Chaque minute, vos reins filtrent votre sang, éliminent toxines et excès d’eau, et maintiennent l’équilibre vital de votre corps. Pourtant, ce travail essentiel peut s’affaiblir sans aucun signe visible. Invisible au quotidien, le débit de filtration glomérulaire (DFG) peut chuter silencieusement, et quand il baisse, vos reins peinent à nettoyer votre organisme, mettant votre santé en danger.

Dans cet article, vous apprendrez à lire votre DFG, comprendre vos résultats et savoir quand agir pour protéger vos reins. Comprendre ce chiffre, c’est saisir le vrai état de vos reins avant l’apparition des symptômes.

Comment le DFG se calcule-t-il ? Derrière le chiffre, la réalité biologique

Au cœur du calcul du DFG : la créatinine, ce déchet issu de l’activité musculaire. Les reins le filtrent puis l’éliminent. Si la créatinine grimpe dans le sang, le DFG diminue : un miroir inversé. Mais la créatinine ne raconte pas toute l’histoire. Elle varie selon la masse musculaire, l’âge, le sexe, certains médicaments. D’où l’emploi de formules d’estimation (CKD-EPI, MDRD, Cockcroft) qui affinent le diagnostic.

Parfois, le DFG se mesure directement via la clairance de substances injectées (iohexol, radiotraceurs). La procédure est lourde et réservée à des cas précis : donneurs de rein, situations à haut risque. Dans la pratique courante, l’estimation à partir de la créatinine, parfois complétée par la cystatine C (protéine moins influencée par la masse musculaire), suffit à surveiller la fonction rénale.

senior découvrant son taux de créatinine

DFG : les valeurs à connaître, et ce qu’elles disent de vos reins

Les chiffres parlent, mais encore faut-il savoir les entendre. Voici les seuils clés :

StadeDFG (ml/min/1,73 m²)Signification
1≥ 90Fonction rénale normale ou maladie latente
260 – 89Légère diminution, surveillance requise
330 – 59Diminution modérée, prise en charge nécessaire
415 – 29Diminution sévère, préparation à la suppléance
5< 15Insuffisance rénale terminale (dialyse ou greffe)

À partir d’un DFG inférieur à 60, le risque de complications augmente nettement. Maladie rénale chronique probable si cette valeur se confirme à distance. En dessous de 15, la dialyse ou la transplantation deviennent indispensables.

Symptômes discrets, conséquences lourdes : quand le DFG baisse

La chute du DFG ne se manifeste pas d’emblée. Fatigue, perte d’appétit, crampes, démangeaisons, œdèmes : des signes souvent tardifs, parfois confondus avec d’autres troubles. Beaucoup découvrent une maladie rénale à l’occasion d’une prise de sang de routine, ou lors d’un contrôle chez le cardiologue ou le diabétologue.

Les personnes à risque (diabétiques, hypertendus, antécédents cardiaques ou familiaux) doivent une attention particulière à ce chiffre. Un suivi régulier, même sans symptômes, permet d’anticiper les complications.

Albuminurie et protéinurie : des alliés pour évaluer la gravité

Surveiller le DFG ne suffit pas. L’examen des urines complète le tableau. Un rein sain retient les protéines (albumine). Dès qu’il s’abîme, ces protéines passent dans l’urine : on parle d’albuminurie ou de protéinurie. Plus le taux d’albumine urinaire grimpe, plus la maladie est avancée.

  • Albuminurie < 30 mg/g : normal.
  • Albuminurie > 30 mg/g : suspicion de maladie rénale chronique, d’autant plus forte si le DFG est bas.

En pratique, le médecin croise les deux indicateurs pour établir le pronostic et guider le suivi.

Médicaments, âge, masse musculaire : des pièges pour l’interprétation

Tout n’est pas noir ou blanc. Un DFG apparemment bas peut tromper, surtout chez les personnes âgées ou très musclées. Certains médicaments (cimétidine, cotrimoxazole…) faussent la créatininémie sans toucher réellement la filtration rénale. D’où l’utilité de la cystatine C dans les situations ambiguës. Elle, au moins, dépend très peu de la masse musculaire.

Parfois, seule une mesure directe du DFG ou un avis spécialisé permet de trancher. Ne jamais hésiter à demander des explications détaillées en cas de doute sur un résultat.

suivi médical d'un senior avec une créatinine élevée

Que faire si le DFG chute ? Conseils pratiques et suivi

Un DFG bas n’est pas une fatalité. Plusieurs leviers existent pour ralentir la progression :

  • Contrôler parfaitement la pression artérielle et la glycémie.
  • Limiter la consommation de sel et privilégier une alimentation équilibrée, pauvre en protéines si indiqué.
  • Arrêter le tabac, pratiquer une activité physique adaptée.
  • Prendre les traitements prescrits, éviter l’automédication (certains anti-inflammatoires aggravent la situation).
  • Consulter régulièrement un médecin généraliste ou un néphrologue, surtout si le DFG descend sous 45 ml/min/1,73 m².

Plus le diagnostic est précoce, plus les chances de préserver ses reins augmentent. Les programmes de prise en charge offrent aujourd’hui des suivis coordonnés, avec accès facilité au spécialiste, au diététicien, à la surveillance tensionnelle.

FAQ : DFG et fonction rénale

  • Le DFG varie-t-il avec l’âge ? Oui. Il baisse progressivement à partir de 40 ans, sans que cela signe toujours une maladie. Seuls les DFG inférieurs à 60, surtout s’ils persistent, inquiètent.
  • Peut-on améliorer son DFG ? On ne « remonte » pas le DFG, mais on peut freiner sa chute en traitant les facteurs de risque et en adoptant une hygiène de vie adaptée.
  • Le DFG suffit-il à diagnostiquer une insuffisance rénale ? Non. L’analyse d’urines (protéinurie, albuminurie), l’échographie et d’autres bilans sont souvent nécessaires.
  • Quand consulter un néphrologue ? Dès que le DFG tombe sous 45 ml/min/1,73 m², ou en cas de doute sur l’évolution.
  • Quels médicaments faussent la créatininémie ? Plusieurs molécules, notamment certains antibiotiques, antirétroviraux, antiulcéreux. La liste complète doit être vérifiée auprès du pharmacien ou du médecin.

Points-clés à retenir

  • Le DFG demeure le meilleur indicateur de la santé rénale, même si peu connu du grand public.
  • Un chiffre qui baisse doucement, sans bruit, mais dont la surveillance évite bien des complications.
  • Anticiper, c’est préserver ses reins. Lire ses analyses, comprendre ce fameux chiffre, demander conseil : autant de réflexes qui changent tout.

En France, plus de trois millions de personnes vivent avec une maladie rénale chronique, souvent sans le savoir. Le DFG, ce chiffre discret sur votre prise de sang, peut leur offrir une chance de déjouer la fatalité – à condition d’être lu, compris, et pris au sérieux.

Sources: HAS, recommandations professionnelles, monographies VIDAL.

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Commentaires (4)

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  1. Sabine brongnart

    Bonjour. Je suis une femme de 72 ans, mon taux de DFG est passé de 70 à 50 , dois je voir un spécialiste ? Le taux de 50 peut il remonter seul ?
    Merci de répondre. SB

    Répondre
    1. Amandine

      Bonjour

      Je vous remercie pour votre commentaire.
      Il est conseillé de consulter un néphrologue pour évaluer la baisse du DFG et suivre son évolution.
      Bonne journée.
      Amandine

      Répondre
  2. Annie Bestion

    Explications très claires

    Répondre
    1. Annie

      Explications très claires.toute personne devrait en avoir connaissance car les médecins n expliquent pas Spontanément. Merci car je suis concernée.

      Répondre

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