Face à l’augmentation constante des maladies cardiovasculaires en France, de nombreuses personnes se retrouvent dans l’incapacité de poursuivre leur activité professionnelle. Entre fatigue chronique, essoufflement permanent et limitations physiques, les problèmes cardiaques bouleversent profondément la vie quotidienne et professionnelle.

Cette situation soulève une question cruciale : peut-on réellement obtenir une pension d’invalidité pour une pathologie cardiaque ? L’enjeu dépasse la simple question administrative. Il s’agit de la survie financière de milliers de personnes qui voient leurs revenus s’effondrer du jour au lendemain. Entre les critères médicaux stricts, les démarches complexes et les montants souvent insuffisants, le parcours vers une reconnaissance d’invalidité cardiaque ressemble à un véritable parcours du combattant.

Les pathologies cardiaques concernées par l’invalidité

Certaines maladies cardiovasculaires peuvent justifier une reconnaissance en invalidité lorsqu’elles altèrent fortement les capacités de travail.

Principales maladies cardiovasculaires reconnues

Les problèmes cardiaques susceptibles d’ouvrir droit à une pension d’invalidité couvrent un large spectre de pathologies. 

  • L’infarctus du myocarde figure parmi les causes les plus fréquentes, laissant souvent des séquelles durables qui impactent significativement la capacité de travail.
  • L’insuffisance cardiaque représente une pathologie majeure, caractérisée par l’incapacité du cœur à pomper efficacement le sang. Cette condition entraîne une fatigue extrême et des limitations importantes dans les activités quotidiennes.
  • Les maladies coronariennes, qui affectent les artères alimentant le muscle cardiaque, peuvent nécessiter des interventions répétées et imposer des restrictions d’activité. 
  • Les arythmies sévères, troubles du rythme cardiaque, perturbent la vie quotidienne par leurs manifestations imprévisibles.
  • Les valvulopathies et cardiomyopathies complètent ce tableau, chacune apportant son lot de complications et de limitations fonctionnelles spécifiques.
senior faisant un infarctus du myocarde

Impact sur la vie quotidienne et professionnelle

Les symptômes cardiaques transforment radicalement le quotidien des patients. 

  • La fatigue chronique devient le compagnon permanent, rendant difficile l’accomplissement des tâches les plus simples. 
  • L’essoufflement survient au moindre effort, limitant considérablement les activités physiques.
  • Les douleurs thoraciques génèrent une angoisse constante, tandis que les palpitations et vertiges créent un sentiment d’insécurité permanent. 
  • Les évanouissements représentent un danger réel, particulièrement dans certains environnements professionnels.
  • Les gonflements des membres inférieurs compliquent la station debout prolongée et la marche. 

Ces manifestations physiques s’accompagnent souvent de troubles psychologiques, notamment l’anxiété et la dépression[1], aggravant encore l’incapacité fonctionnelle.

Critères de reconnaissance administrative à la pension d’invalidité

La pension d’invalidité repose sur une double évaluation : médicale et administrative. Voici les conditions à remplir.

Conditions médicales requises

L’obtention d’une pension d’invalidité pour problème cardiaque nécessite d’abord un diagnostic médical précis établi par un cardiologue. Ce diagnostic doit s’appuyer sur des examens complémentaires objectifs et récents.

L’électrocardiogramme (ECG) constitue l’examen de base, complété par une échocardiographie pour évaluer la fonction cardiaque. Dans certains cas, une angiographie ou d’autres examens spécialisés sont nécessaires pour préciser l’étendue des lésions.

Le point déterminant reste l’évaluation de la réduction de la capacité de travail.
Pour obtenir une pension d’invalidité, vos capacités doivent être diminuées d’au moins deux tiers (≈ 66 %). En pratique, cela signifie que votre invalidité vous empêche de percevoir plus du tiers du salaire correspondant à votre emploi précédent.

Exemple concret :

Avant la maladie, vous perceviez un salaire mensuel de 2 400 €. À la suite de votre infarctus, malgré un traitement et un suivi médical, vous êtes trop vite essoufflé et fatigué pour reprendre votre poste à temps plein. Les seules activités compatibles avec votre état ne vous permettent pas de gagner plus de 800 € par mois.

Dans ce cas, la Sécurité sociale considère que votre capacité de gain est réduite des deux tiers, ouvrant droit à une pension d’invalidité.

Lorsqu’il évalue la demande, le médecin-conseil prend en compte l’ensemble de votre situation :

  • l’impact de votre problème cardiaque sur votre capacité de travail restante,
  • votre âge,
  • vos facultés à la fois physiques et mentale,
  • votre niveau de formation,
  • vos aptitudes.

LIRE AUSSI : 7 différences clés entre ALD et invalidité pour la retraite

Conditions administratives d’éligibilité

L’affiliation à la Sécurité sociale depuis au moins 12 mois constitue un prérequis incontournable. Cette condition vise à éviter les affiliations opportunistes après survenue de la maladie.

Les conditions de cotisation varient selon le régime d’affiliation. Il faut généralement justifier d’un certain nombre d’heures travaillées ou de cotisations versées au cours des périodes précédant la demande.

Pour les salariés du régime général, 600 heures de travail au cours des 12 mois précédents ou avoir cotisé sur la base d’une rémunération au moins égale à 2 030 fois le Smic horaire au cours des 12 mois civils précédant l’interruption de travail sont exigées. Les travailleurs indépendants doivent respecter des conditions de cotisations spécifiques à leur statut.

Les trois catégories d’invalidité cardiaque

La Sécurité sociale distingue trois niveaux d’invalidité selon le degré d’incapacité à exercer une activité professionnelle.

Première catégorie : activité réduite possible

La première catégorie d’invalidité concerne les personnes capables d’exercer une activité professionnelle, mais avec des limitations importantes. Cette catégorie s’applique aux patients cardiaques pouvant travailler à temps partiel ou dans des conditions aménagées.

Le montant de la pension correspond à 30% du salaire annuel moyen des dix meilleures années de cotisation. Cette pension peut se cumuler avec des revenus professionnels, sous certaines conditions de plafond.

Deuxième catégorie : incapacité totale de travail

La deuxième catégorie s’adresse aux personnes dans l’incapacité totale d’exercer une activité professionnelle. Cette situation peut concerner les patients avec une insuffisance cardiaque sévère ou des complications majeures.

Le montant atteint 50% du salaire annuel moyen, offrant une compensation financière plus importante. Le cumul avec des revenus professionnels reste possible mais dans des limites très strictes.

Troisième catégorie : besoin d’assistance

La troisième catégorie combine l’incapacité totale de travail avec le besoin d’assistance d’une tierce personne pour les actes de la vie quotidienne. Cette situation concerne les cas les plus sévères d’insuffisance cardiaque terminale.

Outre les 50% du salaire moyen, une majoration pour tierce personne (s’élevant à 40 % dudit salaire) s’ajoute au montant de base, reconnaissant les frais supplémentaires liés à la dépendance[2].

Calcul du montant de la pension d’invalidité selon la catégorie (2025)
Catégorie
Capacité de travail
Pourcentage appliqué au salaire annuel moyen*
Montant mensuel minimal
Montant mensuel maximal
1ʳᵉ catégorie
Travail possible à temps réduit
30 %
335,29 €
1 177,50 €
2ᵉ catégorie
Incapacité totale de travailler
50 %
335,29 €
1 962,50 €
3ᵉ catégorie
Incapacité totale de travailler + besoin de l’aide d’un tiers
50 % + majoration pour tierce personne
335,29 € + 1 288,13 €
(= 1 623,42 €)
1 962,50 € + 1 288,13 € (= 3 250,63 €)

Procédure de demande pas à pas

La demande de pension suit une procédure stricte, qui commence par la constitution d’un dossier médical complet.

Constitution du dossier médical

La première étape consiste à rassembler un dossier médical complet auprès du cardiologue. Ce dossier doit inclure tous les examens récents, les comptes-rendus d’hospitalisation et l’historique détaillé de la pathologie.

Le certificat médical constitue la pièce maîtresse du dossier. Il doit décrire précisément les symptômes, les limitations fonctionnelles et l’impact sur la capacité de travail. Les médecins spécialistes doivent y détailler les traitements en cours et leur efficacité.

senior constituant son dossier pour une demande de pension d'invalidité

Dépôt de la demande

Le formulaire de demande se retire auprès de la CPAM[3] pour les salariés du régime général, ou de la MSA pour les agriculteurs. Ce formulaire doit être accompagné de l’ensemble des pièces justificatives.

Les bulletins de salaire des dernières années permettent de calculer le salaire de référence. Les justificatifs d’affiliation et de cotisation complètent le dossier administratif.

Évaluation et décision

L’évaluation par le médecin-conseil constitue l’étape déterminante. Ce praticien examine le dossier médical et peut convoquer le demandeur pour un examen complémentaire.

La notification de décision intervient généralement dans un délai de deux à quatre mois. En cas de refus, des voies de recours existent : réexamen du dossier, contestation devant les juridictions compétentes.

Calcul et montants des pensions

Le montant de la pension dépend du salaire de référence et de la catégorie d’invalidité reconnue.

Méthode de calcul du montant

Le calcul se base sur le salaire annuel moyen des dix meilleures années de cotisation. Cette moyenne est ensuite multipliée par le pourcentage correspondant à la catégorie d’invalidité.

Des plafonds minimum et maximum encadrent les montants versés. Le minimum garantit un niveau de vie décent, tandis que le maximum évite les pensions excessives pour les très hauts salaires.

Montants indicatifs en 2025

Pour la première catégorie, la pension mensuelle varie entre 300 euros minimum et environ 1 000 euros maximum, selon les revenus antérieurs. La deuxième catégorie oscille entre 500 euros et 1 700 euros mensuels.

La troisième catégorie bénéficie du même calcul que la deuxième, majoré d’une allocation pour tierce personne d’environ 1 100 euros par mois.

Versement

Le versement mensuel s’effectue directement sur le compte bancaire du bénéficiaire.

Une réévaluation annuelle permet d’ajuster les montants en fonction de l’évolution du coût de la vie et des salaires.

Fiscalité des pensions d’invalidité

  • Imposables comme des retraites : la pension d’invalidité entre dans la catégorie « pensions et retraites » de l’impôt[4] sur le revenu.
  • Abattement automatique de 10 % : appliqué sans démarche particulière.
    • Minimum : 450 € par bénéficiaire
    • Maximum : 4 399 € par foyer fiscal
  • Prélèvements sociaux : la pension est soumise à la CSG, à la CRDS et, le cas échéant, à la CASA (0,3 %). Des exonérations totales ou partielles existent pour les revenus modestes, et les bénéficiaires de l’ASI en sont totalement dispensés.
  • Déclaration : la pension est généralement préremplie dans la déclaration de revenus.

Droits connexes et cumuls possibles

La pension d’invalidité peut ouvrir droit à d’autres aides, sous conditions. Certaines prestations sont cumulables.

Exonérations et aides complémentaires

Les bénéficiaires d’une pension d’invalidité cardiaque jouissent d’exonérations importantes. Les frais médicaux liés à la pathologie cardiaque sont pris en charge à 100% par l’Assurance maladie.

Des aides à l’aménagement du domicile peuvent être accordées pour faciliter la vie quotidienne. L’assistance infirmière à domicile est prise en charge selon les besoins médicaux.

Cumul avec d’autres prestations

Le cumul avec l’AAH (Allocation aux Adultes Handicapés) reste possible sous conditions de ressources. Cette combinaison permet d’atteindre un niveau de revenus plus décent.

Les aides au logement et prestations familiales se cumulent généralement sans restriction. Toutefois, les conditions de ressources s’appliquent pour certaines prestations.

Passage à la retraite

À l’âge légal de départ à la retraite pour inaptitude, fixé à 62 ans, la pension d’invalidité se transforme automatiquement en pension de retraite pour inaptitude. Cette conversion maintient généralement un niveau de pension équivalent.

Exceptions :

  • Si vous travaillez encore à 62 ans, vous pouvez continuer à percevoir la pension d’invalidité tant que vous maintenez une activité, et ce jusqu’à 67 ans au maximum.
  • Si vous êtes au chômage à 62 ans et que vous avez travaillé au cours des 6 mois précédents, vous pouvez conserver la pension d’invalidité jusqu’à 6 mois supplémentaires.

À noter : si vous remplissez les conditions d’un départ anticipé (handicap, carrières longues ou incapacité permanente), votre pension d’invalidité cesse dès que vous ouvrez ce droit.

Les périodes d’invalidité sont validées pour la retraite, évitant une décote liée à l’interruption de l’activité professionnelle.

Limites et solutions complémentaires

Les montants versés restent souvent insuffisants. Des dispositifs privés ou associatifs peuvent apporter un complément utile.

Insuffisance des montants versés

La principale limite des pensions d’invalidité réside dans leur montant souvent insuffisant pour compenser la perte de revenus. Un cadre percevant 4 000 euros mensuels ne touchera au maximum que 1 700 euros en deuxième catégorie.

Cette chute drastique des revenus impose une révision complète du mode de vie et peut conduire à des difficultés financières importantes.

Intérêt de la prévoyance privée

L’assurance individuelle prévoyance permet de compléter les prestations publiques. Ces contrats proposent des rentes d’invalidité calculées sur les revenus réels, offrant une meilleure compensation.

Les mutuelles santé renforcées incluent souvent des garanties spécifiques pour les maladies cardiaques. Certaines couvrent les frais généraux non pris en charge par la Sécurité sociale.

Accompagnement et prévention

L’accompagnement social par les services de la CPAM aide à naviguer dans les démarches administratives. Les associations de patients cardiaques offrent soutien moral et conseils pratiques.

La prévention reste essentielle, même après reconnaissance de l’invalidité. Le suivi médical régulier et l’adaptation du mode de vie peuvent limiter l’évolution de la pathologie.

Questions fréquentes sur l’invalidité cardiaque

Faut-il obligatoirement avoir eu un infarctus pour obtenir une pension ? 

Non, toutes les pathologies cardiaques peuvent ouvrir droit à l’invalidité si elles entraînent une incapacité suffisante.

Peut-on faire une demande pendant un arrêt de travail ? 

Oui, c’est même recommandé si l’arrêt se prolonge au-delà de six mois.

Quels examens sont indispensables ? 

Un ECG récent, une échographie cardiaque et un bilan complet par un cardiologue constituent le minimum requis.

Combien de temps faut-il pour obtenir une réponse ? 

Le délai varie entre deux et six mois selon la complexité du dossier et l’engorgement des services.

Que faire en cas de refus ? 

Un recours amiable auprès de la CPAM constitue la première étape, suivi éventuellement d’un recours contentieux.

Peut-on contester la catégorie attribuée ? 

Oui, si vous estimez que votre état justifie une catégorie supérieure, les voies de recours restent ouvertes.

L’obtention d’une pension d’invalidité pour problème cardiaque reste donc possible, mais exige un dossier médical solide et une parfaite connaissance des procédures. Les montants versés, bien qu’insuffisants pour maintenir le niveau de vie antérieur, offrent néanmoins une sécurité financière de base. La clé du succès réside dans l’anticipation et la constitution méthodique d’un dossier complet, accompagnée idéalement d’une prévoyance complémentaire pour pallier les insuffisances du système public.

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Commentaires (2)

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  1. Greaux

    Je suis retraité. J’ai fais un infarctus en décembre. Es ce que je peux demander une pension ? Merci d’avance.

    Répondre
    1. Amandine

      Bonjour

      Je vous remercie pour votre commentaire.
      Il est parfois possible de faire une demande, mais cela varie selon les cas et les situations personnelles.
      Bonne journée.
      Amandine

      Répondre

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