Travailler à temps plein après 60 ans peut être épuisant, et la perspective d’un départ brutal à la retraite inquiète beaucoup de salariés. Jusqu’ici, la retraite progressive n’était accessible qu’à partir de 62 ans, laissant peu de marge pour aménager cette étape.
Depuis la parution des décrets du 15 juillet 2025, entrés en vigueur le 1ᵉʳ septembre, les salariés peuvent réduire progressivement leur temps de travail dès 60 ans. Fruit d’un accord national interprofessionnel réunissant syndicats et organisations patronales, ce dispositif offre une transition plus souple, adaptée à la santé et aux besoins financiers de chacun.
Découvrez comment bénéficier de la retraite progressive, organiser vos démarches et préparer votre sortie du travail en toute sérénité.
Retraite progressive : définition et principe clé
Le principe est simple. Réduire son activité professionnelle, passer à temps partiel, tout en débloquant une fraction de sa pension de retraite. L’objectif ? Lisser la transition, garder un pied dans l’emploi, préserver un lien social, une utilité, et continuer à cotiser pour améliorer sa retraite définitive.
Un salarié à 60 % : il touche 40 % de sa pension. À mi-temps : il perçoit 50 %. Cette répartition s’applique aussi bien aux salariés qu’aux indépendants, sous réserve de respecter certaines règles.

Qui peut bénéficier de la retraite progressive ?
- Salariés du secteur privé : CDI, CDD, contrats à temps partiel.
- Agents publics : fonctionnaires, contractuels, ouvriers d’État, agents des collectivités locales.
- Professions libérales, avocats, agriculteurs : sous conditions (voir réglementations spécifiques).
- Indépendants : s’ils exercent leur activité de façon exclusive et peuvent justifier la baisse de revenus.
Certains statuts restent exclus : dirigeants de sociétés commerciales non salariés sans contrat de travail, certains VRP sans preuve de temps partiel, artisans taxis affiliés à l’assurance volontaire.
Conditions d’accès (depuis le 1er septembre 2025)
- Âge requis : 60 ans ou plus, sans distinction de génération.
- Durée d’assurance : au moins 150 trimestres validés dans les régimes de base (cotisés, assimilés, rachetés ou équivalents).
- Activité réduite : travailler entre 40 % et 80 % d’un temps plein (ou 87 à 174 jours pour les forfaits jours sur 218).
- Accord de l’employeur : obligatoire pour les salariés ; le refus doit être motivé. L’absence de réponse sous 2 mois vaut acceptation tacite.
- Demande anticipée : la démarche doit être initiée 5 mois avant la date de début souhaitée.
LIRE AUSSI : Retraite progressive dès 60 ans : comment toucher une partie de sa pension sans arrêter de travailler
Fonctionnaires : les conditions spécifiques pour la retraite progressive
Les agents de la fonction publique peuvent eux aussi bénéficier de la retraite progressive. Ils doivent remplir trois conditions (dont l’une est différente des salariés du privé) :
- Avoir au moins 60 ans ;
- Totaliser 150 trimestres validés dans un ou plusieurs régimes de base ;
- Exercer à temps partiel entre 50 % et 90 % d’un temps complet.
(Cette exigence ne s’applique pas si vous occupez un emploi à temps non complet ou incomplet. Dans ce cas, la durée totale de travail ne doit pas dépasser 90 % d’un temps plein.)
Bon à savoir
- Le dispositif n’est pas ouvert en cas de temps partiel thérapeutique.
- Vous ne devez pas cumuler votre emploi public avec une autre activité professionnelle.
- La demande reste possible si vous êtes déjà à temps partiel.
À noter : l’administration n’a pas d’obligation d’accepter la demande de retraite progressive : le refus doit être motivé par la nécessité du service. En revanche, le silence de l’administration ne vaut pas accord tacite, contrairement au secteur privé.
Comment est calculée la fraction de retraite versée ?
Le calcul repose sur la proportion de temps de travail maintenu. Un salarié passé à 70 % de son temps complet percevra 30 % de sa retraite. Pour les indépendants, la fraction dépend de la baisse de revenus (elle doit être au moins de 20 %).
La pension progressive reste provisoire. Chaque année, l’administration vérifie la réalité du temps de travail ou de la baisse de revenus : le montant versé peut être ajusté au 1er juillet.
Tableau récapitulatif (exemple pour un salarié)
| Temps de travail | % de retraite progressive versée |
| 80 % | 20 % |
| 60 % | 40 % |
| 50 % | 50 % |
| 40 % | 60 % |
Avantages concrets, limites à anticiper
- Cumuler revenus d’activité et fraction de pension. Moins de pression financière, plus de liberté d’organisation.
- Continuer à cotiser. La pension définitive augmente, surtout si l’assuré cotise sur la base d’un temps plein (accord écrit de l’employeur nécessaire).
- Transmission des compétences. Les entreprises y voient une façon de valoriser l’expérience, d’organiser le mentorat, de fidéliser les seniors.
- Souplesse. Possibilité de suspendre ou réviser le dispositif si la situation évolue (modification du temps partiel, retour à temps complet, passage à la retraite définitive).
- Limite : la fraction de pension ne compense pas toujours la baisse de revenus liée au temps partiel. Les salariés modestes hésitent parfois, le dispositif reste plus attractif pour les cadres ou les actifs dotés de marges de manœuvre financières.

Démarche : comment demander la retraite progressive ?
- Anticiper : prévoir la demande 5 mois avant la date de démarrage souhaitée.
- Accord employeur : obtenir l’autorisation écrite pour le passage à temps partiel.
- Demande en ligne : le service « Demander ma retraite progressive » sur lassuranceretraite.fr (mise à jour en cours).
- Formulaire papier : possible si la demande concerne une prise d’effet à partir de 60 ans au 1er septembre 2025 (envoyer à la caisse régionale compétente).
- Suivi annuel : questionnaire de vérification envoyé chaque année. À retourner sous peine de suspension du dispositif.
- Demande de retraite définitive : à initier au terme du temps partiel, la bascule n’est pas automatique.
Révision, suspension, suppression : les cas de figure
- Révision : toute modification du temps de travail (hors fourchette 40-80 %) ajuste la fraction de pension versée le mois suivant.
- Suspension : non-retour du questionnaire annuel, activité temporairement interrompue, ou temps de travail hors seuils.
- Suppression : passage à la retraite définitive, reprise d’un temps plein ou de revenus équivalents à l’activité antérieure, ou changement de statut exclu du dispositif.
Changements de situation : ce qui arrive à votre retraite progressive
| Situation | Conséquence sur la pension | À faire/Quand |
|---|---|---|
| Votre temps de travail change | La fraction de pension est révisée selon la nouvelle quotité | Déclarer la modification à la CARSAT → révision le 1er jour du mois suivant |
| Vous changez d’activité professionnelle | La pension peut être réévaluée ou suspendue selon le nouveau contrat | Informer la CARSAT et fournir le nouveau contrat de travail |
| Vous ne remplissez plus les conditions (temps de travail hors 40–80 %) | Le versement est suspendu Il reprend dès que les conditions sont à nouveau remplies | Suspension le 1er du mois suivant le changement Reprise le 1er du mois suivant la régularisation |
| Vous reprenez un emploi à temps plein | La retraite progressive est arrêtée définitivement | Cessation le 1er du mois suivant la reprise à temps complet |
| Votre revenu partiel dépasse votre revenu antérieur | La retraite progressive est supprimée définitivement | Cessation le 1er du mois suivant le dépassement de revenu Le revenu de référence est revalorisé chaque année |
À retenir : tout changement d’activité ou de quotité de travail doit être signalé sans délai à la CARSAT pour éviter la suspension ou la suppression du versement.
FAQ pratique : questions fréquentes sur la retraite progressive à 60 ans
Peut-on cumuler retraite progressive et plusieurs employeurs ?
Oui, à condition que la somme de tous les temps partiels reste comprise entre 40 et 80 % d’un temps plein. Pour les forfaits jours, la règle s’applique au nombre de jours travaillés.
L’employeur peut-il refuser le passage à temps partiel ?
Il doit motiver son refus (nécessité de service, organisation de l’entreprise). L’absence de réponse sous deux mois équivaut à un accord (dans le secteur privé).
La retraite progressive est-elle compatible avec le cumul emploi-retraite ?
Non. La retraite progressive s’adresse à ceux qui n’ont pas encore liquidé leur retraite définitive, contrairement au cumul emploi-retraite qui suppose l’arrêt total puis la reprise d’une activité.
Le dispositif existe-t-il pour les indépendants ?
Oui, sous conditions : activité exercée à titre exclusif, et baisse de revenus d’au moins 20 %. La fraction de pension versée dépend de cette baisse.
Quels trimestres sont pris en compte ?
Tous les trimestres validés : cotisés, assimilés (chômage, maladie), rachetés, équivalents (service militaire), ou issus de conventions internationales.
Peut-on surcotiser pour améliorer sa future retraite pendant la retraite progressive ?
Oui. Si votre employeur est d’accord, vous pouvez continuer à cotiser sur la base d’un temps plein, même en travaillant à temps partiel. Les cotisations salariales et patronales sont alors calculées comme si vous travailliez à temps plein, mais votre salaire versé reste celui correspondant à votre temps partiel.
Cette option de surcotisation volontaire vous permet de ne pas pénaliser le montant de votre future pension définitive, tout en bénéficiant déjà de la retraite progressive.
La fraction de retraite progressive est-elle imposable ?
Oui. La part de retraite que vous percevez pendant la retraite progressive est soumise à l’impôt[1] sur le revenu, au même titre qu’une pension classique.
Elle est déclarée automatiquement par les caisses de retraite et ajoutée à vos revenus d’activité pour le calcul du revenu imposable.
Garde-t-on ses congés et droits habituels pendant la retraite progressive ?
Oui. Vous restez salarié à part entière : vos droits à congés, formation et ancienneté sont maintenus, mais calculés au prorata de votre temps de travail.
Ressources utiles et conseils pour avancer
- lassuranceretraite.fr : simulateur, demande en ligne, guides pratiques (agenda retraite, préparation des démarches).
- Service-Public.fr : informations détaillées pour salariés, agents publics, indépendants.
- Consultez votre caisse régionale pour les spécificités de votre régime (fonction publique, professions libérales, agricole, etc.).
Le passage à la retraite progressive à 60 ans marque une étape décisive pour les seniors français. Moins d’attente, plus de liberté pour façonner la dernière ligne droite de sa vie professionnelle. Reste à négocier, avec son employeur, les meilleures conditions pour préserver ses droits. Beaucoup y voient la possibilité de transmettre, de ralentir sans rompre, de préparer l’après sans pression. L’outil est là : à chacun d’en saisir les opportunités, sans négliger l’importance d’une anticipation solide et d’un accompagnement éclairé.
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[1] Impôt
L’impôt est une somme d’argent que les citoyens et les entreprises paient régulièrement au gouvernement. Cet argent est utilisé pour financer des services publics comme les écoles, les routes, et…
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bonjour, j’ai 60 ans, 43 ans de cotisation, j’ai commencer à 16ans et j’ai 5 trimestres validés avant mes 18 ans. J’ai 159 trimestres cotisés et 187 assimilés au 31/12/2024.
Puis je prétendre à la retraite à 60 ans
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
Cela dépend des règles exactes de votre régime et des trimestres pris en compte, il est conseillé de vérifier auprès de votre caisse de retraite.
Bonne journée.
Amandine
La retraite progressive pour les fonctionnaires est elle encore possible suite à la suspension de la réforme ?
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
Il est préférable de vous renseigner auprès de votre caisse de retraite pour des informations précises.
Bonne journée.
Amandine
Bonjour, peut-on cumuler la retraite progressive à 60 ans et départ en retraite définitive pour carrière longue à 62 ans et demi. Merci
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
Il est préférable de vérifier auprès de votre caisse de retraite pour des précisions.
Bonne journée.
Amandine