Demander une place en EHPAD, débloquer l’APA, toucher des aides pour la dépendance[2] ou l’hébergement, tout paraît simple sur le papier. Mais sur le terrain, une pièce manque souvent à l’appel, et sans elle, la machine administrative s’enraye. Ce document, c’est l’attestation du niveau GIR[3]. Un petit papier, une grande conséquence : rien n’avance sans lui. Pourquoi cette attestation est-elle centrale ? Qui la délivre ? Comment l’obtenir ? Derrière ces questions, des familles inquiètes, des démarches figées, parfois des mois de retard. Plongée dans un engrenage méconnu, mais décisif.

GIR : la clé de voûte de la dépendance

Tout commence par ce sigle : GIR, pour Groupe Iso-Ressources. En France, c’est la boussole qui oriente l’accès à la plupart des aides pour personnes âgées dépendantes. Conçue sur la base de la grille AGGIR, cette classification évalue le niveau de perte d’autonomie. Six échelons, du plus dépendant au plus autonome : GIR 1 (dépendance extrême), jusqu’à GIR 6 (autonomie totale).

L’évaluation ne se limite pas à une case cochée, ni à un simple rendez-vous. Elle implique une analyse fine des gestes du quotidien : se lever, se nourrir, se déplacer, gérer son hygiène, communiquer, s’orienter. Dix critères dits “discriminants”, et sept autres, plus contextuels, qui affinent la compréhension du vécu de la personne. À l’arrivée, un classement. Et ce classement détermine tout le reste.

seniors déposant une demande d'APA à domicile

APA en établissement : une aide vitale, mais pas pour tous

L’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) en établissement s’adresse aux personnes âgées de 60 ans ou plus, hébergées en EHPAD[1] ou en USLD[6] (unités de soins longue durée), et en perte d’autonomie. Son rôle : couvrir une partie du “tarif dépendance” facturé par l’établissement. Les soins, eux, restent à la charge de l’Assurance maladie ; l’hébergement, à celle du résident ou de l’aide sociale[7].

Mais attention, l’APA n’est accessible que pour les GIR 1 à 4. Les autres (GIR 5 et 6), jugés trop autonomes, doivent s’orienter vers d’autres dispositifs (aide ménagère[8], plan d’action de la caisse de retraite). Les montants varient selon le niveau GIR : plus la dépendance est lourde, plus le tarif dépendance grimpe. Un simulateur officiel permet d’évaluer le reste à charge, une fois toutes les aides déduites.

L’attestation de niveau GIR : le sésame oublié

Impossible de toucher l’APA sans l’attestation du niveau GIR. Ce document, délivré après évaluation par le médecin coordonnateur[9] en EHPAD (ou par l’équipe médico-sociale du département à domicile), est la pièce maîtresse de tout dossier. Sans elle, le conseil départemental refuse d’instruire la demande. L’établissement ne peut pas facturer le bon tarif. Les familles se retrouvent devant un mur, parfois sans comprendre ce qui coince.

Ce constat, les professionnels du secteur le répètent. L’attestation GIR n’est pas un simple formulaire administratif. C’est la preuve officielle du degré de dépendance, reconnue par tous les organismes. Elle conditionne l’accès à l’APA, mais aussi à d’autres aides : aide sociale à l’hébergement, aide au logement[10], cartes mobilité inclusion, voire admission en EHPAD. Son absence bloque tout, ou retarde le versement des ressources nécessaires à la prise en charge.

LIRE AUSSI : Certificat médical APA : Voici ce que les familles doivent savoir pour un dossier sans faille

Comment le GIR est-il évalué ?

En EHPAD, l’évaluation du GIR intervient à l’entrée, puis peut être révisée en cas d’évolution de l’état de santé. Le médecin coordonnateur, en lien avec l’équipe soignante, utilise la grille AGGIR[5][4]. Dix activités essentielles sont passées au crible : cohérence, orientation, toilette, habillage, alimentation, élimination, transferts, déplacements, communication à distance. Chaque critère est noté : la personne fait-elle l’acte seule, avec aide, ou pas du tout ?

La synthèse de cette évaluation aboutit à une classification de 1 à 6 :

  • GIR 1 : dépendance totale, besoin d’une présence continue
  • GIR 2 : surveillance permanente ou aide majeure
  • GIR 3 : aide quotidienne pour les soins corporels
  • GIR 4 : assistance pour la toilette, l’habillage, ou les repas
  • GIR 5 et 6 : autonomie partielle ou totale, aide ponctuelle seulement

L’attestation, signée, mentionne le niveau obtenu et sa date d’évaluation. Elle suit la personne dans ses démarches administratives.

senior faisant une évaluation du GIR pour bénéficier de l'APA à domicile

Sans l’attestation GIR : démarches bloquées, aides gelées

C’est là que tout se joue. Un dossier d’APA sans attestation GIR ? Non recevable. Une demande d’aide sociale à l’hébergement ? Impossible à instruire. Même l’admission en EHPAD, dans la plupart des départements, passe par ce justificatif. Les caisses de retraite, pour accorder une aide à domicile[11], l’exigent aussi. La chaîne administrative s’arrête net, parfois pour des semaines, faute de ce document.

Les familles découvrent souvent ce blocage tardivement. Parfois, la personne âgée a déjà emménagé en établissement, les factures s’accumulent, mais l’APA n’est toujours pas versée. Résultat : un reste à charge bien plus lourd, des inquiétudes, des situations de précarité inattendues. Le conseil départemental ne déroge pas à la règle : pas d’attestation, pas d’APA.

Montant de l’APA et reste à charge : comment ça se calcule ?

Trois niveaux de tarif dépendance existent en EHPAD : l’un pour les GIR 1-2 (le plus élevé), un autre pour les GIR 3-4, et le dernier pour les GIR 5-6 (le plus faible). L’APA va venir couvrir, selon les ressources du résident, la partie correspondant à son GIR. Plus les revenus sont faibles, moins le reste à charge est important.

Cas particulier pour les personnes à faibles ressources : si le revenu mensuel est inférieur à un seuil (2 799,19 € en 2025), le résident paie le tarif dépendance le plus bas (GIR 5-6), même s’il est classé GIR 1 à 4. L’APA prend en charge la différence. Si les moyens ne suffisent toujours pas, l’aide sociale à l’hébergement peut compléter.

GIRAide accessibleDegré de dépendance
GIR 1APABesoin de présence continue
GIR 2APASurveillance permanente ou aide majeure
GIR 3APAAide quotidienne pour soins corporels
GIR 4APAAssistance pour toilette, repas, habillage
GIR 5-6Aide ménagère, caisse de retraiteAide ponctuelle ou autonome

Démarches : comment obtenir l’attestation GIR ?

Tout débute auprès de l’établissement ou du service médico-social du département. 

  • À domicile, une demande d’APA déclenche la visite d’un professionnel, qui procède à l’évaluation. 
  • En EHPAD, c’est le médecin coordonnateur, en général dans le premier mois suivant l’entrée. La grille AGGIR est remplie, puis signée. 
  • L’attestation est ensuite remise à la famille ou à l’établissement, qui l’annexe au dossier administratif.

À chaque étape, il faut veiller à conserver l’original et à demander une copie. Si le niveau d’autonomie évolue, une réévaluation peut être sollicitée : nouvelle chute, aggravation de l’état de santé, changement du besoin d’aide. Le conseil départemental ou l’EHPAD peuvent alors réactualiser le GIR et éditer une nouvelle attestation.

Focus sur les aides cumulables et évolutions à venir

L’APA n’est pas la seule aide mobilisable en EHPAD. Aide au logement, aide sociale à l’hébergement, réductions d’impôt[12] peuvent, sous conditions, alléger la facture. Seule condition : que le dossier soit complet, attestation GIR comprise. Depuis 2025, dans 23 départements pilotes, une réforme modifie le financement : soins et dépendance fusionnent dans un forfait unique, et l’APA en établissement disparaît. Ailleurs, la règle reste inchangée : sans attestation de GIR, impossible d’accéder aux aides principales.

Autre point : les bénéficiaires de l’APA classés en GIR 1 ou 2 peuvent obtenir la carte mobilité inclusion (CMI) invalidité et stationnement, automatiquement et définitivement, via le même dossier.

Questions pratiques autour du niveau GIR

Quelles démarches si l’attestation GIR tarde ?

Relancer l’EHPAD ou le service évaluateur, demander un rendez-vous, vérifier que tous les documents médicaux sont transmis. Si l’établissement tarde, saisir le conseil départemental pour accélérer la procédure.

Peut-on contester le classement GIR ?

Oui. En cas de désaccord, une réévaluation peut être demandée au département (à domicile) ou au médecin coordonnateur (en EHPAD). Il faut justifier d’une évolution ou d’un désaccord sur l’évaluation initiale.

Où trouver de l’aide pour constituer le dossier ?

Les points d’information locaux, les services sociaux du conseil départemental ou les associations spécialisées accompagnent gratuitement les familles dans ces démarches parfois complexes.

Le GIR est-il valable à vie ?

Non. Il doit être réévalué si la situation de la personne change. Une baisse d’autonomie ou une amélioration peuvent justifier une nouvelle évaluation et, le cas échéant, un changement d’aides.

Sans attestation GIR, pas d’APA, pas d’EHPAD, pas d’aides

Le constat est implacable. Ce document, trop souvent négligé ou mal compris, verrouille l’accès à l’ensemble du dispositif d’aide aux personnes âgées dépendantes. L’attestation de niveau GIR fait figure de sésame, sans lequel tout reste fermé. Un réflexe à intégrer, dès le premier jour : demander, obtenir, conserver ce justificatif. Bien plus qu’une formalité, il conditionne la qualité de vie, la sécurité financière, et parfois la sérénité des familles.

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