La silhouette voûtée d’une personne âgée est souvent attribuée au simple vieillissement. Pourtant, lorsque cette courbure devient excessive, il peut s’agir d’un trouble postural spécifique appelé camptocormie. Cette affection, qui se caractérise par une flexion anormale du tronc vers l’avant, peut considérablement affecter la qualité de vie des seniors. Identifier ses premiers signes permet une prise en charge précoce et limite l’aggravation des symptômes.
Qu’est-ce que la camptocormie et comment la reconnaître ?
La camptocormie se définit comme un trouble postural caractérisé par une flexion antérieure du tronc qui s’accentue lors de la station debout ou pendant la marche. Cette courbure prononcée du dos distingue cette pathologie d’une simple posture voûtée liée à l’âge.
Une particularité essentielle de la camptocormie est que cette flexion anormale disparaît complètement lorsque la personne est en position allongée ou assise avec un dossier. Cette caractéristique constitue un élément clé du diagnostic différentiel avec d’autres pathologies du rachis.
Les manifestations précoces à surveiller
- Flexion progressive du tronc – La personne présente une courbure du dos qui s’amplifie progressivement, particulièrement visible lors de la marche
- Aggravation avec la fatigue – La courbure s’accentue nettement lorsque la personne est fatiguée ou marche sur une longue distance
- Réversibilité en position allongée – La courbure disparaît totalement lorsque la personne est couchée sur le dos
- Problèmes d’équilibre – Difficulté à tendre les bras vers l’avant sans ressentir un déséquilibre
- Instabilité posturale – Complications pour maintenir la position debout sur une longue durée

Les symptômes associés qui doivent alerter
Au-delà de la courbure caractéristique, plusieurs symptômes peuvent accompagner les premiers stades de la camptocormie :
- Douleurs multiples – Des douleurs lombaires, dorsales et parfois abdominales peuvent survenir
- Difficultés respiratoires – La compression des organes internes peut entraîner une gêne respiratoire
- Risque accru de chutes – Le déséquilibre provoqué par la posture anormale augmente significativement le risque de chutes
- Fatigue musculaire – Une sensation d’épuisement musculaire, particulièrement au niveau du dos, après un effort même modéré
La présence combinée de ces signes, surtout chez une personne de plus de 60 ans, devrait inciter à consulter rapidement un médecin pour un examen approfondi.
Quelles sont les causes de la camptocormie chez les seniors ?
La camptocormie est une pathologie dont l’origine peut être multifactorielle. Comprendre ces causes permet souvent d’orienter le traitement de manière plus efficace.
Troubles neurologiques et neuromusculaires
Les troubles neurologiques représentent une cause fréquente de camptocormie chez la personne âgée. La maladie de Parkinson est particulièrement associée à ce trouble postural, avec environ 10 à 15% des patients parkinsoniens qui développent une camptocormie au cours de leur maladie.
D’autres affections neurologiques peuvent être en cause :
- Dystonie musculaire
- Myopathies inflammatoires
- Atteintes du système nerveux central
Facteurs liés au vieillissement
Le processus naturel de vieillissement contribue significativement au développement de la camptocormie :
- Sarcopénie – La perte progressive de masse musculaire liée à l’âge affaiblit les muscles paravertébraux
- Ostéoporose[1] – L’affaiblissement osseux peut modifier la structure vertébrale
- Dégénérescence discale – L’usure des disques intervertébraux modifie l’alignement de la colonne
Prédispositions et facteurs de risque
Certains facteurs augmentent la probabilité de développer une camptocormie :
- Sexe – Les femmes sont plus fréquemment touchées que les hommes
- Âge – L’incidence augmente considérablement après 60 ans
- Antécédents familiaux – Une composante génétique peut exister dans certains cas
- Traumatismes antérieurs – Des blessures dorsales passées peuvent constituer un terrain favorable
Comment établir le diagnostic de la camptocormie ?
Face à une suspicion de camptocormie, un processus diagnostique rigoureux est nécessaire pour confirmer l’affection et en déterminer la cause sous-jacente.
L’examen clinique initial
Le médecin commencera par un interrogatoire détaillé pour recueillir les antécédents médicaux et l’historique des symptômes. L’examen physique comprendra :
- Observation de la posture debout et lors de la marche
- Vérification de la réversibilité de la courbure en position allongée
- Évaluation de la force musculaire du tronc et des membres
- Tests d’équilibre et d’autonomie fonctionnelle
Les examens d’imagerie
Plusieurs techniques d’imagerie peuvent être utilisées pour préciser le diagnostic :
- Radiographie standard – Permet d’observer l’alignement vertébral et d’éventuelles anomalies osseuses
- IRM – Offre une visualisation détaillée des tissus mous, notamment musculaires et nerveux
- Analyse radio EOS – Technique innovante permettant une analyse tridimensionnelle de la posture avec une faible irradiation

Les examens complémentaires spécialisés
En fonction des premiers résultats, d’autres examens peuvent être prescrits :
- Électromyogramme (EMG) – Évalue l’activité électrique des muscles para-vertébraux
- Dosage des enzymes musculaires – Permet de détecter une éventuelle atteinte musculaire inflammatoire
- Biopsie musculaire – Dans certains cas, pour identifier une pathologie musculaire spécifique
Un diagnostic précis est fondamental car il orientera directement la stratégie thérapeutique à adopter.
Impact de la camptocormie sur la qualité de vie
La camptocormie n’est pas seulement un problème esthétique ou postural; elle entraîne des conséquences significatives sur plusieurs aspects de la vie quotidienne.
Répercussions fonctionnelles
Les limitations physiques imposées par la camptocormie affectent profondément l’autonomie :
- Réduction progressive de la mobilité et de la distance de marche
- Difficultés à réaliser les activités quotidiennes (cuisine, ménage, toilette)
- Perte d’indépendance pouvant nécessiter une aide extérieure
Complications physiologiques
La posture anormale peut entraîner des perturbations organiques :
- Troubles respiratoires – La compression thoracique réduit la capacité pulmonaire
- Problèmes digestifs – La compression abdominale peut provoquer reflux et troubles digestifs
- Douleurs chroniques – L’effort musculaire constant pour maintenir la posture génère des douleurs persistantes
Impact psychologique et social
Les conséquences psychosociales sont souvent sous-estimées :
- Altération de l’image corporelle et diminution de l’estime de soi
- Risque d’isolement social par gêne ou difficultés de déplacement
- Anxiété liée à la peur de chuter ou de perdre son autonomie
Stratégies de traitement et prise en charge
La prise en charge de la camptocormie nécessite une approche globale et personnalisée, adaptée à chaque patient et à la cause sous-jacente identifiée.
L’approche rééducative
La rééducation constitue un pilier essentiel du traitement :
- Kinésithérapie[2] spécialisée – Programmes de renforcement ciblé des muscles extenseurs du rachis
- Ergothérapie – Adaptation de l’environnement et apprentissage de techniques pour préserver l’autonomie
- Balnéothérapie – Les exercices en milieu aquatique permettent de travailler sans la contrainte du poids du corps
Les aides techniques et orthopédiques
Plusieurs dispositifs peuvent soulager les symptômes et améliorer la posture :
- Orthèses vertébrales – Corsets adaptés soutenant le rachis et limitant la flexion antérieure
- Aides à la marche – Cannes spécifiques ou déambulateurs avec appui thoracique
- Dispositifs de verticalisation – Pour maintenir une posture plus droite lors des activités quotidiennes
Bon à savoir : L’efficacité des dispositifs passifs, tels que les corsets, peut varier selon les patients.
Les options médicamenteuses et chirurgicales
Dans certains cas, d’autres approches peuvent être envisagées :
- Traitement médicamenteux adapté à la cause sous-jacente (antiparkinsoniens, myorelaxants)
- Injections locales de toxine botulique pour traiter une dystonie musculaire
- Chirurgie du rachis – Option de dernier recours, réservée à certains cas spécifiques et après évaluation minutieuse du rapport bénéfice/risque
L’efficacité du traitement repose sur une prise en charge précoce et une approche multidisciplinaire coordonnée.
Prévention et conseils pour le quotidien
Bien que certains facteurs de risque de la camptocormie ne soient pas modifiables, plusieurs mesures peuvent contribuer à prévenir son apparition ou ralentir son évolution.
Maintenir une activité physique adaptée
L’exercice régulier joue un rôle crucial dans la prévention :
- Pratique d’activités renforçant les muscles du dos (natation, marche nordique)
- Exercices d’étirement et de mobilité vertébrale
- Travail de l’équilibre pour prévenir les chutes
Adopter les bonnes habitudes posturales
La conscience posturale au quotidien est essentielle :
- Veiller à maintenir le dos droit lors des activités assises
- Utiliser un mobilier ergonomique adapté (chaises, fauteuils, lit)
- Éviter le port de charges lourdes ou asymétriques
Surveillance médicale régulière
Un suivi médical approprié permet d’agir précocement :
- Consultation régulière chez le médecin traitant pour évaluer l’évolution posturale
- Bilan ostéoporeux régulier, particulièrement chez les femmes après la ménopause
- Signalement rapide de tout changement postural ou douleur inhabituelle
La camptocormie représente un défi médical complexe dont la prise en charge précoce améliore considérablement le pronostic. Reconnaître ses premiers signes permet d’engager rapidement les mesures thérapeutiques adaptées et de limiter son impact sur la qualité de vie. Face à une courbure anormale du dos chez une personne âgée, particulièrement si elle disparaît en position allongée, une consultation médicale s’impose pour établir un diagnostic précis et mettre en place une stratégie de soins personnalisée. L’implication active du patient et de son entourage, associée à une approche multidisciplinaire, constitue la clé d’une gestion efficace de cette affection.
✅ Article relu par l’équipe éditoriale avec le concours d’un contributeur expert médico-social chez Cap Retraite. Son expérience de terrain et sa connaissance des dispositifs d’aide et d’accompagnement permettant d’apporter un regard fiable et pertinent aux lecteurs.
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[1] Ostéoporose
L’ostéoropose est une maladie qui rend les os plus fragiles et faciles à casser, souvent due à l’âge ou à un manque de certaines substances dans le corps.
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[2] Kinésithérapie
La kinésithérapie utilise des exercices et des massages pour aider à soulager les douleurs et améliorer la mobilité.
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