Nous vivons plus longtemps, c’est un fait. Nos grands-parents auraient été étonnés d’apprendre que tant de Français atteindraient aujourd’hui 85, 90 ou même 100 ans. Mais vivre plus longtemps est une chose, vivre en bonne santé en est une autre. Derrière les statistiques optimistes sur l’espérance de vie se cache une réalité plus nuancée : celle des années vécues sans incapacité. Ce sujet touche de près les familles qui s’occupent de leurs aînés et qui s’interrogent sur leur propre vieillissement.

L’espérance de vie en France : où en sommes-nous ?

Les derniers chiffres de l’INSEE (2024) montrent que l’espérance de vie à la naissance atteint désormais 85,7 ans pour les femmes et 80 ans pour les hommes en France. Une belle progression quand on sait qu’au début du 20e siècle, elle n’était que d’environ 45 ans.

Cette progression s’explique par plusieurs facteurs :

  • Les avancées médicales qui ont permis de traiter de nombreuses maladies autrefois mortelles
  • L’amélioration des conditions d’hygiène et d’alimentation
  • Le développement des politiques de santé publique et de prévention

Mais un phénomène intéressant s’observe : depuis quelques années, cette progression ralentit. Certains démographes parlent même d’un plateau qui pourrait être atteint. D’autres pays comme le Japon ou la Suisse nous dépassent désormais.

suivi médical permettant de vivre plus longtemps

L’espérance de vie en bonne santé : le vrai indicateur à surveiller

Vivre longtemps est une chose, mais vivre en bonne santé en est une autre. C’est là qu’intervient la notion d’espérance de vie sans incapacité (EVSI), également appelée « espérance de vie en bonne santé ».

En France, selon les dernières données de l’INSEE, l’espérance de vie en bonne santé (en 2023) s’établit à :

  • 64,6 ans pour les femmes
  • 63,7 ans pour les hommes

Ces chiffres signifient qu’en moyenne, une Française vivra ses 21 dernières années (85,7 – 64,6) avec une forme d’incapacité ou de maladie chronique. Pour un homme, ce sera environ 16 années (80 – 63,7).

Voilà qui relativise l’allongement de la durée de vie ! Vivre plus longtemps n’est pas forcément vivre mieux pendant toutes ces années supplémentaires.

Les disparités régionales et sociales : tous égaux face au vieillissement ?

Un autre élément souvent méconnu concerne les fortes disparités qui existent dans notre pays. L’espérance de vie et l’espérance de vie en bonne santé varient considérablement selon :

Les régions

Les habitants d’Île-de-France et des régions de l’Ouest vivent en moyenne 2 à 3 ans de plus que ceux des Hauts-de-France ou du Grand Est. Ces écarts s’expliquent par des facteurs environnementaux, l’accès aux soins et les modes de vie.

Les catégories socioprofessionnelles

C’est peut-être le facteur le plus déterminant. Un cadre vit en moyenne 6,4 ans de plus qu’un ouvrier. Et surtout, il vivra 10 ans de plus en bonne santé ! Cette réalité s’explique par de multiples facteurs : conditions de travail, habitudes alimentaires, accès à la prévention, stress chronique…

Comment se situe la France par rapport à ses voisins européens ?

Si la France se place plutôt bien en termes d’espérance de vie globale, elle n’est pas parmi les meilleurs élèves concernant les années vécues en bonne santé.

Certains pays nordiques, comme la Suède, affichent une espérance de vie en bonne santé sensiblement supérieure à la nôtre, selon les données Eurostat. Les pays méditerranéens comme l’Italie, malgré des systèmes de santé moins coûteux que le nôtre, obtiennent aussi de meilleurs résultats.

Espérance de vie sans incapacité : top 10 des pays européens (2022)

PaysFemmeHomme
Malte68,568,9
Italie68,567,7
Irlande68,066,4
Suède67,968,9
Slovénie67,363,5
France66,965,5
Chypre66,865,5
Grèce66,664,7
Allemagne66,564,7
Bulgarie65,161,6
Méthode Eurostat (différente de la méthode de l’Insee)

Ces écarts s’expliquent notamment par :

  • Des politiques de prévention plus efficaces dans les pays nordiques
  • Le fameux régime méditerranéen qui protège des maladies cardiovasculaires
  • Une meilleure prise en charge des personnes âgées à domicile
régime méditerranéen

Les maladies qui impactent le plus l’espérance de vie en bonne santé

Quelles sont les principales affections qui réduisent notre qualité de vie à mesure que nous vieillissons ?

Les troubles musculo-squelettiques

L’arthrose[1], l’ostéoporose[2] et les douleurs lombaires chroniques sont les premières causes d’incapacité chez les seniors. Ces troubles limitent la mobilité et l’autonomie sans pour autant réduire significativement l’espérance de vie.

Les maladies neurodégénératives

La maladie d’Alzheimer[3] et autres démences touchent près de 900 000 personnes en France, avec 225 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année. Elles représentent la première cause d’entrée en institution.

Les maladies cardiovasculaires

Hypertension, insuffisance cardiaque, séquelles d’AVC[4]… Ces pathologies concernent une majorité de personnes après 75 ans et limitent considérablement l’autonomie.

Le Dr Martin, gériatre, explique : « Ce qui est frappant, c’est que beaucoup de ces pathologies pourraient être prévenues ou leur impact limité par des mesures simples prises dès la cinquantaine. »

Maladies réduisant le plus la qualité de vie chez les seniors
Catégorie
Pathologies principales
Impact sur la vie quotidienne
Musculo-squelettiques
  • Arthrose
  • Ostéoporose
  • Lombalgies
  • Mobilité réduite
  • Douleurs
  • Perte d’autonomie
Neurodégénératives
  • Alzheimer
  • Parkinson
  • Démences
  • Troubles de la mémoire
  • Désorientation
  • Dépendance[5]
Cardiovasculaires
  • AVC
  • Insuffisance cardiaque
  • Hypertension
  • Faiblesse et perte d’autonomie
  • Complications
  • Hospitalisations fréquentes

Comment améliorer son espérance de vie en bonne santé ?

Les études scientifiques sont formelles : notre patrimoine génétique ne détermine qu’environ un quart de notre longévité. Le reste dépend de notre environnement et de nos habitudes de vie.

Voici les facteurs qui influencent le plus notre espérance de vie en bonne santé :

L’activité physique régulière

Une activité physique modérée et régulière pourrait réduire de manière significative le risque de développer certaines maladies chroniques. La marche, la natation ou même le jardinage sont souvent recommandés pour les seniors.

L’alimentation équilibrée

Le régime méditerranéen (riche en fruits, légumes, poissons, huile d’olive) est associé à une meilleure santé cardiovasculaire et cognitive. Limiter la consommation de viande rouge, d’aliments ultra-transformés et de sucres raffinés est également bénéfique.

Le maintien du lien social

Selon un rapport du Surgeon General des États-Unis, l’isolement social pourrait avoir un impact sur la mortalité comparable à celui du tabagisme d’environ 15 cigarettes par jour. Entretenir des contacts réguliers avec famille et amis, participer à des activités collectives, s’engager dans des associations peuvent ainsi constituer des facteurs protecteurs importants.

La stimulation cognitive

Lire, jouer à des jeux de réflexion, apprendre de nouvelles compétences… Entretenir son cerveau permet de ralentir son vieillissement et de maintenir les fonctions cognitives plus longtemps.

Changements de mode de vie pour gagner des années en bonne santé
Catégorie
Changements concrets
Effets attendus
Activité physique
  • Alterner endurance douce (marche, vélo) et renforcement musculaire léger (élastiques, yoga)
  • Faire des exercices de souplesse (étirements)
  • Diminue le risque de chutes
  • Améliore la densité osseuse
  • Retarde la perte d’autonomie
Alimentation
  • Augmenter la consommation de légumineuses, noix et graines
  • Privilégier les repas faits maison
  • Apport régulier en fibres, magnésium et protéines végétales
  • Prévention du diabète de type 2
  • Maintien de la masse musculaire
Lien social
  • Varier les cercles relationnels (famille, voisins, associations…)
  • Participer à des activités intergénérationnelles
  • Réduit l’anxiété
  • Stimule la mémoire
  • Abaisse le risque de dépression[6]
Stimulation cognitive
  • Apprendre de nouvelles compétences (instrument, langue, jardinage raisonné)
  • Pratiquer des jeux de réflexion
  • Crée de nouvelles connexions neuronales
  • Ralentit le déclin cognitif
  • Entretient la curiosité
Sommeil et gestion du stress
  • Respecter des horaires réguliers
  • Pratiquer la relaxation ou la respiration profonde
  • Réduit l’inflammation chronique
  • Favorise l’équilibre hormonal et immunitaire
Habitudes de santé
  • Surveillance régulière (tension, vue, audition)
  • Vaccination à jour
  • Limitation de l’alcool
  • Arrêt du tabac
  • Dépistage précoce
  • Prévention des maladies chroniques
  • Meilleure qualité de vie à long terme

Le rôle des politiques publiques dans l’amélioration de l’espérance de vie en bonne santé

Si la responsabilité individuelle joue un rôle, les politiques publiques sont tout aussi importantes. Plusieurs pistes sont explorées :

Le développement de la prévention

La France consacre moins de 2% de ses dépenses de santé à la prévention, contre 5% dans les pays nordiques. Un rééquilibrage permettrait d’éviter de nombreuses maladies chroniques.

L’adaptation de la ville et des logements

Développer des quartiers « marchables », des logements adaptés et des services de proximité permet aux seniors de rester actifs et autonomes plus longtemps.

La lutte contre l’âgisme

Les préjugés liés à l’âge peuvent avoir un impact sur la santé des seniors. Certaines études indiquent que les personnes exposées à des stéréotypes négatifs sur la vieillesse pourraient voir leur espérance de vie réduite de plusieurs années.

La révolution de la longévité : un défi pour notre société

L’allongement de l’espérance de vie représente une formidable avancée, mais aussi un défi majeur pour notre société. Comment garantir que ces années supplémentaires soient des années de qualité ?

Ce défi concerne :

Notre système de santé

Faudra-t-il repenser complètement notre approche, en passant d’une médecine curative à une médecine préventive et personnalisée ?

Notre organisation sociale

Comment valoriser la contribution des seniors à la société ? Comment favoriser les liens intergénérationnels ?

Notre rapport au vieillissement

Notre société, qui valorise jeunesse et performance, devra apprendre à considérer le vieillissement non comme un déclin, mais comme une nouvelle étape de vie, riche de possibilités.

Vers une nouvelle vision de la longévité

Les chiffres de l’espérance de vie en bonne santé nous invitent à repenser notre vision du vieillissement. Vivre plus longtemps n’a de sens que si ces années supplémentaires sont des années de qualité.

Plusieurs signaux positifs apparaissent : les nouvelles générations de seniors sont plus attentives à leur santé, mieux informées et plus actives que les précédentes. Les progrès médicaux continuent, notamment dans le domaine de la médecine préventive et personnalisée.

L’enjeu n’est plus seulement d’ajouter des années à la vie, mais de la vie aux années. C’est dans cette direction que doivent s’orienter nos efforts individuels et collectifs pour relever le défi de la longévité.

Questions fréquentes

Les nouvelles technologies peuvent-elles améliorer l’espérance de vie en bonne santé ?

Oui : objets connectés de suivi, télémédecine, dépistages précoces via l’IA, ou encore dispositifs anti-chute… Autant d’accessoires qui permettent de prévenir les complications et de maintenir l’autonomie.

Quel est l’impact de la santé mentale sur la longévité en bonne santé ?

La dépression et l’anxiété chronique augmentent le risque de maladies cardiovasculaires et neurodégénératives, réduisant de plusieurs années l’espérance de vie sans incapacité.

L’activité professionnelle après 60 ans prolonge-t-elle la vie en bonne santé ?

Quand elle est choisie et non subie, une activité professionnelle légère ou adaptée stimule les capacités cognitives et entretient le lien social.

Quel rôle joue l’éducation dans l’espérance de vie en bonne santé ?

Un niveau d’éducation plus élevé favorise de meilleures habitudes alimentaires, un suivi médical régulier et une meilleure compréhension des messages de prévention.

Peut-on mesurer son espérance de vie en bonne santé individuellement ?

Pas de manière exacte, mais certains tests de mobilité, d’équilibre, de mémoire et des bilans de santé réguliers permettent d’estimer ses risques et de suivre son évolution.

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Commentaires (2)

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  1. André Gall

    Bonjour j’ai une sciatique qui à été traité en infiltration deux fois juin et août, sa va un peu mieux car je n’est plus besoin de béquilles pour me déplacer,mais j’ai encore des douleurs et c’est la jambe gauche surtout assis sur certaines chaises et au coucher certains moments, pourtant je bouge je fait des marches tout les jours le matin , du vélo 3 x par semaine et la nage toute les 2 semaines , et je travail dans le jardin, j’ai une alimentation sans viande rouge , toujours des légumes Et viande planche ou poissons le tout sans Sel et pas de sucre en morceaux. J’ai une greffe rénale depuis 4 ans et sa fonctionne très bien , j’ai 76 ans .Je fais aussi des voyages avec ma femme en voiture pour des locations de 2 semaines 2 fois par an à Isle sur la sorgue, puis à Verdun sur Doubs 2 semaines, et 3 à 4 fois à Grenoble chu nord car j’ai reçu ma greffe rénale . J’habite à côté de Colmar. Merci de votre réponse très cordialement

    Répondre
    1. Amandine

      Bonjour

      Je vous remercie pour votre commentaire.
      Il est conseillé de recontacter votre médecin ou un spécialiste en douleur/spécialiste de la colonne pour ajuster le suivi de votre sciatique persistante.
      Bonne fin de journée.
      Amandine

      Répondre

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