Face à l’allongement de la durée de vie, la question du logement adapté aux seniors devient cruciale. Les villages seniors, ces résidences services qui fleurissent partout en France, représentent une solution intéressante pour les personnes âgées autonomes souhaitant vivre dans un environnement sécurisé tout en préservant leur indépendance. Mais que se passe-t-il lorsque l’autonomie diminue et que les problèmes de santé s’accumulent ? Est-il possible de rester dans son logement en village senior malgré une dégradation de l’état de santé ? Et surtout, à quel coût ?

Qu’est-ce qu’un village senior exactement ?

Un village senior est une forme d’habitat intermédiaire entre le domicile classique et l’EHPAD[1]. Il s’agit de résidences services composées de logements individuels (appartements ou maisons) spécialement conçus pour les personnes âgées autonomes ou semi-autonomes.

Ces résidences proposent généralement :

  • Des logements adaptés et accessibles (absence de marches, douches à l’italienne, barres d’appui…)
  • Des espaces communs favorisant la vie sociale (restaurant, salon, jardin…)
  • Des services de base inclus dans le loyer (accueil, gardiennage, animation…)
  • Des services optionnels à la carte (restauration, ménage, blanchisserie…)

Ces établissements s’adressent prioritairement aux seniors autonomes (GIR 5-6), capables de vivre seuls mais souhaitant bénéficier d’un cadre sécurisant et convivial. À la différence des EHPAD, les villages seniors ne disposent pas d’équipe médicale permanente et ne sont pas médicalisés.

femme senior avec son chien en village senior

Peut-on rester en village senior quand la santé se dégrade ? Les limites d’accueil selon le niveau d’autonomie

La question de la perte d’autonomie est centrale dans le fonctionnement des villages seniors. Contrairement aux EHPAD, ces structures ne sont pas conçues pour accueillir des personnes fortement dépendantes (GIR[2] 1-2) nécessitant une surveillance médicale constante.

La grande majorité des villages seniors accueillent des résidents classés en GIR 5-6 (personnes autonomes) et GIR 4 (début de perte d’autonomie). Certains acceptent également les GIR 3 (dépendance[3] modérée), à condition que des aides appropriées soient mises en place comme des services à domicile.

Le maintien dans les lieux dépend donc du niveau de dépendance atteint et de la politique de l’établissement, qui peut varier considérablement d’une résidence à l’autre.

Les solutions pour prolonger le séjour malgré la perte d’autonomie

Face à une dégradation de l’état de santé, plusieurs options peuvent permettre de rester en village senior :

1. La mise en place d’aides externes

Comme à domicile, il est possible de faire intervenir dans son logement en village senior :

  • Des services d’aide à domicile[4] (pour l’aide à la toilette, l’habillage, les repas…)
  • Des professionnels de santé libéraux (infirmiers, kinésithérapeutes…)
  • Un service de soins infirmiers à domicile (SSIAD[5])
  • Une hospitalisation à domicile (HAD) dans certains cas

Ces interventions peuvent permettre de compenser une perte d’autonomie et de maintenir le résident dans son logement plus longtemps.

2. Les partenariats avec des structures médicalisées

Certains villages seniors ont développé des partenariats avec des EHPAD ou des services de soins à domicile pour faciliter la prise en charge des résidents dont l’état de santé se dégrade.

Ces partenariats peuvent prendre différentes formes :

  • Intervention régulière d’une équipe soignante de l’EHPAD partenaire
  • Priorité d’admission dans l’EHPAD partenaire en cas de besoin
  • Mutualisation de certains services (animations, restauration…)
  • Intervention d’équipes mobiles gériatriques

3. Les résidences intergénérationnelles

Certains villages proposent un concept intergénérationnel avec différents niveaux de prise en charge sur un même site, permettant aux résidents de passer d’un logement autonome à un environnement plus médicalisé sans changer complètement de cadre de vie.

Quand le maintien en village senior devient impossible

Malgré toutes ces solutions, il existe un seuil au-delà duquel le maintien en village senior n’est plus possible ni souhaitable pour la sécurité du résident. C’est généralement le cas lorsque :

  • La personne nécessite une surveillance 24h/24
  • Des soins médicaux complexes et fréquents sont nécessaires
  • Des troubles cognitifs sévères entraînent des comportements à risque
  • La mobilité est très réduite et l’adaptation du logement insuffisante

Dans ces situations, l’orientation vers un EHPAD ou une unité de soins longue durée devient généralement inévitable.

Les conditions financières de la vie en village senior Les coûts de base en village senior

Le coût mensuel d’un logement en village senior se compose généralement de plusieurs éléments :

  • Le loyer ou redevance pour le logement
  • Les charges locatives classiques (eau, électricité, entretien…)
  • Le forfait services comprenant les prestations de base (accueil, sécurité, animations…)

Ces coûts varient en fonction de la localisation, de la taille du logement et du niveau de services inclus. Ils sont souvent perçus comme plus accessibles que ceux d’un EHPAD, mais peuvent s’alourdir si de nombreux services optionnels sont ajoutés.

couple de seniors découvrant le contrat en village senior

Les surcoûts liés à la perte d’autonomie

Lorsque l’état de santé se dégrade, des frais supplémentaires viennent s’ajouter aux coûts de base :

1. Les services à la carte proposés par la résidence

La plupart des villages seniors proposent des services optionnels facturés en supplément :

  • Aide à la toilette et à l’habillage
  • Portage de repas ou restauration
  • Ménage et entretien du linge
  • Accompagnement aux rendez-vous médicaux

Ces prestations représentent un surcoût qui dépend directement des besoins du résident.

2. Les interventions de professionnels externes

Lorsque la perte d’autonomie nécessite l’intervention de professionnels externes, des frais supplémentaires peuvent s’appliquer pour la souscription de services d’aide à domicile, les soins infirmiers, ou la mise en place d’une téléassistance.

Les aides financières mobilisables

Face à ces coûts qui peuvent s’avérer importants, plusieurs aides peuvent être sollicitées :

1. Les aides au logement

Selon les ressources, les résidents peuvent bénéficier :

  • De l’APL (Aide Personnalisée au Logement) si la résidence est conventionnée
  • De l’ALS (Allocation de Logement Social) dans les autres cas

2. L’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie)

Cette aide départementale, accessible à partir de 60 ans, peut financer une partie des dépenses liées à la perte d’autonomie. Contrairement à une idée reçue, l’APA n’est pas réservée aux personnes en EHPAD ou à domicile classique, elle est également accessible aux résidents des villages seniors classés en GIR 1 à 4.

Son montant varie en fonction :

  • Du niveau de dépendance (GIR)
  • Des ressources du bénéficiaire
  • Du plan d’aide établi

3. Les crédits d’impôt

Les dépenses liées aux services à la personne (aide à domicile, ménage…) ouvrent droit à un crédit d’impôt[6] de 50%, dans la limite de plafonds annuels. Ce crédit d’impôt est accessible même aux personnes non imposables.

4. Les aides des caisses de retraite

Pour les personnes peu dépendantes (GIR 5-6), les caisses de retraite peuvent proposer des aides pour financer certains services (aide ménagère[7], portage de repas…).

Comment anticiper l’évolution de sa situation en village senior ?

Les questions à poser avant de s’installer

Pour éviter les mauvaises surprises, il est essentiel de se renseigner précisément sur la politique de l’établissement face à la perte d’autonomie :

  • Jusqu’à quel niveau de dépendance (GIR) l’établissement accepte-t-il de garder ses résidents ?
  • Existe-t-il des partenariats avec des EHPAD ou des services de soins ?
  • Quels services supplémentaires peuvent être mis en place en cas de perte d’autonomie et à quel coût ?
  • Le logement est-il facilement adaptable en cas de mobilité réduite ?
  • Les intervenants extérieurs (aide à domicile, infirmiers…) sont-ils autorisés à intervenir librement ?

Les clauses du contrat à vérifier

Le contrat de séjour[8] ou bail doit être étudié avec attention, notamment les clauses concernant :

  • Les conditions de résiliation en cas de dégradation de l’état de santé
  • Les délais de préavis en cas de départ
  • Les conditions d’évolution des tarifs des services
  • Les responsabilités de l’établissement en matière d’aide et d’assistance

Prévoir un plan B

Même si l’on espère pouvoir rester longtemps en village senior, il est prudent d’anticiper un éventuel déménagement vers une structure plus médicalisée :

  • Se renseigner sur les EHPAD à proximité (conditions d’accueil, délais d’attente…)
  • S’inscrire de façon préventive sur liste d’attente dans un ou plusieurs établissements
  • Constituer une épargne de précaution pour faire face à l’augmentation des coûts
  • Discuter de ces questions avec ses proches

Village senior et perte d’autonomie : ce qu’il faut retenir

Les villages seniors constituent une solution d’habitat intéressante pour les personnes âgées autonomes ou en début de perte d’autonomie. Face à une dégradation de l’état de santé, le maintien dans ces structures est souvent possible jusqu’à un certain seuil (généralement GIR 3-4), grâce à la mise en place de services complémentaires et d’interventions extérieures.

Cependant, cette adaptation entraîne des surcoûts qu’il convient d’anticiper, même si diverses aides financières peuvent être mobilisées. Au-delà d’un certain niveau de dépendance, le transfert vers un EHPAD ou une structure médicalisée devient nécessaire pour garantir la sécurité et la qualité des soins.

L’essentiel est donc de bien se renseigner avant de s’installer, d’anticiper l’évolution possible de sa situation et de prévoir les solutions alternatives si nécessaire. C’est à ces conditions que le choix d’un village senior pourra s’inscrire sereinement dans un parcours résidentiel adapté au vieillissement.

Note de l’article (6 votes)

Cet article vous a-t-il été utile ?

Notez cet article afin de nous permettre d’améliorer nos contenus.

Commentaires (2)

Réagissez, posez une question…

  1. MMe COTTET-DUMOUIN Sylviane

    Je n’ai trouvé aucun contact ni N+ de téléphone, il est impossible de vous joindre.

    Répondre
    1. Amandine

      Bonjour

      Je vous remercie pour votre commentaire.
      Je vous invite a nous contacter au 01 86 65 82 00 afin de pouvoir vous communiquer tous les renseignements souhaites.
      Bonne journée.
      Amandine

      Répondre

Les derniers articles

Articles les plus recherchés

Nos dossiers sur ce thème

Les différents types de maisons de retraite

Le terme général de maison de retraite inclut un ensemble d'établissements. Pour bien choisir, il est important de distinguer les diverses formes d'hébergements pour personnes…

En savoir plus

EHPAD

L'Ehpad est le type de maison de retraite le plus répandu en France. Son statut juridique et sa structure font de l'Ehpad le lieu d'accueil…

En savoir plus

Les résidences services séniors

En plein développement et de plus en plus abordables, les résidences services séniors sont des logements, à l'achat ou en location, destinés aux personnes âgées…

En savoir plus

Les tarifs des maisons de retraite

Dans un objectif de plus grande transparence des prix, des nouveautés au niveau des affichages de tarifs de maisons de retraite sont entrées en vigueur…

En savoir plus

L'entrée en maison de retraite

Cette rubrique prodigue des conseils destinés aux familles qui souhaitent aider leurs proches âgés à réussir leur entrée en maison de retraite. En effet, il…

En savoir plus

La bientraitance en maison de retraite

Les personnes âgées en perte d'autonomie ou dépendantes sont très souvent dans une situation de vulnérabilité et de fragilité. Il est donc primordial de leur…

En savoir plus

Le quotidien en maison de retraite

Les journées en maison de retraite sont, pour la plupart, rythmées de manière similaire. Cette rubrique s’articule autour du quotidien de nos aînés en maison…

En savoir plus

Les professionnels en maison de retraite

Pour qu’une résidence pour personnes âgées s’organise de manière optimale, elle doit s'articuler autour d'une répartition de rôles, bien précise. En premier lieu, nous aborderons…

En savoir plus