La démence vasculaire est une maladie touchant essentiellement les personnes âgées. Causée notamment par un accident vasculaire cérébral, elle entraîne une perte des fonctions cognitives et exécutives et provoque la perte d’autonomie. Une bonne prise en charge permet de maintenir un niveau de vie satisfaisant. Lorsque la dépendance s’installe, un accueil en Ehpad peut améliorer la qualité de vie du patient.
Qu’est-ce que la démence vasculaire ? Définition
La démence vasculaire est un déclin de la fonction cognitive dû à un blocage ou à une réduction de l’apport sanguin à différents secteurs du cerveau. Privées d’oxygène et de nutriments vitaux, ces zones cérébrales subissent des lésions, entraînant notamment des problèmes de raisonnement et de mémoire.
La démence vasculaire cérébrale est la deuxième forme de démence la plus fréquente chez les personnes âgées de 65 ans et plus, après la maladie d’Alzheimer. Elle représente environ 10 à 20 % des cas de démence. En outre, elle touche davantage les hommes que les femmes.
Quelles sont les causes de la démence vasculaire ?
La démence vasculaire est causée par un apport sanguin insuffisant au cerveau, endommageant les cellules nerveuses et pouvant même les tuer.
Les principales causes de la démence vasculaire sont :
- un accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique : aussi appelé infarctus cérébral, il est la principale cause d’obstruction de vaisseaux sanguins dans le cerveau. La circulation sanguine est interrompue par un caillot sanguin. Au bout de plusieurs secondes, les cellules nerveuses meurent, entraînant des dommages permanents. Certains AVC affectent seulement une petite zone du cerveau qui ne contrôle pas de fonctions importantes. Appelés « silencieux », ils augmentent les risques de développer une démence vasculaire. Mais les AVC plus graves affectent la force, les sensations et d’autres fonctions du cerveau et du système nerveux (neurologique). Ces épisodes peuvent entraîner une démence vasculaire cérébrale ;
- des accidents ischémiques transitoires (AIT) : ces mini-AVC qui passent au bout de quelques minutes causent des dommages légers, mais étendus dans le cerveau. Répétés, ils peuvent entraîner une démence par infarctus multiples ;
- un accident vasculaire cérébral (AVC) hémorragique : ce type d’AVC survient lorsqu’un vaisseau sanguin dans le cerveau se rompt ou saigne. Beaucoup moins courant qu’un AVC ischémique, il peut causer des dommages importants au cerveau. Il risque en effet d’entraîner une diminution de l’apport sanguin à certaines parties du cerveau, ce qui peut causer des dommages cérébraux contribuant à la démence vasculaire ;
- des troubles chroniques rétrécissant ou lésant les vaisseaux sanguins cérébraux : les maladies affectant les vaisseaux sanguins du cerveau sur le long terme peuvent également entraîner cette pathologie. Entre autres troubles concernés :
- hypertension artérielle,
- athérosclérose,
- diabète.
Quels sont les facteurs de risque de la démence vasculaire ?
Tous les comportements et troubles affectant les vaisseaux sanguins sont susceptibles d’entraîner des lésions dans le cerveau et de causer une démence vasculaire. Les pathologies et facteurs concernés sont ceux qui augmentent les risques de développer une maladie cardio-vasculaire. Du reste, la majorité de ces facteurs sont également associés à un risque accru d’avoir la maladie d’Alzheimer.
Les principaux facteurs de risque de la démence vasculaire cérébrale sont les suivants :
- âge : la démence vasculaire est plus rare avant 65 ans et beaucoup plus fréquente à partir de 90 ans,
- hypertension : une pression artérielle élevée exerce une forte contrainte sur les vaisseaux sanguins,
- diabète : l’hyperglycémie (taux de glucose élevé dans le sang) endommage les vaisseaux sanguins,
- hypercholestérolémie (taux élevé de « mauvais » cholestérol dans le sang),
- athérosclérose : au fil de la vie, des plaques de graisse, de cholestérol, de calcium et d’autres substances se déposent dans les artères. Lorsque le processus est trop rapide ou important, il provoque leur durcissement et leur rétrécissement, entravant la circulation sanguine,
- accidents vasculaires cérébraux (AVC),
- obésité,
- tabagisme,
- régime alimentaire déséquilibré,
- consommation d’alcool excessive,
- manque d’exercice physique,
- maladies cardiaques, telles que fibrillation atriale — un type de trouble du rythme cardiaque (arythmie). Cette maladie peut en effet entraîner la formation de caillots sanguins dans le cœur. Or ces derniers risquent de migrer vers le cerveau.
Quels sont les symptômes de la démence vasculaire ?
Les symptômes de la démence vasculaire traduisent la perte des fonctions cognitives du patient. Ils varient d’une personne à l’autre, en fonction de la cause de la maladie et de la région du cerveau touchée. Ils surviennent généralement de façon soudaine, à la suite de l’événement déclencheur (AVC, etc.)
Les premiers symptômes
Les premiers symptômes de la démence vasculaire sont généralement les suivants :
- déclin des principales fonctions exécutives : planification, organisation, prise de décisions ou résolution de problèmes,
- difficultés à suivre une série d’étapes (comme la préparation d’un repas),
- ralentissement de la réflexion,
- déficit de l’attention et troubles de la concentration,
- courtes périodes de confusion soudaine, à ne pas confondre avec des épisodes de confusion aiguë. Celle-ci, aussi appelée syndrome confusionnel, survient en effet de façon subite après une maladie ou le stress causé par une hospitalisation,
- changements d’humeur : le patient souffre souvent de dépression, anxiété ou apathie. La dépression est fréquente, car le malade est conscient de ses difficultés et s’inquiète. Elle peut aussi être due à des lésions aux parties du cerveau contrôlant les émotions. Les sauts d’humeur ne sont pas rares et la personne âgée éprouve souvent les émotions de manière plus intense.
Une personne aux premiers stades de la démence vasculaire cérébrale peut également présenter les signes suivants :
- pertes de mémoire — par exemple, elle peut avoir du mal à se rappeler des noms ou des événements récents. Fréquents aux premiers stades de la maladie d’Alzheimer, ces troubles sont moins importants au début de l’évolution de la démence vasculaire,
- problèmes de langage — elle s’exprime de façon moins aisée.
Au début, ces difficultés peuvent passer inaperçues ou être prises pour un autre problème, comme une dépression ou la maladie d’Alzheimer.
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Les symptômes aux stades avancés de la démence vasculaire
Au fil du temps, les symptômes s’aggravent. Cette évolution peut être lente ou survenir subitement par paliers, au bout de quelques mois ou années (souvent après un nouvel AIT).
Là aussi, les signes de la démence vasculaire avancée dépendent de la zone du cerveau lésée. Ils peuvent inclure les symptômes suivants :
- désorientation et confusion accrue : la personne perd des objets ou s’égare même dans des lieux familiers,
- pertes de mémoire plus importantes,
- difficultés à trouver les bons mots, à lire et à écrire,
- changements de personnalité et troubles du comportement : à un stade avancé de la démence vasculaire cérébrale, l’agressivité devient plus courante. La personne est plus agitée et perd certaines inhibitions, risquant de se comporter de manière embarrassante pour ses proches,
- troubles du sommeil,
- perte d’intérêt pour les gens et les choses,
- jugement altéré et difficultés à percevoir un danger,
- idées délirantes : le patient s’imagine qu’on lui a volé quelque chose ou qu’un proche décédé est encore vivant,
- hallucinations : il peut sentir, voir ou entendre des choses qui ne sont pas réelles,
- perte d’équilibre et difficultés à marcher, avec un risque de chutes fréquentes,
- incontinence,
- difficultés croissantes à effectuer les activités de la vie quotidienne (AVQ).
Certaines personnes présentent également plusieurs symptômes de la maladie d’Alzheimer.
Quels sont les différents types de démences vasculaires ?
Il existe en fait plusieurs types de démences vasculaires, en fonction de la zone du cerveau touchée, de la fréquence des lésions et de la grosseur des vaisseaux sanguins lésés :
Type de démence (selon la classification de Roman) | Cause | Symptômes et signes |
---|---|---|
Démence par infarctus multiples | Petits AIT ou AVC répétés touchant des vaisseaux sanguins de taille moyenne ou large |
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Démence par infarctus unique en zone stratégique (démence post-AVC) | Apparition soudaine après un AVC grave touchant une région du cerveau contrôlant des fonctions importantes |
|
Démence vasculaire ischémique sous-corticale (dont Maladie de Binswanger) | Obstruction ou un rétrécissement de petits vaisseaux de la substance blanche (notamment par l’athérosclérose) |
|
Les autres types de démences vasculaires
- Démence vasculaire héréditaire, causée par des mutations génétiques entraînant des maladies touchant les petits vaisseaux sanguins,
- Démence par angiopathie amyloïde cérébrale (AAC) : généralement associée à la maladie d’Alzheimer, car elle est due à une accumulation de protéine bêta-amyloïde dans les petites artères cérébrales,
- Démence par hypoperfusion corticale chronique sans infarctus cérébral (diminution du débit sanguin vers le cerveau),
- Démence vasculaire provoquée par une hémorragie.
La démence mixte
On parle de démence mixte, lorsque la démence vasculaire est associée à une maladie neurodégénérative. Il s’agit en général de la maladie d’Alzheimer ou de la démence à corps de Lewy.
- Au moins une personne sur dix atteintes de démence souffre de démence mixte.
- Seulement 5 à 10 % des patients atteints de démence ont seulement une démence vasculaire cérébrale.
Les patients souffrant de démence mixte vasculaire et dégénérative présentent les symptômes des deux maladies.
Comment est effectué le diagnostic de la démence vasculaire ?
Le diagnostic de la démence vasculaire repose sur plusieurs évaluations :
- Examen des fonctions cognitives du patient,
- Tests de neuro-imagerie cérébral,
- Vérification de l’état vasculaire de la personne âgée.
Lorsque l’individu ou sa famille constatent l’apparition de symptômes suggérant une démence vasculaire, ils doivent consulter le médecin traitant ou un spécialiste. Ce dernier effectuera un bilan, à l’aide des éléments suivants :
- Examen clinique : entretien détaillé pour recueillir les antécédents médicaux du patient et évaluation des symptômes cognitifs et comportementaux.
- Examen physique complet : pour observer les symptômes moteurs et vérifier l’état de santé de la personne âgée ;
- Bilan sanguin : une prise de sang est généralement effectuée pour évaluer la santé cardio-vasculaire du patient (glycémie, cholestérol, etc.). Les analyses de laboratoire visent aussi à écarter d’autres maladies pouvant entraîner des troubles cognitifs, notamment des troubles de la thyroïde ou des carences en vitamines ;
- Tests neurocognitifs et neuropsychologiques : pour évaluer les capacités de mémoire, de raisonnement, de langage, et d’autres fonctions cognitives et exécutives. Ces examens vérifient aussi les réflexes, le tonus, la marche et l’équilibre, ainsi que la coordination et la capacité à se lever ;
- Imagerie cérébrale : elle permet de détecter des anomalies et lésions causées par des AVC ou des maladies des vaisseaux sanguins. Un scanner (tomodensitométrie – TDM) fournira des informations sur la structure du cerveau et montrera éventuellement les régions touchées. L’IRM reste l’examen de référence pour le diagnostic de la démence vasculaire. L’imagerie par résonance magnétique présente en effet un tableau plus détaillé des atteintes cérébrales. Elle permet d’écarter des maladies présentant des symptômes similaires.
Comment la démence vasculaire est-elle soignée ?
Il n’existe pas de traitement pour guérir la démence vasculaire. Comme la maladie d’Alzheimer et les troubles apparentés, cette forme de démence est incurable et les dommages ne peuvent pas être inversés.
La prise en charge vise à prévenir la démence vasculaire, éviter des lésions supplémentaires ou ralentir la progression de la maladie. En outre, il existe des solutions pour soulager les symptômes.
Le traitement de la démence vasculaire repose ainsi sur deux approches complémentaires :
Réduction des facteurs de risque
Il est important de réduire les facteurs de risque des maladies à l’origine de la démence vasculaire, et plus particulièrement ceux de l’AVC.
Le médecin traitant proposera un traitement, généralement médicamenteux, pour :
- Réduire la pression artérielle,
- Diminuer le taux de « mauvais » cholestérol,
- Prévenir les caillots sanguins risquant d’obstruer les artères (anti-coagulants et antiagrégants, comme l’aspirine),
- Contrôler la glycémie, pour les personnes atteintes du diabète.
Il est également important d’adopter un mode de vie plus « sain » :
- Limiter la consommation d’alcool et le tabagisme,
- Adopter un régime alimentaire équilibré. Le médecin peut aussi conseiller de suivre un régime pauvre en sel pour gérer l’hypertension,
- Pratiquer une activité physique régulière.
Gestion des symptômes
Le traitement de la démence vasculaire se concentre ensuite sur la gestion des symptômes. Le but : permettre au patient de conserver la meilleure qualité de vie possible, sur les plans tant physique que mental.
Les médicaments généralement prescrits pour la maladie d’Alzheimer et la maladie à corps de Lewy ne sont pas efficaces pour la plupart des symptômes de la démence vasculaire. Néanmoins, ils peuvent être prescrits pour traiter les pertes de mémoire et les troubles du comportement communs à ces différentes pathologies, surtout en cas de démence mixte.
Plusieurs activités et thérapies peuvent aider les patients à préserver leur bien-être psychique et à conserver leur autonomie le plus longtemps possible. Ces traitements comprennent :
- thérapie par stimulation cognitive (CST) – méthode stimulant les capacités mentales chez les personnes atteintes de démence vasculaire. Elle comprend des activités structurées et thématiques visant à améliorer la mémoire, la concentration et la communication. La CST contribue à ralentir le déclin cognitif, à améliorer la qualité de vie et à renforcer l’interaction sociale ;
- entraînement cognitif – il vise à améliorer des fonctions cognitives spécifiques, comme la mémoire ou la concentration. Il s’agit souvent d’exercices structurés et répétitifs, par exemple des jeux de mémoire ou des puzzles.
- rééducation cognitive – elle se concentre sur l’apprentissage de stratégies pour gérer les déficits cognitifs, facilitant ainsi les activités quotidiennes ;
- thérapie cognitivo-comportementale (TCC) – cette approche thérapeutique aide à identifier et à modifier les pensées et comportements problématiques. Elle est proposée lorsque le malade souffre de dépression, d’anxiété ou d’autres symptômes psychologiques. La TCC est très utile dans les premiers stades de la démence. Elle favorise l’autonomie, améliore le bien-être émotionnel et peut aider à ralentir le déclin cognitif ;
- kinésithérapie – le kinésithérapeute aide les patients atteints de démence vasculaire à maintenir leur mobilité et à améliorer leur force physique par des exercices personnalisés adaptés à leur état de santé. Le but : augmenter l’équilibre ou la coordination, et prévenir les chutes.
- ergothérapie – l’ergothérapeute évalue et améliore la capacité du patient à effectuer des tâches quotidiennes, grâce à des conseils et exercices ;
- travail de réminiscence – approche thérapeutique encourage les patients à se remémorer leur passé. Elle utilise des photos, de la musique ou d’autres objets pour stimuler les souvenirs et faciliter la communication. Ce travail peut aider à améliorer l’humeur, la confiance en soi et l’interaction sociale, tout en donnant un sentiment de continuité et de familiarité ;
- musicothérapie et art thérapie – ces traitements non médicamenteux réduisent l’anxiété et permettent de préserver les fonctions restantes.
La prise en charge de la démence vasculaire en Ehpad
Un accueil en Ehpad permet à la personne atteinte de démence vasculaire de bénéficier d’une prise en charge personnalisée en fonction de son état de santé et de ses besoins spécifiques.
Les soins sont assurés par une équipe multidisciplinaire comprenant des médecins, des infirmières, des kinésithérapeutes, des ergothérapeutes et des psychologues. Les interventions incluent non seulement des soins quotidiens, mais aussi diverses thérapies non médicamenteuses.
Par ailleurs, l’équipe s’efforce de préserver l’autonomie du résident et de favoriser les interactions sociales afin de prévenir l’isolement. Des activités quotidiennes stimuleront les capacités restantes des résidents.
En outre, les membres de la famille et les proches sont encouragés à visiter et s’impliquer dans l’accompagnement. Ils apportent ainsi un soutien émotionnel précieux et contribuent à maintenir une qualité de vie optimale pour le résident.
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Questions fréquentes
Quelle est l’espérance de vie avec une démence vasculaire ?
Avec une démence vasculaire, l’espérance de vie du patient est réduite en moyenne de cinq ans. En effet, les patients souffrent également de maladies cardio-vasculaires, ces dernières ayant les mêmes facteurs de risque.
Les causes de décès sont souvent un AVC ou un infarctus du myocarde (crise cardiaque).
La durée de vie d’un individu diagnostiqué avec une démence vasculaire est donc généralement plus courte que celle d’un patient atteint de la maladie d’Alzheimer. Bien sûr, il s’agit seulement de moyennes et d’estimations. Tout dépend de la cause de la pathologie, des comorbidités (autres maladies) et du traitement. Certaines personnes âgées vivent encore de longues années après le diagnostic.
Quelles sont les éventuelles complications de la démence vasculaire ?
Les complications de la démence vasculaire peuvent être les suivantes :
- AVC,
- Maladies cardiaques,
- Perte d’autonomie et incapacité à effectuer seul les actes de la vie quotidienne,
- Pneumonie et pneumopathie d’inhalation,
- Infections urinaires,
- Infections cutanées,
- Escarres,
- Dépression,
- Problèmes d’équilibre,
- Chutes.
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Bonjour
Ma femme a 74a est atteinte de troubles cognitifs récents. Comment peut-on savoir si elle a fait éventuellement des AVC
silencieux? Qui pourraient accompagner des symptômes Altzheimer.
Merci
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
Il est conseillé de consulter un neurologue qui pourra recommander des examens d’imagerie cérébrale comme l’IRM ou le scanner pour détecter des AVC silencieux et évaluer les symptômes d’Alzheimer.
Bonne journée.
Amandine