L’apnée du sommeil touche jusqu’à 30 % des plus de 65 ans, en particulier les seniors atteints d’obésité, de diabète ou de problèmes cardiovasculaires. Bien que fréquent, ce trouble respiratoire reste sous-diagnostiqué, car ses symptômes (fatigue, somnolence, déclin cognitif) sont souvent confondus avec le vieillissement, la démence ou la dépression[1]. Pourtant, non traitées, les conséquences d’un SAHOS (syndrome d’apnées–hypopnées obstructives du sommeil) sont lourdes : hypertension, maladies cardiovasculaires, AVC[2]… Vous suspectez une apnée du sommeil chez un proche âgé ? Voici 4 examens fiables et adaptés au sommeil des seniors pour poser un diagnostic précis.
L’examen médical pour identifier les signes de l’apnée du sommeil chez les seniors
La première étape pour diagnostiquer l’apnée du sommeil chez une personne âgée consiste à consulter un médecin généraliste, un pneumologue ou un spécialiste des troubles du sommeil.
Lister les symptômes associés à l’apnée du sommeil
Durant la consultation, le médecin interroge et identifie les symptômes évocateurs de l’apnée du sommeil, souvent rapportés par le patient ou son entourage. On distingue :
1. Les troubles de sommeil généraux liés à une fatigue excessive ou une mauvaise oxygénation nocturne :
- Somnolence involontaire en journée.
- Maux de tête matinaux.
- Asthénie : une fatigue physique persistante.
- Ronflements bruyants.
- Pauses respiratoires pendant le sommeil.
- Sensations d’étouffement nocturnes : le patient peut se réveiller en panique, avec une impression de suffocation.
- Nycturie : le besoin fréquent d’uriner la nuit.
- Troubles de l’humeur : irritabilité, anxiété ou dépression.
2. Les symptômes spécifiques aux seniors, souvent attribués à tort au vieillissement :
- Troubles de la concentration et de l’attention.
- Troubles de la mémoire à court terme.
- Un état dépressif fréquent.
- Troubles de l’équilibre et chutes à répétition.
- Difficultés à s’endormir ou à maintenir un sommeil continu, parfois paradoxales dans l’apnée.
- Épisodes de désorientation pendant la nuit.
Le médecin en profite aussi pour questionner sur les antécédents médicaux (hypertension, diabète, maladies cardiovasculaires) et les facteurs de risque comme l’obésité, le tabagisme ou la prise de sédatifs.
L’échelle de somnolence d‘Epworth
Pour distinguer l’apnée du sommeil d’autres pathologies similaires, le professionnel de santé fera passer le test de l’échelle de somnolence d’Epworth. Un questionnaire simple où le patient évalue, sur une échelle de 0 à 3, sa probabilité de s’endormir dans huit situations quotidiennes.
La somnolence excessive avec suspicion d’apnée est supposée lorsque le score est supérieur à 10.
La polygraphie ventilatoire : le premier diagnostic d’apnée du sommeil
Pour confirmer le diagnostic, la polygraphie ventilatoire mesure les paramètres respiratoires pendant le sommeil. Ce premier examen réalisable à domicile, non invasif et simple à utiliser, est particulièrement adapté aux seniors qui ne peuvent se déplacer ou dormir en laboratoire, s’ils sont placés en maison de retraite, par exemple.
Un test simple à domicile
Ce test confirme ou infirme la suspicion d’apnée du sommeil avant d’envisager un examen plus complexe. Avant de dormir, le patient est équipé d’un appareil portable muni de capteurs qui enregistrent :
- Le flux respiratoire, via une canule nasale placée sous le nez pour détecter les interruptions ou réductions du débit d’air.
- La saturation en oxygène, par un capteur (oxymètre) placé au doigt, qui identifie les baisses d’oxygène liées aux apnées.
- La fréquence cardiaque, pour repérer les variations associées aux événements respiratoires.
- Les mouvements thoraciques et abdominaux, par des ceintures élastiques autour du thorax et de l’abdomen pour analyser l’effort respiratoire.

Une fois la nuit terminée, l’appareil est retourné pour analyse au centre médical.
Des résultats précis
Le centre médical calcule l’index d’apnées-hypopnées (IAH) (nombre moyen d’apnées et d’hypopnées par heure de sommeil), pour classer l’apnée comme :
- Légère (si l’IAH est entre 5 et 15),
- Modérée (si l’IAH est entre 15 et 30),
- Sévère (si l’IAH est supérieur à 30).
Cet examen diagnostique et évalue précisément la sévérité de l’apnée obstructive du sommeil, la forme la plus courante chez les seniors.
Il détecte les apnées (arrêts respiratoires d’au moins 10 secondes) et les hypopnées (réductions partielles du flux d’air), caractéristiques du trouble.
Polysomnographie : l’examen complet pour dépister un SAHOS
Lorsque les résultats de tests initiaux sont ambigus ou lorsque des troubles du sommeil complexes sont suspectés, une polysomnographie est réalisée dans un laboratoire du sommeil, sous la supervision de techniciens spécialisés. Pour les seniors ayant des difficultés à se déplacer, cet examen est proposé en version portable à domicile.
Analyse des fonctions physiologiques

La polysomnographie analyse en profondeur les fonctions physiologiques pendant une nuit entière sur le patient, équipé de multiples capteurs placés sur le cuir chevelu, le visage, la poitrine, les jambes et un doigt. Les données collectées incluent :
- L’activité cérébrale, via un électroencéphalogramme (EEG), pour évaluer les cycles et stades du sommeil (léger, profond, paradoxal).
- Les mouvements oculaires, mesurés par électrooculogramme (EOG), pour identifier les phases de sommeil paradoxal.
- L’activité musculaire, enregistrée par électromyogramme (EMG), souvent au niveau du menton ou des jambes, pour détecter des contractions anormales.
- Le flux respiratoire, mesuré à l’aide d’une canule nasale pour repérer les apnées et hypopnées.
- La saturation en oxygène par un oxymètre de pouls pour détecter les désaturations liées aux arrêts respiratoires.
- Les mouvements thoraciques et abdominaux via des ceintures élastiques pour analyser l’effort respiratoire.
- La fréquence cardiaque pour identifier les variations associées aux perturbations respiratoires.
- Les ronflements enregistrés par un microphone pour évaluer leur intensité et leur fréquence.
Décryptage des anomalies
Les données enregistrées sont ensuite analysées par un médecin spécialiste du sommeil, qui évalue :
- l’index d’apnées-hypopnées (IAH),
- la structure du sommeil (cycles, durée des phases),
- la présence d’autres anomalies, comme le syndrome des jambes sans repos ou des réveils fréquents.
Ces mesures distinguent l’apnée obstructive du sommeil (causée par un blocage des voies respiratoires) de l’apnée centrale (liée à un dysfonctionnement du contrôle respiratoire par le cerveau), cette dernière étant plus fréquente chez les seniors avec des pathologies neurologiques ou cardiovasculaires.
L’examen ORL pour évaluer les voies respiratoires
L’apnée obstructive du sommeil est souvent aggravée par le relâchement naturel des tissus mous (palais, langue, parois pharyngées) lié au vieillissement.
Dans ce cas, un examen ORL est à programmer pour identifier les anomalies anatomiques des voies respiratoires supérieures (nez, gorge, pharynx), telles que :
- un rétrécissement des voies aériennes,
- une hypertrophie des amygdales,
- une déviation de la cloison nasale.
L’ORL, via une inspection clinique, une endoscopie nasale/pharyngée ou une imagerie (scanner/IRM), détecte les causes physiques de l’apnée pour guider vers des traitements adaptés, tels que :
- l’appareil à pression positive continue (PPC),
- une chirurgie (ex. : uvulopalatopharyngoplastie)
- des orthèses d’avancée mandibulaire.
Une pause respiratoire de 10 secondes réduit l’oxygénation, altère la pression thoracique et accélère le rythme cardiaque. Passé un certain âge, la moindre fatigue intense, somnolence et ronflements marqués sont un motif de consultation pour l’apnée du sommeil. En plus d’effectuer les examens pour un diagnostic précis, chez les seniors, des tests complémentaires (bilan sanguin, ECG, évaluation neuropsychologique) éliminent des pathologies comme l’insuffisance cardiaque, les troubles thyroïdiens ou la démence afin d’adapter le traitement aux comorbidités.
Sources :
-
[1] Dépression
La dépression est un état de tristesse profonde et prolongée, où une personne perd l’intérêt pour les activités et se sent épuisée, qui est très fréquent chez les seniors.
-
[2] AVC
Un AVC, ou accident vasculaire cérébral, se produit lorsque le flux sanguin vers une partie du cerveau est bloqué, ce qui peut provoquer des problèmes de mouvement, de langage, ou…
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