Prendre soin d’un parent ou d’un conjoint en perte d’autonomie est un défi quotidien. Entre stress, fatigue et sentiment d’impuissance, les aidants risquent l’épuisement. Pourtant, des solutions existent pour alléger ce fardeau. En France, près de 11 millions de personnes jonglent entre vie personnelle et rôle d’aidant. Si vous en faites partie, cet article est fait pour vous. Apprenez à repérer les signes d’alerte et à mettre en place des actions pour préserver votre bien-être, sans culpabiliser. Découvrez 11 stratégies concrètes pour reprendre votre souffle et continuer d’accompagner votre proche sereinement. 

Qu’est-ce qu’un aidant ? Définition et réalités

Un aidant est une personne qui, sans être un professionnel de santé, apporte un soutien régulier à un proche en perte d’autonomie. Ce rôle, souvent endossé par la force des choses, peut avoir de lourdes conséquences sur la vie de l’aidant.

En 2025, on estime qu’environ 11 millions de Français sont des aidants. Malgré leur nombre impressionnant, ils restent largement invisibles et peu reconnus par la société.

femme aidante avec un parent âgé dépendant

Les signaux d’alarme : quand l’épuisement guette

L’épuisement de l’aidant ne survient pas du jour au lendemain. Il s’installe insidieusement, avec des signes qui peuvent passer inaperçus. Soyez attentif aux symptômes suivants :

  • Une fatigue chronique qui ne disparaît pas après une nuit de sommeil
  • Un stress constant et des difficultés à se détendre
  • Des troubles du sommeil : insomnies, réveils nocturnes fréquents
  • Une irritabilité inhabituelle, des sautes d’humeur
  • Un sentiment d’inefficacité ou d’impuissance face à la situation

Si ces symptômes persistent, le risque de burn-out devient réel. Non seulement votre santé est en danger, mais celle de votre proche aidé peut aussi en pâtir.

L’impact sur la vie personnelle et professionnelle

Être aidant, c’est souvent jongler entre plusieurs vies. Les répercussions se font sentir dans tous les domaines :

Sur le plan professionnel

Concilier travail et rôle d’aidant relève parfois du défi. Certains aidants sont contraints de réduire leur temps de travail, voire de quitter leur emploi. Cela entraîne une baisse de revenus qui peut être conséquente.

Sur le plan social

L’isolement est un risque majeur. Les sorties entre amis deviennent rares, les loisirs passent au second plan. Peu à peu, l’aidant peut se couper de son réseau social, aggravant son sentiment de solitude.

11 stratégies pour prendre soin de soi en tant qu’aidant

Face à ces défis, il est crucial de mettre en place des stratégies pour préserver votre santé physique et mentale. Voici 11 pistes à explorer :

1. Connaître et utiliser les aides financières

Ne négligez pas les dispositifs mis en place pour vous soutenir :

  • L’Allocation Journalière du Proche Aidant (AJPA) : une aide financière pour compenser une réduction ou un arrêt d’activité
  • Le congé de proche aidant : jusqu’à 3 mois de congé, renouvelable dans la limite d’un an sur l’ensemble de la carrière
  • Des avantages fiscaux : certaines dépenses liées à la dépendance[2] sont déductibles des impôts

2. Profiter du droit au répit

Saviez-vous qu’il existe un financement dédié au répit des aidants ?

La majoration du plan d’aide de l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) permet aux aidants d’accéder à un financement spécifique pour le répit. Le but : leur permettre de souffler sans compromettre l’accompagnement de leur proche en perte d’autonomie.

Le dispositif s’adresse aux personnes âgées dépendantes (GIR[3] 1 à 4), bénéficiaires de l’APA à domicile, dont le plan d’aide a atteint son plafond. Il est accordé lorsque l’aidant est indispensable et ne peut être remplacé par un tiers non professionnel.

Si l’aidant principal a besoin de repos, le montant du plan d’aide de l’APA peut être majoré jusqu’à 573,77 € par an pour financer une solution de relais :

  • accueil de jour,
  • aide à domicile[1] supplémentaire,
  • hébergement temporaire en établissement.

Si l’aidant est hospitalisé, le montant de la majoration peut être de jusqu’à 1 139,94 € par hospitalisation (montant de 2025).

N’hésitez pas à vous renseigner auprès du conseil départemental.

3. Adopter une hygiène de vie anti-stress

Votre bien-être passe aussi par de bonnes habitudes au quotidien telles que :

  • Une alimentation équilibrée riche en fruits, légumes et protéines
  • Un sommeil de qualité : essayez de maintenir des horaires réguliers
  • Limitez les excitants comme le café, surtout en fin de journée
  • Pratiquez une activité physique régulière : même 30 minutes de marche par jour peuvent faire la différence
femme aidante pratiquant la course à pied

4. Rejoindre un groupe de soutien

Partager son expérience avec d’autres aidants peut être libérateur. Ces groupes offrent un espace d’écoute et d’échange précieux. Renseignez-vous auprès des associations locales ou des centres médico-sociaux.

5. Se former pour mieux accompagner

De nombreuses formations gratuites sont proposées aux aidants. Elles permettent d’acquérir des compétences pratiques et de mieux comprendre la maladie de votre proche. C’est aussi l’occasion de rencontrer d’autres aidants.

6. Planifier et s’organiser

Une bonne organisation peut considérablement réduire le stress :

  • Établissez un planning hebdomadaire incluant vos tâches d’aidant et vos activités personnelles
  • Utilisez des applications mobiles pour gérer les rappels de médicaments ou les rendez-vous médicaux
  • Prévoyez des moments pour vous dans votre emploi du temps

7. Oser demander de l’aide

Vous n’êtes pas seul face à cette situation. N’hésitez pas à :

  • Solliciter des services d’aide à domicile pour les tâches quotidiennes
  • Faire appel à des professionnels de santé pour les soins spécifiques
  • Impliquer votre entourage : famille, amis, voisins peuvent vous relayer ponctuellement

8. S’accorder des pauses régulières

Prendre du temps pour soi n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Explorez les solutions de répit comme :

  • L’accueil de jour pour votre proche
  • L’hébergement temporaire en EHPAD[4] pour quelques jours ou semaines
  • Les séjours vacances-répit qui vous permettent de partir avec votre proche tout en bénéficiant d’un accompagnement

9. Consulter un professionnel en cas de besoin

Si vous ressentez des signes de dépression[5] ou d’anxiété, n’hésitez pas à consulter un psychologue ou votre médecin traitant.

L’échelle de Zarit, largement utilisée pour évaluer la charge des aidants, permet de mesurer l’impact émotionnel, physique et social du rôle d’aidant.

En répondant à un questionnaire de 22 items, vous pouvez mieux comprendre votre niveau de stress et identifier les signes de surmenage. Il existe également une version raccourcie, appelée mini Zarit. Un score élevé peut indiquer un risque d’épuisement et la nécessité de chercher du soutien.

Bon à savoir : vous trouverez le questionnaire mini Zarit dans notre blog sur le burn-out de l’aidant naturel.

10. Explorer des solutions de répit innovantes

De nouvelles formes d’aide se développent, comme le baluchonnage. Ce service permet à un intervenant de remplacer l’aidant à domicile pendant plusieurs jours consécutifs, offrant un vrai break.

11. Connaître les numéros d’urgence

En cas de besoin urgent de répit, le numéro vert 0 800 360 360 est accessible 7j/7. Des professionnels vous orienteront vers des solutions adaptées à votre situation.

Les aides disponibles pour les proches aidants
Type d’aide
Montant / Avantage
Conditions d’éligibilité
Où faire la demande ?
Allocation journalière du proche aidant (AJPA)
63,39 € par jour (limite de 66 jours par personne aidée)
Être salarié ou indépendant et aider un proche dépendant
CAF ou MSA
Congé de proche aidant
Suspension ou aménagement du contrat de travail
Justifier d’un lien étroit avec la personne aidée
Employeur
Aide au répit (majoration APA)
  • Jusqu’à 573,77 € par an (pour le repos de l’aidant)
  • 1 139,94 € par hospitalisation de l’aidant
  • Proche en perte d’autonomie (GIR 1-4)
  • Proche aidant indispensable à la sécurité du senior
Conseil départemental
Crédit d’impôt[6] pour l’aide à domicile
  • 50 % des dépenses,
  • Plafond de 12 000 € (+1 500 €/pers. de +65 ans)
Emploi direct ou recours à un organisme agréé
  • CESU+
  • Auprès de l’organisme de service à la personne
Baluchonnage (relayage de longue durée)
Remplacement de l’aidant jusqu’à 6 jours consécutifs
Expérimenté et pérennisé en France
Associations ou services départementaux

Prendre soin de soi pour mieux prendre soin de l’autre

Face à la perte d’autonomie d’un proche, il est naturel de vouloir tout donner. Mais n’oubliez pas que votre bien-être est aussi important. En prenant soin de vous, vous serez plus à même d’accompagner votre proche sur le long terme.

N’hésitez pas à expérimenter ces différentes stratégies et à les adapter à votre situation. L’important est de trouver un équilibre qui vous convienne. Rappelez-vous : prendre soin de soi n’est pas égoïste, c’est essentiel pour continuer à être un aidant efficace et bienveillant.

Questions fréquentes

Qu’est-ce que le baluchonnage ?

Le baluchonnage est une solution de répit pour l’aidant naturel, originaire du Québec. Le principe : un intervenant qualifié (baluchonneur) remplace l’aidant au domicile de la personne aidée jusqu’à 6 jours consécutifs, assurant une présence continue 24 h/24.

En France, cette pratique a été pérennisée par la loi du 15 novembre 2024 relative aux troubles du neuro-développement (TND), après une phase d’expérimentation débutée en 2019.  

Désormais, les proches aidants peuvent bénéficier de ce dispositif pour prendre du repos tout en garantissant le maintien à domicile[7] de leur proche. Cette solution est également appelée relayage de longue durée.

Quels sont les avantages fiscaux pour l’aide à domicile d’un proche en perte d’autonomie ?

Les dépenses engagées pour une aide à domicile ouvrent droit à un crédit d’impôt de 50 %. Le plafond annuel des dépenses est de 12 000 €, majoré de 1 500 € par membre du foyer ou ascendant âgé de plus de 65 ans, sans pouvoir dépasser 15 000 €. Pour une personne titulaire d’une carte d’invalidité ou percevant une pension d’invalidité de 3e catégorie, ce plafond peut atteindre 20 000 €.

Ce crédit concerne l’emploi direct d’un salarié ou le recours à un organisme agréé. Il est accordé, même si vous n’êtes pas imposable. Il est aujourd’hui possible de bénéficier d’une avance immédiate du crédit d’impôt, grâce au CESU+ ou en passant par un organisme d’aide à la personne.

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1 Commentaire

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  1. Greselle nicole

    J’ai lu oui c’est très bien mais pas pour MOI je préfère souffrir auprès de lui même si parfois je me mets en colère 😠 mais ça c’est MOI

    Répondre

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