En France, aider un parent âgé, soutenir un enfant en situation de handicap ou accompagner un conjoint malade. Un geste de solidarité, presque instinctif, qui rythme la vie de près de 9,3 millions de personnes. Beaucoup ne se reconnaissent même pas dans le terme d’« aidant ». Pourtant, derrière chaque course, chaque rendez-vous médical, chaque formulaire rempli, se cache une charge réelle. Émotionnelle, physique, financière. Et cette charge, l’État la reconnaît, parfois généreusement. Sans condition de revenus.
Des aides financières majeures, souvent méconnues
Le soutien financier accordé aux aidants familiaux n’est pas anecdotique. Deux dispositifs principaux : l’allocation journalière du proche aidant (AJPA) et la prestation de compensation du handicap (PCH). Peu de gens connaissent leur existence. Encore moins savent qu’elles peuvent atteindre, selon les situations, jusqu’à 1 477,38 € par mois – sans aucun plafond de ressources.
Allocation journalière du proche aidant (AJPA)
L’AJPA, versée par la CAF ou la MSA, s’adresse à ceux qui suspendent leur travail pour s’occuper d’un proche.
Elle s’adresse aux aidants qui accompagnent un proche bénéficiant de l’APA (perte d’autonomie) ou reconnu en situation de handicap (taux d’incapacité d’au moins 80 %). Vous êtes concerné que vous soyez salarié, indépendant ou fonctionnaire.
Son montant est de 65,80 € par jour (ou 32,90 € pour une demi-journée), dans la limite de 22 jours par mois. Soit un montant mensuel pouvant atteindre 1 447,60 €.
Le dispositif prévoit jusqu’à 66 jours indemnisés par personne aidée, avec un maximum de 4 proches sur l’ensemble de la carrière (soit 264 jours au total). Ce droit, acquis sans condition de ressources, reste encore largement sous-utilisé.

LIRE AUSSI : Aidants : l’AJPA revalorisée et élargie à 4 personnes en 2025
L’AJAP : pour accompagner un proche en fin de vie
L’allocation journalière d’accompagnement d’une personne en fin de vie[1] (AJAP) complète le congé de solidarité familiale.
Elle permet à un aidant de percevoir une compensation financière le temps de rester auprès d’un proche en phase terminale d’une maladie. Elle peut être versée si l’accompagnement a lieu hors hôpital, notamment au domicile (le vôtre ou celui du proche) ou en maison de retraite.
- Montant (2025) : 64,41 € brut par jour en cas de suspension totale d’activité.
- Si l’aidant transforme son congé en activité partielle, le montant est réduit à 32,21 € par jour.
- Durée maximale : 21 jours (ouvrables ou non) ; portée à 42 jours en cas d’activité partielle. Vous pouvez donc recevoir un maximum de 1 352,61 €. Ces jours peuvent être partagés entre plusieurs accompagnants.
Cette allocation est soumise à des conditions : l’aidant doit interrompre totalement ou partiellement son activité professionnelle. En outre, une attestation médicale prouvant l’état de fin de vie du proche est exigée dans le dossier de demande.
Prestation de compensation du handicap (PCH)
La PCH permet de dédommager un proche aidant pour l’accompagnement quotidien d’une personne en situation de handicap. Le montant varie selon le lien familial, le volume horaire d’aide, l’évaluation des besoins.
En 2025, deux plafonds existent selon la situation de l’aidant :
- 1 231,15 € par mois si l’aidant exerce une activité professionnelle par ailleurs (taux horaire de 4,78 €).
- 1 477,38 € par mois si l’aidant n’a pas d’activité professionnelle (taux horaire de 7,16 €).
Dans les deux cas, il n’y a aucune condition de revenus pour l’aidant.
Qui est concerné ? Un statut plus large qu’on ne l’imagine
Le Code de l’action sociale et des familles définit l’aidant familial de manière inclusive : partenaire, conjoint, parent, allié, ou toute personne entretenant avec le proche un lien stable, vivant ou non sous le même toit. La condition : aider régulièrement, sans rémunération professionnelle. Cela comprend des tâches variées comme : courses, toilette, repas, démarches administratives, présence rassurante. L’aide peut être physique, morale ou logistique.
- Conjoints, partenaires de PACS, concubins
- Ascendants, descendants, alliés jusqu’au 4e degré
- Personnes vivant sous le même toit ou entretenant un lien stable avec le proche dépendant
Un simple accompagnement aux soins ou une gestion régulière des papiers suffit à ouvrir des droits. Mais la reconnaissance officielle passe par une démarche : faire constater la dépendance[2] ou le handicap du proche (via MDPH, CAF, caisse de retraite, etc.).
Des dispositifs complémentaires pour alléger la charge
- Crédit d’impôt de 50 % : recours à une aide professionnelle à domicile ou à un service de répit, avec réduction fiscale sur les sommes engagées.
- Aide au répit : via l’APA (allocation personnalisée d’autonomie), prise en charge de solutions temporaires (hébergement, accueil de jour) pour permettre à l’aidant de souffler.
- Congé proche aidant : salarié du privé ou du public ? Droit à une suspension temporaire de contrat, avec maintien de certains droits et possibilité de percevoir l’AJPA.
- Don de jours de repos entre collègues : solidarité d’équipe, pour cumuler du temps rémunéré et se consacrer à un proche.
- Aides ponctuelles des caisses de retraite complémentaires : chèques vacances, prise en charge de déplacements, solutions d’hébergement lors d’un séjour, etc.
- Assurance vieillesse des aidants (AVA) : trimestres de retraite validés pour les périodes consacrées à l’aide, sous certaines conditions.

Procédures et conseils pratiques
La demande d’aide, souvent redoutée, se prépare. Premier réflexe : conserver tous les justificatifs (plannings d’aide, factures, attestations de trajets, échanges avec les professionnels de santé). Certaines aides peuvent être versées rétroactivement si la preuve de l’aide apportée est solide.
La démarche s’effectue : auprès de la CAF, de la MDPH, ou de la caisse de retraite selon la situation du proche. Pour les salariés, le service RH de l’entreprise peut accompagner la demande de congé proche aidant — mais le dispositif reste méconnu, même des employeurs.
Un rendez-vous avec un assistant social, une maison de l’autonomie ou une plateforme d’accompagnement de répit permet d’éviter les erreurs de cumul d’aides et d’identifier les dispositifs parfois oubliés à l’échelle départementale.
LIRE AUSSI : Quelles démarches pour obtenir l’aide au répit des proches aidants ?
Aidant et emploi : des aménagements possibles
Cumul possible, dans bien des cas, entre vie professionnelle et rôle d’aidant. Congé proche aidant, temps partiel, télétravail adapté… Les entreprises commencent à intégrer la réalité de ces situations. Certaines proposent des dispositifs de soutien psychologique ou des solutions de répit. Mais l’information reste à la traîne : près de 5 millions d’aidants potentiels ne font valoir aucun de leurs droits.
Tableau récapitulatif des principales aides (2025)
| Aide | Montant maximal | Soumise à condition de revenus ? | Organisme |
| AJPA | 1 447,60 €/mois (65,80 €/jour) | Non | CAF / MSA |
| AJAP | 1 352,61 € (64,41 €/jour) | Non | CAF / MSA |
| PCH (dédommagement) | 1 477,38 €/mois | Non | Département / MDPH |
| Crédit d’impôt[3] aide à domicile[4] | 50 % des sommes engagées | Non | Impôts |
| Aide au répit (APA) | Variable selon plan d’aide | Non | Département |
Questions fréquentes : vos droits en clair
Comment savoir si je suis reconnu comme aidant ?
Pas de carte officielle. L’évaluation se fait au moment de demander une aide (PCH, APA, AJPA) et repose sur la situation du proche aidé et la régularité de l’accompagnement.
Puis-je cumuler plusieurs aides ?
Oui, mais attention aux effets de seuil.
Les aides sont-elles rétroactives ?
Dans certains cas, oui, si la situation d’aidant est justifiée sur une période antérieure. D’où l’importance de conserver des preuves écrites.
Les demandeurs d’emploi peuvent-ils bénéficier de l’AJPA ?
Oui, s’ils sont indemnisés par Pôle emploi. Ils peuvent en bénéficier lorsqu’ils interrompent temporairement leur recherche d’emploi pour aider un proche en perte d’autonomie ou en situation de handicap (au moins 80 % d’incapacité).
Puis-je cumuler l’AJPA avec une rémunération versée par mon proche aidé
Non. L’AJPA n’est pas compatible avec une rémunération perçue en tant qu’aidant salarié de la personne aidée lorsque celle-ci vous paie avec l’APA ou de la PCH.
Un aidant doit-il vivre avec le proche aidé pour bénéficier d’une aide ?
Non, il suffit d’apporter une aide régulière et significative, même en vivant dans un autre logement.
Qui contacter pour être accompagné ?
Un soutien financier à portée de main, encore trop ignoré
Derrière le mot « aidant », une réalité quotidienne. Difficile, souvent silencieuse. Pourtant, la loi française prévoit des indemnisations substantielles, sans distinction de revenus. Un soulagement possible, à condition de s’informer et de franchir le pas des démarches. Parce que prendre soin d’un proche ne devrait pas se traduire par un sacrifice solitaire.
Sources :
CNSA
Code de l’action sociale et des familles
Service-public.fr
Loi n° 2005-102 du 11 février 2005, mise à jour au 4 septembre 2025.
Soutenirlesaidants.fr
✅ Article relu par l’équipe éditoriale avec le concours d’un contributeur expert médico-social chez Cap Retraite. Son expérience de terrain et sa connaissance des dispositifs d’aide et d’accompagnement permettant d’apporter un regard fiable et pertinent aux lecteurs.
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[1] Fin de vie
La fin de vie est la phase où une personne se prépare à la mort, avec un accompagnement pour soulager la douleur et offrir du confort.
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[2] Dépendance
La dépendance de la personne âgée désigne le besoin d’aide pour réaliser les tâches de la vie quotidienne en raison de problèmes physiques ou mentaux.
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[3] Impôt
L’impôt est une somme d’argent que les citoyens et les entreprises paient régulièrement au gouvernement. Cet argent est utilisé pour financer des services publics comme les écoles, les routes, et…
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[4] Aide à domicile
L’aide à domicile est un service qui accompagne les personnes chez elles en leur apportant une assistance pour les tâches de la vie courante, comme le ménage, les courses, ou…
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[5] CLIC
Le CLIC est un centre local qui aide les personnes âgées en fournissant des informations et des conseils sur les services et les aides financières disponibles, ainsi que les démarches…
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[6] CCAS
Le CCAS est un organisme local qui aide les habitants en difficulté, notamment les personnes âgées, en leur offrant des services sociaux et des aides financières.
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[7] Alzheimer
La maladie d’Alzheimer est une maladie qui affecte le cerveau, entraînant des pertes de mémoire et des difficultés à penser clairement, rendant progressivement les tâches quotidiennes plus difficiles.
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Je me suis occupée de ma mère pendant 9 mois décédée en juillet 2025 je vivais en martinique je suis venue en espagne pour m’occuper d’elle ai je droit à une allocation
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
Ces aides cessent généralement si la personne aidée n’est plus là.
Bonne journée.
Amandine
Bonjour depuis 2 à 3 ans d accompagnement en tant aidant dans l évolution de la maladie de ma maman puis je prétendre à une aide financiere malgré que j ai du la placée en institution je reste son aidant ! Ou dois je m adresser ? Je suis moi même à la retraite merci pour votre reponse
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
Vous n’avez pas automatiquement droit à une aide, mais vous pouvez vous renseigner auprès de la CAF et du conseil départemental pour vérifier votre situation.
Bonne journée.
Amandine