Quand le diabète s’invite dans la famille, certains chiffres font froid dans le dos. Pas de fatalité, mais une réalité : le risque grimpe sérieusement si un parent est touché. Pourquoi ? Parce que le diabète, loin de n’être qu’une question de mode de vie, s’appuie sur un terrain génétique parfois lourd. Les chercheurs n’ont pas identifié un unique “gène du diabète” ; le tableau est bien plus complexe.
Deux personnes avec la même prédisposition génétique ne développeront pas forcément la maladie. Mais le risque n’est jamais neutre. Voyons ensemble comment repérer les signaux d’alerte et protéger votre santé, même avec un terrain familial.
Diabète de type 1 : transmission et risques
Le diabète de type 1, souvent diagnostiqué chez l’enfant ou l’adolescent, procède d’une réaction auto-immune. Le pancréas se fait attaquer par les propres défenses de l’organisme. Ici, la génétique joue un rôle de détonateur, mais le mécanisme n’est pas linéaire. Plus de 60 variantes génétiques impliquées, aucune prise individuellement décisive.
En chiffres :
- Si la mère est diabétique de type 1, le risque pour l’enfant s’établit entre 1,3 % et 4 %
- Si c’est le père : 6 % à 9 %
- Si les deux parents : le risque peut grimper à 30 %
Les déclencheurs restent obscurs : infections virales, toxines, stress, alimentation. La prévention, pour l’instant, piétine : pas de recette miracle pour empêcher l’apparition de la maladie, même chez les enfants à risque. Récemment, l’approbation d’un médicament capable de retarder l’apparition du type 1 chez des sujets porteurs d’anticorps a marqué un tournant, mais la recherche en est encore à ses balbutiements.

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Diabète de type 2 : génétique, mais pas que
Le diabète de type 2, c’est l’épidémie silencieuse. 92 % des diabétiques en France. Ici, la donne héréditaire pèse plus lourd : jusqu’à 40 % de risque si un parent est atteint, et plus de 70 % si les deux le sont. Mais rien n’est joué d’avance. L’environnement façonne le risque autant que les gènes.
Les familles partagent souvent plus qu’un patrimoine : habitudes alimentaires, sédentarité, gestion du stress… Tout s’additionne. L’héritabilité du diabète de type 2 s’établit autour de 60 %, selon les grandes cohortes scientifiques. Les 40 % restants relèvent du mode de vie, modifiable.
Fait marquant : près d’un tiers des adultes diabétiques ne sont pas diagnostiqués. Le diabète de type 2 avance masqué, parfois pendant dix ans, jusqu’à la complication : crise cardiaque, AVC[1], cécité, insuffisance rénale. D’où l’importance d’un dépistage régulier chez les personnes à risque familial.
Facteurs de risque aggravants :
- Surpoids (IMC ≥ 25 kg/m²) ou obésité abdominale (tour de taille ≥ 94 cm chez l’homme, ≥ 80 cm chez la femme)
- Moins de 30 minutes d’activité physique par jour
- Antécédents de diabète gestationnel chez la femme ou naissance d’un bébé de plus de 4 kg
- Syndrome des ovaires polykystiques
- Syndrome métabolique (combinaison de plusieurs anomalies métaboliques)
La sédentarité se révèle un accélérateur redoutable, tout comme la consommation excessive de sucres et de graisses industrielles.
Et les diabètes monogéniques ? Les oubliés du diagnostic
Une minorité de familles voient le diabète se transmettre selon des lois génétiques précises : un gène muté, une maladie qui se faufile de génération en génération. Le diabète MODY, par exemple, touche 2 % des diabétiques, souvent dès l’enfance ou l’adolescence. La moitié des enfants d’un parent atteint héritera du trouble.
Autre cas : le diabète néonatal, rarissime. Ici, la mutation peut venir du père, même s’il n’est pas lui-même diabétique, selon le gène impliqué. Diagnostic souvent difficile, mais enjeu majeur : reconnaître ces formes permet parfois d’éviter l’insuline et d’opter pour des traitements oraux simples, à condition de réaliser un séquençage génétique, disponible dans quelques centres spécialisés.
Dépistage : pourquoi et comment agir tôt
Avec plus de 4 millions de personnes touchées en France, la vigilance s’impose. Un parent diabétique ? Le dépistage ne se discute pas. Surtout après 45 ans, ou plus tôt si d’autres facteurs s’ajoutent.
Le test standard : glycémie à jeun, simple prise de sang. Parfois, le questionnaire FINDRISC affine la stratégie : antécédents, poids, activité, alimentation, pression artérielle. À chaque consultation, le médecin peut réajuster la surveillance.
En cas de résultat positif, la prise en charge débute : modification de l’alimentation, reprise d’une activité physique adaptée, surveillance régulière de la glycémie, traitement si besoin. Chaque année gagnée sur le diagnostic permet de retarder – voire d’éviter – les complications majeures.

Prévention : la marge de manœuvre existe
Avoir un parent diabétique, ce n’est pas un verdict. Les études le montrent : l’hygiène de vie peut inverser la tendance, même pour les personnes génétiquement exposées. Les recommandations convergent :
- Pratiquer une activité physique au moins 5 jours sur 7, viser 150 minutes par semaine
- Manger varié, privilégier les fibres, limiter sucres rapides et graisses saturées
- Contrôler son poids, surtout la graisse abdominale
- Réduire le temps passé assis, bouger au quotidien
- Gérer le stress, soigner son sommeil
Cette prévention ne concerne pas que les adultes. Plus tôt elle commence, plus elle s’avère efficace. Les enfants d’un parent diabétique doivent être sensibilisés, apprendre à repérer les signes, adopter de bonnes habitudes dès l’école primaire.
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Tableau synthétique : transmission du risque de diabète selon le type
| Type de diabète | Risque si un parent atteint | Risque si les deux parents atteints | Transmission génétique |
|---|---|---|---|
| Diabète de type 1 | 4 à 9 % | Jusqu’à 30 % | Prédisposition polygénique, facteurs environnementaux nécessaires |
| Diabète de type 2 | 30 à 40 % | 60 à 70 % | Forte composante génétique, mode de vie déterminant |
| Diabète monogénique (MODY, néonatal) | 50 % (si mutation parentale) | Non concerné (mutation sur un seul gène) | Transmission autosomique dominante ou récessive, diagnostic génétique clé |
FAQ – Ce qu’il faut savoir si un parent est diabétique
À quel âge commencer le dépistage ?
En présence d’antécédents familiaux, débuter dès 45 ans, voire plus tôt si surpoids, hypertension ou antécédent de diabète gestationnel.
Quels signes doivent alerter ?
Soif intense, envie fréquente d’uriner, fatigue inhabituelle, infections à répétition – parfois, aucun symptôme n’apparaît. D’où l’intérêt du dépistage systématique.
Quels examens réaliser ?
Glycémie à jeun, hémoglobine glyquée (HbA1c), parfois test d’hyperglycémie provoquée. Le médecin oriente en fonction du profil.
Existe-t-il des aides ou ressources spécialisées ?
Oui : associations de patients (Fédération Française des Diabétiques), consultations de diabétologie, centres de médecine personnalisée comme PreciDIAB à Lille.
Avoir un parent diabétique, c’est hériter d’un risque, pas d’une sentence. La science affine peu à peu la compréhension des mécanismes, les stratégies de dépistage et de prévention. Reste un enjeu majeur : ne pas se résigner, s’informer, agir tôt. Le terrain familial impose la vigilance, mais laisse la porte ouverte à la prévention. Un équilibre entre connaissance de soi, suivi médical et hygiène de vie qui, au fil du temps, peut faire toute la différence.
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[1] AVC
Un AVC, ou accident vasculaire cérébral, se produit lorsque le flux sanguin vers une partie du cerveau est bloqué, ce qui peut provoquer des problèmes de mouvement, de langage, ou…
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