Chez certains aînés, les apparences sont trompeuses. Parfois, derrière leurs visages souriants et leurs anecdotes d’antan… les personnes âgées cachent un mal-être émotionnel. Par pudeur, peur d’être un fardeau ou simplement par habitude, elles dissimulent leurs souffrances, jusqu’à rendre leur détresse imperceptible chez leurs proches. Pour leur venir en aide et éviter un syndrome de glissement ou une dépression[1] irréversible, découvrez les signes qu’une personne âgée va mal et comment leur donner du baume au cœur.

Pourquoi les personnes âgées cachent-elles leur mal-être ?

Les seniors ont grandi dans une époque où exprimer ses faiblesses était mal vu. Pour beaucoup, la résilience est une valeur cardinale : on serre les dents et on avance. 

signes qu'une personne âgée va mal

Aujourd’hui encore, cette mentalité pousse cette génération à dissimuler sa fragilité mentale. Un silence aggravé par :

  • La peur de déranger leurs proches, de perdre leur autonomie ou d’être jugés.
  • L’isolement social : avec l’âge, les contacts réguliers se réduisent jusqu’à ne plus avoir personne à qui se confier.
  • La stigmatisation des troubles mentaux. Selon l’Organisation mondiale de la santé, environ 15 % des seniors souffrent de troubles émotionnels non diagnostiqués, comme la dépression ou l’anxiété.

Bien que compréhensible, ce comportement, souvent perçu comme anodin, empêche les proches de détecter un possible mal-être émotionnel.

6 signes d’un mal-être émotionnel caché chez les seniors

Pour détourner l’attention et minimiser leur souci, beaucoup de personnes âgées déploient des stratégies pour cacher leur souffrance. Ces indices de dépression, de tristesse ou de frustration, souvent graduels, passent inaperçus si on n’y prête pas attention.

Changements inhabituels 

Une personne âgée qui néglige son apparence (elle qui était toujours soignée), oublie de manger régulièrement ou abandonne ses passe-temps favoris montre un désintérêt inquiétant. Par exemple, si votre grand-père, passionné de mots croisés, laisse ses grilles vierges, cela peut être un symptôme de dépression chez les seniors. À l’inverse, une soudaine hyperactivité (jardinage, ménage ou tricot) est une technique pour éviter de penser à leur douleur ou d’en parler.

Repli sur soi ou irritabilité inhabituelle

Une personne âgée qui évite les sorties, décline les appels ou se montre inhabituellement irritable peut cacher une vulnérabilité. Par exemple, une voisine qui adorait discuter au marché et qui, maintenant, reste cloîtrée chez elle pourrait traverser une dépression cachée. L’irritabilité, quant à elle, peut masquer une frustration ou une tristesse profonde, surtout si elle contraste avec son caractère habituel.

Troubles du sommeil ou de l’appétit

Les perturbations du sommeil (insomnie, réveils fréquents) ou de l’appétit (manger trop peu ou trop) sans causes médicales sont des indices physiques d’une anxiété sous-jacente. Ces signaux sont souvent minimisés par les seniors, qui les attribuent à l’âge ou à des soucis passagers.

Discours pessimiste ou fataliste

Entendre des phrases comme « À quoi bon vivre si longtemps ? » ou « Je ne sers plus à rien » doit alerter. Ce type de discours, même dit sur le ton de la plaisanterie, reflète souvent une vision sombre de l’avenir. Ce pessimisme, fréquent dans les troubles émotionnels des seniors, est parfois masqué par des blagues ou des remarques anodines pour ne pas inquiéter les proches.

Fatigue chronique inexpliquée

Une fatigue persistante, malgré une bonne nuit de sommeil, peut être un symptôme psychologique. Contrairement à une fatigue physique liée à une maladie, cette lassitude est marquée par un manque d’envie de bouger ou de s’engager dans des activités. Si votre tante, autrefois active, se plaint de « ne plus avoir d’énergie » sans raison médicale, cela peut indiquer un problème de santé mentale chez les seniors.

Excès de stoïcisme ou minimisation

Certaines personnes âgées, par fierté ou habitude, minimisent systématiquement leurs émotions. À la question « Ça va ? », nos aînés répondent systématiquement « Tout va bien ! » pour esquiver les conversations profondes ou « Ce n’est rien, juste un coup de blues ».

Même face à une détresse évidente, les parents et grands-parents affichent un sourire de façade et plaisantent lors d’un repas de famille pour rassurer leur entourage même s’ils se sentent profondément seuls.

Elle peut aussi changer de sujet quand une conversation devient trop personnelle, en orientant habilement le dialogue vers des banalités, comme la météo ou les nouvelles du quartier.

Ce stoïcisme, culturel chez beaucoup de seniors, est une façon de protéger leur dignité. Pourtant, derrière ces mots, se cache souvent une souffrance émotionnelle qu’elles refusent d’admettre.

Comment réagir face à ces signes de détresse émotionnelle ?

senior qui se sent mal émotionnellement

Repérer ces symptômes de dépression ou d’anxiété chez les seniors est un premier pas, mais agir est essentiel. Voici quelques pistes pour aider une personne âgée en dépression :

  • Écouter avec empathie : prenez le temps de discuter sans juger. Posez des questions ouvertes comme « Comment te sens-tu vraiment ? » pour encourager la confidence.
  • Proposer des activités douces : invitez-les à une promenade ou à une activité qu’ils aiment. Encouragez les interactions sociales via des clubs, des ateliers ou des activités intergénérationnelles (cours de peinture ou à un club de lecture). Cela peut raviver leur intérêt et briser l’isolement.
  • Consulter un professionnel : si les signes persistent, orientez-les vers un psychologue ou un gériatre. En France, des associations comme Solitud’écoute
    (0 800 47 39 49) offrent un soutien anonyme.
  • Rassurer sur leur valeur : montrez-leur qu’ils comptent, en valorisant leurs souvenirs ou leurs conseils. Soutenez leur autonomie, en les impliquant dans des tâches valorisantes pour renforcer leur estime de soi.

LIRE AUSSI :  7 habitudes pour améliorer le bien-être mental chez un senior 

Repérer les signes qu’une personne âgée va mal émotionnellement demande de l’attention et de la sensibilité. Derrière un sourire ou une façade de résilience, nos aînés peuvent cacher une profonde souffrance. En comprenant leurs comportements, comme le repli sur soi, les troubles du sommeil ou les discours pessimistes, vous pouvez faire une différence. Parlez-leur, écoutez-les, et n’hésitez pas à chercher de l’aide professionnelle. 

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