La retraite n’est plus ce qu’elle était. Fini le temps où l’on passait brutalement d’une vie active à temps plein au repos total. Les seniors d’aujourd’hui cherchent des transitions plus douces, des formules qui leur permettent de conserver un pied dans le monde professionnel tout en commençant à goûter aux plaisirs du temps libre. La retraite progressive répond parfaitement à cette aspiration. Une petite révolution qui s’annonce encore plus accessible dès septembre 2025, avec un âge d’accès abaissé à 60 ans. Voyons ensemble comment ce dispositif peut transformer votre fin de carrière en période d’épanouissement.
La retraite progressive : un pont entre vie active et retraite complète
Avant de plonger dans les nouveautés qui arrivent, clarifions ce qu’est exactement la retraite progressive. Il s’agit d’un dispositif qui vous permet de réduire votre temps de travail tout en touchant une partie de votre pension de retraite. Un compromis intelligent qui offre plus de temps libre sans sacrifier totalement vos revenus.
Concrètement, vous travaillez à temps partiel (entre 40% et 80% d’un temps plein pour les salariés) et vous percevez en complément une fraction de votre future pension. Par exemple, si vous travaillez à mi-temps (50 %), vous percevrez votre salaire réduit à 50 % ainsi que 50 % de votre pension de retraite, ce qui permet de maintenir un revenu proche de celui d’un temps plein.
Avant de vous engager dans la retraite progressive, demandez une simulation auprès de votre caisse de retraite pour connaître le montant exact de la fraction de pension qui vous sera versée.

Ce qui change au 1er septembre 2025 : une retraite progressive accessible dès 60 ans
La grande nouveauté vient de deux décrets publiés au Journal officiel le 23 juillet 2025. Ces textes fixent l‘âge d’accès à la retraite progressive à 60 ans, indépendamment de votre année de naissance. Une avancée significative par rapport au système actuel qui fixait cet âge à « l’âge légal moins deux ans » (par exemple 62 ans pour les personnes nées en 1968).
Cette évolution favorable découle directement de l’Accord National Interprofessionnel sur l’emploi des seniors signé par les partenaires sociaux le 14 novembre 2024. Elle s’appliquera à toutes les pensions prenant effet à partir du 1ᵉʳ septembre 2025. Une bonne nouvelle pour tous ceux qui souhaitent aménager leur fin de carrière plus tôt.
Qui peut bénéficier de la retraite progressive ?
La dernière réforme des retraites a considérablement élargi le champ des bénéficiaires. Désormais, tous les actifs peuvent y prétendre, quel que soit leur statut professionnel :
- Salariés du secteur privé
- Fonctionnaires
- Agents des entreprises et établissements publics (SNCF, EDF, RATP, Banque de France…)
- Artisans et commerçants
- Exploitants agricoles
- Professionnels libéraux (médecins, avocats, architectes, notaires, experts-comptables…)
Point important à noter : les personnes déjà à temps partiel peuvent également basculer en retraite progressive. L’abaissement de l’âge à 60 ans au 1er septembre 2025 concernera l’ensemble de ces catégories.
LIRE AUSSI : CDI senior 2025 : sécurisez votre retraite à taux plein dès 60 ans !
Les conditions pour accéder à la retraite progressive
Pour bénéficier de ce dispositif à partir du 1er septembre 2025, vous devrez remplir trois conditions principales :
- Avoir atteint l’âge requis : 60 ans, quelle que soit votre année de naissance
- Justifier d’une carrière suffisante : au moins 150 trimestres de cotisation, tous régimes de base confondus
- Travailler à temps partiel :
- Entre 40% et 80% d’un temps plein pour les salariés
- Entre 50% et 90% d’un temps plein pour les fonctionnaires
- Réduire de 20% à 60% son revenu professionnel pour les indépendants
Comment sont comptés les 150 trimestres requis ?
Pour accéder à la retraite progressive, vous devez justifier d’au moins 150 trimestres de cotisation tous régimes confondus. Mais attention : ces trimestres ne correspondent pas uniquement aux périodes travaillées.
Sont également pris en compte :
- Les trimestres assimilés pour chômage indemnisé ;
- Les trimestres liés aux congés maternité ou paternité ;
- Les périodes de service militaire ;
- Dans certains cas, les périodes de maladie ou d’invalidité.
Même en cas de parcours professionnel interrompu, vous pouvez atteindre plus vite le seuil des 150 trimestres et donc bénéficier de la retraite progressive.
LIRE AUSSI : Vous approchez de la retraite ? Voici les conditions pour partir à la retraite au bon moment
Les bénéfices de la retraite progressive : pourquoi y songer ?
La retraite progressive permet de réduire progressivement son temps de travail tout en continuant à percevoir une partie de sa pension, offrant un équilibre entre activité professionnelle et préparation à la retraite.
Une transition en douceur vers la retraite
La retraite progressive vous permet d’apprivoiser graduellement cette nouvelle étape de vie. Plutôt qu’un arrêt brutal de l’activité professionnelle, vous réduisez progressivement votre implication tout en conservant un lien social et intellectuel avec votre environnement de travail. Ce passage en douceur est souvent bénéfique pour le moral et évite le sentiment de vide que peuvent ressentir certains nouveaux retraités.
La préservation de vos droits à la retraite
En continuant à travailler, même à temps partiel, vous continuez à cotiser pour votre retraite. Ces cotisations vous permettent d’acquérir des droits supplémentaires qui seront pris en compte lors du calcul définitif de votre pension. Lorsque vous passerez à la retraite complète, votre pension sera recalculée pour intégrer ces nouveaux droits, ce qui pourrait améliorer significativement votre niveau de retraite final.
Le maintien de vos avantages professionnels
En tant que salarié en retraite progressive, vous conservez tous les avantages liés à votre statut professionnel. Vous continuez de bénéficier :
- Des augmentations de salaire collectives
- De l’accès aux formations professionnelles
- Des jours de RTT (proportionnels à votre temps de travail)
- Des avantages du comité d’entreprise
- De la prise en charge partielle de votre mutuelle et de vos transports
- Des dispositifs d’épargne salariale et d’épargne retraite
Un meilleur équilibre vie professionnelle/vie personnelle
Avec plus de temps libre, vous pouvez enfin vous consacrer à des projets personnels trop longtemps repoussés : voyager hors saison, vous occuper de vos petits-enfants, vous investir dans une association, pratiquer un sport, apprendre une nouvelle langue… La retraite progressive offre ce luxe rare : du temps pour soi, sans la contrainte financière d’une retraite complète.

Les points de vigilance avant de se lancer
Il est important d’identifier les risques et contraintes avant d’entamer une retraite progressive.
L’impact financier à court terme
La fraction de retraite versée ne compense pas toujours entièrement la baisse de revenu liée au temps partiel. Avant de vous engager, faites vos calculs précisément ou demandez une simulation à votre caisse de retraite. Pour certains, notamment ceux ayant des charges importantes (crédit immobilier en cours, enfants encore à charge), ce dispositif peut s’avérer financièrement délicat.
L’accord nécessaire de l’employeur
Si vous êtes salarié ou fonctionnaire, le passage à temps partiel nécessite l’accord de votre employeur. Celui-ci peut théoriquement refuser si les nécessités du service ne permettent pas d’aménager votre poste.
Le refus de l’employeur doit être motivé par les nécessités de service, conformément aux dispositions légales. En cas de désaccord, il est possible de saisir l’inspection du travail ou de négocier un aménagement.
Anticipez cette demande et préparez des arguments solides sur la façon dont votre travail pourrait être réorganisé.
Un suivi administratif régulier
Chaque année, vous devez déclarer à votre caisse de retraite le respect de la durée de travail convenue, afin que le versement de la fraction de pension continue. Le non-respect de cette obligation peut entraîner une suspension temporaire du versement.
LIRE AUSSI : Travailler après 65 ans : quels sont les avantages ?
Exemple concret : combien rapporte la retraite progressive ?
Prenons le cas de Claire, salariée de 60 ans qui souhaite passer en retraite progressive dès septembre 2025.
- Salaire actuel à temps plein : 2 400 € brut
- Pension de retraite estimée à 62 ans : 1 600 € brut/mois
- Nombre de trimestres validés : 160 (condition des 150 trimestres remplie)
👉 Claire décide de réduire son activité à 50 %.
| Situation | Salaire perçu | Fraction de pension | Revenus totaux |
| Temps plein (avant) | 2 400 € | 0 € | 2 400 € |
| Retraite progressive à 50 % | 1 200 € | 800 € (50 % de la pension) | 2 000 € |
Résultat : Claire perd 400 € par mois par rapport à son temps plein, mais elle gagne 2 jours libres par semaine. Ses cotisations continuent à améliorer sa pension définitive, qui sera recalculée à 62 ans.
Comment faire sa demande de retraite progressive ?
La démarche se déroule en plusieurs étapes :
- Obtenir l’accord de votre employeur pour passer à temps partiel (si vous êtes salarié ou fonctionnaire)
- Demander une estimation de votre retraite progressive auprès de votre caisse de retraite
- Déposer votre demande officielle auprès de votre caisse principale, idéalement 4 à 6 mois avant la date souhaitée
- Fournir les justificatifs nécessaires : attestation de votre employeur précisant votre durée de travail à temps partiel, relevé de carrière, pièces d’identité
Votre caisse de retraite vous notifiera ensuite sa décision et, en cas d’acceptation, le montant de la fraction de pension qui vous sera versée.
Selon votre statut (salarié ou indépendant), les justificatifs demandés pour obtenir la retraite progressive ne sont pas les mêmes. Voici un récapitulatif simple pour préparer votre dossier :
| Documents à fournir | Salarié | Indépendant |
| Contrat(s) de travail à temps partiel | ✅ Oui | ❌ Non |
| Attestation de l’employeur sur la durée du travail (temps plein/partiel) | ✅ Oui (sauf salariés de particuliers employeurs) | ❌ Non |
| Déclaration sur l’honneur (activité unique) + justificatifs | ✅ Oui | ✅ Oui |
| Bulletins de salaire des 12 derniers mois | ✅ Oui | ❌ Non |
| Déclarations fiscales des 5 dernières années | ❌ Non | ✅ Oui (et chaque année suivante avant le 1ᵉʳ juillet) |
La retraite progressive : une solution d’avenir pour vieillir activement
Dans une société où l’espérance de vie s’allonge et où les seniors sont de plus en plus en forme, la retraite progressive représente une solution équilibrée pour les actifs en fin de carrière. Elle répond à un besoin croissant de flexibilité et d’individualisation des parcours professionnels.
L’abaissement de l’âge d’accès à 60 ans à partir de septembre 2025 devrait permettre à davantage de personnes de bénéficier de ce dispositif encore méconnu. Pour les entreprises également, c’est l’opportunité de conserver des collaborateurs expérimentés, de faciliter la transmission des savoirs et de mettre en place une véritable politique de gestion des âges.
Travailler moins pour vivre plus, n’est-ce pas finalement la définition même d’une retraite réussie ? La retraite progressive offre cette possibilité de ralentir sans s’arrêter, de rester actif sans s’épuiser, de combiner revenus professionnels et premiers droits à la retraite. Une formule qui pourrait bien devenir la norme[1] dans les années à venir, tant elle correspond aux aspirations des seniors d’aujourd’hui et de demain.
Questions fréquentes (FAQ)
Puis-je surcotiser en retraite progressive pour améliorer ma pension finale ?
Oui, mais uniquement avec l’accord écrit de l’employeur. Celui-ci peut accepter que vous cotisiez comme si vous travailliez à temps plein, ce qui augmente votre future pension. Mais, ce dispositif augmente ses cotisations patronales, l’employeur peut donc aussi s’y opposer. Attention : l’accord pour le régime de base ne vaut pas automatiquement pour le régime complémentaire Agirc-Arrco.
La retraite progressive est-elle cumulable avec une pension d’invalidité ?
Non, car la retraite progressive s’adresse aux actifs en fin de carrière. La pension d’invalidité peut être remplacée par la retraite au titre de l’inaptitude à partir de 62 ans. Si vous souhaitez continuer à travailler en temps partiel, vous êtes dans le cas du cumul emploi-retraite intégral.
Que se passe-t-il si mon employeur refuse le temps partiel ?
Le refus doit être motivé par l’incompatibilité de la durée de travail que vous demandez avec l’activité économique de l’entreprise. En cas de désaccord, vous pouvez saisir l’inspection du travail ou tenter une négociation. Lisez nos astuces pour convaincre son employeur.
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[1] Norme
La norme en maison de retraite désigne les règles à suivre pour offrir un bon service et assurer la sécurité et le bien-être des résidents.
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Peut on être en retraite progressive et toucher la prime d’activité ?
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
Il est conseillé de vérifier auprès de la CAF.
Bonne journée.
Amandine
La question sans réponse est le niveau de cotisation aux caisses complémentaires
Est elle de 100 pour cent ou aux prorata du temps de travail effectif ?
Si ce n est pas le cas le niveau de la retraite a terme baisse
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
Le calcul des cotisations aux caisses complémentaires dépend des règles en vigueur et peut varier selon le temps de travail, avec un impact possible sur le montant de la retraite.
Bonne journée.
Amandine
Bonjour.Dans votre analyse et vos arguments vous ne parlez pas du recul de l’âge pour partir définitivement en retraite.Pour une personne qui veut continuer a 50 % pendant 2 ans de 60 a 62ans doit elle faire plus de trimestre après 62 ans?
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
Pour ce cas précis, il est conseillé de se renseigner directement auprès de sa caisse de retraite (CNAV, Agirc-Arrco, etc.) afin d’obtenir une réponse adaptée.
Bonne journée.
Amandine