Décembre. Les agendas se tendent, les besoins familiaux montent. Pour de nombreux salariés, jongler entre la vie professionnelle et l’accompagnement d’un proche en perte d’autonomie devient plus aigu. Le congé de proche aidant et l’allocation journalière du proche aidant (AJPA) forment alors un duo clé. Bien utilisé, il évite l’épuisement, protège les droits, permet d’assurer la continuité auprès de la personne aidée sans risquer de rupture au travail.
Qui peut demander le congé de proche aidant ? Les profils et situations concernées
Tous les salariés peuvent, sous certaines conditions, demander un congé pour aider un proche en perte d’autonomie. Mais qui est concerné exactement et quelles conditions doivent être remplies ?
Qui peut bénéficier du congé de proche aidant ?
Pas besoin d’être dans l’entreprise depuis longtemps. Tout salarié, du secteur privé ou public, peut activer ce droit dès l’embauche. L’essentiel : venir en aide à un proche dépendant résidant en France.
Le cercle des bénéficiaires s’étend : enfant, parent, conjoint, partenaire de PACS, concubin, frère, sœur, oncle, tante, cousin germain, neveu, nièce. Il englobe aussi les ascendants ou collatéraux du conjoint (jusqu’au 4e degré), ou toute personne âgée ou handicapée avec laquelle le lien reste stable et solide, même sans lien de sang officiel.

Les conditions pour ouvrir le droit au congé
La personne aidée doit présenter une situation de handicap (au moins 80 % d’incapacité), ou être bénéficiaire de l’APA (allocation personnalisée d’autonomie), ou d’autres prestations spécifiques liées à la dépendance[2]. Que ce soit à domicile ou en établissement, dès lors que l’aide reste régulière et non professionnelle, le dispositif s’ouvre.
Durée, fractionnement, renouvellement : comment moduler son absence
La loi fixe une durée maximale de 3 mois d’affilée, mais la souplesse prime. Un accord collectif d’entreprise, de branche, peut offrir plus, ou imposer des conditions particulières. Sur l’ensemble de la carrière, le plafond s’affiche à 1 an (sauf dispositions plus favorables).
Détail crucial : le congé se fractionne facilement. Par journées, demi-journées, selon les besoins, si l’employeur donne son feu vert. Certains secteurs publics acceptent même le fractionnement en demi-journées d’office. L’absence peut aussi se transformer en temps partiel, là encore sous réserve d’accord de l’employeur. Dans tous les cas, prévenir au moins 48 heures avant chaque période fractionnée reste la règle.
- Congé fractionnable et renouvelable dans la limite d’un an sur la carrière
- Possible prise à temps partiel, selon acceptation
- Prévenance : un mois avant pour le congé initial, 15 jours pour le renouvellement
Demande d’AJPA : comment poser ses jours sans faux pas
La demande part toujours du salarié. Pour décembre, la clé c’est l’anticipation : adresser une lettre (courrier recommandé ou mail avec accusé de réception) à l’employeur au moins un mois avant la date de départ souhaitée. Préciser la nature du congé, la date de début, le souhait éventuel de fractionner ou de passer en temps partiel.
En situation d’urgence (dégradation brutale de l’état de santé, crise, cessation soudaine de l’hébergement), le congé peut s’enclencher sans délai, sur production d’un justificatif (certificat médical, attestation de l’établissement).
Voici les pièces et justificatifs à joindre :
- Déclaration sur l’honneur du lien avec la personne aidée, ou de l’aide régulière apportée
- Déclaration sur l’honneur concernant d’éventuels congés de proche aidant déjà pris (et leur durée)
- Décision justifiant le taux d’incapacité (au moins 80 %) ou attribution de l’APA
- Le cas échéant, copie de la décision d’attribution d’une prestation complémentaire ou majoration tierce personne

Salaire et AJPA : comment compenser la perte de revenus ?
Le congé de proche aidant n’est pas rémunéré par l’employeur, sauf si la convention collective le prévoit. L’État apporte un filet de sécurité : l’Aide Journalière du Proche Aidant (AJPA). Montant en 2025 : 65,80 € par jour complet, 32,90 € par demi-journée (Mayotte : 56,35 €/jour, 28,17 €/demi-journée). Versement dans la limite de 66 jours par personne aidée, soit jusqu’à quatre proches aidés sur la carrière (264 jours max).
La demande d’AJPA se fait auprès de la CAF ou de la MSA (pour les régimes agricoles), via un formulaire dédié. Pour éviter un trou de trésorerie, mieux vaut déposer le dossier d’AJPA en même temps que la demande de congé.
AJPA : les chiffres clés
| Montant par jour | Montant par demi-journée | Plafond annuel | Nombre de proches aidés possible |
|---|---|---|---|
| 65,80 € | 32,90 € | 22 jours/mois | 4 (soit 264 jours sur la carrière) |
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Retour au travail, droits et garanties
À la reprise, le salarié retrouve son poste ou un emploi équivalent, rémunération maintenue. L’ancienneté et les avantages acquis ne sont pas perdus. Un entretien professionnel peut être proposé, pour faire le point sur l’évolution du parcours.
Pendant le congé, aucune autre activité professionnelle ne peut être exercée (sauf exception : emploi par la personne aidée si celle-ci touche l’APA ou la PCH). Le salarié conserve aussi ses droits à l’assurance vieillesse des aidants (AVA).
Refus de l’employeur : recours et protections
Le principe : l’employeur n’a pas le droit de refuser une demande conforme. Si un refus survient sans motif valable (oubli de justificatif, non-respect du délai), le salarié peut saisir le conseil de prud’hommes. Les accords d’entreprise peuvent toutefois préciser certains points : durée maximale, modalités de renouvellement, délais de prévenance spécifiques.
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Organiser la relève en décembre : points de vigilance et astuces
Décembre, période sensible. Pour ne pas perturber les équipes, mieux vaut organiser la transmission des dossiers suffisamment tôt. Prévoir un plan de continuité : qui prend la suite, comment partager les informations, quels outils pour signaler les absences fractionnées.
- Informer le manager et les collègues dès la demande déposée
- Mettre à jour les dossiers en amont
- Planifier, si possible, les absences sur des périodes creuses
- Anticiper la relève familiale ou professionnelle auprès de la personne aidée (aide à domicile[1], accueil temporaire, établissements, etc.)
- Vérifier les accords collectifs : certains secteurs permettent le don de jours de repos entre collègues
Penser aussi à utiliser les ressources locales : points d’information pour les aidants, annuaires de services d’aide et de soins, réseaux associatifs. Un échange avec la CAF ou la MSA peut débloquer des solutions méconnues.
FAQ pratique : congé de proche aidant et AJPA
Peut-on cumuler le congé de proche aidant avec d’autres congés ?
Oui, le congé peut s’articuler avec d’autres droits (congé parental, RTT, don de jours, etc.), à condition de respecter les procédures de chaque dispositif.
La demande d’AJPA peut-elle être refusée ?
La CAF ou la MSA peut refuser si les justificatifs sont incomplets ou si les plafonds sont atteints (nombre de jours, nombre de proches aidés). En cas d’erreur dans le dossier, un recours est possible après régularisation.
Que se passe-t-il si la situation du proche évolue ?
En cas de décès, d’admission en établissement, de recours à un service d’aide ou si un autre membre de la famille prend le relais, le congé peut s’arrêter de façon anticipée. Respecter alors le préavis (un mois, deux semaines en cas de décès).
Où trouver les formulaires et les points d’information ?
Les documents sont accessibles sur service-public.fr, caf.fr et msa.fr. Les points d’accueil locaux orientent vers des relais d’aide, établissements, services à domicile, et proposent parfois un accompagnement individuel.
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[1] Aide à domicile
L’aide à domicile est un service qui accompagne les personnes chez elles en leur apportant une assistance pour les tâches de la vie courante, comme le ménage, les courses, ou…
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[2] Dépendance
La dépendance de la personne âgée désigne le besoin d’aide pour réaliser les tâches de la vie quotidienne en raison de problèmes physiques ou mentaux.
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