L’année 2026 s’annonce rock’n’roll pour les 17 millions de seniors en France. Avec un budget de la Sécurité sociale sous tension et des réformes en cours, les retraités font face à un tourbillon de mesures confuses et plus ou moins contraignantes. Suspension de la réforme des retraites de 2023, allègements fiscaux sur les frais d’EHPAD[1], gel des pensions complémentaires, hausses potentielles d’impôts et franchises médicales renforcées… Quels sont les véritables changements en impôts, retraite, aides sociales et santé pour 2026 ?
La réforme des retraites : suspension votée… mais pas encore définitive
La réforme des retraites de 2023, qui prévoyait un allongement progressif de l’âge légal à 64 ans et une augmentation des trimestres requis, a créé un véritable imbroglio politique.
Quid de la suspension de la réforme des retraites ?
Annoncée en octobre 2025 par le Premier ministre Sébastien Lecornu, sa suspension pour 2026 a été confirmée à l’Assemblée nationale le 12 novembre 2025. Cette pause, motivée par des pressions budgétaires et sociales, qui coûtera environ 400 millions d’euros à l’État en 2026, représente une bouffée d’oxygène pour 3,5 millions de futurs retraités nés entre 1964 et 1968.
Attention toutefois : le Sénat veut supprimer cette suspension. Le sort final sera connu en décembre après la commission mixte paritaire.

Ce qui ne change pas en 2026
En attendant la confirmation de décembre, voici ce qui est sûr :
- L’âge légal de départ est toujours fixé à 62 ans pour les générations nées avant 1968, et progressif jusqu’à 63 ans pour les plus jeunes. La hausse à 64 ans est reportée.
- Trimestres pour le taux plein : pas d’augmentation immédiate. Les carrières longues (départ dès 60 ans) restent éligibles.
- Pensions de base : revalorisation minimale de 1 % au 1ᵉʳ janvier 2026, alignée sur l’inflation prévue (contre 2,2 % en 2025). Cela protège partiellement le pouvoir d’achat face à une inflation estimée à 0,9 %.
Gel des pensions complémentaires
Faute d’accord au conseil d’administration du 17 octobre 2025, les 14 millions de retraités du privé n’auront aucune revalorisation entre le 1er novembre 2025 et le 31 octobre 2026.
Cette décision touche 14 millions de retraités, avec une perte estimée à 0,6-2 % de pouvoir d’achat selon le niveau de pension.
Conseil pratique : vérifiez votre relevé de carrière sur info-retraite.fr pour corriger d’éventuelles erreurs. Si vous approchez de la retraite, anticipez un cumul emploi-retraite simplifié dès 60 ans, avec maintien partiel de la rémunération via l’indemnité de départ.
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Impôts : entre allègements ciblés et hausses pour les plus aisés
Le 2ᵉ volet du budget 2026 porte sur les mesures fiscales, particulièrement en faveur des foyers modestes.
Les bonnes nouvelles fiscales
Bien que les économies visées s’adressent surtout aux seniors, les députés ont rejeté plusieurs mesures pénalisantes :
- Le gel du barème de l’impôt[2] sur le revenu a été refusé. Résultat : les revenus modestes seront avantagés comparés à ceux des foyers aisés.
- L’abattement de 10 % sur les pensions est maintenu (plafonné à 4 397 € par foyer en 2025), évitant une hausse d’impôt pour 90 % des retraités. La mesure de remplacement par un forfait de 2 000 € a été rejetée.
- Les seuils d’exonération et de dégrèvement de la taxe foncière sont revalorisés de 1,1 %. Ce qui signifie une réduction de 100 € pour les propriétaires de 65-74 ans aux revenus plus modestes et une exonération totale pour les +75 ans si RFR < 12 818 € (seul).
Les risques de hausse
La CSG s’alourdit pour les hauts revenus : le taux passe de 8,3 % à 9,2 % pour les pensions > 2 500 € brut/mois, touchant 5,5 millions de seniors. Soit +23 €/mois pour un célibataire à 2 500 € brut.
Bien que les exonérations fiscales sur les pensions modestes se prolongent, le gel du barème pourrait rendre imposables certains retraités revalorisés en 2025.
| Mesure fiscale | Impact en 2026 | Bénéficiaires | Montant estimé |
| Abattement 10 % maintenu | Stabilité | Tous les imposables | Jusqu’à 439 € d’économie |
| CSG à 9,2 % | Hausse | Pensions > 2 500 € brut/mois | +276 €/an pour un célibataire |
| Exonération taxe foncière | Allègement | +65 ans modestes | 100 € à 1 092 € (moyenne) |
Conseil pratique : Simulez votre impôt 2026 sur impots.gouv.fr dès janvier. Pour les couples, optez pour une déclaration commune pour maximiser les abattements.
Aides sociales : revalorisations modestes et universalisation des crédits
Grâce à un amendement adopté en novembre 2025, les minima sociaux échappent au gel. L’ASPA (ex-minimum vieillesse[3]) et l’AAH augmentent de 0,9 %, protégeant les plus vulnérables.
- ASPA : Montant de base à 1 012 €/mois pour une personne seule (+9 €), 1 571 € pour un couple. Cumulable avec une petite pension.
- AAH pour seniors handicapés : 1 042 € max (+9 €), avec plafonds ressources ajustés (1 800 €/mois pour un couple). En EHPAD, réduit à 70 % après 60 jours (min. 311 €).
Attention toutefois au projet d’allocation unique (RSA + AAH + ASPA) plafonnée à 70 % du SMIC qui risque de pénaliser 3,5 millions de foyers modestes (-300 €/an). Les débats sont prévus en décembre 2025.
Conseil pratique : utilisez mes-aides.gouv.fr pour vérifier vos droits. Contactez votre CCAS[4] pour des aides locales (portage de repas, téléassistance).
Santé et EHPAD : remboursements élargis vs franchises en hausse
La santé des seniors est aussi au cœur du PLFSS 2026, avec un focus sur la prévention et les EHPAD.

Réformes fiscales en EHPAD
Les frais d’hébergement deviennent accessibles via un crédit d’impôt universel.
Dès janvier 2026, 25 % des frais d’hébergement et de dépendance[5] (max. 10 000 €/an, soit 2 500 € d’avantage) seront remboursables pour tous, y compris les résidents non-imposables. Cette aide, financée par l’État (600 M€/an), concerne 424 000 personnes. Pensez à conserver vos factures pour la déclaration 2027.
Expérimentation d’une tarification simplifiée en EHPAD
Pour fluidifier les parcours en EHPAD et à domicile, une tarification simplifiée est expérimentée dans 23 départements volontaires (depuis juillet 2025, jusqu’à fin 2026). Elle fusionne les forfaits soins (ARS) et dépendance (départements) en un unique, pour plus d’équité et de lisibilité. Objectif : généralisation en 2027, mais un amendement au PLFSS 2026 propose une prolongation (évaluation en cours au Sénat).
Augmentation des effectifs en EHPAD
Un renforcement des effectifs est prévu avec +50 000 postes (aides-soignants, infirmiers) d’ici 2030 dans les EHPAD, dont 4 500 dès 2026 (budget : 250 M€). Cela vise à améliorer les soins quotidiens et la prévention, face au « choc démographique » (1,4 M de >85 ans en 2060).
Vaccination antigrippale en EHPAD
L’obligation pour les résidents et les soignants en EHPAD a été rejetée à l’Assemblée. Elle reste donc facultative pour la saison 2026-2027, mais gratuite et recommandée.
Autres changements santé
Le doublement des franchises médicales (consultation 4 € au lieu de 2 €, médicaments 2 € au lieu de 1 €…) a été rejeté à l’Assemblée, mais reste très probable par décret début 2026. Comptez +100 à 200 € de reste à charge par an si vous consultez souvent.
| Aide santé/EHPAD | Montant 2026 | Conditions | Nouveau en 2026 |
| Crédit d’impôt frais EHPAD | 2 500 € max | Universel, factures >1er janv. | Remboursable pour non-imposables |
| APA en établissement | Jusqu’à 1 874 €/mois (GIR[6] 1-2) | Dépendance GIR 1-4 | Fusion expérimentale soins/dépendance |
| Franchises médicales | +1-2 €/acte | Tous seniors | Hausse des restes à charge |
Conseil pratique : pour les EHPAD, demandez l’APA et l’ASH via le CCAS. Comparez les mutuelles pour couvrir les franchises via le 100 % Santé.
2026 sera une année charnière pour les seniors : la suspension de la réforme des retraites (si elle survit au Sénat) et le crédit d’impôt EHPAD universel sont deux vraies avancées. En revanche, le gel Agirc-Arrco est acté et les hausses de CSG/franchises médicales très probables.
Notre conseil : simulez dès maintenant vos impôts et aides sur impots.gouv.fr et mes-aides.gouv.fr, suivez le vote final en décembre et contactez votre caisse de retraite.
Sources : PLF 2026, PLFSS 2026, Assemblée nationale.
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[1] EHPAD
Les EHPAD sont des établissements médicalisés qui accueillent des personnes âgées qui ont besoin de soins médicaux réguliers et d’une aide dans leur vie quotidienne.
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[2] Impôt
L’impôt est une somme d’argent que les citoyens et les entreprises paient régulièrement au gouvernement. Cet argent est utilisé pour financer des services publics comme les écoles, les routes, et…
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Le minimum vieillesse est une aide financière pour les personnes âgées ayant peu d’argent, pour s’assurer qu’elles ont un revenu suffisant pour vivre décemment.
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[4] CCAS
Le CCAS est un organisme local qui aide les habitants en difficulté, notamment les personnes âgées, en leur offrant des services sociaux et des aides financières.
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[5] Dépendance
La dépendance de la personne âgée désigne le besoin d’aide pour réaliser les tâches de la vie quotidienne en raison de problèmes physiques ou mentaux.
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[6] GIR
Le GIR (Groupe Iso-Ressources) est un outil qui sert à évaluer le niveau d’autonomie des personnes âgées, en les classant selon leur besoin d’aide pour les activités quotidiennes.
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J’ai un doute cette perspective de passage au taux de csg de 9,2 %concerne un retraité seul ou le foyer fiscal. N’est il pas calculé en fonction du RFR ? Puisque le barème du taux de csg a toujours été en fonction du RFR ? Merci pour vos éclaircissements
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
Il est conseillé de vous renseigner directement auprès de l’administration fiscale ou de votre caisse de retraite pour des précisions.
Bonne journée.
Amandine