Chaque prise de sang peut être source d’angoisse : « Mon cholestérol total est trop élevé… suis-je en danger ? » Beaucoup culpabilisent, pensant que tout vient de leur alimentation. Pourtant, le cholestérol n’est pas un ennemi. Il compose les membranes cellulaires et sert à fabriquer hormones, vitamine D et sels biliaires. Transporté par des lipoprotéines, il existe sous deux formes principales : le LDL, « mauvais », et le HDL, « bon », qui ramène l’excédent au foie.
Le cholestérol total inquiète : au-dessus de 2 g/L, il devient suspect, et au-delà de 2,4 g/L, l’alerte est réelle, surtout si d’autres facteurs de risque s’ajoutent. Alors, pourquoi certains voient-ils leur taux grimper malgré une alimentation équilibrée ?
Les causes les plus fréquentes : le classique… et bien plus
En France, plus d’un adulte sur cinq affiche un excès de LDL. Les raisons ? Certaines sautent aux yeux, d’autres moins.
- Surpoids, surtout abdominal. Un ventre rebondi s’accompagne souvent d’une élévation du cholestérol total et des triglycérides. Les cellules graisseuses autour de la taille perturbent le métabolisme lipidique.
- Alimentation riche en graisses saturées. Viandes grasses, charcuteries, fromages à pâte dure, viennoiseries, biscuits industriels… L’excès de graisses animales, plus que le cholestérol alimentaire lui-même, booste la production hépatique de LDL.
- Sédentarité. Rester assis, peu marcher, éviter l’effort : le HDL baisse, le LDL grimpe. Le bilan s’alourdit, doucement mais sûrement.
- Facteur génétique. Parfois, c’est écrit dans les gènes. Une production excessive par le foie, une élimination défaillante, et le cholestérol s’accumule, même chez ceux qui surveillent leur assiette.
- Diabète de type 2. Quand la glycémie dérape, le LDL grimpe. Les triglycérides aussi. Un cercle vicieux, souvent méconnu.
- Alcool. Deux verres par jour, parfois moins, suffisent à faire monter les triglycérides et influencer, indirectement, le cholestérol total.
- Âge. Avec les années, le foie devient parfois moins performant. Le risque augmente, surtout après 50 ans chez l’homme, après la ménopause chez la femme.
- Médicaments. Pilule contraceptive, corticoïdes, bêtabloquants, certains diurétiques ou antirétroviraux : la liste s’allonge. Parfois, le traitement indispensable a ce revers discret.
- Maladies du foie, des reins ou de la thyroïde. Un organe qui fatigue, et la régulation lipidique s’enraye. Hypothyroïdie, stéatose hépatique, insuffisance rénale… souvent ignorés, souvent responsables.

Causes sous-estimées : les coupables invisibles
Certains facteurs passent inaperçus. Ils agissent dans l’ombre, modifient le profil lipidique, sans bruit.
- Stress chronique. Le cortisol, hormone du stress, influence la synthèse hépatique des lipides. Le cholestérol grimpe, sans que l’on s’en aperçoive. Les études récentes de la Fédération française de cardiologie pointent ce lien de plus en plus nettement.
- Manque de sommeil. Cinq ou six heures par nuit, régulièrement, cela suffit à perturber le métabolisme du cholestérol. Le HDL baisse, le LDL monte. L’effet, discret, s’ajoute au fil des mois.
- Tabac. Fumer abaisse le HDL, favorise l’oxydation du LDL, précipite l’athérosclérose. L’impact sur le cholestérol total n’est pas aussi direct que l’alimentation, mais le risque cardiovasculaire explose.
- Ménopause. Chez la femme, la chute des œstrogènes bouleverse l’équilibre lipidique. Le LDL s’élève, le HDL recule parfois.
- Compléments alimentaires et phytothérapie. Certains produits naturels, utilisés sans contrôle médical, peuvent interagir avec le métabolisme des lipides. Les huiles de foie de poisson, certaines plantes, parfois à l’effet contraire de celui escompté.
- Apport insuffisant en fibres. Peu de légumes, peu de fruits, de céréales complètes : l’absorption intestinale du cholestérol alimentaire augmente.
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Triglycérides : l’autre variable à surveiller
Parallèlement au cholestérol, les triglycérides méritent l’attention. Fabriqués par le foie, stockés dans les tissus adipeux, ils montent en flèche avec l’alcool, le sucre, le surpoids et le diabète mal contrôlé. Un taux normal reste sous 1,5 g/L. Au-delà, le risque cardiovasculaire augmente, même si le lien direct n’est pas aussi net que pour le cholestérol.
Complications : une menace silencieuse
Rien. Aucun symptôme, le plus souvent. Le cholestérol LDL s’accumule, tapisse les artères, forme des plaques d’athérome. Les vaisseaux se rétrécissent, perdent en élasticité. Parfois, l’accident survient : un infarctus, un AVC[1], une artérite, des troubles de l’érection. Les signes arrivent tard, quand la prévention n’est plus un choix, mais une urgence.
- Angine de poitrine : douleur thoracique à l’effort, signal d’alerte.
- Crampes dans les jambes à la marche : artérite des membres inférieurs.
- Impotence sexuelle : circulation sanguine altérée.

Dépistage et prise en charge : comment agir ?
Un bilan lipidique complet, réalisé à jeun, révèle la situation. Cholestérol total, LDL, HDL, triglycérides. L’interprétation dépend du contexte : antécédents familiaux, facteurs de risque associés, âge, sexe.
Pour réduire le cholestérol, certains gestes font la différence :
- Réduire les graisses saturées (beurre, crème, charcuterie, viennoiseries)
- Privilégier les huiles végétales (colza, olive, tournesol)
- Augmenter la part de fibres, via les fruits, légumes, céréales complètes
- Limiter l’alcool, arrêter le tabac
- Marcher, nager, pratiquer une activité physique régulière
- Perdre du poids, même modérément
Quand ces mesures s’avèrent insuffisantes, la prescription de statines ou d’autres hypolipémiants s’impose parfois. Le suivi médical s’adapte au profil de risque individuel, avec des objectifs stricts pour le LDL, notamment en cas d’antécédents cardiovasculaires.
FAQ pratique : démêler le vrai du flou
À partir de quel âge faut-il surveiller son cholestérol total ?
Les recommandations préconisent un bilan lipidique systématique à partir de 50 ans chez la femme, 45 ans chez l’homme, plus tôt si facteurs de risque ou antécédents familiaux.
Le cholestérol alimentaire joue-t-il un rôle déterminant ?
Moins qu’on ne le pensait. L’excès de graisses saturées booste la synthèse hépatique de LDL, mais le cholestérol contenu dans l’alimentation (œufs, fruits de mer) impacte peu la majorité des gens.
Quels médicaments peuvent influencer le cholestérol ?
Corticoïdes, certains contraceptifs, bêtabloquants, diurétiques thiazidiques, traitements de l’acné (rétinoïdes), antirétroviraux, neuroleptiques. Toujours signaler ses traitements lors du bilan.
Le stress ou le manque de sommeil suffisent-ils à perturber le bilan lipidique ?
Oui, sur le long terme. Les perturbations hormonales et métaboliques liées au stress chronique ou à un sommeil insuffisant majorent l’hypercholestérolémie, souvent à l’insu du patient.
Retenir l’essentiel : vigilance et nuances
Sur l’ordonnance, le cholestérol total n’est qu’un chiffre. Derrière, des mécanismes multiples, entre génétique, mode de vie, maladies parfois ignorées. Sédentarité, alimentation, stress, sommeil, facteurs héréditaires : chaque détail compte. Le dépistage reste la clé. Parce que l’excès de cholestérol ne prévient pas, mais prépare le terrain, silencieusement, pour des complications majeures. Prendre le temps d’analyser, d’agir tôt, change tout.
Sources : VIDAL, SantéBD, Fédération française de cardiologie, Collège national des enseignants de cardiologie, Société française d’endocrinologie. Données scientifiques à jour au 13 octobre janvier 2025.
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[1] AVC
Un AVC, ou accident vasculaire cérébral, se produit lorsque le flux sanguin vers une partie du cerveau est bloqué, ce qui peut provoquer des problèmes de mouvement, de langage, ou…
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