Lorsqu’on confie un proche à un EHPAD[1], la sécurité des soins est une priorité. Or, à partir du 10 septembre 2025, un service essentiel va être suspendu dans de nombreux établissements : la préparation hebdomadaire des piluliers par les pharmaciens.
Cette mesure, issue d’un mouvement national de grève, pourrait avoir des conséquences concrètes pour les personnes âgées les plus fragiles. Cet article vous aide à comprendre, anticiper et agir.
Une décision liée à une réforme budgétaire contestée
Le mouvement de grève des pharmaciens d’officine est né d’une réforme du financement de la Sécurité sociale, annoncée à l’été 2025. Deux mesures en particulier suscitent une vive opposition :
- Une réduction des marges sur les médicaments génériques, passant de 40 % à 30 % dès septembre 2025, puis à 20 % en 2027.
- Une augmentation des franchises médicales sur les soins courants.
Les syndicats de pharmaciens dénoncent un affaiblissement du réseau officinal, menaçant l’accès aux soins pour les personnes âgées dépendantes. En réponse, ils annoncent une série d’actions, dont la suspension de la préparation des piluliers en EHPAD à partir du 10 septembre.
Ce que cela change concrètement pour vos proches
L’interruption de la préparation des piluliers va entraîner une réorganisation importante du circuit des médicaments dans les EHPAD. Cette modification, bien que temporaire, aura des conséquences directes sur les résidents, les soignants et le rythme quotidien des soins.
La fin des piluliers automatisés : une réorganisation à haut risque
À partir de cette date, les établissements ne recevront plus les piluliers hebdomadaires habituellement livrés par les pharmacies. Le personnel devra alors préparer manuellement les traitements jour par jour, pour chaque résident, en s’appuyant sur les ordonnances et les boîtes de médicaments.
Cette gestion manuelle, plus complexe, augmente le risque d’erreurs, en particulier chez les résidents qui prennent plusieurs traitements quotidiens. La moindre confusion de dose ou d’horaire peut entraîner des complications de santé.
Une pression accrue sur les équipes et les soins
Pour les soignants, cette situation implique une charge de travail supplémentaire : plus de temps de préparation, plus de vérifications, moins de marge pour les autres tâches. Dans un contexte déjà tendu, cela peut affecter l’organisation des soins et fragiliser l’accompagnement au quotidien.
Les familles doivent s’attendre à une période d’ajustement, et rester en lien avec les équipes pour suivre l’évolution de la situation.

Comment les familles peuvent-elles se préparer?
Face à cette situation inédite, les familles peuvent jouer un rôle actif et rassurant. Se tenir informé, poser les bonnes questions et maintenir un dialogue avec l’établissement sont autant de gestes concrets qui permettront d’accompagner au mieux son proche durant cette période de transition.
Anticiper et communiquer pour mieux accompagner
Dès aujourd’hui, il est utile de contacter la direction de l’EHPAD pour vérifier si la pharmacie partenaire participera à la grève. Cela permet de savoir si l’établissement sera directement impacté et de comprendre les modalités de remplacement mises en œuvre.
Poser des questions claires sur l’organisation des soins est essentiel : les médicaments seront-ils préparés en interne ? Des stocks ont-ils été constitués ? Un protocole de double vérification est-il prévu ? Vous pouvez aussi proposer un soutien logistique ponctuel, comme le retrait d’un traitement en pharmacie.
Rassurer ses proches et rester disponible
La communication avec votre proche est également importante. Il s’agit de rassurer sans alarmer, en expliquant que des mesures sont prises pour garantir la continuité des soins. Une attitude calme et informée contribuera à maintenir un climat de confiance.
Ce que font les EHPAD pour limiter les risques
Conscients de la fragilité des publics accueillis, les établissements se sont organisés pour anticiper les effets de cette grève. Plans de sécurité, gestion des stocks, communication renforcée : tout est mis en œuvre pour garantir la continuité et la sécurité des soins.
Des plans de sécurité activés en amont
La majorité des EHPAD activent leur plan de gestion de crise, dit « plan bleu ». Ce dispositif prévoit :
- La constitution de stocks tampon de médicaments pour plusieurs jours.
- Un plan de distribution interne avec préparation manuelle par les soignants.
- Une vérification systématique à deux lors de chaque préparation et distribution.
Une mobilisation coordonnée et un dialogue constant avec les familles
Les équipes (infirmiers, aides-soignants, cadres de santé) sont mobilisées pour assurer une transition sécurisée. Les directions mettent également en place une communication renforcée avec les familles, pour expliquer la situation, les plans d’action, et répondre aux préoccupations.
Calendrier des actions syndicales à retenir
Pour anticiper au mieux les effets de la grève, voici un tableau récapitulatif :
| Date | Action prévue | Conséquence pour les EHPAD |
| 10 septembre 2025 | Suspension des piluliers hebdomadaires | Traitements à gérer manuellement |
| 18 septembre 2025 | Fermeture nationale des pharmacies (« journée noire ») | Aucune livraison possible ce jour-là, 92 % de pharmacies fermées. |
| À partir du 27 septembre | Fermeture hebdomadaire de toutes les pharmacies chaque samedi | Retards ou absences de livraison le week-end |
Ce qu’il faut retenir
- À partir du 10 septembre 2025, la préparation des piluliers en EHPAD sera suspendue dans de nombreux établissements.
- Cette mesure s’inscrit dans le cadre d’un mouvement de grève des pharmaciens, en réaction à des décisions budgétaires.
- Les EHPAD anticipent et mettent en place des dispositifs internes pour assurer la continuité des soins.
- Les familles ont un rôle de soutien essentiel à jouer : s’informer, communiquer, rassurer.
Une mobilisation collective pour traverser la crise
Cette situation peut sembler préoccupante, mais elle peut être gérée avec calme et solidarité. Les établissements, les soignants et les familles forment une chaîne de vigilance qui permettra de protéger efficacement les résidents, même en période de tension.
Foire aux questions pour les familles et proches aidants
Le traitement de mon parent sera-t-il interrompu ?
Non, l’objectif des établissements est d’assurer une continuité complète des traitements, même sans piluliers. Des préparations manuelles seront organisées.
Comment savoir si l’EHPAD de mon proche est concerné ?
Contactez la direction de l’établissement. Elle vous confirmera si la pharmacie partenaire suit ou non le mot d’ordre de grève.
Que puis-je faire concrètement pour aider ?
Proposez votre soutien si besoin (ex. : retrait de médicament), restez en contact avec l’équipe, et informez calmement votre proche.
L’EHPAD peut-il changer de pharmacie référente ?
Oui, en cas de non-respect de la convention, l’établissement peut temporairement s’appuyer sur une autre officine.
À qui puis-je m’adresser si la situation se dégrade ?
Vous pouvez alerter la direction de l’EHPAD, l’Agence Régionale de Santé (ARS) ou contacter l’Ordre des pharmaciens en cas de difficulté grave.
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[1] EHPAD
Les EHPAD sont des établissements médicalisés qui accueillent des personnes âgées qui ont besoin de soins médicaux réguliers et d’une aide dans leur vie quotidienne.
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