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    Douleurs articulaires intenses et soudaines, rougeur et gonflement du genou ou du poignet ? Ces signes pourraient indiquer que vous souffrez de chondrocalcinose, une forme d’arthrite ressemblant à la goutte, mais touchant surtout les personnes âgées. Souvent sans cause connue, cette maladie peut passer inaperçue. Toutefois, lorsque les symptômes apparaissent, la crise est subite et culmine en quelques heures. Le traitement permet de soulager les poussées, grâce au repos et à des médicaments adaptés.  

    Qu’est-ce que la chondrocalcinose articulaire ? Définition

    La chondrocalcinose articulaire (CCA) est une arthropathie microcristalline, c’est-à-dire une forme de rhumatisme causée par des dépôts de microcristaux dans les tissus de l’articulation.  

    Les microcristaux en cause sont des cristaux calciques de type pyrophosphate de calcium (PPC), d’où le nom actuel de la maladie : rhumatisme à pyrophosphate de calcium. Ces dépôts (calcifications) se forment principalement dans le cartilage articulaire et le fibrocartilage.

    La CCA était aussi appelée pseudo-goutte, en raison de sa ressemblance avec la goutte, une autre forme d’arthropathie microcristalline (due à des microcristaux d’urate de sodium).

    Elle se manifeste souvent par une arthrite aiguë du genou (chondrocalcinose du genou) ou du poignet. Cependant, la maladie peut atteindre n’importe quelle articulation, notamment : 

    • les épaules,
    • les coudes,
    • les poignets,
    • les mains,
    • le rachis cervical, 
    • les hanches,
    • les genoux, 
    • les chevilles.

    La chondrocalcinose concerne essentiellement les personnes âgées et est rare avant 60 ans. Sa prévalence augmente fortement avec l’âge (Cofer, 2018) : 

    • 4 à 7 % de la population adulte occidentale,
    • 10 à 15 % entre 65 et 75 ans, 
    • plus de 30 % à partir de 75 ans.

    Quelles sont les causes de la chondrocalcinose ? 

    La chondrocalcinose est le plus souvent primitive (ou idiopathique), c’est-à-dire sans cause identifiée.

    Elle est due à une accumulation de cristaux de pyrophosphate de calcium dans les tissus intra-articulaires ou péri-articulaires (à l’intérieur ou autour de l’articulation). Les mécanismes responsables de ces dépôts restent souvent inconnus.  

    Schéma de l'articulation dans la chondrocalcinose du genou

    Il existe également des formes secondaires de chondrocalcinose. Les deux causes les plus fréquemment identifiées sont : 

    • l’hémochromatose, une maladie héréditaire provoquant une surcharge en fer dans l’organisme ;
    • l’hyperparathyroïdie primitive, caractérisée par une production excessive de l’hormone parathyroïdienne.

    D’autres troubles métaboliques et endocriniens peuvent aussi favoriser l’apparition de la maladie : 

    • hypomagnésémie — baisse du niveau de magnésium dans le sang (souvent associée au syndrome de Gitelman) ;
    • déficit enzymatique — comme dans l’alcaptonurie ou l’hypophosphatasie alcaline ;
    • maladie de Wilson — pathologie génétique entraînant une accumulation de cuivre dans les tissus.

    Il existe aussi de rares formes familiales de chondrocalcinose, dues à une mutation génétique.

    Enfin, un traumatisme ou une intervention chirurgicale au niveau de l’articulation peut favoriser la survenue du rhumatisme à cristaux de pyrophosphate de calcium (PPC). 

    Quels sont les symptômes de la chondrocalcinose articulaire ? 

    La chondrocalcinose est souvent asymptomatique, c’est-à-dire que malgré l’atteinte articulaire, le patient ne ressent aucune gêne. 

    Lorsqu’ils apparaissent, les symptômes de la chondrocalcinose se manifestent par des crises soudaines, pouvant durer de quelques jours à plusieurs semaines. Les symptômes sont généralement les suivants : 

    • douleur articulaire intense, d’apparition brutale,   
    • inflammation locale : rougeur, chaleur et gonflement de l’articulation, 
    • raideur articulaire, 
    • fièvre, 
    • frissons. 
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    Lorsque les crises deviennent plus fréquentes ou plus sévères, le patient peut également souffrir d’une réduction de l’amplitude des mouvements articulaires. 

    Quelles sont les différentes formes de chondrocalcinose ?

    La chondrocalcinose peut se manifester sous plusieurs formes cliniques : 

    • arthrite aiguë à cristaux de pyrophosphate de calcium (pseudo-goutte) — Cette forme est la plus fréquente. Elle touche généralement une seule articulation (monoarthrite), le plus souvent le genou ou le poignet. La chondrocalcinose est la cause la plus fréquente d’arthrite aiguë chez les personnes âgées ; 
    • arthrite chronique à cristaux de PPC (polyarthrite chronique) — Rare, elle affecte plusieurs articulations de façon bilatérale et symétrique. Elle évoque parfois une polyarthrite rhumatoïde, avec raideur matinale, douleurs articulaires persistantes, limitation fonctionnelle et fatigue ;
    • monoarthropathie chronique dégénérative (arthrose secondaire) — Elle concerne surtout la hanche ou le genou, mais peut également toucher l’épaule, le poignet, les articulations des doigts (métacarpophalangiennes) ou la cheville ; 
    • arthropathie destructrice — Elle se manifeste par une destruction rapide de l’os sous-chondral (situé sous le cartilage). Elle atteint préférentiellement la hanche et l’épaule, avec un risque de perte fonctionnelle importante.
    Les différentes manifestations de la chondrocalcinose
    Forme
    Caractéristiques
    Asymptomatique
    Découverte radiologique
    Arthrite aiguë à cristaux de PPC (pseudo-goutte)
    • Atteint une seule articulation
    • Généralement le genou ou le poignet
    • Crise soudaine, atteignant son paroxysme en 6 à 24 h
    • Dure de quelques jours à plusieurs semaines
    Arthrite chronique à cristaux de PPC 
    • Atteint plusieurs articulations
    • Bilatérale et symétrique
    • Ressemble à la polyarthrite rhumatoïde
    • Rare
    Monoarthropathie chronique dégénérative
    • Atteinte fréquente
    • Entraîne une arthrose secondaire
    • Touche surtout la hanche ou le genou
    • Concerne aussi des articulations moins atteintes par l’arthrose primitive : articulation métacarpophalangienne (MCP), poignet, cheville, épaule
    Arthropathie destructrice
    • Concerne surtout les femmes âgées
    • Souvent rapide
    • Surtout à la hanche et à l’épaule
    Infographie sur la chondrocalcinose du genou et des autres articulations

    Comment pose-t-on le diagnostic de la chondrocalcinose articulaire ? 

    Le diagnostic de la chondrocalcinose repose sur un examen clinique, une ponction articulaire et des examens d’imagerie médicale :

    • Anamnèse et examen clinique — Le médecin traitant interroge le patient sur ses symptômes ainsi que sur ses antécédents médicaux et ceux de sa famille. Les caractéristiques de la crise peuvent l’orienter. Ainsi, une arthrite à début soudain, dont les symptômes atteignent leur maximum en 6 à 24 h, accompagnés d’une rougeur de la peau, est évocatrice d’une arthropathie microcristalline (goutte ou pseudo-goutte). La localisation (notamment au poignet ou au genou) oriente davantage vers la chondrocalcinose. Le médecin recherche également d’éventuels facteurs de risque, comme l’arthrose ou un traumatisme articulaire antérieur. Chez les patients de moins de 55 ans ou en cas de forme sévère, la recherche de maladies métaboliques est indiquée ; 
    • Bilan biologique (analyse de sang) — Il permet d’exclure d’autres affections aux manifestations similaires. Il comprend généralement une numération formule sanguine (NFS), un dosage des marqueurs d’inflammation (CRP et VS) et une évaluation de la fonction rénale (clairance de la créatinine). Lors d’une poussée aiguë de chondrocalcinose, on observe souvent une élévation de la vitesse de sédimentation (VS), de la protéine C-réactive (CRP), et parfois du taux de leucocytes (globules blancs). Dans les formes chroniques, les marqueurs inflammatoires sont souvent moins sensibles ;  
    • Analyse du liquide synovial (arthrocentèse) C’est l’examen de référence. Il consiste à ponctionner l’articulation pour analyser le liquide synovial. La présence de cristaux de pyrophosphate de calcium dans le liquide articulaire confirme généralement le diagnostic. Un examen bactériologique est systématiquement réalisé pour rechercher une éventuelle arthrite septique (infectieuse), susceptible de coexister avec une chondrocalcinose ; 
    • Radiographies articulaires — Elles permettent de visualiser les dépôts de cristaux dans le cartilage articulaire (hyalin) ou dans les fibrocartilages (ménisques du genou, disques intervertébraux, ligament triangulaire du carpe aux poignets…) ; 
    • Échographie articulaire — Elle peut également détecter des dépôts de cristaux de PPC, avec une spécificité et une sensibilité souvent supérieures à celles des radiographies classiques.
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    Quel est le traitement de la chondrocalcinose ? 

    Le traitement de la chondrocalcinose est principalement symptomatique et vise à contrôler l’inflammation. En effet, il n’existe actuellement aucun traitement efficace pour dissoudre les cristaux de pyrophosphate de calcium (PPC). 

    La prise en charge associe des médicaments et des mesures non pharmacologiques. Elle est adaptée aux symptômes, facteurs de risque et pathologies associées chez chaque patient. 

    Traitement de l’arthrite aiguë à cristaux de PPC 

    Selon les recommandations de la Ligue européenne contre le rhumatisme (EULAR), les poussées d’arthrite aiguë à cristaux de PPC sont traitées par : 

    • le repos de l’articulation atteinte (port d’une orthèse pour le poignet, repos des jambes) ;
    • l’application de glace, en protégeant la peau pour éviter toute brûlure ;
    • une ponction articulaire évacuatrice, suivie d’une infiltration intra-articulaire de corticostéroïdes. Elle permet de soulager rapidement l’articulation en cas d’épanchement important (notamment dans le genou) ;
    • des médicaments : anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS), colchicine ou corticostéroïdes oraux (prednisone).

    Les AINS sont contre-indiqués chez les personnes âgées présentant certaines comorbidités (maladie rénale chronique, maladie cardiovasculaire, diabète) ou en cas de traitement anticoagulant. En cas de risque digestif (notamment chez les patients sous aspirine), un protecteur gastrique est recommandé. Le traitement est généralement prescrit sur une courte durée.

    Une étude française récente (COLCHICORT 2023), dirigée par le Pr Tristan Pascart, a comparé l’efficacité de la colchicine et de la prednisone. Elle suggère que la prednisone pourrait offrir un meilleur rapport bénéfice-risque, bien que la colchicine à faible dose reste une option efficace.  

    Traitement de la polyarthrite chronique à cristaux de PPC 

    Dans les formes chroniques, le traitement repose :

    • en première intention, sur les AINS et la colchicine à faible dose ; 
    • en deuxième intention, sur les corticostéroïdes oraux à faible dose (prednisone), le méthotrexate ou l’hydroxychloroquine (plaquénil). 

    À long terme, la cortisone peut cependant avoir des effets secondaires : fragilisation des os (ostéoporose), prise de poids, cataracte ou diabète.

    Quelles sont les différences entre la goutte et la pseudo-goutte (chondrocalcinose) ? 

    La goutte et la pseudo-goutte (chondrocalcinose) sont deux formes de rhumatisme dues à une accumulation de cristaux dans les articulations. Leurs symptômes sont si similaires que souvent seule l’analyse du liquide synovial au microscope permet de les distinguer.

    La principale différence réside dans le fait que la chondrocalcinose est incurable, tandis que la goutte peut être soignée. Si cette dernière est diagnostiquée et traitée correctement, elle est réversible.

    Comparaison entre la goutte et la chondrocalcinose
    Goutte
    Chondrocalcinose
    Symptômes
    • Début soudain de la crise
    • Culmine en quelques heures
    • Forte intensité de la douleur et de l’inflammation
    • Articulation rouge, chaude, gonflée et douloureuse
    • Disparition spontanée en quelques jours ou semaines
    Articulations atteintes
    • Le plus souvent : articulation MTP du gros orteil (hallux)
    • Puis éventuellement : cheville, genou
    • Parfois : rachis, hanche, épaule 
    • Atteint seulement une articulation (au début de la maladie)
    • Généralement genou ou poignet
    • Selon les formes, peut toucher les hanches, articulations MTP, chevilles, épaules, rachis
    • Différentes manifestations cliniques : peut atteindre une seule articulation (arthrite aiguë) ou plusieurs (polyarthrite chronique)
    Causes
    • Hyperuricémie chronique (taux élevé d’acide urique) entraînant la formation de cristaux d’urate de sodium (UMS)
    • Souvent primitive et familiale
    • Défaut d’élimination de l’acide urique par les reins 
    • Cristaux de pyrophosphate de calcium (PPC)
    • Généralement primitive
    • Parfois secondaire à certaines affections (hyperparathyroïdie, hémochromatose) 
    Terrain
    • Hommes mûrs, souvent en surpoids, atteints de maladies cardiovasculaires ou de diabète
    • Forte composante génétique
    • Personnes âgées
    • Prévalence augmentant avec l’âge
    • Prédominance féminine diminuant avec l’âge
    Diagnostic
    • Antécédents médicaux
    • Examen clinique
    • Bilan biologique
    • Ponction articulaire
    • Radiographies
    • Échographie 
    • Scanner
    Identique, mais sans le scanner
    Traitement
    Crises : AINS, corticostéroïdes, colchicine, ponction évacuation, repos, glace
    Mesures hygiénodiététiques (perte de poids, interdiction de la bière et des sodas sucrés, consommation de fromage)
    Médicaments hypo-uricémiants
    • Crises : similaire (la colchicine semble moins efficace que pour la goutte)
    • Prise en charge des maladies associées
    • Pas de traitement spécifique pour dissoudre les cristaux de PPC 

    Sources : 

    Collège français des enseignants en rhumatologie (Cofer). 2018. Rhumatologie. 6e édition. Elsevier Masson

    Mandl, P. et coll. (2024). 2023 EULAR recommendations on imaging in diagnosis and management of crystal-induced arthropathies in clinical practice. Annals of the Rheumatic Diseases83(6), 752-759

    Pascart, T., Filippou, G., Lioté, F., Sirotti, S., Jauffret, C. et Abhishek, A. (2024). Calcium pyrophosphate deposition disease. The Lancet Rheumatology

    Richette, P. et Bardin, T. (2011). Chondrocalcinose. La Presse médicale40(9), 856-864

    Rosenthal, A. K. et Ryan, L. M. (2016). Calcium pyrophosphate deposition disease. New England Journal of Medicine374(26), 2575-2584

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    Avatar auteur, Yaël A.
    Yaël A.,Rédactrice chez Cap Retraite

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