Une maladie dégénérative est une affection qui détériore progressivement les cellules d’un organe et entraîne une incapacité croissante. Les pathologies concernées sont très variées. De la maladie d’Alzheimer à l’arthrose, en passant par le glaucome, ces conditions ont pour point commun d’être évolutives et incurables. Leurs causes sont multiples et encore mal connues, même si la génétique joue un rôle important. La prévention est importante pour retarder l’apparition et l’évolution de ces déficiences invalidantes.
Qu’est-ce qu’une maladie dégénérative ?
Une maladie dégénérative est un trouble caractérisé par une détérioration progressive et irréversible de cellules, affectant certains tissus ou organes.
On parle aussi de maladie chronique dégénérative, car la dégradation (ou dégénérescence) se produit au fil du temps (plus de six mois). Elle entraîne souvent une incapacité fonctionnelle du patient et nécessite des soins prolongés, qui ne pourront toutefois inverser le processus.
Bon à savoir : toutes les maladies dégénératives sont chroniques ; en revanche, les maladies chroniques ne sont pas toutes dégénératives. Autrement dit, elles peuvent rester stables et nécessiter un long traitement, sans qu’il y ait nécessairement une aggravation progressive (asthme, diabète, hypertension…).
Quelles sont les principales maladies dégénératives ?
Les maladies dégénératives peuvent affecter différents systèmes de l’organisme, notamment le système nerveux central et le système musculosquelettique.
Elles sont souvent classifiées en fonction du tissu ou de l’organe touché.
Les maladies neurodégénératives
Les maladies neurodégénératives sont un large ensemble de troubles caractérisés par une détérioration des neurones ou de leur gaine de myéline. Elles entraînent une dégénérescence progressive de différentes zones du système nerveux (cerveau, moelle épinière…).
Les principales maladies dégénératives du système nerveux sont les suivantes :
- La maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées :
- Démence vasculaire ;
- Maladie à corps de Lewy ;
- Dégénérescence fronto-temporale (DFT), dont la maladie de Pick ;
- Atrophies du lobe temporal à expression verbale ;
- Paralysie supranucléaire progressive (maladie de Steele-Richardson-Olszewski) ;
- Dégénérescence cortico-basale ;
- Maladie de Creutzfeldt-Jakob ;
- Syndrome de Benson, aussi appelé atrophie corticale postérieure (ACP) ;
- Sclérose latérale amyotrophique (SLA) ou maladie de Charcot ;
- Maladie de Parkinson ;
- Maladie de Huntington ;
- Sclérose en plaques ;
- Ataxies héréditaires ;
- Maladie de Charcot-Marie-Tooth.
Les maladies dégénératives du système musculosquelettique
Les maladies dégénératives du système musculosquelettique entraînent la dégénérescence des articulations, du cartilage ou des structures osseuses. Elles provoquent douleurs, inflammations, raideurs ou perte de mobilité.
Les principales maladies dégénératives du système musculosquelettique sont les suivantes :
- Arthrose ou arthropathie chronique dégénérative ;
- Certaines myopathies mitochondriales ;
- Discopathie dégénérative (ou dégénérescence discale) — détérioration progressive du disque intervertébral ;
- Dystrophies musculaires, dont la myopathie de Duchenne ou dystrophie musculaire de Duchenne (DMD) ;
- Ostéoporose ;
- Polyarthrite rhumatoïde.
Les maladies cardiovasculaires dégénératives
Les maladies cardiovasculaires dégénératives se caractérisent par l’accumulation progressive de plaques athéromateuses dans les artères. Ces plaques d’athérome réduisent le flux sanguin et augmentent le risque de troubles tels que la crise cardiaque (infarctus du myocarde) et l’accident vasculaire cérébral (AVC).
Les principales maladies cardiovasculaires dégénératives sont les suivantes :
- Maladie coronarienne (pouvant provoquer une insuffisance cardiaque) ;
- Sténose aortique dégénérative ;
- Certaines valvulopathies dues à l’âge (maladies des valves cardiaques) ;
- Maladie de Lenègre — atteinte progressive de la conduction électrique rythmant les battements du cœur.
Liste des principales maladies dégénératives, selon l’organe
Outre les trois principaux systèmes de l’organisme, presque tous les organes peuvent être touchés par une maladie dégénérative.
Organe | Maladies dégénératives |
---|---|
Peau |
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Foie |
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Poumons |
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Œil |
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Le cancer est parfois également considéré comme une maladie dégénérative. En effet, les tumeurs cancéreuses sont dues notamment à une altération des mécanismes cellulaires naturels. Ce dérèglement s’apparente à une forme de dégénérescence du contrôle cellulaire, c’est-à-dire du système régissant les processus fondamentaux des cellules et coordonnant leur activité.
Par ailleurs, certains cancers à un stade avancé peuvent entraîner une dégénérescence des organes touchés.
Quels sont les causes et les facteurs de risque des maladies dégénératives ?
Les maladies dégénératives ont des causes et des facteurs de risques multiples, variant en fonction du type spécifique de pathologie. Nombre de ces facteurs n’ont pas encore été identifiés.
Cependant, grâce aux progrès de la science (imagerie médicale, génétique, biochimie, biologie cellulaire…), la recherche a pu identifier des similitudes entre plusieurs de ces maladies.
Les facteurs de risque des maladies dégénératives connus sont les suivants :
- Vieillissement : il s’agit du principal facteur de risque, en particulier des maladies neurodégénératives comme Alzheimer et Parkinson. En France, le taux de prévalence (nombre de cas sur 1 000 habitants) des démences passe de 2 ‰ chez les personnes de 40 à 64 ans à 60 ‰ à partir de 65 ans (Santé publique France).
- Accumulation de protéines mal repliées : ces protéines peuvent former des agrégats qui perturbent la fonction cellulaire ;
- Des plaques de peptide amyloïde bêta et des agrégats de protéine Tau sont présents dans la maladie d’Alzheimer ;
- L’α-synucléine est le principal composant des corps de Lewy ;
- La huntingtine mutante forme des agrégats intranucléaires dans la maladie de Huntington.
- Facteurs génétiques :
- Mutations de l’ADN héréditaires ou acquises (de nombreuses mutations de gènes spécifiques ont été identifiées) ;
- Antécédents familiaux ;
- Modifications épigénétiques (changements affectant l’activité des gènes sans modifier leur séquence).
- Mode de vie : le tabagisme, une alimentation déséquilibrée, le manque d’activité physique et la consommation excessive d’alcool contribuent à nombre des décès liés à ces maladies, selon l’OMS.
- Exposition aux toxines et stress oxydatif : les métaux lourds, pesticides, solvants industriels et polluants génèrent des dérivés réactifs de l’oxygène (DRO). Ces molécules provoquent un stress oxydatif qui endommage les cellules et peut entraîner la mort cellulaire, en particulier des cellules nerveuses. De plus, ces toxines peuvent interférer avec la fonction mitochondriale (production d’énergie pour la cellule) et ainsi favoriser la dégénérescence cellulaire.
- Processus auto-immuns : le système immunitaire attaque par erreur les cellules et tissus sains. Il endommage ainsi les neurones, les synapses, les articulations et d’autres tissus, entraînant une dégénérescence progressive.
- Inflammation chronique : elle entraîne la libération continue de molécules qui endommagent progressivement les cellules et les tissus, accélérant ainsi le processus dégénératif.
- Des réponses inflammatoires chroniques au sein du système nerveux central, parfois déclenchées par des infections virales, sont liées à la progression de la sclérose en plaques.
- L’inflammation est aussi considérée comme une cause majeure de certaines maladies dégénératives de la rétine, comme l’uvéite, la rétinopathie diabétique et la DMLA.
Quels sont les symptômes des maladies dégénératives ?
Chaque maladie dégénérative a ses symptômes propres, dépendant de l’organe ou du tissu touché. Cependant, certains signes sont communs à plusieurs des troubles affectant un même système de l’organisme.
Symptômes des maladies neurodégénératives
Les symptômes des maladies neurodégénératives peuvent être très variés. Il existe toutefois des similarités, selon le mécanisme en jeu.
Type de maladie | Exemples de pathologies | Symptômes possibles |
---|---|---|
Démences |
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Maladies démyélinisantes (Destruction progressive de la myéline, altérant la transmission nerveuse) |
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Syndromes parkinsoniens |
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Maladies de motoneurones(Affectant les neurones contrôlant les muscles) |
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Symptômes des maladies dégénératives du système musculosquelettique
Bien que les mécanismes et causes des maladies dégénératives du système musculosquelettique diffèrent, ces déficiences partagent plusieurs symptômes communs.
Les symptômes les plus souvent constatés sont les suivants :
- Douleur chronique —
- articulaire (arthrose, polyarthrite rhumatoïde), musculaire (dystrophies, myopathies mitochondriales) ou vertébrale (discopathie dégénérative) ;
- mécanique (liée au mouvement, comme dans l’arthrose) ou inflammatoire (comme dans la polyarthrite rhumatoïde).
- Raideur et réduction de la mobilité —
- Arthrose, polyarthrite rhumatoïde et discopathie dégénérative :
- Raideur articulaire, surtout après une période d’inactivité ;
- Perte de souplesse des articulations et des disques intervertébraux.
- Dystrophies musculaires et myopathies mitochondriales :
- Raideur musculaire progressive due à l’atrophie et à la dégénérescence musculaire.
- Arthrose, polyarthrite rhumatoïde et discopathie dégénérative :
- Faiblesse musculaire et atrophie progressive —
- Aux stades avancés des dystrophies musculaires, des myopathies mitochondriales et de la polyarthrite rhumatoïde.
- Elles peuvent entraîner une importante perte de force, se traduisant par des difficultés à marcher, à se lever ou à monter les escaliers.
- Déformations progressives du squelette —
- Arthrose : déformation des articulations (« becs de perroquet ») ;
- Polyarthrite rhumatoïde : mains, pieds et autres articulations ;
- Ostéoporose : tassements et déformations de la colonne ;
- Dystrophies musculaires : rachis (scoliose, lordose excessive).
- Fatigue musculaire.
- Troubles de la posture et difficultés à se déplacer.
- Risque accru de fractures et de lésions articulaires.
Comment prévenir les maladies dégénératives ?
La prévention des maladies dégénératives repose sur plusieurs approches complémentaires.
Réduction de l’exposition aux facteurs de risque contrôlables
Il est important d’éviter les agents cancérigènes ou mutagènes (agents augmentant le risque de mutations génétiques, tels que les radiations et certains produits chimiques).
Les agents inflammatoires doivent également être limités, notamment en améliorant l’alimentation ou en utilisant des médicaments adaptés.
De même, il est nécessaire de lutter contre le stress oxydatif, responsable de dommages à l’ADN, grâce notamment à une alimentation riche en antioxydants.
Éviter le tabac et la consommation excessive d’alcool est également utile pour prévenir les maladies dégénératives.
Modification du régime alimentaire
De nombreuses études ont observé le rôle de l’alimentation dans la prévention des maladies dégénératives. Leurs conclusions :
- Adopter le régime méditerranéen : riche en aliments d’origine végétale, en acides gras oméga-3 et en composés bioactifs, ce régime a des effets anti-inflammatoires et protecteurs contre les maladies dégénératives ;
- Privilégier les aliments d’origine végétale : remplacer les aliments d’origine animale par des aliments d’origine végétale, comme les légumes, les fruits et les céréales. Cela permet d’augmenter l’apport en fibres et de diminuer la consommation de graisses saturées ;
- Vitamines : un apport en vitamines B6, B12, acide folique (B9) peut être bénéfique pour les personnes prédisposées à certaines maladies neurodégénératives. En outre, de nombreuses vitamines, notamment les vitamines C et E, agissent comme des antioxydants puissants. Elles neutralisent les radicaux libres, des molécules instables qui peuvent endommager les cellules, l’ADN, et d’autres composants cellulaires.
Pratiquer une activité physique régulière
L’activité physique joue un rôle important dans la prévention des maladies dégénératives, en agissant sur plusieurs facteurs de risque et mécanismes pathologiques.
En effet, l’activité physique régulière contribue à améliorer les mécanismes de défense antioxydants de l’organisme et a des effets anti-inflammatoires. Elle permet également de conserver un « poids santé », important pour la santé en général et contre les maladies cardiovasculaires dégénératives en particulier.
Peut-on guérir une maladie dégénérative ?
Une maladie dégénérative ne peut pas être guérie. Les traitements visent à :
- Ralentir la progression ;
- Soulager les symptômes ;
- Permettre de maintenir l’autonomie et la qualité de vie le plus longtemps possible.
Il existe des traitements médicamenteux :
- Lévodopa pour améliorer la mobilité, dans la maladie de Parkinson,
- Inhibiteurs de l’acétylcholinestérase, pour ralentir les symptômes cognitifs dans la maladie d’Alzheimer,
- Antalgiques contre les douleurs des maladies musculosquelettiques…
Les stratégies non médicamenteuses jouent également un rôle majeur :
- Stimulation cognitive ;
- Kinésithérapie, ergothérapie, orthophonie…
- Adaptation du domicile pour faciliter la vie quotidienne…
La chirurgie (prothèses articulaires…) peut s’avérer nécessaire pour certaines maladies musculosquelettiques.
Quelle prise en charge au quotidien ?
Les maladies dégénératives entraînent des incapacités croissantes et peuvent devenir de plus en plus invalidantes. Les patients ne parviennent plus à effectuer seuls de nombreuses activités de la vie quotidienne (AVQ).
Pour rester à domicile, il est souvent nécessaire d’avoir recours à des aides humaines et techniques :
- Aide à la personne (assistance dans les tâches ménagères ou dans les actes personnels, tels que la toilette ou l’habillage),
- Aménagement du logement pour faciliter les déplacements et prévenir les accidents,
- Téléassistance pour appeler de l’aide en cas d’urgence.
Parfois, le maintien à domicile n’est plus possible ou souhaité par le patient et sa famille. Dans ce cas, un accueil dans un établissement adapté s’impose.
Pour les personnes âgées atteintes de maladies dégénératives, les principales options d’hébergement sont des maisons de retraite médicalisées :
- Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD),
- Unité de soins de longue durée (USLD).
Ces solutions permettent une prise en charge globale du résident. Le but : octroyer les meilleurs soins et assurer une qualité de vie optimale.
Sources :
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Sofi, F. et Dinu, M. R. (2016). Nutrition and prevention of chronic-degenerative diseases. Agriculture and agricultural science procedia, 8, 713–717.
Zahir-Jouzdani, F., Mottaghitalab, F., Dinarvand, M. et Atyabi, F. (2018). siRNA delivery for treatment of degenerative diseases, new hopes and challenges. Journal of Drug Delivery Science and Technology, 45, 428–441.
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