Depuis le 1er septembre 2025, la retraite progressive s’ouvre plus largement dans la fonction publique, avec l’abaissement de l’âge d’accès à 60 ans. Fonctionnaires d’Étatn territoriaux ou hospitaliers : tous, en théorie, ont désormais la possibilité de réduire leur activité tout en touchant une fraction de leur pension, bien que les règles et les circuits diffèrent. Un changement qui s’inscrit dans l’Accord national interprofessionnel sur l’emploi des salariés expérimentés, adopté en novembre 2024, et qui promet une transition plus souple vers la retraite.
La philosophie ? Offrir un allégement du rythme en fin de carrière, préserver le lien avec le collectif de travail, permettre la transmission d’expérience, et sécuriser les revenus le temps de préparer un départ définitif. Le principe semble simple : passer à temps partiel (entre 50 % et 90 % d’un temps plein), percevoir la part de pension équivalente au temps non travaillé, continuer à cotiser pour ses droits futurs. Mais qu’en est-il vraiment ?
Comment fonctionne la retraite progressive dans la fonction publique ?
Pour y accéder, il faut avoir au moins 60 ans, justifier de 150 trimestres d’assurance, et ne pas cumuler d’autres emplois.
Comment demander la retraite progressive ?
La demande se fait en ligne via le service « Demander ma retraite progressive ».
En l’absence d’accès Internet, les démarches diffèrent :
- Les agents de l’État envoient leur dossier directement au SRE, leur employeur transmet séparément l’autorisation de temps partiel.
- Les agents territoriaux et hospitaliers remettent leur dossier à l’employeur, qui le transmet à la CNRACL.
L’agent choisit sa quotité de temps partiel : à 60 % de temps de travail, il perçoit 40 % de sa pension provisoire, en complément de son salaire réduit.
Un exemple concret : dans une communauté de communes rurale, un agent administratif en fin de carrière a opté pour un temps partiel à 60 % ; il a pu accompagner son successeur, souffler un peu, rester utile jusqu’au bout, sans sacrifier ses revenus du jour au lendemain.
Durant cette période, la cotisation à la retraite continue (avec option de surcotisation pour les plus prévoyants). Lors du départ définitif, la pension est recalculée, en tenant compte de la période de retraite progressive. Les trimestres validés restent pleins, mais la durée liquidable dépend du temps réellement travaillé.
Retraite progressive 2025 dans la fonction publique : tout comprendre en un coup d’œil
| Éléments clés | Ce qu’il faut savoir |
|---|---|
| Âge minimal | 60 ans depuis septembre 2025 |
| Durée d’assurance | 150 trimestres minimum |
| Temps de travail autorisé | Entre 50 % et 90 % d’un temps complet |
| Accord de l’employeur | Obligatoire |
| Surcotisation possible | Oui, mais facultative et soumise à autorisation de l’employeur |
| Pension perçue | Proportionnelle au temps non travaillé |
| Régime concerné | CNRACL ou SRE selon statut |
| Fin du dispositif | Retour à temps plein ou départ définitif |
Bon à savoir
Les agents contractuels ne sont pas des fonctionnaires titulaires. Ils relèvent du régime général de la Sécurité sociale, comme les salariés du secteur privé. Le dispositif de retraite progressive les concerne donc selon les règles du droit commun pour la retraite, mais avec les modalités de temps partiel propres à la fonction publique.

LIRE AUSSI : Retraite progressive dès 60 ans : comment toucher une partie de sa pension sans arrêter de travailler
Les atouts : souplesse, transmission, équilibre
- Souplesse d’organisation : possibilité d’étaler la transition, d’aménager ses horaires, d’ajuster sa charge de travail.
- Maintien d’une partie du revenu : le cumul salaire + pension partielle, même réduit, permet d’éviter un choc financier brutal.
- Préparation psychologique : le départ ne se fait plus en rupture, le lien social reste, la perte d’identité professionnelle s’atténue.
- Transmission d’expérience : un cadre ou un agent expérimenté peut former son successeur, partager gestes et astuces, transmettre la mémoire du service.
- Valorisation des compétences seniors : certaines collectivités misent sur ce dispositif pour maintenir des profils rares ou accompagner les montées en compétences.
Des limites concrètes : accès inégal, complexité, effet d’aubaine
Malgré ses avantages théoriques, la retraite progressive se heurte à des obstacles concrets qui limitent son accès et son efficacité.
L’accord de l’employeur, un filtre décisif
La retraite progressive n’est pas un droit automatique. Dans la fonction publique territoriale, l’accord de l’employeur reste incontournable. Dans les petites collectivités, là où les effectifs sont tendus, accorder un temps partiel peut désorganiser le service. Résultat : les bénéficiaires se recrutent majoritairement parmi les postes administratifs ou de catégorie A. Les agents d’entretien, de voirie, de restauration, souvent en catégorie C, peinent à accéder à cette mesure.
Procédure technique, gestion administrative lourde
Pour les ressources humaines, la gestion du dispositif s’annonce complexe :
- suivi précis du temps de travail,
- déclarations à la CNRACL pour les fonctionnaires CNRACL (territorial/hospitalier), via le SRE pour les fonctionnaires de l’État, le dossier transite,
- coordination des changements de situation.
Les petites communes, sans service RH structuré, subissent la lourdeur administrative. Certains centres de gestion tentent d’apporter leur appui, mais les outils numériques restent balbutiants. La tentation d’abandonner la démarche, faute de ressources, existe.
Impact financier à la loupe : la fausse sécurité
Travailler moins, c’est aussi gagner moins. Le cumul salaire réduit + pension partielle ne compense pas toujours la baisse de revenus, surtout pour les agents aux rémunérations modestes ou avec des charges familiales importantes (enfants à charge, crédits en cours). La tentation de surcotiser existe, mais le coût reste élevé. L’effet d’aubaine profite surtout à ceux qui peuvent se le permettre : cadres, catégories A, agents proches du taux plein.
Un agent à 60 % de temps de travail, par exemple, touche 40 % de sa pension provisoire. Le total reste bien en dessous du salaire initial. Pour éviter de pénaliser sa pension définitive, il faudrait travailler plus longtemps, ou accepter une baisse à vie. Pas anodin.
Une réponse limitée à l’usure professionnelle
Dans les métiers les plus pénibles (propreté, aides à domicile, agents techniques) la retraite progressive ne suffit pas à compenser l’usure. Elle apparaît, selon les mots d’un expert RH, comme une « rustine » plutôt qu’une solution de fond. Les plus fragilisés, ceux qui auraient le plus besoin d’un aménagement, sont souvent ceux qui n’y accèdent pas. D’autres dispositifs, plus ambitieux (reclassement, congés spécifiques, aménagements pérennes), restent nécessaires.

Analyse critique : progrès réel ou bonne idée inaboutie ?
L’abaissement à 60 ans de l’âge d’accès donne un signal positif. Il ouvre la porte à une gestion plus souple des fins de carrière. Sur le papier, le dispositif coche les cases : transition douce, maintien du lien social, transmission des savoirs. Mais dans la pratique : inégalités d’accès, complexité administrative, pertes de revenus, impact social limité. La retraite progressive, pour l’instant, reste un outil réservé aux mieux lotis, rarement aux agents les plus exposés ou les moins favorisés.
Pour qu’elle devienne une vraie solution : simplification du cadre, accompagnement RH renforcé, soutien financier ciblé pour les bas salaires, mutualisation des compétences entre collectivités. Il reste du chemin.
FAQ pratique : questions récurrentes sur la retraite progressive
Quel âge minimum ?
60 ans depuis septembre 2025, contre 62 ans auparavant.
Combien de trimestres ?
150 trimestres d’assurance tous régimes.
Temps partiel autorisé ?
Entre 50 % et 90 % d’un temps plein.
Dois-je demander l’accord de l’employeur ?
Oui, la collectivité peut refuser pour raisons de service.
Puis-je surcotiser ?
Oui, pour améliorer la pension définitive, mais cette option reste coûteuse.
La pension définitive baisse-t-elle ?
Oui, sauf si vous rallongez la durée d’activité pour compenser la période à temps partiel.
Temps partiel thérapeutique ?
Non, il n’ouvre pas droit à la retraite progressive.
Changement de quotité ?
Il est effectif à compter du 1er jour du mois suivant la prise d’effet de la nouvelle quotité
Que se passe-t-il en cas de retour à temps plein ?
La retraite progressive prend fin définitivement.
La retraite anticipée permet-elle d’accéder à la retraite progressive ?
Non, la retraite progressive ne s’applique pas aux départs anticipés, même pour carrière longue.
Puis-je cumuler retraite progressive et cumul emploi-retraite ?
Non. La retraite progressive suppose un emploi unique à temps partiel. Le cumul emploi-retraite ne s’applique qu’après liquidation définitive.
Puis-je toucher la retraite additionnelle (RAFP) pendant la retraite progressive ?
Non. La RAFP n’est versée qu’au moment de la liquidation définitive de la retraite principale. Vous continuez toutefois à acquérir des points sur vos primes durant la période à temps partiel.
Puis-je cumuler une allocation temporaire d’invalidité (ATI) et la retraite progressive ?
Oui. Dans la fonction publique, l’ATI peut continuer à être versée pendant la retraite progressive, tant que l’agent reste en activité et n’est pas radié des cadres.
Les fonctionnaires à temps non complet ou incomplet peuvent-ils bénéficier de la retraite progressive ?
Oui. La condition de travail à temps partiel ne leur est pas applicable.
Ils n’ont donc pas besoin de réduire leur activité, sauf s’ils cumulent plusieurs emplois portant leur quotité au-delà de 90 % d’un temps plein.
La retraite progressive est-elle compatible avec une prolongation d’activité ou un recul de limite d’âge ?
Oui. Un agent peut bénéficier de la retraite progressive tout en étant au-delà de la limite d’âge, dans le cadre d’un recul, d’une prolongation d’activité ou d’un maintien en fonctions, dès lors qu’il reste en position d’activité.
Les périodes de retraite progressive ouvrent-elles droit à la surcote ?
Oui. Le temps travaillé pendant la retraite progressive compte pour la surcote, quelle que soit la quotité d’activité. Les périodes à temps partiel, non complet ou incomplet sont considérées comme du temps plein pour la durée d’assurance. La surcotisation n’a d’effet que sur la durée de services, pas sur la surcote.
Ressources et outils pour préparer sa transition
- Info Retraite : simulateur d’estimation, dépôt de dossier en ligne.
- CNRACL : assistance technique, suivi de dossier.
- naudrh.com : podcasts RH, conseils statutaires, simulateurs de pension.
- Service-public.fr : documentation légale, formulaires à télécharger.
Le dispositif, sur le papier, séduit. Sur le terrain, il se heurte à la réalité des collectifs, aux arbitrages budgétaires, aux inégalités de métiers. Pour les plus chanceux : une bouffée d’oxygène, une transition apaisée, un passage de témoin réussi. Pour d’autres : une porte qui reste fermée, faute de moyens ou de temps. La retraite progressive, dans la fonction publique, avance par petits pas. Pour qu’elle devienne un vrai levier social, il faudra plus que des textes : du courage politique, des outils simples, une attention réelle aux agents les plus fragiles.
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Bonjour, je suis enseignante,
Le 01 09 25 j’obtiens ma retraite progressive mais le même jour je suis placée en congé longue maladie.
Ma retraite progressive peut elle être annulée?
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
Il est difficile de se prononcer précisément : l’articulation entre retraite progressive et congé longue maladie dépend des règles de votre régime de retraite et de votre administration.
Bonne journée.
Amandine
Bonjour. Fonctionnaire territoriale, retraite progressive acceptée à 60% par ma Collectivité. Horaires et jours de repos validés (jeudi et vendredi). Est-ce que ma hierarchie peut, pour raisons de service, m’imposer à revenir travailler le vendredi (et le recuperer un autre jour) ?
Merci de votre retour.
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
Le planning validé est prévu pour être respecté, mais des ajustements peuvent être envisagés selon les besoins de service.
Bonne journée.
Amandine