir. Mais utiliser des « mensonges pieux » pour valider ses sentiments et le rassurer ne revient certainement pas au même que mentir pour une raison malveillante. N’utilise-t-on pas déjà cette forme de déformation de la réalité pour être poli et éviter de blesser une amie qui nous demande comment lui va sa robe ?

Partagez avec nous votre expérience d’aidant familial et comment vous avez réussi à aborder la douloureuse question de la démence avec votre proche.

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Avatar auteur, Yaël A.
Yaël A.,Rédactrice chez Cap Retraite

Commentaires (16)

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  1. marie noelle peters

    ma mère de 93 ans est atteinte de démence sénile très avancée, n’a plus de mémoire immédiate, et est devenue très agressive, ne croit rien de ce que je lui dit, m’insulte, passe son temps à protester sur tout en hurlant qu’elle veut crever et qu’on veut sa peau. Je suis fille unique, je n’en peux plus, elle me harcèle au téléphone puis me raccroche au nez. je suis fatiguée de plus en plus, j’en ai assez.

    Répondre
  2. Colette Le Bozec

    Bonjour,
    Ma soeur n’en peut plus son mari vient d’ėtre reconnu Alzheimer, après plusieurs années de refus d’aller à ses RV médicaux. Reste au lit toute la journée, il reste plusieurs mois sans se laver refuse que l’infirmier vienne l’aider, refuse de manger, depuis qqs jours il est sous perfusion (glucose). Plusieurs fois dans la nuit il monte voir ma soeur pour lui dire qu’il va se recoucher. C’est l’enfer pour elle de plus elle vient d’avoir une prothèse de la hanche.
    Son médecin a refusé de lui signer les papiers pour l’Ephad.
    Elle ne sait plus quoi faire !
    Quelle structure pourrait accueillir mon beau-frère dans cet état si on ne peut pas le placer en Ephad.
    Il devient violent verbalement et cela dégénère souvent.
    Merci pour votre réponse
    Colette Le Bozec

    Répondre
    1. Amandine

      Bonjour

      Je vous remercie pour votre commentaire.

      J’invite votre sœur a nous contacter au 01 86 65 82 00 afin de trouver la meilleure solution.

      Bonne journée.
      Laetitia

      Répondre
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