Palpitations, cœur qui bat vite, essoufflement… Vous vous demandez si c’est grave ? L’arythmie cardiaque est un trouble du rythme fréquent chez les personnes âgées. Elle est parfois bénigne et vous n’éprouvez qu’un minimum de symptômes. Toutefois, certaines formes peuvent être dangereuses et nécessitent un traitement adapté, pour prévenir le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) ou de mort subite.
Qu’est-ce qu’une arythmie cardiaque ? Définition
Une arythmie cardiaque est un trouble du rythme et de la conduction cardiaque. Due à une anomalie du système électrique du cœur, elle affecte la façon dont ce muscle se contracte et se relâche. Résultat : votre cœur bat trop vite, trop lentement ou d’une manière irrégulière.
Rythme cardiaque : de quoi parle-t-on ?
Votre cœur est un muscle qui pompe le sang, l’oxygène et les nutriments essentiels dans tout votre organisme. Cette activité, qui se traduit par les battements de cœur, est contrôlée par un système électrique : le système de conduction.
Un influx nerveux traverse les cavités supérieures (oreillettes) et inférieures (ventricules) du cœur.
Dans un cœur en bonne santé, ce signal se reproduit entre 60 et 100 fois par minute, entraînant une succession de contractions régulières.
Quel est le pouls normal ?
Le pouls normal d’une personne au repos est donc de 60 à 100 battements par minute (bpm). Cette fréquence cardiaque peut varier en fonction, notamment, de l’âge, de la température, de l’heure et de la forme physique.
- Chez une personne sédentaire, le pouls sera plutôt entre 60 et 80 bpm.
- Les personnes ayant une activité physique régulière ont souvent un pouls plus lent au repos. Chez les sportifs, il peut même être autour de 40 bpm.
Pendant un effort, le pouls augmente et peut monter au-delà de 140 bpm, et même dépasser 180 bpm selon l’âge et l’intensité. Le stress accélère aussi la fréquence cardiaque.
Même si le nombre de battements de cœur varie en fonction de l’activité, le rythme cardiaque doit rester régulier. Autrement dit, si vous prenez votre pouls pendant une minute, vous sentez votre cœur battre à la même vitesse…
Qu’est-ce qu’un trouble du rythme cardiaque ?
On parle de trouble du rythme cardiaque, lorsque le cœur bat de manière irrégulière ou à une vitesse anormale au repos :
- le pouls est supérieur à 100 battements par minute – trop vite – c’est la tachycardie ;
- le pouls est inférieur à 50 battements par minute – trop lent – c’est la bradycardie ;
- les battements sont irréguliers, c’est l’arythmie.
En résumé :
Normal ou arythmie ? | Rythme au repos (en battements par minute) |
|---|---|
Pouls normal | 60 à 100 bpm |
Bradycardie | < 50 bpm |
Tachycardie | > 100 bpm |
Arythmie | Battements irréguliers |
Quels sont les différents types d’arythmies ?
Il existe de nombreux types d’arythmies. Elles sont classées selon :
- la zone du cœur où le problème électrique commence (oreillettes ou ventricules) ;
- la fréquence cardiaque (vitesse à laquelle votre cœur bat) ;
- la régularité des battements.
Tachycardie : un cœur qui bat vite, est-ce grave ?
La tachycardie se produit lorsque votre cœur bat trop vite. Certaines formes peuvent être facilement traitées, mais d’autres sont dangereuses, voire mortelles.
La fibrillation auriculaire ou fibrillation atriale – qu’est-ce que c’est ?
La fibrillation atriale, autrefois appelée fibrillation auriculaire, se caractérise par des contractions désordonnées et rapides des oreillettes (atria). Cette « anarchie » entraîne aussi une contraction irrégulière et rapide des ventricules.
Résultat : le cœur pompe le sang de façon inefficace. Le sang peut stagner dans les oreillettes et entraîner la formation d’un caillot sanguin. Le risque : ce caillot peut migrer dans les artères et les boucher. La fibrillation atriale est la principale cause des AVC ischémiques (infarctus cérébraux), selon une étude française (cohorte DISCO).
En chiffres :
La fibrillation atriale est le trouble du rythme cardiaque le plus fréquent. Elle touche entre 500 000 et 750 000 personnes en France, d’après la Fédération française de cardiologie.
Sa prévalence croît fortement avec l’âge :
- < 1 % des moins de 50 ans ;
- 2 à 4 %, à partir de 60 ans ;
- > 10 % chez les plus de 80 ans.
Le flutter auriculaire (ou atrial)
Le flutter auriculaire est une forme de tachycardie due à une anomalie du flux électrique se déclenchant au niveau des oreillettes.
Il se manifeste par des battements de cœur très rapides, mais réguliers.
Pour aller plus loin
Ces deux arythmies sont appelées des tachycardies supraventriculaires. En effet, elles se déclenchent dans les oreillettes, les cavités supérieures du cœur situées au-dessus des ventricules (« supra- » signifie « au-dessus »).
Elles ne constituent généralement pas un danger immédiat, mais elles nécessitent un traitement pour éviter les complications.
La tachycardie ventriculaire – c’est quoi ?
La tachycardie ventriculaire est un trouble du rythme cardiaque qui se produit lorsque les ventricules se contractent trop vite. La fréquence cardiaque augmente très rapidement. L’épisode peut ne durer que quelques secondes ou se prolonger.
Lorsque la tachycardie ventriculaire est sévère, les ventricules ne parviennent plus à pomper le sang efficacement, entraînant une fibrillation ventriculaire.
La fibrillation ventriculaire – une arythmie mortelle
La fibrillation ventriculaire survient lorsque le signal électrique devient chaotique. Il s’agit d’une urgence médicale, devant être prise en charge rapidement. Elle peut en effet entraîner :
- une chute de la tension artérielle (état de choc) ;
- la perte de connaissance (syncope) ;
- un arrêt cardiaque.
Un choc électrique externe doit être administré rapidement, avec un défibrillateur, pour « réinitialiser » la fréquence cardiaque.
Bradycardie : cœur qui bat lentement, quand faut-il s’inquiéter ?
La bradycardie signifie que votre cœur bat trop lentement, en général en dessous de 50 battements par minute.
Si vous êtes sportif, un pouls faible peut être tout à fait normal et témoigner d’une bonne endurance.
Mais, si la bradycardie est causée par une anomalie électrique, le cœur ne parvient plus à pomper assez de sang pour satisfaire aux besoins de l’organisme. Le cerveau est alors mal irrigué et vous risquez de ressentir de la fatigue, d’être essoufflé ou de perdre connaissance.
Quelles sont les causes de l’arythmie cardiaque ?
L’arythmie cardiaque a pour cause une anomalie du système électrique du cœur. Cette perturbation peut être due à une maladie cardiaque ou à un autre problème de santé, associé à divers facteurs de risque.
Causes médicales de l’arythmie
Les principales causes de l’arythmie cardiaque sont les suivantes :
- Hypertension artérielle, surtout chez les personnes âgées ;
- Insuffisance cardiaque ;
- Maladie coronarienne – maladie des artères qui irriguent le cœur ;
- Antécédent d’infarctus du myocarde (crise cardiaque), avec atteinte durable du tissu cardiaque ;
- Valvulopathie – maladie touchant les valves du cœur ;
- Cardiopathie congénitale (malformation du cœur) ;
- Cardiomyopathie – maladie atteignant le myocarde (couche de tissu musculaire du cœur) ;
- Certaines maladies cardiaques génétiques rares, comme les syndromes de Brugada, du QT long ou de Wolff-Parkinson-White ;
- Troubles de la thyroïde ;
- Syndrome d’apnées obstructives du sommeil.
Facteurs de risque de l’arythmie
Les facteurs de risque de l’arythmie sont nombreux :
- Âge : la fréquence des troubles du rythme augmente en vieillissant ;
- Surpoids et obésité ;
- Diabète ;
- Excès d’alcool ;
- Consommation de drogues ;
- Tabagisme ;
- Prédispositions génétiques ;
- Déséquilibre en électrolytes (minéraux comme le potassium ou le sodium) ;
- Stress et anxiété ;
- Certains médicaments en vente libre (rhume, allergies) ou compléments (minceur, nutritionnels).
Pour aller plus loin
L’obésité augmente fortement le risque de fibrillation atriale : + 30 % pour chaque 5 kg/m² d’IMC supplémentaire, selon une étude publiée dans JAMA.
Quels sont les symptômes de l’arythmie cardiaque ?
Les symptômes de l’arythmie cardiaque dépendent du type de trouble et peuvent différer d’une personne à l’autre.
Certaines arythmies ne provoquent aucun symptôme. Si l’épisode est bref, vous pouvez ne rien ressentir. En revanche, s’il se prolonge, votre cœur n’envoie pas assez de sang à l’organisme et plusieurs signes se manifestent.
Les principaux symptômes de l’arythmie sont les suivants :
- Palpitations : vous avez la sensation que votre cœur s’emballe, bat très fort ou saute des battements ;
- Étourdissements ou sensation de vertige, pouvant évoluer en perte de connaissance ;
- Essoufflement (dyspnée) ;
- Transpiration ;
- Anxiété ;
- Inconfort ou douleur thoracique (au niveau de la poitrine) ;
- Fatigue.
Comment pose-t-on le diagnostic d’arythmie cardiaque ?
Le diagnostic d’arythmie cardiaque est généralement posé par un cardiologue, après une première consultation chez le médecin traitant.
La consultation médicale chez le médecin traitant
Votre médecin traitant :
- vous interroge sur vos symptômes et antécédents médicaux ;
- procède à un examen physique, au cours duquel il prend votre tension et ausculte votre cœur ;
- effectue un électrocardiogramme (ECG), qui enregistre l’activité électrique de votre cœur ;
- vous adresse à un cardiologue pour compléter le bilan.
Le bilan cardiaque
Le cardiologue peut prescrire les examens suivants pour confirmer le diagnostic :
- Holter ECG – Ce petit appareil portable enregistre l’activité de votre cœur pendant 24 heures ou plus ;
- Échocardiographie (échodoppler cardiaque) – Échographie du cœur permettant de rechercher une pathologie cardiaque sous-jacente ;
- Bilan biologique – Prise de sang, avec notamment :
- Numération globulaire ;
- Dosage de la créatinine (bilan rénal) ;
- Dosage de la TSH, à la recherche d’une hyperthyroïdie ;
- Ionogramme (dosage de divers électrolytes) ;
- Exploration électrophysiologique – Examen généralement effectué en ambulatoire. Des électrodes permettent de suivre la propagation des impulsions électriques dans le cœur et de déclencher volontairement une arythmie pour l’analyser ;
- ECG d’effort : il permet d’examiner l’arythmie déclenchée par un effort.
Quel est le traitement de l’arythmie cardiaque ?
Le traitement dépend du type d’arythmie cardiaque, de sa cause et de l’importance des symptômes.
Les principaux traitements prescrits sont les suivants :
- Médicaments – Votre médecin peut vous prescrire des médicaments pour stabiliser le rythme cardiaque (antiarythmiques) ou ralentir les contractions du cœur (bêta-bloquants). S’il craint la formation d’un caillot (notamment en cas de fibrillation atriale), il prescrit également des anticoagulants ;
- Cardioversion électrique – Un choc électrique externe est délivré au niveau du thorax, sous anesthésie générale, afin de rétablir un rythme électrique cardiaque normal. La procédure est similaire à la défibrillation, mais réalisée dans un cadre contrôlé, et non en situation d’arrêt cardiaque ;
- Ablation par radiofréquence – Cette intervention, réalisée à l’hôpital à l’aide d’une sonde, permet de détruire la zone du cœur qui provoque le rythme anormal ;
- Implantation d’un stimulateur cardiaque – Aussi appelé pacemaker, cet appareil stimule électriquement le cœur à maintenir un rythme régulier ;
- Pose d’un défibrillateur automatique implantable (DAI) – Il est posé chez les patients souffrant d’un trouble du rythme ventriculaire grave. Il déclenche automatiquement un choc électrique interne, lorsqu’il détecte un arrêt cardiaque. Il est indiqué en cas de risque de mort subite.
Bon à savoir
Dans certains cas, votre médecin traitant peut demander la reconnaissance de votre arythmie cardiaque en tant qu’affection de longue durée (ALD).
Les troubles du rythme graves sont sur la liste des ALD exonérantes. Autrement dit : les examens et soins en lien avec cette maladie sont remboursés à 100 % (sur la base des tarifs de l’Assurance maladie).
Vivre avec une arythmie – Quels sont les aliments déconseillés ?
En cas d’arythmie, plusieurs aliments sont déconseillés :
- Caféine : évitez de boire plus de deux tasses de café par jour. La caféine augmente la tension artérielle et accélère le rythme cardiaque. Limitez aussi les boissons énergétiques ;
- Alcool : son excès peut endommager les cellules cardiaques et provoquer des battements supplémentaires ;
- Sodium : évitez les aliments transformés, trop riches en sel, favorisant l’hypertension artérielle ;
- Tyramine : cet acide aminé, présent dans certains fromages (parmesan), la sauce soja, salami ou choucroute, accroît aussi la tension…
Pour en savoir plus, lisez notre article détaillé : Voici les aliments déconseillés en cas d’arythmie cardiaque pour préserver votre cœur.
Adopter une bonne hygiène de vie et suivre scrupuleusement votre traitement vous aidera à mieux vivre avec votre trouble du rythme.
Questions fréquentes (FAQ)
L’arythmie cardiaque est-elle dangereuse ?
Certaines arythmies sont bien tolérées, surtout si elles sont traitées. D’autres peuvent être graves. Une fibrillation auriculaire mal contrôlée risque d’entraîner un AVC ou un infarctus du myocarde. Une fibrillation ventriculaire provoque un arrêt cardiaque, nécessitant un choc électrique.
Quelle différence entre flutter et fibrillation atriale ?
Le flutter atrial et la fibrillation atriale sont deux troubles du rythme cardiaque liés à un dysfonctionnement électrique.
Dans la fibrillation atriale, les oreillettes battent de façon irrégulière. Dans le flutter atrial, elles battent régulièrement, mais trop vite, souvent plus que les ventricules. Le flutter est plus rare.
Arythmie : quand appeler une ambulance ou aller aux urgences ?
Appelez immédiatement le 15, si vous avez l’impression que votre cœur bat de manière inhabituelle et que vous :
- vous sentez étourdi ou avez des vertiges ;
- perdez connaissance (malaise, évanouissement) ;
- êtes essoufflé ;
- ressentez une douleur dans la poitrine.
Sources :
Collège National des Enseignants de Cardiologie (CNEC). (2022). Chapitre 13 – Item 232 : Fibrillation atriale. Chapitre 16 – Item 237 : Palpitations. Médecine cardiovasculaire — Réussir son DFASM. Référentiels des Collèges. Elsevier Masson.
Fédération française de cardiologie. (2021). Les troubles du rythme cardiaque. En ligne. [Consulté le 19 août 2025]
Gabet, A., Guenancia, C., Duloquin, G., Olié, V. et Béjot, Y. (2021). Ischemic stroke with atrial fibrillation: characteristics and time trends 2006 to 2017 in the Dijon stroke registry. Stroke, 52(6), 2077-2085.
Santé publique France. (2025). Épidémiologie des maladies cardiovasculaires en France. Bulletin épidémiologique hebdomadaire. Hors-série.
Wang, T. J., Parise, H., Levy, D., D’Agostino, R. B., Wolf, P. A., Vasan, R. S. et Benjamin, E. J. (2004). Obesity and the risk of new-onset atrial fibrillation. JAMA, 292(20), 2471-2477.
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