Plus d’1,1 million de Français utilisent un fauteuil roulant au quotidien. Chaque année, cela représente près de 150 000 achats et 500 000 locations. Or, selon les modèles et la complexité des démarches administratives, l’accès à ces équipements reste difficile avec des restes à charge prohibitifs. Mais, depuis la réforme de remboursement des fauteuils roulants du 1ᵉʳ décembre, tous les fauteuils inscrits à la liste des produits et prestations remboursables (LPPR) sont intégralement pris en charge par l’Assurance Maladie. Zoom sur cette avancée majeure pour les personnes en situation de handicap, en perte d’autonomie ou victimes d’un accident, qui pourront enfin accéder à leur matériel plus facilement et dans des conditions plus équitables.
Qu’est-ce que la réforme du remboursement des fauteuils roulants 2025 ?
Depuis le 1er décembre 2025, le coût des fauteuils roulants en France est intégralement pris en charge.

Zéro reste à charge
Annoncée lors de la Conférence nationale du handicap en 2023 et concrétisée par l’arrêté du 6 février 2025, une mesure met fin au reste à charge pour les usagers et simplifie les démarches administratives.
Avant cette réforme, les remboursements étaient souvent insuffisants, laissant un reste à charge de plusieurs milliers d’euros et des procédures complexes impliquant plusieurs financeurs, surtout pour les modèles spécifiques adaptés à des handicaps complexes.
Aujourd’hui, l’Assurance Maladie (ou la MSA pour le régime agricole) devient le guichet unique, garantissant un remboursement intégral pour tous les fauteuils inscrits à la Liste des Produits et Prestations Remboursables (LPPR).
L’inclusion du handicap
En actualisant la nomenclature LPPR des véhicules pour personnes en situation de handicap (VPH), cette réforme vise trois objectifs principaux :
- Zéro reste à charge pour l’usager.
- Simplification des parcours d’acquisition.
- Amélioration de la qualité et de la durabilité des équipements.
Les fauteuils concernés incluent les modèles manuels, électriques, modulaires, de positionnement, verticalisateurs, sportifs et même les scooters modulaires.
Le remboursement intégral du fauteuil roulant : ce qui change concrètement
Cette prise en charge à 100 % par l’Assurance Maladie s’effectue :
- Sans avance de frais ni complément mutuelle obligatoire pour le fauteuil lui-même.
- Dans des délais d’accord préalable raccourcis à 15 jours pour les fauteuils courants et 2 mois maximum pour les plus complexes (avec acceptation tacite en cas de silence).
Sur tous les VPH inscrits à la LPPR :
- Les fauteuils manuels (standards ou modulaires).
- Les fauteuils électriques (y compris verticalisateurs ou multi-positions).
- Les modèles sportifs (remboursement passé de 600 € à jusqu’à 2 400 €).
- Les options et adjonctions nécessaires (coussins, appui-tête, etc.), dans la limite des prix négociés.
Les anciens fauteuils acquis avant la réforme bénéficient aussi des nouvelles règles pour leur renouvellement ou changement de catégorie.
Les réparations et l’entretien du fauteuil
Au-delà de la prise en charge financière, la réforme repense entièrement le cycle de vie des fauteuils roulants.
Le forfait revalorisé à 50 %
Les forfaits annuels de réparation et d’entretien augmentent d’environ 50 %, sous forme de montant forfaitaire annuel facturable en plusieurs fois selon les besoins réels :
- 260 € pour les manuels (contre 177 € avant).
- 750 € pour les électriques (contre 510 €).
Ce forfait inclut les pièces (pneus, batteries, freins), la main-d’œuvre, les déplacements, le prêt de remplacement, la prise en charge des frais de livraison et de maintenance…
Les règles et priorités
La réforme priorise la réparation et le reconditionnement.
La réparation est systématiquement favorisée lorsqu’elle coûte moins cher que la valeur restante du fauteuil (calculée selon son ancienneté). Les délais d’intervention sont encadrés : maximum 3 jours ouvrés pour les fauteuils non modulaires (standards), 10 jours pour les fauteuils modulaires (personnalisables).
Pour des raisons écologiques, les fauteuils sont remis en état d’usage plutôt que remplacés afin de prolonger leur durée de vie, réduire les déchets et éviter aux utilisateurs d’attendre un nouvel équipement.
Pour toute personnalisation hors standard, un devis détaillé est obligatoire avec indication claire des prix limites de remboursement. Bonne nouvelle : les anciens fauteuils bénéficient également de cette revalorisation des forfaits de prise en charge.
Comment bénéficier du remboursement du fauteuil roulant ?

Voici les nouvelles démarches pour obtenir un fauteuil roulant remboursé à 100 % :
- Consulter un prescripteur (médecin, ergothérapeute ou kinésithérapeute[1] selon le type).
- Faire évaluer les besoins et essayer le matériel (à domicile ou chez le distributeur).
- Obtenir la prescription définitive et le devis.
- Faire une demande à l’Assurance Maladie (accord préalable pour certains modèles).
- Se faire livrer avec une prise en charge intégrale.
Pour les réparations, contactez directement votre distributeur. Le forfait est appliqué automatiquement.
Quid du cumul de plusieurs fauteuils roulants ?
La prise en charge intégrale pour plusieurs fauteuils roulants est possible mais strictement encadrée pour éviter les doublons et garantir que chaque équipement réponde à un besoin distinct et justifié.
Conditions pour cumuler plusieurs fauteuils
Le cumul est autorisé uniquement si les usages sont différents et complémentaires.
Par exemple, un fauteuil manuel pour l’intérieur (plus compact, maniable dans un espace restreint) et un fauteuil électrique pour l’extérieur (pour les distances plus longues ou les terrains irréguliers, lorsque le manuel n’est pas adapté).
Cette décision repose sur l’évaluation du prescripteur qui doit justifier précisément le besoin complémentaire dans la prescription. L’Assurance Maladie (ou la MSA) vérifie ensuite la cohérence lors de l’accord préalable.
Les cumuls interdits
Le cumul de deux fauteuils n’est PAS autorisé dans les cas suivants :
- Même catégorie d’équipement : vous ne pouvez pas avoir deux fauteuils de même type : par exemple, deux fauteuils manuels modulaires ou deux fauteuils électriques identiques.
- Même usage : si les deux équipements répondent au même besoin.
- Incompatibilités spécifiques (arrêté du 6 février 2025)
- Scooter électrique et fauteuil électrique.
- Fauteuil manuel avec assistance électrique (kit de propulsion) et fauteuil électrique (l’un exclut l’autre et inversement).
Démarches pour un cumul
Pour mieux adapter les équipements aux réalités quotidiennes des usagers (habitat étroit, déplacements variés), tout en maîtrisant les dépenses :
- La prescription doit explicitement motiver le cumul (usages distincts, environnement quotidien, morphologie, etc.).
- Essais obligatoires renforcés d’au moins 2 modèles sur les 4 présentés et un test réel de 7 jours minimum pour valider l’adéquation.
- Demande d’accord préalable à l’Assurance Maladie pour les modèles complexes (délai max. 2 mois, un silence vaut une acceptation).
Si votre situation justifie un cumul, discutez-en avec votre prescripteur.
Décrite comme un « combat de plus de 20 ans » par les associations comme APF France handicap et la Fédération Paralysie Cérébrale France, cette réforme sur le remboursement des fauteuils roulants marque une étape majeure vers plus d’inclusion et d’autonomie pour les personnes en situation de handicap, en perte de mobilité ou âgées. En lien avec les Jeux Paralympiques de 2024, elle met aussi l’accent sur les fauteuils sportifs pour encourager la pratique handisport.
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[1] Kinésithérapeute
Le kinésithérapeute est un spécialiste qui aide les gens à récupérer leur mobilité et à soulager leurs douleurs à travers des exercices et des massages.
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