Un choc pour bien des familles, une inquiétude silencieuse qui ronge les proches au moment de choisir un établissement : le budget d’un EHPAD explose parfois, sans préavis. En 2025, des évolutions majeures redessinent la structure des coûts et la mécanique des aides. Les expérimentations menées dans une vingtaine de départements ajoutent à la confusion mais visent, à terme, une lisibilité accrue.
Ce qui se jouait dans l’ombre des grilles tarifaires et des dossiers APA prend un visage plus lisible – parfois, la facture grimpe, parfois elle s’assagit. Comprendre ce qui va changer reste indispensable. Cet article vous explique les nouveautés 2025, comment elles impactent votre budget, et quelles stratégies adopter pour limiter la facture.
Décrypter la facture : ce qui compose le coût d’un EHPAD en 2025
En France, l’accueil en EHPAD[1] se paie cher. Le tarif moyen tourne autour de 2 310 euros par mois, mais tout dépend de la structure choisie, de la région, du niveau de dépendance[2], et surtout du statut (public, privé associatif, privé commercial). Trois blocs principaux déterminent la facture :
- Hébergement : la plus grosse part, 60 à 70 % du total. Logement, repas, entretien, animation, services administratifs, charges. Comptez de 1 650 à plus de 3 600 euros mensuels selon les cas. Chambre individuelle ? Surcoût fréquent, +15 à 20 %.
- Dépendance : variable selon l’autonomie, évaluée par la grille AGGIR. De 6 à 22 euros par jour selon le degré de perte d’autonomie (GIR[3] 1 à 6), une part restait à la charge du résident, malgré les aides.
- Soins : prestations médicales, toujours intégralement couvertes par l’Assurance Maladie. Normalement, rien à payer côté famille.

Dans la pratique, les lignes restent mouvantes. Les établissements privés (surtout commerciaux) affichent souvent les tarifs les plus élevés. Les ajustements annuels, parfois imprévisibles, touchent surtout l’hébergement. Certaines prestations, naguère optionnelles, sont désormais incluses d’office (entretien du linge, animations de base), mais gare aux suppléments abusifs glissés dans les contrats.
Réforme 2025 : la tarification EHPAD bousculée dans 23 départements
Depuis le 1er juillet 2025, une expérimentation d’ampleur secoue le modèle historique : fusion des tarifs soins et dépendance, suppression de l’ancienne participation variable au profit d’un forfait unique. Exit la jungle des GIR, APA, tickets modérateurs fluctuants. Une participation journalière fixe de 6,10 euros s’impose, identique pour tous les résidents concernés. La promesse : clarté, prévisibilité, équité. Dans la réalité, le changement n’est pas sans effet de bord.
- Hébergement : inchangé, toujours à la charge du résident ou de la famille, aides possibles sous conditions.
- Participation autonomie : 6,10 euros/jour, soit environ 186 euros mensuels, remplaçant l’APA en établissement.
- Soins : intégrés dans un forfait global, financés principalement par la Sécurité sociale via les ARS.
Ce nouveau schéma ne concerne, pour l’instant, qu’une partie du territoire. Les départements pilotes : Guyane, Métropole de Lyon, Savoie, Aude, Landes, Corrèze, Seine-Saint-Denis, Mayenne, La Réunion, etc. Pour les autres, l’ancien système perdure.
Tableau comparatif : avant/après la réforme
| Avant (jusqu’au 30/06/2025) | Depuis le 01/07/2025 |
|---|---|
| Participation variable selon GIR et ressources | Participation forfaitaire de 6,10 €/jour |
| Facturation possible même en cas d’absence | Jours d’absence non facturés |
| Multiples interlocuteurs (Département, ARS, APA…) | Pilotage unique par l’ARS |
| Facture difficilement lisible | Structure tarifaire simplifiée, prévisible |
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Ce qui fait grimper la note : variations, suppléments, changements de situation
Le budget n’est jamais tout à fait figé. Quelques points de vigilance majeurs :
- Type de chambre : l’individuelle, très demandée, gonfle rapidement la facture.
- Suppléments optionnels : coiffeur, esthéticienne, séances individuelles, produits d’hygiène non médicaux. Certains établissements tentent d’ajouter des prestations censées être incluses (lingerie, aide aux repas). Relire le contrat, identifier les lignes litigieuses.
- Révision annuelle : dans le public et l’associatif, l’augmentation reste encadrée. Dans le privé commercial, la liberté tarifaire s’applique, avec préavis de 30 jours minimum.
- Changement de GIR : dans les départements non concernés par la réforme, une perte d’autonomie réévaluée fait bondir le tarif dépendance.
- Erreur de facturation : absence de déduction des aides obtenues, double facturation, rétroactivité non justifiée. Une vigilance régulière évite de payer trop.

Aides financières : ce qui change, ce qui reste
Les familles peuvent activer plusieurs leviers pour réduire la charge.
- APL/ALS : aides au logement, entre 100 et 300 euros mensuels selon le dossier, versées par la CAF ou la MSA. Elles restent valables, même dans les départements en expérimentation.
- Aide sociale[4] à l’hébergement (ASH) : pour les ressources modestes, prises en charge par le département, sous réserve que l’établissement soit habilité.
- Réduction d’impôt[5] : jusqu’à 25 % des dépenses d’hébergement et de dépendance, dans la limite d’un plafond annuel.
- Compléments : certaines mutuelles ou caisses de retraite proposent des aides exceptionnelles.
Avec la réforme, l’APA en établissement disparaît dans les départements pilotes ; le forfait autonomie la remplace. Attention : l’APA à domicile, elle, n’est pas concernée. Les démarches se simplifient un peu, le pilotage passant des conseils départementaux aux ARS.
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Facturation des absences et mesures de transition
Côté bonnes nouvelles, les jours d’hospitalisation, de séjour temporaire à domicile, ou d’absence autorisée ne sont plus facturés (dans le nouveau système). Pour les résidents déjà présents au 30 juin 2025 et qui payaient moins de 6,10 euros, le tarif reste figé, sans hausse brutale. Un garde-fou utile pour ceux en GIR 5-6, jusqu’ici peu sollicités financièrement.
Conseils pratiques : éviter les pièges en 2025
- Contrôler systématiquement la décomposition de la facture : hébergement, participation autonomie, suppléments.
- Demander des explications pour chaque ligne floue ou inhabituelle.
- Vérifier l’application correcte des aides et la non-facturation des prestations obligatoires (linge, animation de base).
- Conserver tous les documents : factures, contrats, notifications d’aide, courriers. Durée minimale : cinq ans.
- En cas de contestation : saisir l’établissement par écrit, puis le conseil départemental. Recours possible en médiation ou, à défaut, au tribunal administratif.
- Utiliser les plateformes d’accompagnement ou solliciter un assistant social pour optimiser le dossier et les recours.
FAQ : questions-clés sur la réforme EHPAD 2025
La réforme concerne-t-elle tous les EHPAD ?
Non, uniquement les établissements situés dans un des 23 départements pilotes.
L’APA est-elle supprimée ?
Pour les résidents d’EHPAD dans ces départements, l’APA en établissement est remplacée par la participation forfaitaire autonomie. À domicile, l’APA continue d’exister.
Le tarif hébergement est-il modifié ?
Non, il reste soumis à la politique de chaque établissement, avec aides possibles.
Que faire si la facture me semble abusive ?
Prendre contact avec la direction, demander une explication écrite, puis faire appel aux autorités compétentes si besoin.
La réforme sera-t-elle généralisée ?
Une évaluation nationale est prévue avant toute extension à l’ensemble du pays, au plus tôt en 2027.
✅ Article relu par l’équipe éditoriale avec le concours d’un contributeur expert médico-social chez Cap Retraite. Son expérience de terrain et sa connaissance des dispositifs d’aide et d’accompagnement permettant d’apporter un regard fiable et pertinent aux lecteurs.
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[1] EHPAD
Les EHPAD sont des établissements médicalisés qui accueillent des personnes âgées qui ont besoin de soins médicaux réguliers et d’une aide dans leur vie quotidienne.
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[2] Dépendance
La dépendance de la personne âgée désigne le besoin d’aide pour réaliser les tâches de la vie quotidienne en raison de problèmes physiques ou mentaux.
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[3] GIR
Le GIR (Groupe Iso-Ressources) est un outil qui sert à évaluer le niveau d’autonomie des personnes âgées, en les classant selon leur besoin d’aide pour les activités quotidiennes.
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[4] Aide Sociale
L’aide sociale est une assistance financière fournie par l’État pour aider les personnes en difficulté à couvrir des besoins essentiels, comme le logement ou les soins en établissement.
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[5] Impôt
L’impôt est une somme d’argent que les citoyens et les entreprises paient régulièrement au gouvernement. Cet argent est utilisé pour financer des services publics comme les écoles, les routes, et…
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Quel sont les départements concernés
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
Départements concernés : Aude, Cantal, Charente-Maritime, Corrèze, Côtes-d’Armor, Creuse, Finistère, Haute-Garonne, Haute-Marne, Landes, Lot, Lot-et-Garonne, Maine-et-Loire, Mayenne, Métropole de Lyon, Morbihan, Nièvre, Pas-de-Calais, Pyrénées-Orientales, Savoie, Seine-Saint-Denis, Guyane, La Réunion.
Bonne journée.
Amandine