À la retraite, le budget se resserre. L’administration fiscale l’a compris depuis longtemps, multipliant les dispositifs pour préserver le pouvoir d’achat des seniors. En 2025, plusieurs mesures s’appliquent d’office ou sur simple déclaration, parfois sur des dépenses déjà engagées sans même y penser. Le défi ? Les connaître, les activer, et éviter de passer à côté d’économies substantielles. Déclaration papier, télédéclaration, délais stricts : chaque détail compte.
Abattements et réductions : des mécanismes automatiques
Plusieurs allègements fiscaux s’appliquent automatiquement aux pensions et revenus des retraités.
L’abattement de 10 % sur les pensions
Chaque retraité, sans distinction d’âge ou de ressources, bénéficie d’une déduction forfaitaire de 10 % sur son revenu imposable lié à la pension de retraite. Un coup de pouce ancien, pensé pour compenser l’impossibilité de déduire des frais professionnels. En 2025, le plafond s’établit à 4 399 € par foyer fiscal. Exemple : une pension annuelle de 20 000 € en 2024 donne droit à 2 000 € d’abattement ; au-delà de 43 990 €, le maximum est atteint.
Cette déduction concerne pensions de base, complémentaires, pensions d’invalidité ou alimentaires. Aucun justificatif à fournir, l’opération est automatique. Attention toutefois : le gouvernement envisage la suppression de ce dispositif dès 2026. La décision tombera fin 2025, mais pour cette année, il reste intégralement appliqué.

Abattement supplémentaire à partir de 65 ans ou en cas d’invalidité
Dès 65 ans au 31 décembre (ou en cas d’invalidité reconnue), un abattement fiscal spécifique s’ajoute. En 2025, l’abattement est de 2 796 € si le revenu net global n’excède pas 17 510 €, et de 1 398 € si ce revenu est compris entre 17 510 € et 28 170 €. Si les deux membres d’un couple remplissent la condition, l’abattement est doublé. Impossible, toutefois, de cumuler l’avantage pour l’âge et celui pour l’invalidité sur une même personne.
Ici encore, pas besoin d’en faire la demande : la réduction s’applique d’office. Illustration concrète : avec un revenu imposable de 25 000 €, l’abattement de 1 398 € ramène la base à 23 602 €, modifiant souvent le taux marginal d’imposition.
CSG, taxes locales : des seuils qui bougent, des gains à la clé
En fonction des barèmes actualisés, certains foyers bénéficient de réductions automatiques.
CSG sur les pensions : taux réduit, déductibilité accrue
En 2025, les seuils de revenu ouvrant droit à un taux réduit de CSG ont été revalorisés. Certains foyers basculent donc dans la tranche inférieure, parfois sans le savoir. Précision utile : une partie de la CSG reste déductible de l’impôt[1] sur le revenu, ce qui réduit la base imposable.
- CSG à 3,8 % : déduction intégrale
- CSG à 6,6 % : 4,2 % déductibles
- CSG à 8,3 % : 5,9 % déductibles
Le taux dépend des revenus de 2024. Si la pension a diminué, l’administration ajuste automatiquement. Prendre le temps de vérifier la case correspondante sur la déclaration permet de ne rien laisser filer.
Taxe foncière et taxe d’habitation : réductions ciblées
Les propriétaires seniors profitent aussi d’un dégrèvement de 100 € sur la taxe foncière entre 65 et 75 ans, puis d’une exonération totale après 75 ans si le revenu fiscal ne dépasse pas 12 679 €, pour la première part de quotient familial (personne seule), majorée de 3 386 € pour chaque demi-part supplémentaire.
La taxe d’habitation est désormais supprimée pour toutes les résidences principales. Seules les résidences secondaires et certaines taxes annexes subsistent.
Dépenses à domicile : des crédits d’impôt puissants
Employer une aide ou adapter son logement, c’est aussi profiter d’importants crédits d’impôt.
Aide à domicile, ménage, jardinage : 50 % remboursés
Faire appel à une aide-ménagère, à un jardinier ou à tout service d’assistance à domicile ouvre droit à un crédit d’impôt de 50 % du montant dépensé, dans la limite de 12 000 €/an (soit jusqu’à 6 000 € d’économie potentielle). Le paiement via CESU (chèque emploi service universel) est accepté. Ce crédit concerne aussi bien les retraités imposables que non imposables.
Certaines prestations ont des plafonds spécifiques (intégrés dans la limite globale de 12 000 €).
| Type de prestation à domicile | Plafond annuel spécifique |
|---|---|
| Jardinage | 5 000 € |
| Petits travaux de bricolage | 500 € |
| Assistance informatique ou internet | 3 000 € |
Une dépense courante, souvent sous-estimée. Il suffit de déclarer les sommes engagées et de conserver les justificatifs. Le fisc fait le reste.
Bon à savoir – Le plafond annuel de de 12 000 € peut être majoré de 1 500 € pour chaque membre du foyer âgé de plus de 65 ans, dans la limite de 15 000 € au total.

Travaux d’adaptation du logement : jusqu’à 25 % de crédit d’impôt
Transformer une salle de bain, élargir une porte, installer des rampes : les seniors en perte d’autonomie (GIR[2] 1 à 4) qui investissent dans l’adaptation de leur logement peuvent récupérer jusqu’à 25 % du montant déboursé. Celui-ci est plafonné à 5 000 € pour une personne seule ou 10 000 € pour un couple (sur 5 ans). Un certificat médical attestant du besoin d’adaptation est nécessaire.
Ces travaux, souvent indispensables pour rester chez soi, allègent la facture fiscale. Un levier concret, efficace, et encore trop peu exploité.
Exemples de foyers éligibles au crédit d’impôt 2025 :
Vos revenus doivent être considérés comme intermédiaires : ni modestes ni élevés.
Exemples :
- Pour un célibataire vivant à Nanterre (Île-de-France) : revenu fiscal de référence compris entre 28 933 € et 31 394 €.
- Pour un couple marié résidant à Clermont-Ferrand (hors Île-de-France) : revenu compris entre 32 197 € et 49 996 €.
Les ménages aux revenus modestes ou très modestes ne bénéficient pas du crédit d’impôt, mais peuvent demander MaPrimeAdapt’, une aide spécifique pour financer les travaux d’adaptation du logement à la perte d’autonomie. Cette prime peut couvrir jusqu’à 70 % du coût des travaux, selon les ressources.
Dons, placements, investissements : d’autres pistes à explorer
Au-delà des dépenses courantes, certains dons et placements permettent de faire des économies d’impôt.
Dons aux associations : réduction d’impôt jusqu’à 75 %
Soutenir une cause, un club sportif, une structure d’aide aux plus démunis : ces gestes ouvrent droit à une réduction d’impôt de 66 % (dans la limite de 20 % du revenu imposable). La générosité peut même rapporter davantage : pour les dons à certaines associations caritatives, la réduction grimpe à 75 % jusqu’à 1 000 € versés, puis retombe à 66 % au-delà.
En cas de dépassement du plafond, l’excédent se reporte sur les cinq années suivantes. La mécanique fiscale encourage ainsi la solidarité, même sur de petits montants.
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Recharge électrique à domicile : un crédit d’impôt jusqu’à 500 € par borne
Vous avez acquis une voiture électrique pour faire des économies et éviter de polluer ? Vous pouvez aussi bénéficier d’un avantage fiscal !
L’achat et l’installation d’un système de charge pour véhicule électrique vous permettent d’obtenir un crédit d’impôt. En 2025, seuls les systèmes pilotables sont éligibles, c’est-à-dire ceux capables de moduler la charge selon les besoins du réseau ou du logement.
Vous pouvez profiter de ce dispositif, quels que soient votre âge et vos revenus. L’avantage s’élève à 75 % du montant des dépenses, dans la limite de 500 € par système installé. Attention : le matériel doit impérativement être fourni et posé par la même société.
Il est également possible d’équiper à la fois sa résidence principale et sa résidence secondaire, à condition que cette dernière ne soit pas louée. Dans un foyer fiscal composé de deux personnes, chacun peut profiter du dispositif, permettant ainsi de financer jusqu’à quatre bornes au total.
Autres dispositifs : PER, assurance vie, investissement immobilier
Certains placements, souscrits avant ou pendant la retraite, continuent de produire leurs effets : plan épargne retraite (PER) avec des versements déductibles, assurance vie fiscalement allégée après huit ans, dispositifs immobiliers spécifiques (Denormandie, Pinel, Loc’Avantages…). Le cumul de ces avantages, sous réserve de respecter les plafonds et conditions, peut alléger l’imposition de plusieurs centaines, voire milliers d’euros chaque année.
FAQ : ce que les seniors se demandent souvent
Les retraités sont-ils tous exonérés d’impôts ?
Non. Tout dépend du montant des pensions, du nombre de parts, du revenu fiscal de référence. En 2025, une personne seule reste non imposable si ses revenus sont inférieurs à 19 500 €/an.
Les pensions de retraite doivent-elles être déclarées ?
Oui, elles sont imposables après application des abattements. L’administration pré-remplit la plupart des montants, mais une vérification reste indispensable.
Que faire en cas de forte baisse de revenus ?
Adapter le taux de prélèvement à la source ou moduler les acomptes directement sur le site impots.gouv.fr. Plusieurs outils en ligne facilitent la démarche.
Peut-on cumuler crédit d’impôt et abattement ?
Oui, les différents dispositifs sont cumulables si l’on respecte les conditions propres à chacun.
J’emploie une aide à domicile, mais je ne paie pas d’impôt : ai-je droit à quelque chose ?
Oui, le crédit d’impôt vaut aussi pour les non-imposables. L’administration rembourse la part correspondante.
Conseils pour maximiser ses économies fiscales à la retraite
- Contrôler chaque année son revenu fiscal de référence : il conditionne de nombreux droits.
- Ne rien négliger à la déclaration : emplois à domicile, dons, travaux d’adaptation, placements.
- Respecter les délais : 20 mai pour la déclaration papier, 5 juin en ligne.
- Conserver tous les justificatifs : l’administration peut les réclamer, parfois plusieurs années après.
- Simuler régulièrement sa situation sur le site des impôts, voire solliciter un conseiller spécialisé.
Dépenses courantes ouvrant droit à des économies d’impôts en 2025
| Dépense | Avantage fiscal | Plafond | Condition |
|---|---|---|---|
| Emploi à domicile | Crédit d’impôt 50 % | 12 000 €/an ou 15 000 € (avec les majorations d’âge) | Services déclarés (ménage, jardinage, assistance…) |
| Dons aux associations | Réduction 66-75 % | 20 % des revenus | Justificatif fiscal délivré par l’association |
| Travaux d’adaptation du logement | Crédit d’impôt 25 % | 5 000 €/personne | Certificat médical + factures |
| Taxe foncière | Dégrèvement/exonération | — | Âge, revenu fiscal, résidence principale |
| Plan épargne retraite (PER) | Déduction des versements | Plafond épargne retraite | Pendant la vie active |
Une vigilance chaque année, un gain immédiat
Beaucoup de seniors paient encore trop d’impôts, par méconnaissance ou par oubli. La fiscalité évolue, les seuils changent, les dispositifs se transforment. La clé : surveiller son revenu fiscal de référence, déclarer chaque dépense éligible, conserver ses justificatifs. Chaque euro rendu compte. Surtout quand la retraite s’étire et que chaque économie compte vraiment.
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[1] Impôt
L’impôt est une somme d’argent que les citoyens et les entreprises paient régulièrement au gouvernement. Cet argent est utilisé pour financer des services publics comme les écoles, les routes, et…
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[2] GIR
Le GIR (Groupe Iso-Ressources) est un outil qui sert à évaluer le niveau d’autonomie des personnes âgées, en les classant selon leur besoin d’aide pour les activités quotidiennes.
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