Les étourdissements au lever, cette sensation de faiblesse après un repas, ou ces vertiges qui surviennent sans prévenir… et si vos médicaments étaient responsables d’une baisse de tension artérielle ? Entre traitements nécessaires et effets secondaires indésirables, la frontière est parfois mince. Nombreux sont ceux qui ignorent que leurs médicaments quotidiens peuvent provoquer une hypotension potentiellement dangereuse. Comprendre ce phénomène est essentiel pour qui veut préserver sa santé sans renoncer à ses traitements.

La tension artérielle : comprendre ses mécanismes

Avant d’aborder les liens entre médicaments et baisse de tension, il est fondamental de comprendre ce qu’est la tension artérielle et comment elle fonctionne dans notre organisme.

La tension artérielle correspond à la pression que le sang exerce sur les parois de nos artères. Cette mesure s’exprime en millimètres de mercure (mmHg) et comporte deux valeurs distinctes :

  • La pression systolique : c’est la valeur maximale, mesurée lors de la contraction du cœur (systole)
  • La pression diastolique : c’est la valeur minimale, mesurée lorsque le cœur se relâche entre deux battements (diastole)
mesure de la tension chez un senior

Ces deux chiffres sont généralement présentés l’un au-dessus de l’autre, comme dans « 120/80 mmHg ». Une tension normale se situe généralement entre 90/60 mmHg et 120/80 mmHg chez l’adulte en bonne santé.

L’hypotension : quand la tension chute dangereusement

On parle d’hypotension lorsque la pression artérielle descend en dessous de 90/60 mmHg. Contrairement à l’hypertension qui fait l’objet de nombreuses campagnes de prévention, l’hypotension reste souvent méconnue bien qu’elle puisse entraîner des conséquences sérieuses.

Les différents types d’hypotension

L’hypotension peut se manifester sous différentes formes, chacune ayant ses particularités :

  • L’hypotension orthostatique : elle se caractérise par une chute de la pression artérielle lorsqu’on passe de la position couchée à la position debout. Ce changement brutal peut provoquer des étourdissements, voire des évanouissements.
  • L’hypotension postprandiale : comme son nom l’indique, elle survient après un repas, lorsque le sang afflue vers le système digestif.

Reconnaître les symptômes d’une baisse de tension

Une chute de tension ne passe généralement pas inaperçue. Voici les principaux signaux d’alerte à surveiller :

  • Vertiges et étourdissements, particulièrement lors des changements de position
  • Vision floue ou trouble
  • Nausées persistantes
  • Fatigue inhabituelle et sensation de faiblesse généralisée
  • Dans les cas graves, risque de malaise (perte de connaissance brève)

Ces symptômes peuvent varier en intensité selon les individus et la gravité de l’hypotension.

Les médicaments responsables de baisses de tension

De nombreux médicaments peuvent provoquer ou aggraver une hypotension. Voici les principales classes thérapeutiques concernées :

Les médicaments antihypertenseurs

Sans surprise, les médicaments destinés à faire baisser une tension trop élevée peuvent parfois provoquer une baisse excessive de la pression artérielle, notamment :

  • Les bêtabloquants (propranolol, métoprolol…)
  • Les inhibiteurs calciques (amlodipine, nifédipine…)
  • Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) comme le ramipril ou le périndopril
  • Les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARA II) tels que le losartan

Les diurétiques

Ces médicaments, qui augmentent l’élimination de l’eau et du sel par les reins, peuvent entraîner une déshydratation et par conséquent une baisse de la tension artérielle. On distingue 

  • Les diurétiques thiazidiques (hydrochlorothiazide)
  • Les diurétiques de l’anse (furosémide)
  • Les diurétiques épargneurs de potassium (spironolactone)

Les médicaments psychotropes

Certains médicaments agissant sur le système nerveux central peuvent provoquer une hypotension :

  • Les antidépresseurs, particulièrement les tricycliques et les inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO)
  • Les neuroleptiques ou antipsychotiques
  • Certains anxiolytiques

Autres médicaments à surveiller

  • Les médicaments contre la dysfonction érectile (sildénafil, tadalafil)
  • Certains analgésiques puissants comme les opioïdes
  • Les médicaments contre la maladie de Parkinson

Facteurs aggravants et causes non médicamenteuses

Si les médicaments sont souvent impliqués dans les cas d’hypotension, d’autres facteurs peuvent contribuer à faire chuter la tension artérielle :

Facteurs physiologiques

  • La déshydratation : une consommation insuffisante d’eau ou des pertes hydriques importantes (transpiration excessive, diarrhée, vomissements) peuvent entraîner une baisse de tension.
  • La grossesse : pendant les premiers mois de grossesse, il est fréquent que la tension artérielle diminue légèrement.
  • Le vieillissement : avec l’âge, les mécanismes de régulation de la pression artérielle peuvent devenir moins efficaces.

Causes pathologiques

Certaines maladies ou troubles de santé peuvent être à l’origine d’une hypotension :

  • Les maladies cardiovasculaires (insuffisance cardiaque, troubles du rythme)
  • Les troubles hormonaux (insuffisance surrénalienne, hypothyroïdie)
  • Les dysfonctionnements du système nerveux autonome
  • Les infections graves pouvant mener à un choc septique
senior ayant des problèmes cardiaques pouvant causer une hypotension

Diagnostic de l’hypotension : quand consulter ?

Face à des symptômes évocateurs d’une baisse de tension, il est important de consulter un professionnel de santé pour un diagnostic précis.

La mesure de la tension artérielle

Le diagnostic de l’hypotension repose avant tout sur la mesure de la pression artérielle à l’aide d’un tensiomètre. Pour détecter une hypotension orthostatique, le médecin effectuera des mesures en position couchée puis debout, afin d’observer les variations de tension lors du changement de position.

Examens complémentaires

Dans certains cas, des examens plus approfondis peuvent être nécessaires :

  • La MAPA[1] (Mesure Ambulatoire de la Pression Artérielle) : cet examen permet d’enregistrer la tension artérielle sur 24 heures, offrant ainsi une vision plus complète des variations de pression au cours de la journée.
  • Le tilt-test (test d’inclinaison) : ce test consiste à placer le patient sur une table basculante pour reproduire les conditions d’une hypotension orthostatique et en étudier les mécanismes.

Précautions et ajustements thérapeutiques

Lorsqu’un médicament est suspecté d’être à l’origine d’une hypotension, plusieurs approches peuvent être envisagées :

L’adaptation du traitement médicamenteux

  • Réduction de la posologie du médicament incriminé
  • Changement d’horaire de prise (éviter le moment du coucher pour certains médicaments)
  • Substitution par un médicament de la même classe thérapeutique mais avec moins d’effets hypotenseurs
  • Dans certains cas, arrêt du traitement (toujours sous supervision médicale)

Il est absolument essentiel de ne jamais modifier ou interrompre un traitement sans l’avis préalable de votre médecin.

Traitement médicamenteux de l’hypotension

Dans certains cas, des médicaments spécifiques peuvent être prescrits pour traiter l’hypotension :

  • La midodrine, qui agit en resserrant les vaisseaux sanguins
  • La fludrocortisone, qui aide à retenir le sel et l’eau dans l’organisme

D’autres molécules sont actuellement en cours d’évaluation pour le traitement de l’hypotension.

Mesures préventives au quotidien

Au-delà des ajustements médicamenteux, plusieurs mesures non pharmacologiques peuvent aider à prévenir ou à limiter les épisodes d’hypotension :

Adaptations du mode de vie

  • Hydratation optimale : boire suffisamment d’eau tout au long de la journée (1,5 à 2 litres)
  • Alimentation adaptée : augmenter légèrement l’apport en sel (uniquement sur avis médical, car contre-indiqué dans certaines pathologies)
  • Activité physique régulière : pratiquer une activité physique modérée pour améliorer le tonus vasculaire

Précautions posturales

  • Se lever progressivement, en passant d’abord en position assise avant de se mettre debout
  • Éviter les stations debout prolongées, surtout dans des environnements chauds
  • Surélever légèrement la tête du lit (de 10 à 20 cm) pour les personnes souffrant d’hypotension orthostatique

Équipements et techniques spécifiques

  • Porter des bas de contention pour favoriser le retour veineux
  • Pratiquer des exercices de contraction musculaire des jambes avant de se lever
  • Pour l’hypotension postprandiale, prendre des repas plus légers mais plus fréquents

Surveillance et suivi médical

Une hypotension liée aux médicaments nécessite un suivi régulier pour ajuster le traitement si nécessaire.

Auto-surveillance

L’auto-mesure de la tension à domicile peut être recommandée :

  • Utiliser un tensiomètre fiable et validé
  • Effectuer les mesures à des moments précis de la journée
  • Noter les résultats dans un carnet de suivi

Consultations médicales régulières

Un suivi médical régulier est indispensable pour :

  • Évaluer l’efficacité des mesures mises en place
  • Ajuster les traitements si nécessaire
  • Détecter d’éventuelles complications

La fréquence des consultations sera déterminée par votre médecin en fonction de la sévérité de l’hypotension et des médicaments concernés.

Situations particulières et populations à risque

Certaines personnes sont particulièrement vulnérables face aux risques d’hypotension médicamenteuse :

Les personnes âgées

Les seniors sont plus susceptibles de souffrir d’hypotension pour plusieurs raisons :

  • Sensibilité accrue aux médicaments
  • Polymédication fréquente (prise simultanée de plusieurs médicaments)
  • Altération des mécanismes de régulation de la pression artérielle liée à l’âge

Les patients atteints de maladies chroniques

Les personnes souffrant de certaines pathologies chroniques doivent faire l’objet d’une vigilance particulière :

  • Diabétiques (risque de neuropathie autonome)
  • Patients atteints de la maladie de Parkinson
  • Personnes souffrant d’insuffisance cardiaque

Face à la baisse de tension et aux risques liés aux médicaments, l’information et l’éducation thérapeutique du patient jouent un rôle crucial. Connaître les symptômes d’alerte, savoir quand consulter et adopter les bons réflexes au quotidien permet de vivre sereinement avec son traitement tout en limitant les risques d’hypotension. Si vous prenez des médicaments et ressentez des symptômes évocateurs d’une baisse de tension, n’hésitez pas à en parler à votre médecin ou à votre pharmacien. Votre santé mérite cette vigilance partagée entre vous et les professionnels qui vous accompagnent.

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