Le 14 octobre 2025, Sébastien Lecornu a créé la surprise lors de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale. Le Premier ministre a en effet annoncé la suspension de la réforme des retraites jusqu’à l’élection présidentielle de 2027. Cette mesure, adoptée en avril 2023 sous le second mandat d’Emmanuel Macron, prévoyait un relèvement progressif de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans d’ici 2030, ainsi qu’une augmentation de la durée de cotisation. Pour les futurs retraités, cette décision est une aubaine. Découvrez comment en tirer partie.
Pourquoi une suspension de la réforme des retraites ?
La suspension de la réforme des retraites est avant tout une réponse à un contexte politique tendu.
Rappel de la réforme de 2023
Entrée en vigueur en septembre 2023, la réforme des retraites visait à assurer la pérennité du système par répartition face au vieillissement démographique.
Parmi les mesures phares :
- Le relèvement de l’âge légal : un décalage progressif de 62 à 64 ans, à raison de trois mois par an pour les générations nées à partir de 1961, atteignant 64 ans pour celles nées en 1968.
- Allongement de la durée de cotisation : passage de 168 trimestres (42 ans) à 172 trimestres (43 ans) d’ici 2027 pour bénéficier d’une retraite à taux plein, sans décote.
Cette suspension intervient alors que l’âge devait passer à 63 ans en 2026.
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Une décision sous pression politique
Face à la menace d’une motion de censure contre le gouvernement, portée par le Parti socialiste, Sébastien Lecornu a proposé un compromis de taille : geler la réforme des retraites jusqu’en 2027.
En échange, le PS a accepté de ne pas voter la censure, garantissant ainsi la survie du gouvernement lors du vote prévu le 16 octobre 2025.
Cette annonce intervient dans un climat d’incertitude budgétaire, alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, incluant cette mesure, est en préparation.

Âge légal de départ à la retraite gelé à 62 ans et 9 mois
Cette pause offre un sursis à une catégorie de futurs retraités, craignant de devoir travailler plus longtemps.
Un blocage temporaire du relèvement
Sébastien Lecornu fige l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans et 9 mois, soit le niveau atteint depuis le 1er septembre 2025 pour la génération 1963. Cela signifie que les étapes prévues pour 2026 (63 ans) et 2027 (63 ans et 3 mois) sont reportées.
À qui profite cette mesure ?
Cette suspension bénéficie principalement aux générations nées en 1964, qui pourront partir trois mois plus tôt que prévu. Pour les générations 1965-1968, le bénéfice dépendra du résultat de la présidentielle de 2027.
Si le gel est maintenu :
- Les personnes nées en 1965 gagneront six mois, partant à 62 ans et 9 mois au lieu de 63 ans et 3 mois en 2027.
- Les générations 1966, 1967 et 1968 pourraient également bénéficier de ce gel si la réforme reprend son rythme après 2028.
Pour les générations antérieures (nées avant 1964), l’âge de départ reste celui déjà appliqué : par exemple, 62 ans et 6 mois pour les nés en 1962.
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Durée de cotisation : un gel à 170 trimestres
La réforme de 2023 prévoyait également d’augmenter la durée de cotisation pour une retraite à taux plein, passant de 168 à 172 trimestres d’ici 2027. Avec la suspension, cette durée reste bloquée à 170 trimestres (42,5 ans) – soit celle de septembre 2025 – jusqu’au 1er janvier 2028, évitant ainsi la hausse à 172 trimestres prévue pour 2027.
Conséquences pour les futurs retraités
Ceux qui approchent de l’âge de la retraite restent à 170 trimestres, et évitent six mois supplémentaires de cotisation pour éviter une décote sur leur pension.
Par exemple, un salarié né en 1964 qui envisage de partir en octobre 2026 devra justifier de 170 trimestres, et non 171 ou 172 comme initialement prévu.
Une vraie économie pour ceux ayant des carrières incomplètes.
Autres règles inchangées
Les autres dispositifs restent intacts :
- Les carrières longues : si vous avez commencé à travailler jeune (avant 20 ans), vous pouvez toujours partir dès 60 ans, sous réserve d’avoir validé entre 150 et 172 trimestres selon votre année de naissance.
- Les trimestres assimilés (pour enfants, maladie, chômage)
- Les revalorisations des petites pensions
- La suppression progressive des régimes spéciaux
- Les avantages pour les travailleurs en situation de pénibilité
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Coût et financement : un impact mesuré mais à compenser
Cette suspension coûte cher à l’État, qui devra compenser par des économies.
Une facture estimée à 2,2 milliards d’euros
Selon Sébastien Lecornu, cette suspension représentera 400 millions d’euros en 2026 et 1,8 milliard en 2027 pour les caisses de retraite, en raison des départs anticipés par rapport au calendrier initial.
La Cour des comptes avait déjà alerté en 2023 : un gel à 63 ans pourrait coûter 13 milliards d’euros d’ici 2035, dont 5,8 milliards pour le système de retraite et 7,2 milliards en pertes de recettes publiques.

Les pistes pour équilibrer les comptes
Pour compenser, le gouvernement envisage des mesures d’économies dans le cadre du PLFSS 2026. Parmi les pistes évoquées :
- Un gel des pensions de base en 2026 (pas de revalorisation au-delà de l’inflation minimale).
- Une lutte renforcée contre la fraude sociale et fiscale.
- Confier la gestion du système de retraite aux partenaires sociaux lors de la conférence sociale de 2026, une piste pour repenser son équilibre financier à long terme avec des sujets tels que : la pénibilité, les carrières longues et l’attractivité des métiers.
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Impacts secondaires
Cette pause pourrait également entraîner :
- Une surcharge temporaire pour les caisses de retraite, avec des pensions versées plus tôt que prévu.
- Des départs anticipés non planifiés, notamment dans les secteurs en tension.
Suspension des réformes : entre soulagement et incertitude
Si la suspension reste à confirmer lors du vote du PLFSS 2026, les réactions sont mitigées.
Réactions des syndicats et politiques
Bien que saluée comme une « victoire syndicale », la CGT juge la mesure insuffisante et milite pour une abrogation totale de la réforme de 2023.
Le PS, lui, a voté contre la censure.
Quel avenir après 2027 ?
Si, selon Lecornu, « cette suspension bénéficiera à terme à 3,5 millions de Français », n’ imaginez pas un retour définitif à l’âge légal de 62 ans. Si le relèvement reprend en 2027, l’âge légal pourrait repartir à la hausse pour atteindre 64 ans pour les générations concernées, avec un décalage de deux ans.
En gelant l’âge légal à 62 ans et 9 mois et la durée de cotisation à 170 trimestres jusqu’en 2028, la suspension de la réforme des retraites offre aux futurs retraités nés en 1964 ou après l’occasion de partir plus tôt. Vérifiez vos droits sur le site info-retraite.fr, simulez votre pension et planifiez votre départ en fonction de votre situation !
Source : info.gouv.fr
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née en 1960 ayant peu travaillée , 98 trimestres , retraite prévue à 67 ans . avec la suspension des retraites à quel age partir . merci
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
L’âge exact de départ dépend de votre situation personnelle et des règles actuelles ; il est conseillé de vérifier auprès de votre caisse de retraite.
Bonne journée.
Amandine
Bonjour
née en 1966 depart en retraite prévue 1 octobre 2026 (173 trimestre)carriere longue avec la suspension es ce possible de partir en retraite en mars 2026 ??
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
Cela dépendra des règles exactes de votre régime et des trimestres validés, mieux vaut vérifier auprès de votre caisse de retraite.
Bonne fin de journee.
Amandine