Pour maintenir et préserver leur santé, de nombreux Français consultent régulièrement leur médecin traitant. Si le dépistage de certaines maladies est recommandé à partir d’un certain âge, il peut devenir inutile, voire néfaste au grand âge. De même, certains traitements sont déconseillés pour les seniors.

Pourquoi remettre en question certains traitements chez les seniors ?

À l’heure du dépistage généralisé de plusieurs pathologies et du développement de nouveaux traitements pour un nombre croissant de maladies, les seniors et leurs aidants familiaux doivent être vigilants. Surdiagnostic, polymédication, réactions inter-médicamenteuses… Il est important d’être un patient avisé et de remettre en question certains traitements dont les bénéfices face aux risques ne font pas l’unanimité.

De nombreuses recherches montrent que certains traitements et tests n’aident pas les seniors. Ils peuvent au contraire être néfastes, surtout en fin de vie. En outre, la qualité de vie est souvent diminuée par des traitements dont les bénéfices sont finalement réduits.

« Choosing Wisely », un organisme s’adressant au consommateur américain de services de santé, propose notamment une liste de traitements à éviter (ou du moins à remettre en question) par les seniors et leurs aidants. Cette liste s’appuie notamment sur les résultats de la société américaine de gériatrie.

Les analyses d’urine et les antibiotiques, en l’absence de symptômes

Lorsque l’état de santé général d’une personne âgée change, le personnel soignant de l’Ehpad ou du service de soins infirmiers, ou même l’aidant familial peuvent être tentés de solliciter une analyse d’urine.

Mais, chez les seniors ne présentant pas de symptômes d’infection urinaire, ces tests ne sont pas vraiment utiles. Ils entraînent des traitements superflus, voire dangereux pour les seniors. L’urine contient souvent des bactéries, qui ne sont pas nécessairement liées à une infection urinaire. Au regard des résultats de l’analyse d’urine, le médecin traitant risque de prescrire des antibiotiques superflus, susceptibles d’entraîner une « résistance aux antibiotiques ».

Par ailleurs, les antibiotiques peuvent aussi avoir des effets indésirables, surtout chez les seniors :

  • fièvre,
  • éruption cutanée,
  • nausée,
  • vomissement,
  • diarrhée…

L’utilisation d’antipsychotiques et la maladie d’Alzheimer

Les seniors atteints de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre forme de démence présentent des troubles du comportement à un certain stade de la maladie. Ces troubles sont souvent traités par des antipsychotiques (Abilify…). Mais ces médicaments ne sont pas toujours efficaces et ils peuvent causer des effets indésirables chez les seniors :

  • confusion,
  • pneumonie,
  • diabète,
  • déclin des fonctions cognitives,
  • AVC

Il est ainsi recommandé d’essayer d’abord d’autres médicaments, notamment les antidépresseurs, des exercices physiques quotidiens et des activités sociales. Les seniors atteints de démence peuvent néanmoins avoir besoin de médicaments antipsychotiques, lorsque leur sécurité ou celle d’autrui est menacée.

La benzodiazépine pour les seniors souffrant d’insomnie ou d’agitation

Les médicaments à base de benzodiazépine, tels que le Xanax ou le Valium, ne devraient pas être la première option envisagée pour traiter l’insomnie ou l’agitation chez les seniors. Ils peuvent provoquer des accidents et augmentent le risque de chute chez les personnes âgées.

Les sondes gastriques chez les seniors atteints de démence

Les seniors atteints de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre démence ont souvent des difficultés à avaler et à s’alimenter. Le personnel hospitalier utilise parfois des sondes gastriques. Le tube est inséré dans le ventre à travers une petite incision. Les sondes peuvent aider les patients à se renforcer, mais l’alimentation manuelle est souvent plus efficace et présente moins de risques. En effet, chez les seniors, les sondes peuvent augmenter les risques de :

  • saignement,
  • infection,
  • nausée,
  • vomissements,
  • escarres.

Il est donc préférable, dans la mesure du possible, d’aider la personne âgée en l’alimentant manuellement. Cette méthode est certes chronophage, mais elle permet un contact humain et l’aîné profite mieux de la nourriture.

Les dépistages du cancer chez les seniors de 75 ans et plus

De nombreux seniors continuent les dépistages des cancers après 75 ans, bien que les dépistages organisés du cancer du sein et du cancer colorectal concernent les personnes âgées de 50 à 74 ans. L’opportunité de poursuivre ces dépistages chez les seniors plus âgés est parfois évoquée. Néanmoins, le bénéfice du dépistage de ces cancers après 75 ans est souvent inférieur aux risques.

Il existe ainsi un risque de surdiagnostic : chez les seniors déjà atteints de plusieurs maladies (AVC, diabète, etc.), le diagnostic anxiogène et les traitements lourds sont plus néfastes que bénéfiques. Le dépistage peut être utile, au cas par cas, chez les seniors en bonne santé qui peuvent profiter d’un traitement.

Il en va de même pour le dépistage du cancer de la prostate chez les seniors, qui n’est pas recommandé par les autorités de santé.

 

Comme pour tout ce qui concerne la santé au grand âge, chaque personne âgée est différente : un traitement adapté à un patient peut être néfaste pour un autre, et inversement. Il est ainsi recommandé de consulter son médecin traitant en cas de doute et de ne pas insister inutilement sur certains dépistages ou traitements inutiles chez les seniors.

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Avatar auteur, Yaël A.
Yaël A.,Rédactrice chez Cap Retraite

1 Commentaire

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  1. touton brigitte

    Bien reçu le message..
    je suis tout à fait d accord. ..

    Répondre

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