Être un aidant familial est un engagement énorme auprès du parent à charge, mais aussi vis-à-vis de votre entourage. Or, ce dévouement à la fois exigeant et inestimable dans la vie de votre proche, n’est pas sans impact émotionnel et physique. C’est pourquoi, après des mois voire des années à sacrifier votre propre bien-être et votre vie professionnelle, vous atteignez vos limites. Pour préserver votre vie privée, votre santé et vos projets, vous projetez de vous libérer de cette responsabilité. Une décision délicate qu’il va falloir annoncer à la famille. Dans cet article, apprenez comment aborder cette conversation de manière à prévenir les conflits et à garantir le bien-être continu de votre aîné, sans culpabiliser.

Aidant familial : Un travail de 6 personnes

Lorsqu’un parent ou un conjoint n’est plus autonome et nécessite une assistance supplémentaire, un ou plusieurs membres de la famille assument souvent, parfois de manière implicite, la responsabilité de son bien-être. Ces individus sont qualifiés d’aidants familiaux, ou proches aidants.

Le rôle de l’aidant familial

En France, pas moins de 11 millions d’enfants, conjoints, frères ou sœurs assument le rôle de proches aidants. Motivés par l’amour, un sens du devoir moral et éthique, ou le désir d’éviter le recours à des services d’accompagnement professionnels, ces membres de la famille s’engagent à prendre soin de leurs parents en perte d’autonomie

aidants en train de donner le souper

Cette responsabilité majeure exige une présence souvent continue afin d’assurer la sécurité et le bien-être de la personne âgée. Parfois, par souci de praticité, le proche aidant accueille même le parent directement à son domicile.

Les conséquences au quotidien

Loin d’être une obligation légale, le rôle d’aidant familial est un choix volontaire. Jusqu’à ce que l’état de santé de la personne âgée nécessite une prise en charge spécialisée en établissement, le proche aidant demeure dévoué à son parent pour les années à venir. Cette responsabilité exigeante implique de jongler entre vie de famille, carrière et assistance quotidienne aux besoins de leur parent : de la toilette à la préparation des repas, en passant par les courses, le ménage et la gestion des tâches administratives. 

Ces tâches équivaut à celles de six emplois ou de six personnes, mettent à rude épreuve tant la santé physique que morale. Les implications financières et relationnelles sont également considérables. Souvent épuisés et à court de solutions pour mener tout de front, ces conjoints, enfants ou voisins peuvent s’isoler de leur vie sociale. Seuls et fatigués, ils hésitent souvent à demander de l’aide de peur de déranger leur entourage. Cette pression constante et le rythme effréné peuvent conduire à un épuisement généralisé, connu sous le nom de burnout de l’aidant ou le syndrome de l’aidant.

Comment annoncer que vous ne pouvez plus être l’aidant familial de votre proche ?

En phase de burn out ou non, l’aidant familial doit pouvoir s’entourer de sa famille et leur demander de l’aide. Mais comment annoncer à l’entourage qu’il ne faut plus compter sur vous pour s’occuper de l’aîné ? Comment gérer vos propres sentiments de tristesse et de culpabilité ?

Déculpabiliser vis-à-vis de la décision

Ressentir de la culpabilité est naturel lorsqu’on souhaite arrêter d’être l’aidant d’un être cher. Pour surmonter ce sentiment, il est essentiel de prendre du recul sur la situation et de réaliser que vos capacités à fournir des soins sont épuisées, et qu’il est temps d’explorer d’autres options. Voici quelques conseils pour gérer ce sentiment de culpabilité :

  • Évaluez votre état de santé physique et émotionnelle ainsi que les besoins actuels et futurs du parent, en consultant à la fois votre propre ressenti et un professionnel de santé.
  • Restez calme et convaincu en affirmant que vous avez fait de votre mieux dans les circonstances données.
  • Comprendre que vous avez sacrifié une partie de votre vie pour prendre soin d’un parent âgé ne signifie en aucun cas que vous êtes égoïste ou insensible.

Il est important de se rappeler que l’épuisement, qu’il soit physique ou émotionnel, peut avoir des répercussions graves, tant pour la personne qui en souffre que pour le proche en perte d’autonomie. 

Communiquez avec soin et compassion

Bien sûr, annoncer aux autres membres de la famille votre besoin d’alléger ou arrêter l’assistance apportée à votre proche peut susciter des réactions difficiles à gérer. 

Entre désarroi, colère, tristesse, incompréhension et jugement… cette nouvelle dynamique comporte un risque de conflits familiaux.

En effet, sur qui vont-ils compter si vous n’êtes plus enclin à endosser ce rôle ? Cette décision va forcément impacter le quotidien des autres membres, qui devront s’organiser à leur tour. Dans cette situation, la communication ouverte est de rigueur, en leur expliquant que vous auriez peut-être agi différemment par le passé, mais qu’aujourd’hui, vous avez atteint vos limites et que vous avez besoin d’aide. S’ils semblent disposés, proposez-leur de prendre en charge les responsabilités de soins.

Autrement, avec l’aide d’un médiateur familial ou non, certaines questions et réflexions peuvent calmer les débats. L’idée étant de recentrer les intérêts sur le proche âgé plutôt que sur les contraintes personnelles perçues par les frères et sœurs ou vis-à-vis des histoires familiales.. Ainsi, tentez d’aborder les repas de famille : 

  • Autour d’une question efficace et pertinente comme « Qu’est-ce qui est le plus important pour vous dans la vie de votre mère de maintenant jusqu’au jour de sa mort ? » Les réponses de chacun favorisent les suggestions et les collaborations.
  • En étant dans la proposition plutôt qu’être le donneur d’ordre. Voici quelques exemples de phrases à employer : 
    • « Voici ce que je pense. »
    • « J’aurais besoin de votre aide pour trouver les prochaines étapes. »
    • « Nous sommes dans le même bateau. »
    • « Avez-vous d’autres idées ? »

Proposer des options

annoncer que l'on ne souhaite plus être aidant familial

Afin de désamorcer tout effet de panique, il est bienvenu de s’armer de solutions et d’alternatives pour soulager les inquiétudes et répondre à un maximum de questions. 

Décider de ne plus être l’aidant principal d’un proche âgé ne signifie pas l’arrêt complet de la prise en charge. Mais un besoin de lever le pied, de partager les tâches et de déléguer. Pour ce faire, différentes options s’offrent aux familles : 

  • S’organiser pour partager les tâches avec les autres membres de la famille. 
  • Faire appel à des professionnels comme une aide à domicile, les services infirmiers, une auxiliaire de vie pour entretenir les soins journaliers et effectuer quelques tâches chronophage.
  • Placer le parent dans un établissement spécialisé en pension complète ou temporaire, le temps de récupérer et de prendre du temps pour vous.
  • Demander des aides pour personnes âgées : les aides financières ou des structures adaptées auprès des organismes spécialisés, comme Cap Retraite.

Pour certaines familles, ou les échanges demeurent difficiles, il peut être judicieux de trouver une tierce personne neutre ou professionnelle comme un thérapeute ou un médiateur familial pour gérer, assister à la réunion et faciliter la discussion.

Guide pratique pour aidants familiaux : comment arrêter de prendre soin d’un proche sans culpabilité

Être un aidant familial représente un engagement considérable qui pèse lourdement tant sur le plan émotionnel que physique. Après avoir consacré des mois, voire des années, à prendre soin d’un proche en perte d’autonomie, nombreux sont ceux qui ressentent le besoin de se retirer pour préserver leur propre bien-être. Ce tableau propose des stratégies pour aborder cette transition délicate, permettant aux aidants de communiquer leur décision tout en minimisant les conflits et en veillant au bien-être continu de la personne âgée.

Aspect concernéDétailsConseils pratiques
Rôles et responsabilitésLes aidants familiaux jonglent avec des tâches quotidiennes équivalentes à six emplois à temps plein.Reconnaître l’ampleur de l’engagement et ses impacts sur la santé physique et mentale.
Évaluation de la situationImportance de prendre du recul pour évaluer sa propre santé et les besoins du parent.Consulter un professionnel de santé pour obtenir un avis objectif et des recommandations.
Gestion des émotionsSentiments de culpabilité fréquents lors de la décision de cesser d’être l’aidant.Utiliser des affirmations positives pour se rappeler des efforts fournis et des limites personnelles.
Communication avec la familleRisque de conflits suite à l’annonce de la décision.Privilégier une communication ouverte et empathique, utiliser des phrases constructives et proposer des réunions familiales.
Recherche de solutionsNécessité de trouver des alternatives pour la prise en charge du proche.Discuter des options comme le partage des responsabilités, l’aide à domicile, ou l’admission temporaire ou permanente en établissement spécialisé.
Support externeUtilisation de médiateurs ou thérapeutes pour faciliter les discussions.Envisager l’intervention d’un professionnel pour aider à la gestion des dynamiques familiales complexes.
Aides disponiblesExistence de ressources pour soutenir les aidants et les personnes âgées.Informer sur les aides financières, les services sociaux et les organismes spécialisés comme Cap Retraite.

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Commentaires (7)

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  1. Bacque Magali

    Bonjour,j ai mon père qui habite chez moi avec mon mari,il à les infirmières du cias qui viennent matin et soir pour mon père c est gratuit,je voudrais savoir étant a la maison je ne travaille pas, étant aidant avec mon mari pour mon père si on aurait le droit à des aides financières et où se renseigner merci à vous de me répondre.Cordialement.

    Répondre
    1. Amandine

      Bonjour

      Je vous remercie pour votre commentaire.
      Vous pourriez vous renseigner auprès de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) pour savoir si vous et votre mari êtes éligibles à des aides financières en tant qu’aidants familiaux de votre père.
      Bonne journée.
      Amandine

      Répondre
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