Le gel de l’AAH 2026 finalement supprimé ? C’est ce qu’a annoncé le gouvernement ce 12 novembre à l’Assemblée nationale. Autrement dit, le montant de l’allocation devrait connaître une légère revalorisation. Or, derrière cette bonne nouvelle, se cachent plusieurs mesures qui continuent de fragiliser le revenu et l’accès aux droits des 1,3 million de personnes en situation de handicap et leurs familles. Les associations et syndicats alertent : le handicap reste une variable d’ajustement dans les choix budgétaires, et certains bénéficiaires pourraient ressentir une perte de revenus malgré le dégel. Explications.

Les mesures qui maintiennent la pression sur le handicap

Derrière cette “rationalisation” et le dégel de l’AAH, de nombreuses mesures prévues par le PLFSS 2026 concernent directement les personnes en situation de handicap et continuent de fragiliser leurs revenus et leurs droits. 

Suppression de l’abattement pour la prime d’activité

Jusqu’à présent, une partie de l’AAH était prise en compte de façon avantageuse pour le calcul de la prime d’activité grâce à un abattement spécifique. Cette disposition permettait aux bénéficiaires de compléter leur revenu mensuel sans subir de baisse brutale de la prime.

À partir d’avril 2026, la suppression de cet abattement entraînerait une perte moyenne estimée entre 100 et 150 € par mois pour les travailleurs handicapés en ESAT. Pour beaucoup, cela représente une part importante du revenu disponible et un vrai risque de fragilisation financière.

quel montant de l'AAH 2026

Réductions des crédits pour l’emploi accompagné et les entreprises adaptées

Le PLFSS prévoit également des coupes budgétaires dans l’emploi accompagné et le soutien aux entreprises adaptées. Selon les associations, près de 3 000 postes pourraient être menacés. Moins de financements signifie moins de passerelles vers l’emploi ordinaire, et donc un risque accru d’exclusion sociale et professionnelle pour les personnes handicapées.

Risques liés aux soins et aux ALD imposables

Bien que certaines mesures concernant les franchises médicales aient été ajustées à l’Assemblée, le reste à charge pour certains soins (dentaires, auditifs ou orthopédiques) pourrait augmenter, notamment pour les bénéficiaires d’ALD (affection de longue durée).

Les études de la DREES montrent que déjà 27 % des personnes handicapées renoncent à des soins et qu’une sur deux se déclare en mauvais état de santé. Ces nouvelles mesures risquent donc d’aggraver les difficultés d’accès aux soins, malgré le maintien du gel de l’AAH.

LIRE AUSSI : ALD : ce que la prise en charge ne couvre pas 

Renforcement de la lutte contre la fraude

Le gouvernement s’appuie sur le rapport IGF/IGAS pour renforcer les contrôles et lutter contre la fraude sociale. Si cette démarche vise à améliorer l’efficacité budgétaire, elle est perçue comme stigmatisante par les associations et impose des démarches administratives supplémentaires aux bénéficiaires, augmentant la complexité et la pression sur les personnes handicapées.

Dégel de l’AAH 2026 : ce qui change réellement 

Dans un contexte d’inflation et de déficit public record (17,5 milliards d’euros contre 23 Md€ en 2025), le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2026 souhaite réduire les dépenses sociales pour redresser les comptes de l’État d’ici 2027.

Or, et contre toute attente, le gel total des revalorisations (année blanche, article 44) initialement prévu a été supprimé par les députés (amendement adopté le 12 novembre). De ce fait, et bien que le Sénat puisse encore modifier ce point, le montant de l’AAH (1 033,32 €) pourrait augmenter de +0,9 % (à 1 042,62 €) au 1ᵉʳ avril 2026.

Bien qu’aligné sur l’inflation, cela reste en dessous du seuil de pauvreté (1 158 €)… alors même que les prix continuent de grimper.

Pourquoi le handicap reste dans le viseur ?

Même sans baisse de l’AAH, plusieurs facteurs expliquent que les personnes handicapées sont particulièrement concernées par ce PLFSS :

Une urgence budgétaire affichée

Le gouvernement justifie certaines mesures par la nécessité de réduire le déficit des régimes obligatoires de base. Dans ce contexte de déficit public record, le PLFSS 2026 cherche à rationaliser les dépenses sociales, et les personnes handicapées font partie des populations visées, perçues comme une dépense importante et “modulable” dans le budget social.

Des choix politiques contradictoires

La France s’est engagée depuis la loi de 2005 sur l’égalité des droits à favoriser l’inclusion des personnes handicapées dans tous les domaines : emploi, accès aux soins, scolarité et autonomie. Pourtant, certaines mesures du PLFSS 2026 risquent de décourager l’emploi et de réduire l’autonomie financière des bénéficiaires :

  • la suppression de l’abattement pour la prime d’activité pour les travailleurs en ESAT,
  • la réduction des crédits pour l’emploi accompagné et les entreprises adaptées,
  • les mesures administratives renforçant la lutte contre la fraude.
prime d'activité ESAT 2026 pour les bénéficiaires de l'AAH

Pour les associations, ces choix sont contradictoires : promouvoir l’inclusion d’un côté, tout en réduisant des aides qui favorisent l’autonomie de l’autre. Tout cela crée une situation où le handicap devient un axe de restriction budgétaire, plutôt qu’un enjeu de solidarité.

Une sous-estimation des coûts réels du handicap

Les dépenses liées au handicap dépassent souvent ce qui est budgété. Cela concerne :

  • L’équipement spécialisé (fauteuils, aides techniques, logiciels adaptés),
  • Les séjours en EHPAD ou structures adaptées, dont le coût augmente chaque année,
  • Les soins spécialisés (orthopédie, rééducation, soins dentaires ou auditifs),
  • Le maintien à domicile[2], indispensable pour l’autonomie des seniors ou personnes lourdement handicapées.

Alors que ces coûts réels continuent d’augmenter, les crédits alloués par le PLFSS 2026 restent inférieurs aux besoins. Cette sous-évaluation renforce la pression financière sur les bénéficiaires, qui peuvent envisager de renoncer à certains soins ou équipements essentiels.

Conséquences concrètes 

Pour les personnes handicapées et leurs familles, cela signifie ​

  • Une perte de pouvoir d’achat malgré le maintien du gel de l’AAH,
  • Des difficultés à accéder à l’emploi, notamment pour ceux travaillant en ESAT ou en entreprises adaptées,
  • Une pression accrue sur les familles et aidants, qui doivent souvent compenser les manques financiers ou d’accompagnement,
  • Un risque d’isolement social et professionnel, renforcé par les contraintes budgétaires.

Qui sont les bénéficiaires les plus touchés ? 

Les mesures du PLFSS 2026 n’affectent pas tous les bénéficiaires de la même manière. Elles ont un impact direct sur plusieurs catégories :

  • Travailleurs en ESAT : perte possible de la prime d’activité, estimée entre 100 et 150 € par mois.
  • Personnes vivant en EHPAD[1] : bien que le gel de l’AAH soit supprimé, certaines franchises et restes à charge peuvent atteindre +100 €/an, ce qui réduit le pouvoir d’achat disponible pour les soins et le confort quotidien.
  • Familles et aidants : la réduction des crédits d’insertion et la hausse du reste à charge pour les soins aggravent la situation financière, et peuvent limiter les moyens d’accompagnement des proches handicapés.

Même si le montant de l’AAH 2026 reste finalement stable, ces mesures combinées menacent  le pouvoir d’achat, l’accès à l’emploi et les soins essentiels. Le handicap reste donc au centre des économies budgétaires. Un choix que les associations dénoncent comme un risque de fragilisation des personnes et de leurs familles.

Source

caf.fr

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Commentaires (2)

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  1. Payre lobre gaelle

    Je trouve ça injuste que le gouvernement touche les personnes en situation d handicap pour les soins ect

    Répondre
  2. Michel rosato

    Qu’en est il de l’intégration de l’aah dans le revenu social unique. Faut il rappeler que l’aah n’est pas une aide sociale comme les autres elle ne doit pas rentre dans cette directive. Elle se doit de rester une aide sociale a part.
    .

    Répondre

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