Depuis le 13 mars, l’assurance maladie a relancé la campagne de sensibilisation nationale pour la reconnaissance de linsuffisance cardiaque. L’occasion de rappeler au grand public les bons réflexes à adopter en termes de diagnostic précoce de la maladie. En effet, l’insuffisance cardiaque concerne 1,5 million de Français, dont 10 % chez les plus de 70 ans. 

Encore méconnue et sous-diagnostiquée, cette maladie coronarienne risque d’augmenter de 25 % tous les 4 ans et de toucher les moins de 55 ans. En cause ? Les mauvaises habitudes alimentaires et la sédentarité motivée par notre société. Avec le slogan « Et si votre cœur essayait de vous dire quelque chose ? », l’assurance maladie et Cap Retraite reviennent sur les symptômes à risques et les fausses croyances.

#1 L’insuffisance cardiaque ne prévient pas 

Vrai et faux. Traduite par une perte partielle de la force musculaire du cœur, l'insuffisance cardiaque est certes difficile à prévenir. C'est pourquoi elle est trop souvent traitée et diagnostiquée, une fois le patient hospitalisé pour des problèmes respiratoires alors que le cœur est déjà structurellement altéré.

Connue de seulement 13 % des Français, l’insuffisance cardiaque est une maladie chronique où le cœur n’est plus capable de propulser le sang dans l’organisme. Si cette pathologie est silencieuse, la campagne de la CNAM rappelle les quatre principaux signes de la pathologie sous l’acronyme EPOF pour : 

  • Essoufflement, 
  • Prise de poids soudaine (2 à 3 kg par jour jusqu'à 10 à 12 kg en une semaine)
  • Œdèmes au niveau du ventre et des pieds
  • Fatigue inhabituelle

Dès lors, où l’on présente 2 de ces 4 symptômes, il est recommandé d’aller consulter son médecin traitant.

Commencée en septembre 2022, cette campagne a trois missions : 

  • faire connaître les symptômes,
  • améliorer et anticiper la prise en charge,
  • favoriser le diagnostic. 

Résultat, la connaissance globale de l’insuffisance cardiaque progresse : 

  • 19 % des seniors peuvent citer ces 4 signes d’alertes.
  • 9 seniors sur 10, soit 88 %, identifient la fatigue et l’essoufflement comme un symptôme inhabituel et un risque d’insuffisance cardiaque.
  • 7 seniors sur 10 citent les œdèmes (70 %),
  • 37 % des seniors évoquent la prise de poids rapide.
  • 9 seniors sur 10 ont aussi déclaré que la campagne les avait incités à consulter leur médecin lors de l’apparition des symptômes.

« L’acronyme EPOF doit être diffusé et compris par tous les professionnels de santé. Notamment les plus consultés par le grand public : les infirmiers et les pharmaciens.


De plus, l’insuffisance cardiaque génère un handicap invisible et les aidants sont capitaux pour aider à la prise en charge des patients. » 


Professeur Thibaud Damy, cardiologue au CHU de Créteil 

#2 : L’insuffisance cardiaque est guérissable 

Faux. Pour 49 % des personnes, l’insuffisance cardiaque n’est pas une maladie grave comme peut l’être un cancer. Pourtant, cette maladie chronique aux lourdes conséquences nécessite un traitement à vie, car elle est incurable. Si ces sondés sont 67 % à minimiser les répercussions de la maladie sur les activités simples de la vie quotidienne comme : 

  • Monter les marches d’un escalier ou marcher aux côtés de son conjoint sans s’essouffler.
  • Ne plus réussir à enfiler ses chaussures à cause de pieds gonflés. 
  • Se réveiller toujours fatigué.

89 % d’entre eux reconnaissent qu’elle réduit les capacités physiques et que non traités, elle entraîne des hospitalisations et des décès.

Pour stabiliser la maladie, le patient doit changer positivement sa qualité de vie : 

  • Adopter un régime alimentaire pauvre en sel.
  • Pratiquer une activité physique régulière avec une réadaptation cardiaque en structure médicale pour apprendre à réentraîner son cœur à l’effort.
  • Suivre des traitements médicamenteux à base de diurétiques et de bêtabloquants pour améliorer voire normaliser la fonction cardiaque.
  • Dans certains cas, on peut implanter un défibrillateur cardiaque automatique pour pallier les problèmes d’arythmie.

#3 : Une maladie cardiaque est généralement héréditaire

Vrai et faux. Si des facteurs génétiques peuvent développer la maladie coronarienne, aujourd’hui, 90 % des maladies cardiaques sont causées par de mauvaises habitudes de vie telles que la mauvaise alimentation, le tabagisme, peu ou pas d’exercice physique, etc. 

Des mauvaises habitudes, responsables d’une hausse du taux de cholestérol sanguin de la tension artérielle et du syndrome métabolique ou diabète de type 2. Autant de conséquences qui multiplient le risque de maladie cardiaque, et ce, dès le plus jeune âge.

#4 L’insuffisance cardiaque concerne uniquement les personnes âgées

Si la majorité des patients atteints d’insuffisance cardiovasculaire ont plus de 70 ans, 15 % des personnes âgées de moins de 65 ans souffrent sans le savoir de symptômes d’insuffisance cardiovasculaire. Une négligence issue d’un manque d’attention envers eux-mêmes et des professionnels de santé. Ce non-diagnostic s’explique par la difficulté à relier les symptômes d’essoufflement, de prise de poids, d’œdème ou de fatigue avec un problème de cœur. 

"Il y a deux types d'insuffisances cardiaques : 


Celle des sujets jeunes atteints de cardiomyopathie dans la cadre d'une pathologie cardiaque propre qui développera les symptômes avec le temps. 


Celle des sujets âgés atteints de pathologies cardiovasculaires qui vont survivre grâce au progrès des médicaments et traitements liés à l'hypertension, le diabète, l'hypercholestérol… Avec un cœur qui gardera des séquelles jusqu'à développer l'insuffisance cardiaque. "


Professeur Thibaud Damy, cardiologue au CHU de Créteil 

#5 Les insuffisants cardiaques ne peuvent plus faire d’exercice

Faux. Bien au contraire, l’exercice régulier est essentiel pour réduire les décompressions cardiaques. L’activité physique aide à renforcer les muscles cardiaques, à contrôler la tension artérielle et le taux de cholestérol. 

Seniors en train de faire du sport pour maintenir une bonne santé cardiaque

Dans l’idéal, cinq ou six séances d’activité modérée à intense hebdomadaire sont préconisées pour réduire les hospitalisations répétées. Visez 30 minutes d’activité chaque jour, réparties en périodes de 10 à 15 minutes.

Selon votre santé, demandez l’avis de votre médecin et d’un physiothérapeute pour concevoir un programme d’entraînement personnalisé et éviter toute douleur de poitrine, vertiges et essoufflement anormal pendant l’exercice.

#6 Les hommes sont les plus touchés par les maladies cardiaques

Faux. En réalité, les hommes et les femmes ont les mêmes risques d’avoir une insuffisance cardiaque. D’ailleurs cette maladie tue plus de femmes que le cancer du sein. Un fait notamment expliqué par le manque d’examination cardiovasculaire chez la femme, comparé aux contrôles gynécologiques, plus systématiques.  

Femme souffrant d'insuffisance cardiaque contrairement aux idées reçues, les femmes peuvent en souffrir aussi

#7 Certains « super aliments » peuvent prévenir les maladies cardiaques

Si les superaliments comme les myrtilles, les grenades, les noix et le saumon sont bons pour le cœur et font partie des ingrédients d’un régime alimentaire sain… Il faut surtout limiter l’apport en sel, car c’est les aliments salés qui créent la rétention d’eau.

Pour répondre aux symptômes EPOF, il existe l’acronyme EPON, correspondant aux 4 signes préventifs à respecter. 

  • Des Exercices physiques réguliers
  • Se Peser régulièrement pour maintenir un poids santé
  • Observer les traitements, les consultations et les biologies (l’hypertension artérielle, le taux de cholestérol et le diabète)
  • Ne pas trop saler les aliments et adopter une alimentation saine et équilibrée

Des mesures qui s’ajoutent aux autres facteurs de risques de maladie cardiovasculaire, intimement liés aux habitudes de vie, comme arrêter de fumer.

L’insuffisance cardiaque dans l'opinion publique

"Si l'insuffisance cardiaque ne dit rien au grand public, c'est que l'on ne parle pas assez de ses troubles.

C'est un syndrome consécutif à toutes les pathologies qui finissent par une insuffisance cardiaque.

Avec cette campagne, médecins et patients parleront tous le même langage afin de donner un sens à cette maladie."


Professeur Thibaud Damy, cardiologue au CHU de Créteil 

94 % des Français connaissent le nom de la maladie sans vraiment savoir ce qu’est l’insuffisance cardiaque. Souvent associés à l’évolution d’un infarctus du myocarde, d’une angine de poitrine ou d’une HTA ( hypertension artérielle), les symptômes d'alertes sont aussi peu connus des soignants.

Pour ces raisons, la CNAM diffuse sa campagne jusqu’à fin avril en TV, en radio, en presse programme TV, féminine et senior. Elle sera ensuite relayée jusqu’à fin mai sur les réseaux sociaux et tout au long de l’année, au plus proche des consultations dans les maisons pluridisciplinaires de santé et les pharmacies. La prochaine étape : déployer le second volet au sujet des bons réflexes à adopter pour les insuffisants cardiaques. Rendez-vous en fin d’année.

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Source : 

Interview du professeur Thibaud Damy, cardiologue au CHU de Créteil dans l’émission Fréquence Médicale.

Communiqué de l’Assurance Maladie : https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/insuffisance-cardiaque/definition-causes  

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