Plusieurs études ont établi une corrélation entre le diabète et la démence, deux pathologies touchant particulièrement les seniors. Si le diabète est un facteur de risque de la démence, la relation entre les deux pathologies est réciproque. Les aidants doivent être particulièrement vigilants dans la prise en charge de ces deux maladies dont l’association altère particulièrement la qualité de vie de leurs proches âgés.

Le diabète, facteur de risque de la démence

Quelque 3 millions de personnes reçoivent un traitement pour le diabète, d’après le rapport « État de santé des populations en France » publié début mai 2017 par la Drees et Santé publique France. La moyenne d’âge des diabétiques est de 65 ans, en outre un quart d’entre eux est âgé de 75 ans et plus (Fédération des diabétiques).

Pour empirer les choses, plusieurs études ont établi un lien entre le diabète et la démence chez les personnes âgées. Le duo diabète/démence est ainsi présent chez 8 % des diabétiques de 65 à 74 ans et touche plus de 18 % des patients de 75 ans et plus (Diabète et démence : les liaisons dangereuses ? In Revue Médicale Suisse).

Des chercheurs de l’université de Californie, dans une étude publiée par le journal JAMA, ont notamment souligné les risques de l’association diabète et démence : « L’hypoglycémie intervient fréquemment chez les patients atteints de diabète sucré et peut avoir un impact négatif sur les fonctions cognitives. »

Le cerveau puise son énergie du glucose et les fonctions cognitives peuvent donc se dégrader lorsque le niveau de glucose dans le sang (la glycémie) chute trop. Une forte hypoglycémie risque ainsi de provoquer une atteinte neuronale, susceptible d’entraîner des troubles neurologiques, tels que la maladie d’Alzheimer.

Les adultes atteints d’un diabète de type 2 ont de 1,5 à 3 fois plus de risques de développer une maladie d’Alzheimer ou une démence vasculaire. Il existe également une relation entre le diabète et les accidents vasculaires cérébraux (AVC), aussi responsables de démences vasculaires.

Le diabète affecte la production et la régulation de l’insuline, une hormone active dans le processus d’absorption du glucose par le sang, augmentant ainsi les risques d’hypoglycémie. Les chercheurs américains ont constaté que les diabétiques qui ont eu une crise d’hypoglycémie suffisamment grave pour justifier une hospitalisation avaient un risque accru de développer une démence dans les douze ans suivant cet événement.

Dans les cas sévères d’hypoglycémie, les conséquences pour le cerveau peuvent être très graves. Les principales complications neurologiques sont :

  • des convulsions,
  • des lésions cérébrales,
  • la mort.

Le cercle vicieux du duo démence-diabète

Le risque s’avère réciproque : « Les atteintes cognitives peuvent interférer avec le traitement du diabète et entraîner une hypoglycémie. » La personne âgée atteinte de démence souffre de différents troubles cognitifs liés à l’atteinte du cerveau : perte de mémoire, attention réduite, fonctions exécutives dégradées.

Elle peut donc avoir des difficultés à s’occuper seule de sa prise en charge : injection de l’insuline, contrôle de la glycémie, prise de médicaments multiples, alimentation…

« Les personnes atteintes de démence ont plus de risques d’avoir une grave crise d’hypoglycémie », souligne ainsi l’étude susmentionnée.

L’association entre la démence et le diabète risque donc d’entraîner le patient âgé dans un cercle vicieux : le déclin des fonctions cognitives chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre démence, causé (entre autres) par l’hypoglycémie risque d’augmenter les risques de souffrir de nouveau d’hypoglycémie, contribuant à l’atteinte du cerveau.

La prise en charge du patient diabétique et atteint de démence

Si votre proche âgé est atteint de diabète, il est recommandé de vous impliquer dans sa prise en charge. Suivez son traitement médical :

Le respect du traitement de la personne âgée diabétique permettra ainsi de réduire au minimum les risques d’hypoglycémie.

Vous pouvez également vous renseigner auprès du médecin traitant de votre proche. Le risque de démence augmente avec l’âge et le médecin pourra orienter le patient âgé vers un neurologue ou une consultation mémoire pour procéder à des tests des fonctions cognitives, pour diagnostiquer une éventuelle démence.

Il est également important de se familiariser avec les signes avant-coureurs et les symptômes de la démence chez les personnes âgées :

  • perte de mémoire à court terme,
  • confusion,
  • difficultés à gérer ses finances…

Un aidant averti en vaut deux ! Pour organiser la prise en charge de votre proche âgé atteint du diabète, il est important de reconnaître la démence suffisamment tôt.

Comment réduire le risque de diabète et démence ?

L’American Heart Association (association américaine de cardiologie) a identifié plusieurs changements à introduire à son mode de vie pour améliorer la santé cardiovasculaire. Le but : réduire le risque de diabète et démence.

Les sept « règles de vie » (Life’s Simple 7) consistent ainsi à :

1. Maîtriser sa tension artérielle

2. Contrôler son cholestérol

3. Réduire ses apports en sucre et contrôle la glycémie à jeun

4. Être actif tous les jours

5. Manger mieux – profiter d’une alimentation saine et à faible teneur en gras

6. Perdre du poids

7. Arrêter de fumer

Schéma des 7 règles de vie contre les maladies cardiovasculaires, le diabète et la démence
Les 7 règles de vie contre les maladies cardiovasculaires, le diabète et la démence

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Avatar auteur, Yaël A.
Yaël A.,Rédactrice chez Cap Retraite

Commentaires (4)

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  1. Jean-Pierre Benoist

    Je déplore très fort de ne plus pouvoir obtenir de rendez-vous en CHD avec diabéto-endocrino depuis Covid pour mon épouse née en 1945 vu son diabète très déséquilibré DID et en Ehpad pour démence vasculaire+Alzheimer.Je fais seul le déplacement avec son lecteur de glycémie+relevé papier infirmier journalier d’injections ,pour le confier à l’étude du diabéto puis je fais la navette inverse quand je suis rappelé un autre jour pour récupérer lecteur et ordonnance d’un protocole adapté.Faute de consultation E.médecine,quelle galère…+les 130 km X 2 AR à mes frais.
    Incompréhensible réalité !!!
    Cdt

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