Un parent âgé, soudainement en perte d’autonomie. L’urgence impose, parfois, de réagir sans délai : hospitalisation imprévue, chute, épuisement de l’aidant. Trouver une solution d’hébergement devient prioritaire. Mais le coût d’un EHPAD[1] ou d’un accueil familial dépasse souvent les moyens. Quand chaque jour compte, l’aide sociale à l’hébergement (ASH) permet de franchir ce cap, en prenant en charge tout ou partie des frais restants. Comment obtenir l’ASH rapidement, sans perdre de temps ni d’opportunité ? Les rouages, les pièges à éviter, les démarches à accélérer, tout s’imbrique au fil d’un parcours balisé, mais complexe.

ASH : à quoi sert-elle, qui y a droit ?

L’ASH couvre la différence entre le montant facturé par l’établissement (EHPAD, résidence autonomie, USLD[3], accueil familial) et ce que la personne âgée, ainsi que ses obligés alimentaires (enfants, gendres, belles-filles), peuvent réellement payer. Le département verse l’aide, sous réserve que les conditions soient remplies :

  • Âge : avoir au moins 65 ans (ou dès 60 ans si inapte au travail).
  • Résidence : vivre en France de façon stable et régulière. Pour les étrangers, un titre de séjour valide est indispensable.
  • Ressources : les revenus cumulés (personne âgée + conjoint éventuel + obligés alimentaires) ne doivent pas permettre de régler la totalité des frais.
  • Type d’hébergement : établissement ou famille d’accueil agréés et habilités à l’aide sociale. Certains établissements n’ouvrent l’ASH qu’à une partie de leurs lits : vérification obligatoire.
senior éligible à l'ASH

Urgence et anticipation : comprendre la mécanique

Une entrée précipitée en structure, souvent dictée par la santé ou la sécurité, ne laisse que peu de marge pour l’organisation. Le dossier d’ASH doit suivre au plus vite. Deux mois, c’est le délai à ne pas dépasser après l’entrée en établissement ou la signature du contrat d’accueil familial si vous voulez une prise en charge rétroactive à la date d’admission.

Anticiper, c’est préparer les pièces justificatives avant même d’avoir trouvé une place. À la clé : un traitement plus rapide du dossier, moins de stress administratif, un accès aux droits dès la première facture.

Constituer un dossier solide d’ASH : les incontournables

Le dépôt du dossier s’effectue en mairie ou au Centre communal d’action sociale (CCAS) du lieu de résidence. À joindre sans faute :

  • Identité : carte d’identité ou titre de séjour (si besoin).
  • Justificatif de domicile récent.
  • Dernier avis d’imposition (personne âgée et conjoint éventuel).
  • Relevés des trois derniers mois pour toutes sources de revenus (retraites, salaires, aides).
  • Liste des obligés alimentaires : enfants, gendres, belles-filles (livret de famille).

Le CCAS[4] transmet le dossier au département : là, commence l’instruction, variable selon la politique locale. Plusieurs départements proposent des dispositifs d’accompagnement pour accélérer la procédure en cas d’urgence avérée (sortie d’hospitalisation, menace pour la sécurité à domicile).

Calcul du montant de l’ASH : ce qui est pris en compte

L’ASH n’est jamais forfaitaire. Le conseil départemental évalue précisément le reste à charge, en tenant compte :

  • Revenus de la personne âgée (exception faite de certaines pensions honorifiques).
  • Revenus du conjoint, partenaire de PACS ou concubin.
  • Contribution potentielle des obligés alimentaires (sauf petits-enfants, qui sont exemptés).

Une règle stricte : la personne âgée conserve au moins 10 % de ses revenus mensuels, sans pouvoir descendre sous 124 € par mois. Si le conjoint reste à domicile, son minimum vital s’établit à 1 034,28 € par mois (plafond 2025).

seniors faisant une demande d'ASH en urgence

Recours, révision, récupération ASH : les aspects méconnus

En cas de refus ou de changement de situation, des solutions existent : l’ASH peut être révisée, contestée ou ajustée.

Refus : ne pas rester sans réponse

Un refus d’ASH n’est jamais définitif. Demander une nouvelle étude du dossier, fournir des justificatifs supplémentaires ou des précisions sur la situation, tout cela peut infléchir la décision. En cas de blocage, un recours écrit auprès du président du conseil départemental, puis, si besoin, devant le tribunal administratif, reste possible.

Révision du montant

Baisse soudaine des revenus, changement dans la situation familiale, nouvel élément : à tout moment, le bénéficiaire ou ses proches peuvent demander une révision du montant de l’ASH, sur simple lettre adressée au département.

Récupération sur succession : ce qu’il faut savoir

L’ASH est une avance : le département peut récupérer tout ou partie des sommes versées, sur la succession du bénéficiaire (après décès), ou sur certaines donations réalisées dans les 10 années précédant la demande. Si la situation financière s’améliore pendant la prise en charge (héritage), une récupération reste possible de son vivant. Un détail : la part d’héritage des enfants est réduite d’autant, mais le patrimoine des petits-enfants n’est jamais concerné.

LIRE AUSSI : Peut-on éviter le remboursement sur héritage ASH ?

Établissements et alternatives : bien choisir, vite choisir

Tous les établissements ne sont pas égaux devant l’ASH. Seuls ceux disposant de places « habilitées à l’aide sociale[2] » ouvrent droit à la prise en charge. Sur notre annuaire, vous pouvez vérifier cette condition, comparer les prix, visualiser le reste à charge après aides (ASH, APL, APA). 

En cas de tension sur les places, certains établissements réservent des admissions d’urgence : appeler directement, expliquer la situation, multiplier les contacts augmente les chances.

En attente d’une place, des solutions transitoires existent : hébergement temporaire, accueil de jour, aide à domicile[5] renforcée, soins infirmiers à domicile (SIAD). Rien de gratuit, mais avec l’activation de plusieurs aides (ASH, APA, aides exceptionnelles des caisses de retraite ou mutuelles), le coût peut devenir supportable même quelques semaines.

Procédure accélérée : mode d’emploi et conseils d’initiés

  1. Vérifier l’éligibilité à l’ASH (âge, ressources, résidence).
  2. Repérer un établissement habilité : annuaires en ligne, CLIC[6], CCAS, service autonomie du département.
  3. Constituer le dossier : anticiper les documents, vérifier la liste exacte auprès du CCAS.
  4. Déposer sans délai : si possible, en même temps que la demande d’admission en établissement.
  5. Informer le service social de l’établissement : certains accompagnent le suivi du dossier et alertent le département de l’urgence.
  6. Solliciter une instruction accélérée : justifier l’urgence (certificat médical, situation familiale, sortie d’hospitalisation).
  7. Rester joignable et réactif : répondre aux demandes de pièces complémentaires, suivre le dossier.

FAQ pratique : les réponses aux situations tendues

L’ASH peut-elle être demandée après l’entrée en établissement ?

Oui, mais la demande doit impérativement être déposée dans les deux mois suivant l’admission pour garantir la prise en charge rétroactive. Au-delà, l’aide ne sera accordée qu’à partir de la date de dépôt.

Mon parent possède une petite épargne : est-il éligible ?

Le département analyse l’ensemble des ressources et du patrimoine. Une épargne modeste ne bloque pas l’accès à l’ASH, mais peut réduire le montant versé.

Quelle est la durée d’instruction d’un dossier en urgence ?

Variable : certains départements instruisent en trois à quatre semaines, d’autres nécessitent deux mois. Un dossier complet, bien préparé, accélère nettement la prise en charge.

Peut-on cumuler ASH, APA, APL ?

Oui. L’ASH vient en complément des autres aides : APA pour la dépendance[7], APL ou ALS pour le logement, voire réduction d’impôt[8] sur certains frais d’hébergement.

Et pour les personnes handicapées en maison de retraite ?

Des règles spécifiques s’appliquent, notamment pour l’accès à l’ASH et la récupération sur succession. D’autres aides peuvent compléter (PCH, APA selon l’âge et le degré de dépendance).

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