Reconnaissance en Affection de longue durée (ALD) : une bouée pour qui affronte une maladie chronique ou grave. Des traitements lourds, des soins réguliers, parfois à vie. Beaucoup pensent alors : prise en charge à 100 %, donc gratuité totale. La réalité, pourtant, réserve des nuances et parfois des surprises de taille au moment de régler la note. Derrière l’intitulé « exonération du ticket modérateur », des restes à charge subsistent, et pas des moindres. Comprendre les subtilités du dispositif évite de mauvaises surprises, optimise aussi les démarches.
ALD exonérante, non exonérante : deux mondes, deux logiques
Ces deux types d’ALD déterminent ce qui sera réellement remboursé et ce qui restera à votre charge, mieux comprendre la différence permet d’éviter les surprises financières.
Comprendre les différences entre ALD exonérante et non exonérante
Tout commence par une distinction mal connue :
- L’ALD exonérante concerne les pathologies lourdes, nécessitant un traitement coûteux sur plus de six mois.
- L’ALD non exonérante s’applique aux affections qui imposent un arrêt de travail ou des soins prolongés, mais sans dépenses médicales majeures.
Seul l’ALD exonérante ouvre droit à la fameuse « prise en charge à 100 % ». Ce pourcentage, pourtant, cache une limite claire : il ne s’applique qu’aux soins directement liés à la maladie, dans la limite des tarifs fixés par la Sécurité sociale.

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Les grandes familles d’ALD reconnues
- ALD 30 : 30 maladies listées par décret, dont le cancer, le diabète, la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson, l’insuffisance cardiaque grave, la mucoviscidose, les formes sévères d’épilepsie, les affections psychiatriques de longue durée (troubles bipolaires, dépression[1] récurrente), etc.
- ALD 31 : affections graves hors liste, répondant à des critères de gravité, de durée et de coût.
- ALD 32 : polypathologies invalidantes nécessitant des soins lourds, prolongés, avec au moins deux affections chroniques majeures.
Au total, plus de 12 millions de Français bénéficient d’un statut ALD. Les critères évoluent, la liste aussi. Par exemple, l’hypertension artérielle sévère a disparu de la liste ALD 30 en 2011, sauf pour les patients déjà reconnus.
Comment s’obtient le statut ALD ?
Le point de départ : le médecin traitant. Il rédige un protocole de soins détaillé, le transmet à la caisse d’Assurance maladie. Un médecin-conseil étudie le dossier, valide ou non l’ALD, puis indique la durée d’exonération (souvent entre deux et cinq ans). À renouveler, si besoin, en fonction de l’évolution de la maladie.
Un document clé accompagne ensuite chaque ordonnance : la bizone. Partie haute, les soins relatifs à l’ALD, remboursés à 100 % du tarif Sécu. Partie basse, les autres soins courants, soumis au régime habituel.
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100 % du tarif Sécu : ce qui reste à payer
Le diable se loge dans les détails. Prise en charge à 100 % signifie remboursé sur la base du tarif conventionné, et pas au-delà. Or, médecins, spécialistes, cliniques, laboratoires appliquent souvent des dépassements d’honoraires. Ces montants supplémentaires, parfois conséquents, restent à la charge du patient, sauf si la complémentaire santé les prend en charge.
Voici les frais non couverts par l’ALD :
- Dépassements d’honoraires : fréquents chez les spécialistes (secteur 2), totalement à la charge du patient sans bonne mutuelle.
- Participation forfaitaire : 1 € (ou parfois 2 €) par consultation ou acte paramédical, systématique, non pris en charge.
- Franchises médicales : sur les médicaments (0,50 €/boîte), actes paramédicaux (0,50 €/acte), transports sanitaires (2 €/trajet), plafonnées annuellement mais non annulées par l’ALD.
- Forfait journalier hospitalier : 20 € par jour d’hospitalisation (15 € en psychiatrie), non remboursé par la Sécurité sociale, sauf cas très particuliers.
- Prestations de confort : chambre individuelle, télévision, repas accompagnant, etc. Aucun remboursement public.
- Soins sans rapport avec l’ALD : ophtalmologie, dentisterie, soins courants, actes de prévention, non couverts à 100 %.
En clinique ou à l’hôpital, le reste à charge grimpe vite. Chambre individuelle, par exemple : entre 60 et 150 € par nuit dans certains établissements franciliens. Les actes hors protocole ALD, même chez un spécialiste, sont soumis au ticket modérateur habituel, sauf exceptions.
Exemple concret : où s’arrête la gratuité ?
Une personne reconnue en ALD pour un diabète de type 2 verra ses consultations de suivi, son insuline, ses examens biologiques spécifiques remboursés intégralement, mais uniquement dans le cadre du protocole. Un contrôle chez l’ophtalmologue pour la rétinopathie diabétique : pris en charge. Une visite de routine chez le dentiste ou l’allergologue : non. Les dépassements d’honoraires chez le cardiologue : à payer soi-même, sauf mutuelle adaptée.
En cas d’hospitalisation, le forfait journalier s’applique dès la première nuit. Certains frais annexes (téléphone, lit accompagnant, etc.) s’ajoutent. Pour les médicaments, la franchise médicale reste due, même pour ceux essentiels au traitement de l’ALD.
Pourquoi la complémentaire santé reste indispensable
Le système ALD protège des dérives financières majeures, mais il ne supprime pas tout reste à charge. D’où l’importance d’une bonne mutuelle. Les contrats responsables couvrent le forfait hospitalier, parfois les dépassements d’honoraires, certains actes de prévention, les soins non liés à l’ALD, l’optique, le dentaire, l’audiologie dans le cadre du « 100 % Santé ».
Sans complémentaire, la facture peut rapidement grimper, surtout si la pathologie implique des spécialistes pratiquant des tarifs libres, des hospitalisations répétées ou des besoins de confort non remboursés.

Durée et renouvellement ALD : rester vigilant
L’exonération du ticket modérateur n’est jamais acquise à vie. Sa durée, fixée par le médecin-conseil, dépend de l’évolution de la maladie, des protocoles thérapeutiques. Souvent, deux à cinq ans. À échéance, une nouvelle évaluation s’impose. L’oubli du renouvellement peut entraîner la perte de droits, des frais inattendus.
Les règles changent, la liste des ALD évolue, des projets de réforme sont régulièrement discutés. Rester informé, contacter sa caisse d’Assurance maladie, solliciter les associations de patients : autant de réflexes à adopter pour éviter les mauvaises découvertes.
Questions fréquentes sur l’ALD et le remboursement
Quels soins sont réellement pris en charge à 100 % ?
Uniquement ceux mentionnés dans le protocole ALD, en lien direct avec la pathologie, et dans la limite des tarifs fixés par la Sécurité sociale. Les soins hors protocole, même si la pathologie semble liée, ne sont pas concernés.
Peut-on éviter les dépassements d’honoraires ?
Oui, en consultant des professionnels de santé conventionnés secteur 1, ou en choisissant des établissements publics. La mutuelle peut aussi rembourser une partie, selon le contrat souscrit.
Les enfants, la PMA, certaines maladies rares sont-elles concernées ?
Des dispositifs spécifiques existent. Par exemple, les soins liés à la stérilité sont remboursés à 100 % sous conditions d’âge ; pour les enfants sourds, l’appareillage bénéficie d’une prise en charge renforcée. La maladie cœliaque, elle, n’est pas reconnue comme ALD mais ouvre droit à des remboursements partiels sur les produits sans gluten.
L’ALD exonérante couvre-t-elle la totalité des transports médicaux ?
Non, seuls les transports prescrits et liés à l’ALD peuvent être pris en charge, parfois après accord préalable de la caisse. Franchise médicale applicable.
À retenir : le 100 % n’est jamais absolu
L’ALD reste un filet de sécurité indispensable pour des millions de Français, mais la gratuité totale relève du mythe. Dépassements, forfaits, soins hors protocole, prestations de confort : autant de postes non couverts. Les patients et leurs familles ont tout intérêt à décrypter leur situation, à interroger leurs professionnels de santé, à comparer les offres de complémentaires. Les règles évoluent, les pratiques médicales aussi. Préparer, anticiper, se renseigner, c’est souvent le premier pas pour éviter la double peine : la maladie et la facture inattendue.
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[1] Dépression
La dépression est un état de tristesse profonde et prolongée, où une personne perd l’intérêt pour les activités et se sent épuisée, qui est très fréquent chez les seniors.
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J’ai été mise en invalidité cat 2, à l’âge de 50 ans.
À l’âge légal de la retraite, fin de la pension invalidité !!!!. Pourquoi n’ai je pas droit à une pension invalidité ???. Ma pathologie s’aggrave !!!. Retraite de misère (Retraite Inaptitude au poste).
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
Il peut être utile de se renseigner auprès de votre caisse de retraite pour mieux comprendre votre situation et vos droits.
Bonne journée.
Amandine