La dialyse représente un tournant dans la vie des personnes souffrant d’insuffisance rénale. Cette procédure médicale devient nécessaire lorsque les reins ne parviennent plus à filtrer efficacement le sang. Dans ce contexte, la créatinine, ce déchet métabolique normalement éliminé par les reins, s’accumule et son taux sanguin devient un indicateur précieux de la fonction rénale. Pour les patients dialysés et leurs proches, une question revient fréquemment : peut-on réduire naturellement ce taux malgré la dépendance[1] au traitement ?
Comprendre la créatinine et son rôle chez les patients dialysés
La créatinine provient principalement de la dégradation de la créatine présente dans les muscles. La consommation de certains aliments, comme la viande cuite, pourrait faire augmenter temporairement sa concentration sanguine.
Chez les personnes sous dialyse, le taux de créatinine est généralement élevé entre les séances de traitement. La dialyse, qu’elle soit péritonéale ou hémodialyse, remplace partiellement la fonction des reins en filtrant le sang pour éliminer les toxines comme la créatinine.
Un taux élevé persistant, même avec des séances régulières, peut indiquer que le traitement n’est pas totalement optimal ou que d’autres facteurs interfèrent avec son efficacité.

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Pourquoi chercher à réduire son taux de créatinine sous dialyse ?
Bien que la dialyse soit conçue pour éliminer la créatinine, maintenir un taux le plus bas possible entre les séances pourrait présenter plusieurs avantages :
- Amélioration du bien-être général : moins de fatigue, meilleure concentration et plus d’énergie au quotidien
- Réduction des complications : une meilleure épuration globale pourrait contribuer à diminuer certains risques, notamment cardiovasculaires, associés à l’urémie
- Meilleure qualité de vie : moins de symptômes désagréables entre les séances de dialyse
Pour les seniors notamment, qui constituent une large proportion des patients dialysés, ces bénéfices peuvent faire une différence significative dans leur autonomie et leur confort de vie.
Les ajustements alimentaires pour mieux gérer la créatinine
L’alimentation joue un rôle important dans la gestion de la créatinine, même pour les personnes déjà sous dialyse. Certains choix alimentaires peuvent aider à limiter l’accumulation de ce déchet entre les séances de traitement.
Contrôler les apports en protéines
Les apports protéiques sont souvent situés autour de 1,2 g par kilo de poids corporel et par jour chez les personnes sous dialyse, mais cette quantité doit toujours être ajustée par le néphrologue ou le diététicien selon la situation individuelle.
Les protéines de haute valeur biologique, comme celles des œufs, du poulet ou de certains poissons maigres, peuvent produire proportionnellement moins de déchets azotés et sont souvent privilégiées, mais ce choix doit rester personnalisé.
Limiter certains aliments problématiques
Certains aliments sont particulièrement riches en substances générant de la créatinine ou contiennent des composés difficiles à éliminer pour un organisme dont les reins fonctionnent mal :
- La viande rouge, particulièrement les abats, contient beaucoup de créatine qui se transforme en créatinine. Les bouillons de viande concentrés, la charcuterie et les viandes transformées sont également à modérer.
- Les aliments très riches en phosphore comme les produits laitiers, certaines noix et graines ou les boissons au cola peuvent interférer avec l’équilibre minéral et compliquer la gestion des déchets métaboliques.
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S’hydrater intelligemment
La gestion des liquides est complexe pour les personnes sous dialyse. Contrairement aux idées reçues, boire davantage n’aide pas forcément à éliminer la créatinine quand les reins ne fonctionnent plus correctement.
L’apport hydrique recommandé varie selon la fonction rénale résiduelle, le type de dialyse et l’état clinique ; il se situe parfois dans une fourchette d’environ 500 à 1 000 ml par jour, à laquelle s’ajoute le volume d’urine encore produit, mais cette limite doit être fixée avec l’équipe médicale.
Une hydratation adéquate mais contrôlée permet d’éviter la surcharge liquidienne tout en facilitant le travail de la dialyse.
L’activité physique : un allié méconnu
L’exercice physique régulier est souvent négligé dans la prise en charge des patients dialysés, particulièrement chez les seniors. Pourtant, il pourrait jouer un rôle dans la gestion globale de la santé et du bien-être.
Quels types d’exercices privilégier ?
Pour les patients sous dialyse, particulièrement les personnes âgées, l’activité physique doit être adaptée à leurs capacités :
- Les exercices d’endurance modérés comme la marche, le vélo d’appartement à faible résistance ou la natation (si autorisée) pourraient améliorer la circulation sanguine et, dans certains cas, l’efficacité de la dialyse, selon ce qu’indiquent certaines études.
- Des exercices de renforcement musculaire légers peuvent aider à maintenir la masse musculaire, souvent affectée par l’insuffisance rénale chronique et l’âge.
- Des activités douces comme le tai-chi ou certaines formes de yoga adaptées peuvent améliorer l’équilibre et réduire le stress, un facteur aggravant de nombreux symptômes.

Quand pratiquer ces activités ?
En général, les jours sans dialyse sont plus favorables à des activités plus soutenues, et les jours de dialyse, il est souvent préférable de prévoir des exercices légers avant la séance plutôt qu’après, sauf avis contraire du médecin.
Consultez toujours votre néphrologue avant de commencer un programme d’exercices, même modéré. Certains patients peuvent avoir des contre-indications spécifiques liées à leur état cardiaque ou à d’autres complications.
L’optimisation du traitement de dialyse lui-même
La dialyse est un traitement complexe qui peut être ajusté de différentes façons pour améliorer l’épuration globale.
Durée et fréquence des séances
Dans certains cas, augmenter légèrement la durée ou la fréquence des séances pourrait améliorer l’élimination des déchets. Certains patients bénéficient de séances plus longues ou plus fréquentes, mais ces adaptations doivent toujours être discutées et validées par l’équipe médicale, en tenant compte de l’état général et des contraintes pratiques.
La dialyse quotidienne courte ou la dialyse nocturne longue sont des options qui peuvent offrir un meilleur confort ou un meilleur contrôle de certains paramètres biologiques, selon les profils.
Choisir le bon dialysat
Le dialysat est la solution utilisée pendant la dialyse pour attirer les déchets hors du sang. L’optimisation de la clairance de la créatinine repose surtout sur des paramètres comme la durée de la séance, les débits sanguin et de dialysat, et le type de membrane utilisé. L’ajustement de la composition électrolytique du dialysat sert principalement à maintenir l’équilibre en potassium, sodium, bicarbonates ou calcium.
Les compléments et traitements à éviter
Identifier les compléments et traitements à éviter est essentiel pour protéger la santé des patients dialysés.
Méfiez-vous des « solutions miracles »
De nombreux compléments alimentaires ou remèdes naturels sont commercialisés avec la promesse de « nettoyer les reins » ou de « réduire la créatinine ». Pour les patients dialysés, ces produits sont souvent inefficaces et peuvent présenter des risques.
Les plantes dites « diurétiques » comme le pissenlit, la queue de cerise ou le thé vert peuvent augmenter la production d’urine chez les personnes ayant une fonction rénale normale, mais chez les patients dialysés, elles peuvent déséquilibrer l’hydratation et les électrolytes. Tout complément devrait être validé par un professionnel de santé.
Les produits contenant de la créatine peuvent faire augmenter artificiellement la créatinine sanguine, et les poudres protéinées devraient être utilisées uniquement sur indication médicale ou diététique, car elles doivent être intégrées au calcul global des apports.
Les médicaments à surveiller
Certains médicaments courants peuvent influencer le taux de créatinine ou interférer avec la dialyse :
- Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’ibuprofène peuvent aggraver les problèmes rénaux et sont généralement déconseillés.
- Certains antibiotiques et médicaments contre l’hypertension peuvent affecter les niveaux de créatinine ou leur élimination.
Informez systématiquement tous vos médecins que vous êtes sous dialyse avant toute nouvelle prescription médicamenteuse.
L’importance du suivi et de la communication avec l’équipe médicale
Le meilleur moyen de gérer efficacement son taux de créatinine reste une collaboration étroite avec l’équipe soignante.
N’hésitez pas à poser des questions lors des consultations. Demandez spécifiquement ce que signifient vos résultats de créatinine et ce qui pourrait être amélioré dans votre cas particulier.
Signalez tout changement dans votre alimentation, votre niveau d’activité ou votre état général, car ces éléments peuvent influencer l’efficacité de la dialyse et les niveaux de créatinine.
Si vous êtes un proche aidant d’une personne âgée sous dialyse, assistez si possible aux consultations pour mieux comprendre les enjeux et aider à la mise en place des recommandations au quotidien.
Perspectives d’avenir : quand la créatinine diminue-t-elle significativement ?
Pour certains patients, notamment seniors, une transplantation rénale peut permettre un retour vers des valeurs de créatinine plus basses, si le greffon fonctionne correctement. Cette option dépend de nombreux facteurs comme l’âge, l’état de santé général et la disponibilité des organes.
Les techniques de dialyse continuent d’évoluer, avec des membranes haut-flux et des systèmes plus performants qui visent surtout à améliorer l’élimination de molécules de taille moyenne ou élevée, tout en maintenant une bonne clairance des petits solutés comme la créatinine.
La recherche sur les reins artificiels implantables et les thérapies cellulaires progresse, offrant l’espoir de solutions futures qui pourraient remplacer la dialyse traditionnelle.
Vivre avec la dialyse représente un défi quotidien, particulièrement pour nos aînés. Si la réduction significative de la créatinine reste limitée par les contraintes physiologiques de l’insuffisance rénale terminale, des ajustements dans l’alimentation, l’activité physique et le traitement lui-même peuvent améliorer le bien-être entre les séances. L’accompagnement des patients dialysés, notamment en établissement spécialisé pour seniors, doit intégrer ces dimensions pour offrir la meilleure qualité de vie possible malgré les contraintes du traitement.
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[1] Dépendance
La dépendance de la personne âgée désigne le besoin d’aide pour réaliser les tâches de la vie quotidienne en raison de problèmes physiques ou mentaux.
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