Vous l’avez peut-être déjà croisé au détour d’un scroll sur Instagram, YouTube ou TikTok. Avec sa bienveillance et sa sincérité désarmante, Théo Maurice, alias @enaidantmaman, est devenu en quelques mois l’un des visages emblématiques de cette nouvelle génération d’aidants familiaux qui osent raconter leur réalité. Suivi par plus de 75 000 abonnés et plus de 10 millions de vues… ses contenus servent surtout une mission : montrer la vraie vie des aidants, celle qu’on ne voit jamais. Portrait d’un fils-aidant qui brise le silence en donnant une voix à ceux qui n’en ont pas.
« En aidant maman » : l’histoire de Théo, fils-aidant à 33 ans
En janvier 2025, la mère de Théo reçoit enfin un diagnostic à ses symptômes : elle est atteinte d’atrophie Multisystématisée (AMS), une maladie neurodégénérative rare et surtout incurable.

Théo et sa maman (source Instagram)
Quand tout bascule
Souvent confondue avec Parkinson, l’AMS est un syndrome de Parkinson atypique extrêmement difficile à identifier. Sauf que, pendant les mois d’errance : des symptômes incompris, des rendez-vous contradictoires, des examens qui n’expliquaient rien… La maladie, elle, avançait.
Lorsque les médecins annoncent que sa mère perdra rapidement son autonomie et qu’il ne lui reste que quelques années, Théo n’hésite pas. Il quitte son travail dans le marketing, réorganise sa vie et installe sa maman près de lui.
« À 33 ans, je ne pensais jamais arrêter ma carrière. Mais je n’avais pas le choix. […] C’était pas possible de laisser ma mère vivre seule sans moi. Il fallait que j’en profite. C’était sans doute uniquement avec mon accompagnement et celui de mon frère aussi, qu’elle allait pouvoir vivre ses belles années. »
Ce choix s’est imposé à nous par nécessité, mais avant tout par amour
Devenir aidant, sans mode d’emploi
Comme des millions de Français, Théo devient aidant du jour au lendemain. Sans préparation. Sans repères. Sans personne pour expliquer quoi faire.
On devient aidant sans notice. On ne sait pas qui appeler, où aller, quelles aides existent… C’est très violent.
Pour respirer, comprendre et ne plus se sentir seul, il décide de documenter ce changement de vie. Les soins. Les galères. Les fous rires. Les moments de grâce. Les effondrements aussi. Ce sera le début de @enaidantmaman.
Pourquoi ses vidéos touchent-elles autant ?
Avec « En aidant maman« , Théo crée un espace de vérité et de parole aux aidants. Un espace où l’aidance et ses difficultés cessent d’être taboues.
Donner une visibilité à 11 millions d’aidants
Théo n’est pas seulement un créateur de contenu. Il représente et inspire la génération d’aidants, de plus en plus nombreux, qui vivent les mêmes réalités dans l’ombre et utilisent les réseaux pour se soutenir. « J’avais envie d’apporter un peu de lumière dans quelque chose de très dur. »

Exemples de posts Instagram de Théo illustrant son quotidien d’aidant
La force de ses contenus ? Montrer une vérité souvent passée sous silence, là où les médias traditionnels donnent une image figée, dramatique et loin des trends sur les réseaux sociaux :
- l’évolution de la maladie,
- la fatigue,
- les rendez-vous médicaux,
- les changements intimes du quotidien, mais aussi la complicité, les progrès inattendus, les voyages rendus possibles, les petites victoires. « Quand maman va chercher un truc à grignoter toute seule ou qu’elle arrive à se rendre aux toilettes après 15 minutes… ça me rend fou de joie. »
Entre une charge mentale énorme[1], des décisions de vie radicales, l’absence de repère… Théo verbalise des ressentis profonds. Il normalise, rassure et libère toute une communauté autour de leurs difficultés physiques, financières et psychologiques.
Une prise de parole politique
Sans l’avoir cherché, Théo est devenu une voix. Et cette voix, il l’utilise en pointant les manques du système :
- absence d’orientation,
- aides dispersées,
- manque de répit,
- entreprises peu informées,
- démarches administratives incompréhensibles.
« On n’a pas d’aides. Pas de vrai statut. Tout est éclaté. On doit se battre pour tout. C’est épuisant. » Il appelle les institutionnels à une réforme simple et concrète : un guichet unique, une véritable Maison des Aidants, accessible dès le diagnostic.
J’espère que ça fera avancer les choses. Si on pouvait juste être mieux guidés, ça changerait tout.
Les conseils de Théo pour les aidants
Dans ses vidéos comme dans la vraie vie, Théo partage les conseils qui lui permettent de tenir. De rester debout pour aimer sans s’épuiser.
Normaliser la fatigue
La fatigue n’est ni un échec ni un signe de faiblesse. C’est un signal. Le symptôme d’un rôle immense. Un aidant n’est pas censé “tout supporter” : « On manque de répit alors qu’on a besoin de souffler. » Théo avoue s’être fait accompagner par un psychologue et s’entourer d’auxiliaires de vie, SIAD, HAD, utiliser l’accueil de jour pour réduire sa charge de travail…
Oser déléguer sans culpabilité
« Ce n’est pas parce que je suis absent 4 heures que ma mère va mourir sur son canapé. » Le répit n’est pas un bonus, c’est une nécessité pour rester un bon aidant. Grâce à son frère et ses amis, sur qui il peut compter pour prendre le relai en son absence, il s’accorde des sorties, des week-ends, des voyages. « Si je ne prends pas soin de moi, je deviens un aidant maltraitant.»
Déléguer, c’est protéger la relation.
Garder l’humour comme bouée de sauvetage
Ses vidéos en sont la preuve. L’humour dédramatise, rassemble et libère, comme un mécanisme de survie. Une manière d’alléger l’insoutenable. « Si on ne se marre pas, on s’écroule. »
Chercher de l’aide dès que possible
« Il ne faut pas rester seul. Parler, dire quand ça ne va pas, ça aide énormément. » Même si tout est éclaté, il existe des solutions : des associations, des dispositifs locaux, des groupes de parole et des services d’orientation.
Théo a fait appel à Cap Retraite à deux reprises, pour sa grand-mère puis pour sa maman : « Je le recommande à des amis : l’annuaire est clair, les conseillers sont pros et rassurants. Si je dois un jour rechercher un EHPAD[2], je repasserai par Cap Retraite.»
Accepter qu’on fait de notre mieux
Ce n’est pas parfait et ce ne le sera jamais. Mais c’est de l’amour. Et c’est suffisant. « Quand on fait tout ça sous le prisme de l’amour, c’est plus facile. Ça donne du sens. »
Aujourd’hui, des milliers de Français entre 20 et 40 ans accompagnent un parent malade. Avec son énergie, son authenticité et sa tendresse, Théo incarne cette génération connectée qui refuse l’invisibilité.
« Si mes vidéos aident les aidants à se sentir représentés et sensibilisent ceux qui ne connaissent pas l’aidance, alors c’est gagné. […] Car avec le bon état d’esprit et un bon accompagnement, cette épreuve peut aussi devenir une belle aventure. »
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[1] Norme
La norme en maison de retraite désigne les règles à suivre pour offrir un bon service et assurer la sécurité et le bien-être des résidents.
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[2] EHPAD
Les EHPAD sont des établissements médicalisés qui accueillent des personnes âgées qui ont besoin de soins médicaux réguliers et d’une aide dans leur vie quotidienne.
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Je n’ai jamais mis ma mère dans une maison de retraite. Je m’en suis occupée tout seul. Et depuis 2023 elle est décédée elle était ma source de vie . Mais on habitait ensemble . Elle était ma mère adoptive mais c’est elle qui a pris soin de moi. Je lui ai remercier quant elle a eu besoin de moi. Bisous a toi theo et aussi à ta mère . Si il fallait recommencer je le ferais .
Merci de mettre en lumière cette difficile réalité d’être aidant avec l’immense travail de vulgarisation que fait Théo adoucit par une tonne d’amour
Une aidante pendant 21 années cela a été très dure