À la retraite, beaucoup de seniors se sentent à l’écart, enfermés dans une routine monotone faite de télévision et de petits jeux de cartes. La liberté et l’énergie qu’ils avaient autrefois semblent soudain hors de portée, et certains peuvent ressentir frustration, solitude ou même une peur de perdre leur identité. Mais il existe un nouveau mouvement qui change la donne : les seenagers – contraction de « senior » et « teenager ». Ces retraités refusent les clichés du troisième âge et vivent pleinement leur retraite, comme une nouvelle adolescence.
Dans cet article, nous vous proposons de découvrir ce mode de vie inspirant, d’explorer comment adopter certaines de leurs habitudes et, surtout, comment retrouver énergie, liberté et plaisir dans votre propre retraite.
Un terme qui dit tout : seenager, ou l’adolescence retrouvée
L’expression seenager n’est pas née d’une mode passagère. Apparue dans les années 2010, elle s’est installée dans les conversations et la presse internationale pour désigner une mutation profonde du rapport à l’âge.
Ces nouveaux retraités, actifs, curieux, connectés, ont bien plus en commun avec les jeunes générations qu’avec l’image figée du senior traditionnel. Leur silhouette s’impose dans les clubs de sport, sur les pistes de danse ou dans les groupes de voyageurs, loin des clichés qui voudraient les voir immobilisés par la vieillesse.
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Des parcours qui cassent les codes
Parmi les seenagers, les profils se distinguent par leur diversité, mais une constante émerge : le refus d’être enfermés dans une case. Beaucoup viennent de la génération baby-boom, marquée par les années 60-70, où individualisme, quête d’expression de soi et rejet des conventions de l’âge ont laissé une empreinte durable. On retrouve chez eux un appétit de découvertes, un goût pour la fête, mais aussi un besoin de s’affirmer hors des sentiers battus.
- Pratique de sports jusque-là réservés aux plus jeunes : musculation, danse urbaine, randonnée sportive
- Participation à des événements collectifs dynamiques : flashmobs, festivals, ateliers de création
- Voyages à l’étranger, croisières, séjours Club Med
- Présence active sur les réseaux sociaux : Instagram, TikTok, YouTube
- Goût pour la mode, la musique contemporaine, la technologie
Certains seenagers vont jusqu’à se lancer dans des projets entrepreneuriaux, deviennent influenceurs ou s’investissent dans des causes sociétales. D’autres privilégient la liberté pure, refusant tout engagement qui pourrait ressembler à de nouvelles contraintes.
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La liberté, nouvel étendard des seenagers
À la différence de leur jeunesse, ces sexagénaires, septuagénaires et parfois octogénaires, disposent aujourd’hui d’un atout majeur : le temps. Libérés de la pression professionnelle, déchargés des obligations parentales, rarement contraints par des horaires, ils jouissent d’une indépendance inédite. Cette génération a souvent connu un parcours professionnel dense, parfois difficile. Arrivée à la retraite, elle revendique le droit de penser à elle, de dépenser sans culpabiliser, de s’offrir des plaisirs qu’elle s’était interdite jusque-là.
D’un point de vue économique, le phénomène s’observe à grande échelle. Les Anglo-Saxons parlent même de la génération SKI (« Spending your kids’ inheritance ») : des parents qui n’hésitent plus à utiliser leur argent pour eux-mêmes au lieu de penser à l’héritage. Les entreprises du voyage, du loisir, du sport ou de la mode ne s’y trompent pas et multiplient les offres destinées à cette clientèle nouvelle, prompte à tester, à bouger, à consommer différemment.
Un rapport à l’âge en pleine mutation
L’image de la vieillesse a profondément évolué. En 1990, on se sentait « vieux » à 69 ans. Désormais, le seuil psychologique recule vers 80 ans, soutenu par les progrès de la médecine, l’accès à une meilleure alimentation, la pratique régulière du sport et la généralisation d’un mode de vie actif. Ce recul de l’âge subjectif se double d’une évolution des mentalités : le vieillissement n’est plus perçu comme synonyme de déclin, mais comme une nouvelle étape à investir pleinement.
La structure familiale joue aussi son rôle. L’allongement de la durée de vie, la multiplication des divorces, l’éloignement des enfants adultes, favorisent un mode de vie plus autonome, moins centré sur la garde des petits-enfants ou la dépendance[1] mutuelle.
Les seenagers s’affranchissent des attentes sociales – rester disponibles, transmettre, se sacrifier – pour privilégier le plaisir immédiat, la découverte, la vie sociale et culturelle.
Des activités qui défient les stéréotypes
Les loisirs et habitudes des seenagers tranchent avec ceux de leurs aînés d’il y a trente ans. Oubliez le tricot, la belote ou les après-midi en maison de retraite. Place à la danse de salon, aux sessions de fitness, aux concerts, aux voyages improvisés, aux ateliers créatifs. Certains osent même les sports extrêmes ou les activités jugées « délurées » pour leur âge, se moquant des remarques ou des regards désapprobateurs.
Réseaux sociaux, vidéos, tutos : la technologie fait partie intégrante de leur quotidien. Plus question de rester en marge du monde connecté. Les seenagers partagent leurs expériences, échangent, s’inspirent, parfois même monétisent leur présence en ligne. Cette maîtrise de la communication numérique contribue à leur visibilité, à leur capacité à s’organiser et à s’affirmer dans l’espace public.
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Un phénomène mondial, des chiffres qui parlent
L’Organisation des Nations Unies prévoit que d’ici 2030, la population mondiale des plus de 60 ans atteindra 1,4 milliard de personnes, soit une progression de 46 % par rapport à aujourd’hui. D’après The Economist, 22 % de la population mondiale sera grand-parent en 2050. Ce vieillissement généralisé, loin de conduire à une société figée, nourrit une dynamique nouvelle, portée par ces seenagers qui refusent la marginalisation et veulent rester acteurs de leur époque.
L’impact se fait sentir aussi sur l’économie. Les seniors actifs représentent un marché en pleine expansion, sur lequel misent désormais compagnies aériennes, agences de voyage, salles de sport, plateformes numériques, mais aussi industries culturelles et médias. Leur influence sur les tendances s’accroît, leur pouvoir de prescription n’est plus à prouver.
Nuances, limites et enjeux sociaux
Tous les retraités ne vivent pas comme des seenagers. La précarité, l’isolement, la maladie frappent encore une partie des seniors, notamment dans les pays où la solidarité familiale ou sociale s’effrite. Au Japon, par exemple, la politique encourage le maintien au travail des plus âgés, parfois par nécessité. Le phénomène seenager, s’il reste visible et médiatisé, ne doit pas masquer la diversité des parcours et la persistance des inégalités.
Reste que le mot lui-même, en s’imposant dans le lexique commun, révèle un enjeu de société : désigner, c’est rendre visible. Parler de seenagers, c’est offrir à une fraction jusqu’alors ignorée des seniors, une reconnaissance. C’est aussi une manière de déconstruire l’image univoque de la vieillesse, de montrer que vieillir n’a plus le même sens, ni les mêmes limites qu’autrefois.
Questions fréquentes : comprendre les seenagers
À partir de quel âge parle-t-on de seenager ?
Généralement, ce terme s’applique aux retraités de 60 ans et plus, actifs, curieux et ouverts à de nouvelles expériences.
Les seenagers sont-ils tous aisés ?
Non, mais ils bénéficient plus souvent d’une sécurité financière que les jeunes adultes, ce qui facilite leur accès aux loisirs et à la consommation.
Pourquoi ce mode de vie attire-t-il ?
Les seenagers cherchent à retrouver le plaisir, la liberté et l’indépendance de l’adolescence, sans les contraintes de la jeunesse (études, début de carrière, parentalité).
Ce phénomène concerne-t-il tous les pays ?
Il est particulièrement visible en Europe et dans certains pays développés, mais tend à s’étendre avec l’augmentation de l’espérance de vie et le vieillissement démographique mondial.
Peut-on parler d’un effet de mode ?
Les seenagers ne relèvent pas d’une simple tendance : ils incarnent une transformation profonde des représentations, des attentes et des comportements liés à l’âge.
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[1] Dépendance
La dépendance de la personne âgée désigne le besoin d’aide pour réaliser les tâches de la vie quotidienne en raison de problèmes physiques ou mentaux.
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