Vous faites une prise de sang et voyez le mot « créatinine » sans vraiment savoir ce que cela signifie ? Pas de symptômes visibles, pas de douleur particulière. Pourtant, ce petit déchet du métabolisme musculaire en dit long sur vos reins. Les reins filtrent la créatinine et l’éliminent par l’urine. Si le mécanisme se grippe, elle s’accumule. Et là, le danger peut passer inaperçu.
Beaucoup ressentent une inquiétude sourde : fatigue inexpliquée, peur de la maladie, incompréhension devant les chiffres de l’analyse. Face à ce flou, il est normal de se sentir perdu.
Cet article vous explique simplement ce qu’est la créatinine, comment interpréter votre taux, et surtout quand il est temps de consulter.
Valeurs normales : quand le laboratoire donne la tendance
Interpréter la créatininémie, c’est d’abord regarder les chiffres. Les valeurs de référence varient selon le sexe, l’âge, la masse musculaire. Pour un adulte :
- Hommes : entre 0,7 et 1,3 mg/dL (7 à 13 mg/L, soit 65 à 120 µmol/L)
- Femmes : entre 0,6 et 1,1 mg/dL (6 à 11 mg/L, soit 50 à 100 µmol/L)
- Enfants : généralement 0,3 à 0,7 mg/dL, avec des variations selon l’âge

Des chiffres qui restent indicatifs. Les laboratoires précisent leur propre plage de référence, à interpréter avec le médecin.
Que révèle un taux élevé de créatinine ?
Un résultat au-dessus de la normale ne s’explique pas toujours par une maladie des reins. Plusieurs facteurs peuvent faire grimper le taux : effort physique intense, alimentation très riche en protéines, déshydratation, prise de certains médicaments (anti-inflammatoires, antibiotiques, produits de contraste iodés, immunosuppresseurs…). Mais la cause la plus fréquente, la plus préoccupante aussi : l’insuffisance rénale, aiguë ou chronique.
- Hypertension artérielle endommageant les vaisseaux rénaux
- Diabète, responsable de lésions progressives et silencieuses
- Maladies musculaires ou métaboliques, plus rares
- Obstruction des voies urinaires (calculs, tumeurs)
- Déshydratation sévère ou choc infectieux
Créatinine : les symptômes à surveiller de près
Longtemps, la hausse de la créatinine ne provoque aucun symptôme. Puis, parfois :
- Fatigue persistante, inhabituelle
- Pertes d’appétit, nausées fréquentes
- Troubles du sommeil
- Crampes ou douleurs musculaires
- Œdèmes (gonflement des chevilles, pieds, mains)
- Changements dans la fréquence ou le volume des urines
Une accumulation de ces signes, ou une évolution rapide, impose une consultation médicale rapide.
Quelles analyses pour surveiller la créatinine ?
Deux tests principaux : la prise de sang et la collecte des urines sur 24 heures.
- Créatinine sérique : simple prise de sang, parfois à jeun. Résultat en quelques heures. Permet de calculer le débit de filtration glomérulaire (DFG), l’autre grand marqueur de la santé rénale.
- Créatinine urinaire : recueil de toutes les urines sur 24h. Analyse indispensable pour calculer la clairance de la créatinine, autrement dit la capacité des reins à éliminer ce déchet.

Certains aliments, médicaments ou efforts physiques intenses juste avant le test peuvent fausser le résultat. Toujours signaler son contexte au laboratoire.
Baisse de créatinine : un problème ?
Un taux inférieur à la norme[1] n’inquiète pas toujours. Chez les personnes âgées, les sujets dénutris, ou après une perte sévère de masse musculaire, la créatinine chute naturellement. En cas de grossesse, même constat : le taux baisse, sans conséquence pathologique directe. Mais si cette diminution s’accompagne de fatigue extrême, perte de poids inexpliquée, autres signes d’alerte, une recherche approfondie s’impose.
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Quand agir, comment réagir ?
Découvrir un taux anormal, c’est éviter la panique. De nombreux facteurs passagers influencent la créatinine. Avant toute décision, le professionnel de santé évalue le contexte, propose parfois une nouvelle analyse. En cas de confirmation, le bilan s’élargit : analyse du DFG, recherche de protéines dans les urines, imagerie si besoin.
S’il s’agit d’une insuffisance rénale chronique, le suivi s’organise. Objectif : ralentir l’évolution, préserver la fonction rénale, adapter les traitements. Des ajustements du mode de vie sont souvent recommandés.
- Contrôle strict de la tension artérielle et du diabète
- Réduction des apports en protéines, phosphore, potassium et sel (avec l’aide d’un diététicien)
- Hydratation adaptée, sauf restriction médicale
- Pratique d’une activité physique douce : marche, vélo, natation
- Surveillance régulière de la créatinine et du DFG
Dans les formes sévères, les recours existent : dialyse, greffe rénale. Ces solutions ne concernent qu’une minorité de patients, après discussions avec le néphrologue.
Facteurs qui impactent la créatinine au quotidien
| Facteur | Effet sur la créatinine |
|---|---|
| Alimentation riche en protéines (viande, poisson) | Augmentation |
| Exercice physique intense | Augmentation temporaire |
| Déshydratation | Augmentation |
| Masse musculaire élevée | Augmentation |
| Prise de certains médicaments (AINS, antibiotiques, lithium…) | Augmentation |
| Grossesse | Diminution |
| Âge avancé, fonte musculaire | Diminution |
Préserver sa fonction rénale : gestes quotidiens
- Éviter les excès de protéines animales, privilégier les fibres
- Limiter le sel, bannir les sodas et boissons sucrées
- Boire 1,5 à 2 litres d’eau par jour (sauf avis médical contraire)
- Surveiller sa tension, sa glycémie
- Éviter le tabac, limiter l’alcool
- Garder un poids stable, pratiquer une activité physique régulière
- Rester prudent avec les médicaments néphrotoxiques
Questions fréquentes sur la créatinine
Quelle différence entre créatinine et urée ?
Les deux sont éliminés par les reins, mais la créatinine reflète plus précisément la fonction rénale. L’urée varie davantage selon l’alimentation et d’autres facteurs métaboliques.
Quels médicaments surveiller ?
Certains antibiotiques (aminosides), anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène, kétoprofène), diurétiques, lithium, traitements anticancéreux, produits de contraste iodés, antiviraux. Toujours signaler ses traitements au médecin.
Personnes âgées : vigilance accrue ?
Oui. La fonction rénale baisse physiologiquement avec l’âge, la créatininémie doit être surveillée régulièrement. Les traitements et l’alimentation doivent être adaptés.
Un taux de créatinine hors-norme ne se suffit pas à lui-même. Il appelle à la prudence, à l’interprétation médicale, jamais à l’autodiagnostic. Repérer tôt un trouble rénal, c’est préserver son avenir, éviter les complications. La créatinine ne trompe pas, mais elle ne parle jamais seule. Écouter ses signaux, c’est donner à ses reins une chance de durer.
Sources : HAS, ELSAN.
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[1] Norme
La norme en maison de retraite désigne les règles à suivre pour offrir un bon service et assurer la sécurité et le bien-être des résidents.
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