Elodie Coquerelle : en “Aparté” avec les aidants familiaux.

1.2 Millions : c’est le nombre de français qui seraient atteints par la maladie d’Alzheimer en 2020. Face à ce constat, le soutien aux familles s’organise. Pour preuve, ce 6 octobre a vu éclore la 3ème Journée Nationale des Aidants.
C’est dans ce contexte que l’équipe de l’hôpital de jour Charles Richet pour malades d’Alzheimer est entrée dans l’action en créant l’atelier « Aparté ». Mis en place par Elodie Coquerelle et Thérèse Atangana, psychologues, cet atelier se révèle un temps d’échange à l’attention des aidants familiaux.
« Voir Vieillir son parent est quelque chose de douloureux car en plus d’être confronté à la perte de celui-ci, on perd peu à peu son propre statut d’enfant. Cela nous projette dans le temps, vers notre propre fin et réveille souvent certaines problématiques psycho-affectives. Quand le vieillissement est compliqué par la maladie d’Alzheimer, cette double perte va être renforcée, car cette maladie en plus d’induire des pertes de mémoire, s’accompagne aussi de changement de comportement. » nous confie Elodie Coquerelle.
Comment vous est venue l’idée de l’atelier « APARTE» ?
Dans notre quotidien professionnel, pour des raisons logistiques, nous manquons de temps avec les familles. Nous voyions davantage dans la création de cet atelier, un besoin qu’une réelle demande. Plus qu’un travail physique, c’est la charge affective qui est la plus lourde pour les aidants. Ainsi, lors des consultations, ils arrivent souvent dans un état de désarroi. Dans le cadre de ces ateliers, nous souhaitons leur apporter des éléments de formation, des informations sur leur droit et qu’ils puissent transmettre leur propre vécu et échanger.
Partager la souffrance en groupe permet de prendre de la distance par rapport à la situation. Cependant, la confrontation avec d’autre peut s’avérer difficile et induire certaines défenses. Ainsi, des proches qui souhaiteraient participer, ne franchissent pas le pas de l’atelier. Nous restons à l’écoute de ces familles. Nous constatons également un échange réciproque entre l’équipe médicale et la famille qui permet de nous apporter des renseignements concernant le quotidien des patients accueillis à l’hôpital de jour.
Comment se déroule l’atelier ?
Nous commençons d’abord par un temps d’accueil. Puis, nous abordons la thématique choisie par les participants. Enfin un temps de question-réponses est proposé. Toutes les questions des familles sont les bienvenues et une libre-parole est sollicitée. Les ateliers sont menés par les membres de l’hôpital de jour mais aussi par d’autres intervenants professionnels à savoir diététicien, psychomotricien, assistante sociale…
Que reste t-il à faire en priorité dans le cadre du soutien aux aidants ?
Le soutien aux aidants étant assez récent, la priorité à mon sens serait de renforcer, diffuser et médiatiser ce qui est déjà en place. Face au vieillissement très important de la population, ce soutien devient une nécessité. Il faut s’interroger sur la place du vieillir dans la société. L’atelier « Aparté » se déroule aujourd’hui au rythme d’une matinée par trimestre. Nous souhaitons dans l’avenir augmenter cette fréquence et ouvrir ses portes aux aidants de personnes non admises au sein l’hôpital de jour.