À partir du 1er septembre 2025, le visage de la fin de carrière change. Le seuil de la retraite progressive glisse de 62 à 60 ans. Un tournant rendu possible par les décrets officiels parus à l’été, ouvrant ce dispositif à un public élargi : salariés du privé, agents publics, indépendants, professions libérales, régimes spéciaux compris.
Le principe ? Travailler moins, sans tirer un trait sur le monde professionnel. Et percevoir, chaque mois, une fraction de sa pension de retraite calculée sur ses droits acquis. Un sas, pour qui n’envisage pas l’arrêt brutal ou souhaite peaufiner sa future pension grâce à des cotisations supplémentaires.
Qui peut en bénéficier ? Des critères précis à remplir
La retraite progressive, ce n’est pas pour tous, ni à n’importe quelles conditions. Trois exigences clés s’imposent :
- Âge : avoir fêté ses 60 ans (sans distinction d’année de naissance, grâce à la réforme de 2025).
- Carrière : pouvoir justifier d’au moins 150 trimestres dans tous les régimes de retraite de base confondus. Sont pris en compte : trimestres cotisés, assimilés (chômage, maladie, maternité…), rachetés, validés à l’étranger ou par présomption, et majorations (enfants, pénibilité).
- Activité : exercer une activité réduite ou à temps partiel, comprise entre 40 % et 80 % de la durée légale ou conventionnelle du travail. Pour les cadres au forfait jours : entre 87 et 174 jours/an maximum pour un temps plein de 218 jours. Les indépendants doivent réduire leur chiffre d’affaires dans la même proportion.
Bon à savoir : temps partiel et retraite progressive dans la fonction publique
Pour les agents publics, la retraite progressive est ouverte aux fonctionnaires exerçant une activité à temps partiel entre 50 % et 90 % d’un temps complet. Cette quotité doit être autorisée par l’administration, et le cumul avec d’autres activités reste possible tant que le total respecte ce seuil.

Un point décisif : l’employeur doit donner son accord pour le passage à temps partiel. Sans réponse sous deux mois, dans le secteur privé, la demande est considérée comme acceptée. S’il refuse, il doit motiver sa décision.
Dans la fonction publique, c’est l’inverse : le passage à temps partiel est soumis à autorisation expresse de l’administration, et l’absence de réponse équivaut à un refus. Le refus doit être motivé pour des nécessités de service
Voici les principales différences entre le secteur privé et la fonction publique pour bien comprendre vos droits.
| Critères et caractéristiques | Secteur privé | Fonction publique |
|---|---|---|
| Accord de l’employeur | Obligatoire | Autorisation expresse de l’administration |
| Silence de l’employeur | Vaut accord tacite après 2 mois | Vaut refus implicite |
| Motif de refus | Doit être justifié par l’incompatibilité du temps partiel demandé avec l’activité économique de l’entreprise | Doit être motivé pour des raisons de service |
| Recours possible | Contestation rare, selon la convention collective | Recours hiérarchique ou contentieux administratif possible |
| Temps partiel autorisé | Entre 40 % et 80 % du temps complet | Entre 50 % et 90 % du temps complet |
| Invalidité et cumul | Incompatible avec la pension d’invalidité : elle doit être interrompue avant d’entrer en retraite progressive. | Compatible avec l’allocation temporaire d’invalidité (ATI), versée tant que le fonctionnaire n’est pas radié des cadres. |
Qui reste à l’écart du dispositif ?
Malgré l’élargissement, certaines situations restent exclues :
- VRP (sauf si le temps partiel peut être justifié par l’employeur)
- Personnes sans contrat salarié (certains mandataires sociaux, dirigeants de société…)
- Artisans taxis affiliés à l’assurance volontaire
- Militaires et professions n’ayant pas le droit à la retraite progressive selon leur statut
- Personnes ayant liquidé une pension de base d’un régime obligatoire
Comment calcule-t-on la pension partielle ?
Le montant versé dépend de la part de temps non travaillée. Le mécanisme suit une logique simple :
- Un salarié à 60 % du temps plein perçoit 40 % de sa pension ;
- À 70 % d’activité, la fraction de pension tombe à 30 % ;
- Pour un indépendant, la baisse de revenus professionnels sert de base : si le revenu chute de 35 %, la pension progressive représente 35 % du montant provisoire. En dessous de 20 % de baisse de revenus, la retraite progressive n’est pas déclenchée. Un contrôle annuel, chaque 1er juillet, ajuste le montant : supplément versé si la baisse effective de revenus est plus forte que prévu, ou régularisation en cas de trop-perçu.
Exemple : Marie, 61 ans, passe de 39 à 24 heures par semaine (soit 62 % d’activité). Elle perçoit donc 38 % de sa pension, tout en continuant à travailler et cotiser.
Travailler, percevoir et cotiser : un triple avantage
- Souplesse : la transition s’opère en douceur, sans couper les liens avec l’entreprise ou l’activité indépendante.
- Revenus combinés : salaire ou honoraires à temps partiel + fraction de pension = cumul possible, sans plafond spécifique.
- Retraite future optimisée : chaque trimestre travaillé en retraite progressive compte pour la pension définitive. L’employeur peut même accepter une surcotisation sur la base d’un temps plein, évitant ainsi de pénaliser les droits futurs.
La retraite progressive ne fige donc pas la carrière : elle l’aménage, elle l’accompagne.
Procédure : démarches et calendrier
- Accord préalable de l’employeur : indispensable pour modifier le contrat de travail et acter le temps partiel.
- Demande de retraite progressive : à déposer sur le site lassuranceretraite.fr (rubrique « Demander ma retraite progressive ») ou via le service Info Retraite. Un formulaire papier reste possible pour ceux qui n’ont pas accès au numérique.
- Pièces à fournir : attestation de l’employeur précisant la durée et la quotité de travail, justificatifs de carrière, relevés de carrière multi-régimes.
- Délai : la demande peut être déposée jusqu’à cinq mois avant la date de passage souhaitée, pour permettre l’instruction du dossier.
- Avis de décision : la caisse régionale notifie l’admission, le taux de fraction, la date d’effet. L’information est transmise à l’ensemble des régimes concernés (base et complémentaire).

Pour les agents publics, la demande peut être effectuée en ligne sur Info Retraite. Il est aussi possible de la déposer, selon le Pour les agents publics, la demande peut être effectuée en ligne sur Info Retraite. Il est aussi possible de la déposer, selon le cas, via l’espace ENSAP (fonction publique d’État) ou par l’intermédiaire de l’employeur auprès de la CNRACL (fonction publique territoriale et hospitalière). Un formulaire Cerfa n° 16315 est disponible pour ceux qui ne peuvent pas faire la démarche en ligne.
La date d’effet débute le 1er jour du mois suivant la demande. Dans tous les cas, le passage à la retraite définitive n’est pas automatique : il faudra en faire la demande expresse dès la cessation totale d’activité.
Peut-on cumuler retraite progressive et prime d’activité ?
En théorie, il est possible de cumuler retraite progressive et prime d’activité. Mais cela se produit rarement.
En effet, pendant la retraite progressive, vous continuez à exercer une activité à temps partiel : vos revenus professionnels ouvrent donc le droit à la prime d’activité. Cependant, la fraction de pension perçue est considérée par la CAF comme un revenu de remplacement. Elle réduit souvent le montant de la prime, voire la supprime si votre pension est trop élevée.
En pratique, la prime reste possible seulement lorsque la pension est faible et les revenus d’activité modestes, ce qui en limite fortement le bénéfice.
Suspension, modification, suppression : les règles à connaître
- Modification du temps partiel : si la quotité de travail change (toujours dans la fourchette 40–80 %), la pension est recalculée. Un retour à temps plein met définitivement fin au droit à la retraite progressive.
- Suspension : non-retour du questionnaire annuel, baisse ou hausse d’activité hors des limites, arrêt temporaire de l’activité à temps partiel. La pension peut être suspendue mais réactivée en cas de reprise conforme.
- Suppression : passage à temps plein, revenus équivalents à ceux d’avant la retraite progressive, liquidation de la retraite définitive, ou non-respect des conditions.
Pour les carrières mixtes, la demande doit être déposée auprès de chaque régime concerné. La réglementation peut différer pour certains territoires (Mayotte, par exemple).
Questions fréquentes sur la retraite progressive à 60 ans
Peut-on revenir en arrière après avoir choisi la retraite progressive ?
Oui, en cas d’arrêt du temps partiel ou de reprise à temps plein, le dispositif s’arrête. Impossible cependant d’y revenir ensuite pour le même emploi.
La pension partielle est-elle revalorisée ?
Oui, elle suit les mêmes règles d’indexation que les autres pensions.
Combien de temps peut durer la retraite progressive ?
Aucune durée maximale n’est fixée. Elle prend fin au passage en retraite définitive ou en cas de non-respect des conditions.
Les trimestres à temps partiel comptent-ils pour la retraite future ?
Oui, selon le montant du revenu soumis à cotisation, pas le temps de travail effectif. Surcotiser est parfois possible pour valider davantage de trimestres.
Un simulateur existe-t-il ?
Oui, sur lassuranceretraite.fr ou info-retraite.fr, simulateur M@rel pour fonctionnaires.
Les contractuels de la fonction publique ont-ils droit à la retraite progressive ?
Oui, les contractuels peuvent en bénéficier de la retraite progressive s’ils remplissent les conditions d’âge, de durée d’assurance et de temps partiel. Attention : ils relèvent du régime général, mais leurs modalités d’exercice à temps partiel restent celles du droit commun des agents publics.
La retraite progressive est-elle compatible avec le cumul emploi-retraite ?
Non. Ce sont deux dispositifs distincts. La retraite progressive précède la liquidation complète, tandis que le cumul emploi-retraite intervient après la retraite définitive.
La retraite progressive est-elle transmissible au conjoint en cas de décès ?
Non. La pension de réversion ne s’applique qu’à la retraite définitive.
La retraite progressive prend automatiquement fin au décès de son titulaire.
Peut-on suivre une formation pendant la retraite progressive ?
Oui, à condition que la formation n’entraîne pas un retour temporaire à temps plein. Si la formation modifie la quotité de travail ou suspend l’activité à temps partiel, la retraite progressive peut être mise en pause. Dans les autres cas, vous pouvez mobiliser votre CPF ou votre plan de formation comme tout salarié.
À retenir : une transition maîtrisée vers la retraite complète
La retraite progressive dès 60 ans s’impose comme une option stratégique pour modeler sa fin d’activité. Elle répond à une aspiration : alléger la charge de travail, préserver un niveau de vie, continuer d’accumuler des droits. Les démarches restent techniques, parfois longues, mais elles ouvrent la voie à une retraite mieux préparée, sans rupture brutale. Un sas, désormais accessible plus tôt qu’hier, pour franchir le cap au rythme choisi.
✅ Article relu par l’équipe éditoriale avec le concours d’un contributeur expert médico-social chez Cap Retraite. Son expérience de terrain et sa connaissance des dispositifs d’aide et d’accompagnement permettant d’apporter un regard fiable et pertinent aux lecteurs.
Note de l’article (28 votes)
Cet article vous a-t-il été utile ?
Notez cet article afin de nous permettre d’améliorer nos contenus.
Réagissez, posez une question…










Bonjour
Je suis déjà à 80% et j’ai 59 ans actuellement, j’aurai mes 150 trimestres et 60 ans dans 10 mois
Puis je déposer une demande de retraite progressive dans 5 mois pour anticiper les délais de traitement (alors que je n’aurai pas encore 60 ans ni 150 trimestres) afin de ne pas perdre de mois de pensions inutilement
Merci de votre réponse
Bonne soirée
Thierry
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
Il est préférable de vérifier directement auprès de votre caisse de retraite, car elle seule peut confirmer si une demande anticipée est recevable dans votre situation.
Bonne journée.
Amandine
Je souhaiterais prendre la retraite progressive, car j’ai 60 ans mais comment cela se passe car je suis reconnu travailleur handicapé et je touche une pension d’invalidité ,je suis salarié de deux employeurs ?
Merci pour votre compréhension et votre retour
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
Il est recommandé de contacter votre Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé au Travail (CARSAT) ou votre Caisse de retraite complémentaire pour des renseignements précis.
Bonne journée.
Amandine