Face à la perspective de quitter brutalement le monde du travail, de nombreux seniors cherchent des alternatives plus douces. La retraite progressive représente cette solution idéale permettant de réduire son temps de travail tout en maintenant un équilibre financier. Pourtant, ce dispositif reste sous-utilisé, notamment parce qu’il nécessite l’accord de l’employeur – un obstacle que beaucoup peinent à surmonter.
La retraite progressive : un dispositif avantageux mais méconnu
La retraite progressive permet aux salariés approchant l’âge de la retraite de réduire leur temps de travail tout en percevant une partie de leur pension. Ce système offre une transition en douceur vers la retraite complète, sans rupture brutale avec la vie professionnelle.
Un accès à la retraite progressive dès 60 ans
Depuis le 1er septembre 2025, l’accès au dispositif est abaissé à 60 ans, quel que soit l’année de naissance. Auparavant, l’âge variait selon la génération : par exemple, les personnes nées en 1968 ne pouvaient en bénéficier qu’à 62 ans. En plus, il faut avoir validé au moins 150 trimestres de cotisation. Le temps de travail doit être compris dans une fourchette définie par la réglementation.
Qui est concerné ?
Ce dispositif concerne les salariés du secteur privé, les fonctionnaires et les indépendants, avec des règles spécifiques selon les régimes (par exemple, 40 à 80 % du temps de travail pour les salariés, 50 à 90 % pour certains fonctionnaires, et une réduction de 20 à 60 % des revenus pour les indépendants).

Les avantages financiers de la retraite progressive
L’atout majeur de la retraite progressive réside dans son équilibre financier. En réduisant son temps de travail tout en touchant une partie de sa pension, le senior conserve une grande partie de ses revenus habituels, ce qui rend la transition plus douce.
Cette solution permet donc de gagner du temps libre sans sacrifier de manière significative son pouvoir d’achat. De plus, pendant cette période, le salarié continue à acquérir des droits pour sa retraite définitive, optimisant ainsi sa pension future.
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Comment convaincre votre employeur : les arguments gagnants
L’obstacle principal à la retraite progressive reste l’obtention de l’accord de l’employeur. Voici les arguments les plus convaincants à mettre en avant lors de votre négociation :
1. Proposez un transfert de compétences structuré
Votre expérience représente un capital précieux pour l’entreprise. En optant pour une retraite progressive, proposez un plan concret de transmission de vos connaissances :
- Formation de votre successeur sur plusieurs mois
- Documentation des procédures et méthodes que vous maîtrisez
- Accompagnement des nouveaux collaborateurs sur les dossiers complexes
Insistez sur la valeur ajoutée de cette transmission organisée, qui évite la perte brutale de savoir-faire et assure la continuité des opérations. Pour l’entreprise, c’est l’assurance d’une transition sans heurt, alors qu’un départ brutal pourrait désorganiser le service.
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2. Présentez la solution comme un avantage économique
Contrairement aux idées reçues, la retraite progressive peut représenter une opportunité financière pour l’employeur. Mettez en avant ces aspects économiques :
La possibilité de recruter un jeune collaborateur (éventuellement en alternance) tout en bénéficiant de votre expertise pour le former. Cette combinaison est souvent moins coûteuse qu’un salarié senior à temps plein.
L’option de la surcotisation peut également être mentionnée : vous pouvez proposer de cotiser sur la base d’un temps plein pour les retraites, ce qui rassure l’employeur sur votre engagement tout en préservant vos droits futurs.
3. Mettez en avant l’argument santé et efficacité
Si votre poste comporte des contraintes physiques ou un niveau de stress élevé, abordez sereinement la question de la santé :
Un temps partiel vous permettra de rester pleinement efficace sur vos heures de présence, avec moins de fatigue et potentiellement moins d’arrêts maladie. Soulignez qu’un salarié expérimenté à temps partiel mais en pleine forme est souvent plus productif qu’un collaborateur épuisé à temps plein.
N’hésitez pas à rappeler que ce dispositif peut contribuer à la qualité de vie au travail promue par l’entreprise et s’inscrire dans une démarche de prévention des risques professionnels.
4. Proposez une organisation flexible
La souplesse de votre proposition peut faire la différence. Au lieu d’imposer une formule rigide, présentez différentes options d’aménagement :
- Répartition du temps de travail sur la semaine (mi-temps réparti sur 5 matinées)
- Concentration sur certains jours (3 jours de présence, 2 jours de repos)
- Adaptation saisonnière selon les besoins de l’entreprise
Cette flexibilité montre votre volonté de trouver un arrangement qui convienne aux deux parties et facilite l’organisation du service.
| Argument à présenter | Bénéfice pour vous (salarié) | Bénéfice pour l’employeur |
| Transmission des compétences | Vous partez progressivement, tout en valorisant votre expérience | Pas de perte brutale de savoir-faire, continuité des projets |
| Avantage économique | Vous conservez une partie de vos revenus + pension | Possibilité de recruter un junior en alternance moins coûteux et bien formé |
| Santé et efficacité | Moins de fatigue, meilleure qualité de vie | Moins d’absences, salarié plus concentré et productif |
| Souplesse d’organisation | Emploi du temps adapté à vos besoins | Aménagement du planning selon les pics d’activité |
| Surcotisation volontaire | Préservez vos droits retraite futurs | Rassure l’employeur sur votre engagement, limite son risque social |

Les étapes pratiques pour mettre en place votre retraite progressive
Une fois l’accord de principe obtenu de votre employeur (soit explicitement soit tacitement après deux mois sans réponse), voici la marche à suivre :
- Vérifiez votre éligibilité : confirmez que vous avez bien validé les 150 trimestres requis auprès de l’Assurance Retraite
- Formalisez l’accord avec votre employeur par un avenant à votre contrat de travail précisant votre nouveau temps de travail
- Déposez votre demande auprès de votre caisse de retraite, idéalement 4 à 6 mois avant la date souhaitée
- Joignez les pièces justificatives : attestation de l’employeur, bulletins de salaire, avenant au contrat de travail
- Anticipez la période d’attente : le traitement du dossier peut prendre plusieurs mois
Gardez à l’esprit que votre taux de temps partiel sera figé pour un an minimum. Toute modification nécessitera une nouvelle demande auprès de votre caisse de retraite.
Les pièges à éviter lors de la négociation
Certaines erreurs peuvent compromettre vos chances d’obtenir l’accord de votre employeur :
Ne présentez pas votre demande comme un droit acquis
Bien que la retraite progressive soit prévue par la loi, l’accord de l’employeur reste nécessaire pour les salariés. Abordez donc le sujet comme une proposition mutuellement bénéfique plutôt que comme une exigence.
Évitez de paraître désengagé
Ne laissez pas penser que votre demande cache une volonté de vous désintéresser de votre travail. Au contraire, insistez sur votre souhait de continuer à contribuer efficacement, mais dans un cadre adapté à votre situation.
Ne négligez pas la préparation de l’entretien
Arrivez avec un dossier complet : simulation financière, proposition d’organisation concrète, planning de transmission des compétences. Cette préparation témoigne de votre sérieux et facilite la prise de décision de votre employeur.
Pourquoi agir avant fin 2025
Les nouvelles conditions d’accès à la retraite progressive sont entrées en vigueur en septembre 2025. Pour en profiter pleinement, il est recommandé d’anticiper :
- Les démarches administratives peuvent prendre plusieurs mois
- Un afflux de demandes est prévisible à l’approche de la réforme
- Entamer les négociations tôt avec votre employeur vous donne plus de marge de manœuvre
En planifiant votre démarche dès maintenant, vous maximisez vos chances d’obtenir satisfaction dans les meilleures conditions.
La retraite progressive constitue une opportunité exceptionnelle d’aménager votre fin de carrière tout en préservant votre équilibre financier. Avec les bons arguments et une préparation adéquate, vous mettrez toutes les chances de votre côté pour convaincre votre employeur et réussir cette transition importante de votre vie professionnelle.
En choisissant cette voie, vous ne subissez plus votre départ à la retraite : vous en devenez l’architecte, pour une transition sereine et maîtrisée vers cette nouvelle étape de vie.
Questions fréquentes
Un employeur peut-il refuser une demande de retraite progressive ?
Oui, mais seulement dans des cas précis. Le refus doit être explicitement motivé, justifié par une incompatibilité économique (ex. charge de travail, organisation du service).
Par ailleurs, si l’employeur ne répond pas dans les deux mois, son accord est considéré comme acquis. Enfin, en présence d’un accord collectif de fin de carrière, l’employeur ne peut pas s’opposer à cette demande de manière arbitraire.
Puis-je surcotiser pendant une retraite progressive sans l’accord de mon employeur ?
Non. La surcotisation (cotiser comme si vous travailliez à temps plein alors que vous êtes à temps partiel) n’est possible qu’avec l’accord écrit de votre employeur. Celui-ci doit accepter de payer les cotisations patronales supplémentaires. Vous pouvez surcotiser dans le régime de base et, si votre employeur l’autorise également, dans le régime complémentaire Agirc-Arrco. Attention : l’accord pour le régime de base ne vaut pas automatiquement pour le complémentaire.
Puis-je refuser une retraite progressive si mon employeur me la propose ?
Oui. C’est un choix personnel, vous n’êtes jamais obligé de réduire votre activité.
Que se passe-t-il si je change d’avis après un an de retraite progressive ?
Vous pouvez demander une modification de votre temps de travail, mais il faudra refaire une demande auprès de votre caisse de retraite.
Peut-on cumuler retraite progressive et cumul emploi-retraite ?
Non, il s’agit de deux dispositifs différents non compatibles. Le cumul emploi-retraite intervient après la liquidation complète de la pension, alors que la retraite progressive est une étape intermédiaire.
Les travailleurs à temps partiel peuvent-ils accéder directement à la retraite progressive ?
Oui, si leur temps partiel respecte les bornes (40–80 %). Sinon, il faudra ajuster leur contrat avec l’employeur.
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Bonjour
J’envisage une retraite progressive pour d’une part me préserver sur le plan santé (mon emploi m’oblige à marcher 10 à 15 kms par jour.
Mais également améliorer mes revenus et ma retraite, en me mettant en freelance pour la création de sites internet.
Est-ce possible, en sachant que je ne concurrence pas mon employeur
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
Une retraite progressive peut être compatible avec une activité freelance, selon la réglementation. Il convient de se renseigner auprès de votre caisse de retraite pour connaître les conditions exactes.
Bonne journée.
Amandine
Bonjour, est-ce que la perte de salaire en retraite progressive est identique à celle de la retraite définitive ?
Je n’arrive pas à bien comprendre avec la simulation.
Merci pour votre réponse.
Bien cordialement,
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
En retraite progressive, vous percevez une partie de votre salaire et une partie de votre retraite, ce qui diffère de la retraite complète.
Bonne journée.
Amandine
Retraite progressive est elle possible pour les assistantes maternelles à leurs domiciles ?
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
La retraite progressive peut éventuellement s’appliquer aux assistantes maternelles à domicile ; il convient de se renseigner auprès de la Caisse d’Assurance Retraite.
Bonne journée.
Amandine