Face à un diagnostic de cancer, chaque patient aspire à traverser cette épreuve le plus sereinement possible. Et pour certains, l’hospitalisation à domicile (HAD) est la meilleure option : traiter son cancer depuis chez soi, dans un EHPAD[1] ou un établissement médico-social… pour vivre son traitement auprès de son entourage est un vrai réconfort. Mais comment organiser une hospitalisation à domicile lors d’un traitement contre le cancer ? Quelles sont les démarches à effectuer ? Comment adapter son domicile aux besoins des soins ? 

Qui peut bénéficier de l’HAD en cas de cancer ?

L’hospitalisation à domicile (HAD) est ouverte aux patients atteints de certains types de cancer, quel que soit leur âge. 

Les situations où l’HAD est recommandée

Selon le stade du cancer, cette solution est particulièrement adaptée lorsque : 

  • L’état de santé nécessite des soins réguliers, mais ne justifie pas une hospitalisation prolongée. 
  • Le patient souhaite éviter les déplacements fréquents à l’hôpital pour le suivi médical. 
  • Le séjour à l’hôpital devient difficile à supporter et le patient souhaite rester chez lui, dans un cadre familial adapté à cette prise en charge.
  • Un besoin d’assurer une transition douce entre l’hôpital et le domicile après des traitements lourds.
  • Les raisons économiques et les ressources humaines dans les hôpitaux l’exigent.

Les conditions à remplir pour bénéficier de l’HAD

L’hospitalisation à domicile est possible uniquement si les conditions de sécurité et de continuité des soins sont assurées. Pour en bénéficier, le patient doit :

  • Donner son accord à la proposition de HAD faite par son médecin.
  • Être, si possible, accompagné par un aidant.
  • Avoir un domicile adapté à l’accueil des soins : espace suffisant, propreté, possibilité de stocker du matériel médical (lit médicalisé, médicaments). Ce critère est évalué par l’assistante sociale et/ou le personnel infirmier.
  • Recevoir des traitements ne nécessitant pas une surveillance médicale prolongée (plus de deux heures après administration).
  • Ne présenter aucun risque de santé grave ou d’allergie pouvant nécessiter une intervention d’urgence après un traitement.

Enfin, une coordination efficace entre l’équipe soignante et les proches du patient est essentielle pour garantir la bonne mise en place de l’HAD.

Durée et évolution de l’HAD

Selon les besoins du patient et l’évolution de son cancer, l’HAD peut être : 

  • Instaurée dès le début du traitement et poursuivie lors de changements, et ce jusqu’à la guérison ou l’accompagnement de fin de vie[2]
  • Durer deux à trois jours à plusieurs semaines selon les soins. 
  • Interrompue en cas de dégradation de l’état de santé nécessitant des équipements médicaux particuliers ou si le patient le souhaite.

Comment faire la demande d’HAD pour un cancer ? 

Obtenir une prise en charge en HAD nécessite de respecter certaines conditions et démarches.

évaluation d'une hospitalisation à domicile lors d'un traitement contre le cancer

Qui peut demander l’HAD en cancérologie ?

L’accès à l’HAD se fait uniquement sur prescription médicale de la part de :

  • Le médecin traitant lorsque l’état du patient le permet et organise la coordination avec les équipes médicales.
  • L’oncologue pour assurer une continuité des soins à la sortie de l’hospitalisation.
  • Les services d’HAD : certains établissements spécialisés peuvent être directement contactés par le patient ou sa famille pour évaluer la faisabilité d’une prise en charge.

Si l’HAD est généralement proposée par le médecin, la demande peut aussi être formulée par le patient lui-même. Une évaluation est ensuite réalisée par une équipe médicale d’HAD pour vérifier l’éligibilité et mettre en place un protocole de soins adapté.

Les démarches administratives 

Pour en bénéficier, le patient ou ses proches doivent généralement remplir un dossier avec l’équipe médicale d’HAD, incluant :

  • L’accord du médecin prescripteur.
  • L’évaluation des besoins en soins et en matériel médical.
  • La validation par l’Assurance Maladie et la complémentaire santé, si nécessaire.

Aménager le domicile du patient

Pour être éligible à l’HAD, le logement doit répondre à des critères de sécurité et d’hygiène conformes au protocole de soins et aux interventions des équipes médicales, selon les besoins du patient et le type d’hospitalisation envisagé.

Pour ce faire, un médecin coordonnateur[3] et une assistante sociale évaluent l’accessibilité du domicile et recommandent les ajustements nécessaires, notamment :

  • L’installation d’un lit médicalisé, avec un lève-personne si besoin.
  • La mise en place de bacs et poubelles spécifiques pour les déchets médicaux.
  • L’accès à un espace de rangement pour le matériel médical (pansements, médicaments, sondes, etc.).
  • Réorganiser la chambre en déplaçant des meubles si nécessaire.

Le matériel et les fournitures sont ensuite livrés directement par l’établissement d’HAD ou un prestataire.

Toutes ces décisions sont prises en concertation avec le patient et sa famille.

Quels soins en oncologie peuvent être réalisés à domicile ?

À l’exception des actes chirurgicaux et de la réanimation, l’HAD couvre une large gamme de soins techniques, complexes ou invasifs adaptés aux besoins des patients : 

  • La chimiothérapie ou l’immunothérapie par voie intraveineuse ou sous-cutanée.
  • La réalisation de pansements complexes.
  • La prise en charge de la douleur et des symptômes nécessitant des administrations de médicaments réservés à un usage hospitalier par voie intraveineuse ou sous-cutanée ; (morphiniques, pompes à perfusion, analgésie contrôlée par le patient).
  • La renutrition par voie entérale ou parentérale.
  • Une antibiothérapie réservée à un usage hospitalier par voie intraveineuse en cas d’infection.
  • Les soins palliatifs[4] et l’accompagnement en fin de vie pour les patients atteints d’un cancer en phase terminale.

Tous ces soins sont ajustés selon l’évolution de la maladie et de son état général.

Qui intervient à domicile ?

prise en charge HAD lors d'un traitement conte le cancer

L’HAD repose sur le suivi d’une équipe pluridisciplinaire qui définit la fréquence des interventions selon les cas et leur évolution :

  • Le médecin coordonnateur élabore le protocole de soins, ajuste les traitements et veille à la bonne coordination entre les différents professionnels de santé.
  • Le SSIAD[5] (Service de Soins Infirmiers à Domicile), présent quotidiennement ou selon les besoins, réalise les soins techniques (perfusion, injections, pansements) et surveille l’état du patient.
  • Les aides-soignants assistent le patient dans les gestes de la vie quotidienne (toilette, prévention des escarres, confort général).
  • Les kinésithérapeutes interviennent pour maintenir la mobilité, soulager certaines douleurs et prévenir les complications liées à l’inactivité.
  • Les psychologues et travailleurs sociaux aident le patient et sa famille à mieux gérer la maladie et ses répercussions émotionnelles.
  • Les diététiciens assurent un suivi nutritionnel adapté aux besoins du patient pour prévenir la dénutrition[6] ou améliorer son confort digestif.

Comment l’hôpital et l’équipe à domicile sont-ils coordonnés ?

Pour garantir la continuité des soins, l’HAD se lie avec l’hôpital et les médecins référents du patient – parfois aidée par un dispositif d’appui à la coordination (DAC) et/ou le CPTS (Communauté Professionnelle Territoriale de la Santé) – afin d’établir :

  • Un protocole de soins, défini en amont par l’équipe hospitalière lors de la transition entre l’hôpital et l’HAD.
  • Des échanges réguliers entre les médecins hospitaliers, le médecin traitant et l’équipe HAD pour ajuster les traitements et anticiper d’éventuelles complications.
  • Une surveillance continue : en cas d’aggravation de l’état du patient, des consultations téléphoniques ou des visites supplémentaires peuvent être mises en place. Une réhabilitation peut être envisagée si nécessaire.
  • L’implication des proches : l’équipe médicale informe et forme la famille ou l’aidant principal aux gestes simples du quotidien (surveillance des symptômes, aide aux soins de base).

La prise en charge d’une hospitalisation à domicile lors d’un traitement contre le cancer

Dans le cadre de l’ALD pour les personnes atteintes de cancer, l’HAD est prise en charge médicalement par l’Assurance Maladie, ce qui signifie que :

  • Les soins à domicile sont remboursés à hauteur de 80 à 100 % par la Sécurité sociale, selon la pathologie et le protocole établi.
  • Les mutuelles et complémentaires santé couvrent les frais restants, notamment les soins annexes ou l’équipement médical nécessaire à 100 %.
  • Des aides financières peuvent être sollicitées pour les aménagements du domicile ou l’intervention d’aides à domicile (APA, PCH, allocations spécifiques aux malades du cancer).

Qu’elles soient publiques, semi-privées ou privées, les structures HAD sont certifiées par la Haute Autorité de Santé comme les hôpitaux et cliniques. À ce titre, elles doivent respecter les mêmes exigences en matière de fonctionnement et de qualité des soins. Ainsi, et même si cette solution rassure, il est important de noter que voir son domicile se transformer en espace médicalisé, encombré par du matériel et le passage régulier de soignants, peut être intrusif et difficile à vivre pour le patient et ses proches. À cela s’ajoutent l’anxiété et le risque de burn out des aidants, amplifiés par l’absence de personnel médical en continu, même si une ligne d’urgence reste accessible 24h/24 et 7j/7.

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