Être l’aidant de sa mère malade bouleverse le quotidien. Fatigue, inquiétude, rendez-vous médicaux, vigilance constante… tout devient épuisant. Le lien filial se transforme : il faut accompagner, rassurer, parfois décider à sa place, et parfois on se sent démuni face à la maladie d’une personne qu’on aime.
Ce qui pèse le plus, souvent, ce n’est pas la tâche, mais la peur : peur de voir souffrir, de ne pas être à la hauteur, de ne pas tenir. Cet article vous propose des clés concrètes pour traverser ces moments difficiles : préserver votre énergie, soutenir votre maman sans vous perdre, et trouver un équilibre entre soin et bien‑être personnel.
La tempête émotionnelle de l’aidant naturel
Être l’aidant d’une mère malade, c’est naviguer au cœur d’une tempête émotionnelle.
Les montagnes russes des émotions
Quand la maladie s’invite chez une mère, tout l’équilibre vacille. L’aidant se débat avec des émotions intenses : tristesse, peur du futur, sentiment d’impuissance, parfois colère ou culpabilité.

La peur de perdre son parent et l’angoisse quotidienne
La peur de perdre sa maman, ou de la voir décliner, se niche dans les moindres interstices du quotidien. À chaque résultat d’examen, l’angoisse remonte. Certains jours, tout semble surmontable ; d’autres, la fatigue et la solitude écrasent.
L’isolement et le cercle vicieux de la solitude
Beaucoup d’aidants hésitent à parler de leurs difficultés, par pudeur ou peur d’inquiéter l’entourage. La tentation de s’isoler grandit, surtout quand la vie sociale tourne autour du parent malade, ou que l’on se sent « désigné » pour porter la charge. Un cercle vicieux s’installe : plus l’angoisse augmente, plus le repli menace.
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Les pièges du quotidien : charge mentale, isolement, épuisement
Le rôle d’aidant ne se limite pas à l’intendance. Il faut jongler avec l’administratif, s’informer sur la maladie, décoder les ordonnances et les comptes-rendus médicaux, gérer les urgences et les imprévus. Chaque jour apporte son lot d’incertitudes : un nouveau symptôme, une rechute, une question restée sans réponse.
L’épuisement guette. On néglige parfois sa propre santé, on repousse les rendez-vous pour soi, on mange sur le pouce, on dort mal. Les signes d’alerte ne trompent pas : irritabilité, troubles du sommeil, migraines, perte d’appétit. Mais par loyauté, par amour, on continue, persuadé qu’on n’a pas le droit de flancher.
- Charge mentale accrue : anticipation, vigilance, organisation permanente
- Risque de rupture sociale : mise à distance des amis, moins de sorties, sentiment d’être incompris
- Fatigue physique et psychique : baisse d’énergie, maladies chroniques, burn-out
- Dévalorisation de soi : impression de mal faire, culpabilité dès qu’on lâche prise
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Sortir de l’isolement : oser demander du soutien
La première étape pour tenir sur la durée : reconnaître qu’on ne peut pas tout assumer seul.
Les dispositifs de soutien se multiplient, mais beaucoup d’aidants ne les connaissent pas, ou n’osent pas les utiliser. Pourtant, dialoguer avec les proches, alerter les frères et sœurs, organiser une répartition des tâches, même imparfaite, allège la charge.
Les groupes de parole, les forums en ligne, les associations spécialisées offrent des espaces où déposer ses doutes, son chagrin, ses questions. Parler avec d’autres aidants change la donne : on se découvre moins seul, moins « mauvais », on apprend des astuces, on relativise, parfois.
- Ligne d’écoute dédiée (ex : 0820 10 39 39, lundi-vendredi 9h-18h)
- Groupes de parole, « Cafés des aidants » organisés localement
- Portails d’information (pour-les-personnes-agees.gouv.fr, maboussoleaidants.fr)
- Accompagnement psychologique remboursé (« Mon soutien psy » sur ameli.fr)
- Relais associatifs (France Alzheimer[1], Association française des aidants…)
- Plateformes de répit (PFR)

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Prendre du répit : une nécessité, pas un luxe
Laisser son parent à d’autres mains, même pour quelques heures, relève parfois de l’impossible. Culpabilité, inquiétude, peur du regard des autres, peur que la maman ne vive mal cette absence, tout s’en mêle.
Pourtant, l’expérience montre qu’une parenthèse, même courte, fait la différence.
Le répit protège la santé de l’aidant, prévient la maltraitance involontaire, permet de retrouver du souffle et d’éviter le burn-out.
Les solutions sont multiples :
- accueil temporaire en structure,
- services de répit à domicile,
- séjours adaptés aidant-aidé,
- relais ponctuel pour les courses ou les tâches ménagères.
La clé : commencer petit, accepter d’abord une aide sur les aspects les moins intimes, tester, ajuster, expliquer au proche la démarche. Parfois, une médiation extérieure s’avère nécessaire pour lever les résistances.
Aides financières, congés, droits : ne pas passer à côté
La solidarité nationale reconnaît le statut d’aidant. Des aides existent, souvent méconnues, parfois complexes à obtenir.
Pour l’accompagnement d’une personne âgée, l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) finance une partie des dépenses, voire la rémunération d’un aidant familial (hors conjoint). Pour le handicap, la prestation de compensation du handicap (PCH) permet de dédommager ou salarier un proche aidant.
D’autres dispositifs complètent :
- allocation journalière du proche aidant (AJPA),
- crédit d’impôt[2] pour l’emploi d’une aide à domicile[3],
- exonérations sociales,
- congés spécifiques (congé de proche aidant, congé de solidarité familiale, congé de présence parentale pour enfant malade).
Il existe aussi des droits à la retraite (affiliation à l’assurance vieillesse), des avantages fiscaux, des aides à l’aménagement du logement. Chaque situation impose de se renseigner, d’anticiper, parfois de se faire accompagner pour les démarches.
| Dispositif | Pour qui | Montant/Avantage |
|---|---|---|
| APA | Personnes âgées de 60 ans et + en perte d’autonomie | Prise en charge partielle des aides, financement du répit |
| PCH | Personnes en situation de handicap | Dédommagement ou salaire pour l’aidant |
| AJPA | Aidant cessant son activité partiellement ou complètement | Indemnité journalière (jusqu’à 65,80€/jour en 2025) |
| Congé de proche aidant | Salariés du privé et fonctionnaires | Jusqu’à 3 mois renouvelables, indemnisation partielle |
| Crédit d’impôt | Tous aidants employant une aide à domicile | 50% des dépenses, plafonds variables |
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Préserver la relation, préserver sa santé
Prendre soin de soi ne relève pas de l’égoïsme. Une maman malade a besoin que son enfant tienne la distance, garde patience, continue d’exister hors du rôle d’aidant.
Soutien et prévention : rester disponible pour sa maman
S’accorder du temps, retrouver ses loisirs, voir ses amis, consulter un professionnel en cas de détresse, tout cela relève de la prévention.
La Haute Autorité de santé recommande d’ailleurs une consultation annuelle pour les aidants de malades Alzheimer ou apparentés.
Reconnaître les signaux d’alerte
Quelques signes doivent alerter : fatigue persistante, perte d’intérêt, irritabilité, envie de tout lâcher. Ne pas attendre d’être au bord de la rupture : demander de l’aide, c’est préserver la relation, éviter la dégradation, le repli, la colère.
Se former, s’informer, partager : des outils pour avancer
De nombreux organismes proposent des formations pour mieux comprendre la maladie, apprendre à accompagner sans s’épuiser, connaître ses droits.
Les associations organisent des ateliers, des conférences, mettent à disposition des guides pratiques, des annuaires de solutions locales.
S’informer, c’est aussi ne pas tomber dans l’angoisse générée par les recherches hasardeuses sur Internet : privilégier les sources fiables, poser ses questions aux professionnels, éviter l’auto-diagnostic.
- Sites officiels : pour-les-personnes-agees.gouv.fr, monparcourshandicap.gouv.fr, lassuranceretraite.fr
- Associations nationales : France Alzheimer, Association française des aidants, France Parkinson
- Plateformes de répit et annuaires locaux : Ma Boussole Aidants, CNSA
Questions fréquentes : repères essentiels pour aidants de maman malade
Comment savoir si je dois demander de l’aide ?
Si la fatigue devient permanente, si l’irritabilité ou la tristesse prend le dessus, si la relation avec votre maman se tend, il est temps de chercher du soutien. Mieux vaut anticiper que d’attendre le burn-out.
Quelles démarches pour obtenir un congé de proche aidant ?
Adressez une demande écrite à votre employeur, joignez les justificatifs médicaux. Le congé est accordé sous conditions, renouvelable dans la limite d’un an sur toute la carrière. Contactez une assistante sociale pour être accompagné et renseignez-vous sur l’indemnisation (AJPA).
Peut-on salarier un enfant pour aider sa mère ?
Oui, sous certaines conditions, via l’APA ou la PCH, sauf pour le conjoint. Il faut déposer une demande auprès du conseil départemental ou de la MDPH, selon la situation.
Où trouver une structure de répit ?
Consultez Ma Boussole Aidants ou l’annuaire de la CNSA pour repérer les plateformes locales, les accueils temporaires, les séjours adaptés. Les assistantes sociales et associations locales guident aussi dans ces démarches.
Et si ma mère refuse toute aide extérieure ?
La peur, la pudeur, la volonté de garder son autonomie expliquent souvent ce refus. Le dialogue, l’accompagnement progressif, le recours à un médiateur familial peuvent faciliter l’acceptation d’un relais ponctuel.
✅ Article relu par l’équipe éditoriale avec le concours d’un contributeur expert médico-social chez Cap Retraite. Son expérience de terrain et sa connaissance des dispositifs d’aide et d’accompagnement permettant d’apporter un regard fiable et pertinent aux lecteurs.
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[1] Alzheimer
La maladie d’Alzheimer est une maladie qui affecte le cerveau, entraînant des pertes de mémoire et des difficultés à penser clairement, rendant progressivement les tâches quotidiennes plus difficiles.
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[2] Impôt
L’impôt est une somme d’argent que les citoyens et les entreprises paient régulièrement au gouvernement. Cet argent est utilisé pour financer des services publics comme les écoles, les routes, et…
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[3] Aide à domicile
L’aide à domicile est un service qui accompagne les personnes chez elles en leur apportant une assistance pour les tâches de la vie courante, comme le ménage, les courses, ou…
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