L’ostéophytose désigne la formation d’ostéophytes (becs de perroquet) au niveau des articulations, notamment en cas d’arthrose. Ces excroissances osseuses n’entraînent pas nécessairement de symptômes. Elles peuvent toutefois causer des douleurs et réduire la mobilité. Dans ce cas, les options de traitement vont des antalgiques classiques jusqu’à la chirurgie.
Qu’est-ce que l’ostéophytose ?
L’ostéophytose fait référence à la formation d’ostéophytes (« becs de perroquet ») sur les bords des os, au niveau d’une articulation ou de la colonne vertébrale.
Un ostéophyte est une excroissance osseuse coiffée de fibrocartilage (un tissu composé de cartilage et contenant des fibres de collagène). Autrement dit, il s’agit d’une petite protubérance composée d’os compact et lisse. On parle aussi d’éperon osseux.
Les principales parties du corps où se forment les ostéophytes sont les suivantes :
- Colonne vertébrale : vertèbres lombaires (bec de perroquet du dos), thoraciques (milieu du dos) ou cervicales (cou) ;
- Doigt ;
- Genou ;
- Hanche ;
- Cheville ;
- Épaule.
Qu’est-ce que l’ostéophytose marginale ?
L’ostéophytose marginale est l’une des principales caractéristiques de l’arthrose. Elle constitue d’ailleurs l’un des critères majeurs de diagnostic de cette maladie articulaire.
Les ostéophytes marginaux (ou périphériques) se forment sur la partie externe de l’articulation, là où le cartilage est endommagé. Ils sont généralement localisés d’un côté de l’articulation.
Il existe d’autres types d’ostéophytes qui se développent dans la partie interne de l’articulation ou au niveau de la colonne vertébrale.
Par exemple, les ostéophytes centraux apparaissent à l’intérieur de l’espace articulaire. Ils peuvent entraver le mouvement de l’articulation et provoquer des douleurs, en particulier lorsqu’ils exercent une pression sur les tissus ou les nerfs avoisinants. On les trouve essentiellement au niveau des hanches et des genoux.
Les classifications des ostéophytes distinguent également les excroissances osseuses se formant au niveau de la colonne vertébrale, appelées ostéophytes vertébraux.
Type d’ostéophyte | Description | Localisation typique |
---|---|---|
Extra-rachidiens (Toutes articulations, sauf colonne vertébrale) | ||
Ostéophyte marginal | Apparaît comme de petites « lèvres » au bord des os | Périphérie des articulations |
Ostéophyte central | Se forme à l’intérieur de l’articulation | Hanches et genoux |
Ostéophyte périosté/synovial | Stimulé par les tissus qui recouvrent l’os (le périoste) et la membrane qui tapisse l’intérieur de l’articulation (la synoviale) | Intérieur de l’articulation |
Ostéophyte capsulaire |
| Articulations des doigts |
Vertébraux | ||
Ostéophyte de traction |
| Colonne vertébrale |
Ostéophyte en griffe | Courbé vers le disque intervertébral |
Quels sont les symptômes de l’ostéophytose ?
L’ostéophytose n’entraîne pas toujours de symptômes. De nombreux patients ont des ostéophytes, liés à l’arthrose ou autre, et l’ignorent.
Lorsqu’ils se manifestent, les principaux symptômes de l’ostéophytose sont les suivants :
- Douleurs, faiblesse et engourdissement :
- Les ostéophytes lombaires situés dans le canal rachidien risquent de provoquer une compression des racines nerveuses, entraînant des douleurs, une faiblesse ou un engourdissement dans les bras ou les jambes (paresthésie). Ils causent aussi parfois des douleurs dans le bas du dos (lombalgie) ;
- Des études ont montré que la présence d’ostéophytes était le meilleur prédicteur radiologique de douleur au genou (gonalgie) ;
- Les ostéophytes dans une hanche peuvent entraîner des douleurs dans cette articulation, mais aussi jusque dans le genou ou la cuisse. On les rencontre en cas d’arthrose de la hanche (coxarthrose) ;
- Les ostéophytes de la main provoquent des douleurs articulaires aux doigts ;
- Limitation de la mobilité articulaire et difficultés à effectuer certains mouvements :
- L’ostéophytose du genou peut réduire l’amplitude des mouvements et gêner le patient lors de l’extension ou de la flexion de la jambe. C’est souvent le cas en présence d’arthrose du genou (gonarthrose) ;
- De même, l’ostéophytose de la hanche est susceptible de limiter l’amplitude des mouvements de l’articulation de la hanche et de gêner la marche ;
- Gonflement local de l’articulation : si le bec de perroquet est proche de la peau, il peut être visible et ressembler à une bosse, notamment au niveau des phalanges ou de la rotule ;
- Dysphagie et problèmes respiratoires : les ostéophytes de la colonne vertébrale (cervicaux et thoraciques) risquent de causer une dysphagie (difficulté à avaler) ainsi que des problèmes respiratoires ;
- Paralysie des cordes vocales : elle peut être due à des ostéophytes vertébraux.
Quelles sont les causes de l’ostéophytose ?
L’ostéophytose résulte d’un processus de réparation osseuse, en réponse à une dégradation des articulations ou des contraintes répétées. Son développement n’est pas encore totalement compris, mais plusieurs causes ont été identifiées :
- L’arthrose : cette maladie dégénérative entraînant la perte progressive du cartilage articulaire est la principale cause de l’ostéophytose. Lorsque le cartilage s’use, l’os sous-jacent est exposé, perturbant le processus normal de remodelage osseux (cycle constant de destruction et de reformation de l’os). En réponse, le corps tente de stabiliser l’articulation en formant des excroissances osseuses ;
- Les maladies inflammatoires : par exemple, une inflammation du tendon d’Achille peut entraîner la formation d’un ostéophyte au niveau du calcanéum (os du talon). On parle alors d’épine calcanéenne ;
- Les contraintes mécaniques répétées : l’ostéophytose peut survenir en réponse à des pressions prolongées ou à des frottements répétés sur l’os ;
- Certaines activités physiques, comme la course à pied ou la danse, augmentent le risque en raison du stress qu’elles exercent sur les articulations et les tendons ;
- Le surpoids et l’obésité (indice de masse corporelle, IMC, élevé) peuvent favoriser l’apparition d’ostéophytes, notamment aux pieds ;
- Le vieillissement : avec l’âge, les tissus articulaires s’usent progressivement, favorisant le développement d’ostéophytes en périphérie des articulations.
Des facteurs génétiques sont également impliqués dans la formation d’ostéophytes. Les gènes et mécanismes concernés font l’objet d’études.
Comment est diagnostiquée l’ostéophytose ?
L’ostéophytose est généralement détectée dans le cadre du diagnostic de l’arthrose.
Le médecin traitant ou le rhumatologue procède à un examen clinique et physique visant à évaluer la mobilité des articulations et la douleur.
Les ostéophytes sont rarement visibles à l’œil nu ou détectables lors d’une palpation des articulations. L’ostéophytose de la main peut toutefois faire exception. En effet, ces éperons osseux provoquent parfois une bosse visible au niveau des articulations des phalanges.
Pour les autres articulations ou en l’absence de ces déformations, l’ostéophytose est détectée grâce à des examens d’imagerie :
- Radiographie : image obtenue par rayons X permettant de visualiser les structures osseuses. Le but : observer la forme, la taille et la localisation des ostéophytes, qu’ils soient marginaux, centraux ou autre ;
- Tomodensitométrie (scanner) : reconstruction à partir de plusieurs images radiographiques, offrant une image plus détaillée des os et autres tissus ;
- Imagerie par résonance magnétique (IRM) : technique d’imagerie utilisant des champs magnétiques et des ondes radio, pour visualiser les tissus mous comme le cartilage, les tendons et les ligaments. L’IRM permet d’évaluer les défauts cartilagineux et d’autres changements dégénératifs associés à l’ostéophytose.
Des examens supplémentaires peuvent être effectués, lorsque le médecin suspecte une compression des nerfs et souhaite évaluer d’éventuelles lésions nerveuses. Des tests comme l’électromyographie (EMG) ou l’étude de conduction nerveuse (NCS) permettent d’identifier les nerfs affectés en analysant leur réponse à des impulsions électriques.
Bon à savoir : l’arthrose est une arthropathie dégénérative, c’est-à-dire une maladie dégénérative chronique des articulations.
Ses signes cardinaux, visibles sur une radiographie standard, sont les suivants :
- pincement de l’interligne articulaire (diminution de l’espace séparant les deux os de l’articulation) ;
- ostéophytose marginale (formation de becs de perroquet sur la partie externe de l’articulation) ;
- ostéosclérose sous-chondrale (augmentation de la densité de l’os situé sous le cartilage) ;
- géodes sous-chondrales (cavités dans l’os).
Comment soigner une ostéophytose ?
Lorsque l’ostéophytose ne cause pas de symptômes, aucun traitement n’est nécessaire.
Néanmoins, si les becs de perroquet entraînent des douleurs, endommagent d’autres tissus ou limitent les mouvements, plusieurs traitements peuvent être proposés par le rhumatologue.
Les traitements non chirurgicaux de l’ostéophytose
Plusieurs approches permettent de soulager les douleurs causées par les becs de perroquet :
- traitements pharmacologiques :
- antalgiques (paracétamol) ;
- anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), tels que l’ibuprofène ou le naproxène ;
- infiltrations de corticoïdes, pour réduire temporairement l’inflammation et le gonflement ;
- relaxants musculaires ;
- anti-inflammatoire naturel contre l’arthrose, tel que la curcumine ;
- perte de poids, pour soulager la pression sur les articulations ;
- séances de kinésithérapie, afin de préserver la mobilité articulaire et de freiner l’évolution des ostéophytes ;
- ostéopathie, pour améliorer la posture et la mobilité ;
- massages, dans le but de stimuler la circulation sanguine, notamment en cas de becs de perroquet aux pieds ;
- repos et application de glace, afin de diminuer l’inflammation et la douleur ;
- port de chaussures soutenant mieux le pied ou dotées de semelles amortissant la pression exercée sur les ostéophytes ;
- activité physique adaptée, pour faciliter la perte de poids et renforcer les muscles autour des articulations.
Les traitements chirurgicaux de l’ostéophytose
Si un ostéophyte réduit la mobilité ou comprime un nerf, une intervention chirurgicale peut s’avérer nécessaire. Elle consiste à retirer le bec de perroquet au cours d’une opération.
Par exemple, en cas d’hallux rigidus (arthrose de l’une des articulations du gros orteil) gênant la marche, le chirurgien pratique une cheilectomie. Il s’agit d’une ablation des ostéophytes, effectuée en faisant une incision le long de l’articulation ou au-dessus de celle-ci.
Dans les formes les plus graves d’arthrose, l’articulation endommagée peut être remplacée par une prothèse. Par exemple, pour l’arthrose de la cheville, l’intervention chirurgicale (arthroplastie) peut consister à retirer les becs de perroquet et le cartilage usé. Ensuite, les parties retirées sont remplacées par une prothèse.
Certaines interventions sont réalisées en ambulatoire, tandis que d’autres nécessitent un temps de récupération plus long.
Adaptations de l’environnement et du mode de vie
Lorsque les restrictions causées par les becs de perroquet rendent les activités quotidiennes plus difficiles à réaliser, il peut être nécessaire de procéder à quelques adaptations. L’utilisation d’aides techniques et l’aménagement du logement, notamment, facilitent les déplacements et la réalisation des activités essentielles.
Certaines personnes peuvent être amenées à changer d’emploi ou à repenser leurs programmes d’exercice physique, en privilégiant notamment la natation. Le but : réduire la pression sur les articulations et éviter les douleurs liées aux ostéophytes.
Questions fréquentes
Y a-t-il un rapport entre l’ostéophytose et le cancer ?
Il n’existe pas de lien entre l’ostéophytose et le cancer. Certes, les becs de perroquet sont des excroissances et ce mot est souvent associé dans les esprits avec les tumeurs. Cependant, les excroissances cancéreuses sont des excroissances cellulaires et la majorité d’entre elles sont d’ailleurs bénignes. En revanche, les ostéophytes sont des formations osseuses liées à un processus de remodelage de l’os après une fracture ou dans le cadre d’une maladie dégénérative.
Qu’est-ce que l’ostéophytose en hameçon ?
L’ostéophytose en hameçon fait référence à des ostéophytes en forme d’hameçon ou de crochet qu’on peut voir sur une radiographie. Ils apparaissent au niveau des articulations métacarpo-phalangiennes, c’est-à-dire celles situées à la base des doigts, là où commence la paume. Ils sont le signe d’une maladie héréditaire appelée hémochromatose, se caractérisant par une absorption excessive de fer par l’organisme.
Le bec de perroquet du dos cause-t-il des douleurs ?
Un bec de perroquet au niveau du dos (ostéophyte lombaire) ne cause généralement pas de douleurs. Toutefois, il peut parfois entraîner un mal au dos et d’autres symptômes de trois manières :
- Inflammation articulaire : les ostéophytes des articulations facettaires favorisent le frottement entre les vertèbres, entraînant inflammation, douleur et raideur ;
- Compression d’une racine nerveuse : en rétrécissant le foramen intervertébral, les becs de perroquet peuvent comprimer une racine nerveuse, provoquant fourmillements et douleurs en cas d’inflammation ;
- Compression de la moelle épinière : en réduisant l’espace du canal rachidien, ils risquent d’entraîner faiblesse musculaire, perte de force et douleurs.
Sources :
Junker, S., Krumbholz, G., Frommer, K. W., Rehart, S., Steinmeyer, J., Rickert, M., … et Neumann, E. (2015). Les différents types d’ostéophytes dans l’arthrose. Proposition d’une classification histologique. Revue du Rhumatisme, 82(6), 390–395.
Van der Kraan, P. M. et Van den Berg, W. B. (2007). Osteophytes: relevance and biology. Osteoarthritis and Cartilage, 15(3), 237–244.
Wong, S. H. J., Chiu, K. Y. et Yan, C. H. (2016). Review Article: Osteophytes. Journal of Orthopaedic Surgery, 24(3), 403–410.
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Réagissez, posez une question…
Hélas pour avoir un rendez-vous chez un rhumatologue c’est de plus en plus compliqué
Bonjour,
Merci de votre commentaire.
Effectivement, les délais sont longs. Vous pouvez demander à votre médecin traitant s’il peut accélérer la demande ou chercher un rhumatologue dans un centre hospitalier.
Bonne journée,
Amandine.