À partir du 1er septembre 2025, la retraite progressive sera accessible dès 60 ans, une mesure phare du projet de loi sur l’emploi des seniors adopté en première lecture à l’Assemblée nationale le 3 juillet 2025. Ce dispositif, qui vise à transposer deux accords nationaux interprofessionnels (ANI) signés le 14 novembre 2024, ambitionne de faciliter la transition professionnelle des seniors vers la retraite tout en répondant aux enjeux du vieillissement de la population active. Mais est-ce vraiment le bon plan pour une fin de carrière réussie ?
Qu’est-ce que la retraite progressive ?
La retraite progressive est un dispositif permettant de réduire son temps de travail tout en percevant une partie de sa pension de retraite. Concrètement, un salarié, un fonctionnaire ou un travailleur indépendant peut passer à un temps partiel (ou réduire son activité) tout en touchant une fraction de sa retraite calculée en fonction de la baisse de son temps de travail. Par exemple :
- À 80 % d’un temps plein, vous percevez 20 % de votre pension de retraite.
- À 50 % d’un temps partiel, vous touchez 50 % de votre pension.
Ce mécanisme permet de continuer à cotiser pour sa retraite tout en aménageant son emploi du temps. Il favorise une sortie progressive de la vie professionnelle, en conciliant maintien dans l’emploi, valorisation des compétences et préservation de la santé des seniors.
Les conditions actuelles pour prétendre à la retraite progressive
Ce régime transitoire s’adresse aux salariés du secteur privé, aux agents de la fonction publique et aux travailleurs indépendants.

Pour en bénéficier, trois conditions doivent être réunies :
- Être à 2 ans de l’âge légal du départ à la retraite : par exemple, une personne dont l’âge légal de départ est 64 ans pourra envisager un passage à la retraite progressive à partir de ses 62 ans ;
- Justifier d’au moins 150 trimestres validés ;
- Exercer une activité à temps partiel entre 40 % et 80 % d’un temps complet salarié, entre 50 % et 90 % pour les fonctionnaires, ou prouver une baisse de revenus pour les salariés en forfait jour (de 20 % à 60 %) et travailleurs indépendants.
Retraite progressive : ce qui pourrait changer à la rentrée
Malgré ses atouts, la retraite progressive reste peu utilisée : en 2024, seuls 31 000 Français en bénéficiaient (soit 0,2 % des retraités de droit direct). Les freins ? Une visibilité limitée, des refus abusifs des employeurs et des contraintes réglementaires. La réforme 2025 entend lever ces obstacles grâce à plusieurs mesures.
Un accès plus inclusif
La grande nouveauté de la réforme 2025 est l’abaissement de l’âge d’éligibilité à la retraite progressive à 60 ans, contre 62 ans auparavant. Dans l’idée de rendre le dispositif plus accessible et d’encourager une meilleure gestion des fins de carrière, elle s’adresse à un large public : salariés du privé, agents de la fonction publique et travailleurs indépendants.
Un encadrement renforcé
Jusqu’à récemment, un employeur pouvait refuser une demande de retraite progressive si la réduction du temps de travail était jugée incompatible avec l’activité économique. Depuis la réforme de 2023, l’employeur doit justifier son refus, et une absence de réponse sous deux mois vaut acceptation. Le projet de loi 2025 va plus loin en encadrant strictement les motifs de refus, qui doivent désormais reposer sur :
- L’impact sur la continuité de l’activité de l’entreprise ou du service.
- Des tensions objectives de recrutement pour le poste concerné.
Une meilleure visibilité du dispositif
Le décret à venir devrait également inclure des campagnes d’information pour promouvoir la retraite progressive auprès des employeurs et des salariés, afin d’en démocratiser l’usage.
Retraite progressive à 60 ans : les limites
Bien qu’attrayant sur le papier, plusieurs raisons poussent à douter du succès de ce projet de loi. L’inégalité d’accès et le manque de simplicité risquent de décourager les seniors.

- Entre les conditions d’éligibilité et les calculs parfois opaques pour estimer leur pension partielle, les démarches pour accéder à la retraite progressive restent complexes.
- Même avec la réforme 2025, si les campagnes d’information sont inefficaces, le dispositif restera sous-utilisé.
- Quant aux employeurs, les petites entreprises en particulier pourraient juger le temps partiel difficile à organiser, surtout dans des secteurs à forte charge de travail.
- Les salariés dans des métiers manuels ou à faible qualification risquent de se heurter à des refus plus fréquents, contrairement aux cadres ou aux fonctionnaires.
- Pour beaucoup de travailleurs aux revenus modestes, la pension partielle perçue en retraite progressive peut être insuffisante pour compenser la perte de salaire.
- L’impact de la cotisation sur la pension finale reste limité, car les cotisations sur un temps partiel sont réduites. Cela peut donner un faux sentiment de sécurité financière à long terme.
Pour mieux peser le pour et le contre, voici un tableau synthétique des avantages et des limites du dispositif :
Avantages | Inconvénients |
|---|---|
Transition douce vers la retraite : réduction progressive du rythme de travail | Procédure complexe : formalités multiples, conditions strictes, calculs parfois opaques |
Meilleur équilibre vie professionnelle/santé à la fin de carrière | Refus encore possibles (notamment chez les petits employeurs ou dans le public) |
Accumulation de nouveaux droits à la retraite | Cotisations limitées sur temps partiel |
Maintien d’un revenu d’activité + pension partielle | Perte de revenus parfois trop forte pour les bas salaires |
Compatible avec plusieurs statuts (privé, public, indépendant) | Inégalité d’accès : plus difficile pour certains statuts ou secteurs |
Liquidation provisoire : la pension définitive est recalculée ensuite | Calculs complexes pour les forfaits jours ou les pluriactifs |
Les autres options de fin de carrière
Bien que la retraite progressive souhaite répondre au vieillissement de la main-d’œuvre et au maintien des seniors dans l’emploi, elle ne s’attaque pas aux causes profondes, comme le manque de formation continue ou les conditions de travail inadaptées. Pour ces profils, d’autres mesures peuvent accompagner les fins de carrière :
- Cumul emploi-retraite : permet aux plus de 65 ans de cumuler une pension de retraite avec des revenus d’activité, sous certaines conditions.
- Surcote : une majoration de la pension pour ceux qui prolongent leur activité au-delà de l’âge légal et des trimestres requis.
- Contrat de valorisation de l’expérience (CVE) : surnommé le « CDI senior », offre aux employeurs des exonérations de charges et la possibilité de rompre le contrat dès que le salarié atteint l’âge de la retraite à taux plein. Il s’adresse aux demandeurs d’emploi de 60 ans et plus.
Avec l’abaissement de l’âge d’accès à 60 ans et un encadrement plus strict des refus, la retraite progressive pourrait pousser les seniors à aménager leur fin de carrière. Toutefois, pour devenir un vrai levier d’emploi senior, il faudra lever les freins structurels et sensibiliser les acteurs concernés. En attendant la publication du décret d’application, prévue pour septembre 2025, les seniors peuvent déjà se renseigner auprès de leur caisse de retraite pour préparer leur transition.
Questions fréquentes
Puis-je demander une retraite progressive si j’ai cotisé à plusieurs régimes ?
Oui. La retraite progressive est ouverte dans tous les régimes obligatoires (base et complémentaires). La demande se fait auprès du régime auquel vous êtes affilié au moment de la demande, qui transmet aux autres (en principe).
La retraite est alors liquidée provisoirement dans chaque régime, selon les droits acquis. Chaque caisse vous verse une fraction de votre pension, calculée en fonction de la quotité de travail que vous conservez.
Comment est calculée la part de retraite progressive pour un forfait jours ?
Le calcul repose sur le nombre de jours travaillés par an, comparé au plafond légal de 218 jours.
Par exemple, si vous travaillez 140 jours :
140 ÷ 218 = 64 % (arrondi à l’entier le plus proche) → vous recevrez 34 % de votre pension.
La fraction de pension est toujours égale à 100 % moins la quotité de travail.
Quelles activités sont incompatibles avec la retraite progressive ?
La retraite progressive est impossible si :
- vous êtes en préretraite (réglementaire ou conventionnelle),
- vous exercez une activité considérée comme incompatible (ex. : certains mandats mutualistes indemnisés ou service civique).
Puis-je prendre une retraite progressive si je suis salarié auprès de plusieurs employeurs ?
Vous pouvez bénéficier de la retraite progressive, à condition que l’ensemble de vos temps partiels respectent une quotité globale entre 40 % et 80 % d’un temps plein. Un calcul global est effectué à partir de chaque contrat, en jours ou en heures, sans possibilité de mélanger les deux.
Puis-je cotiser comme si je travaillais à temps plein ?
- Salariés du privé et indépendants : oui, avec l’accord de l’employeur, vous pouvez cotiser comme si vous étiez à temps plein, ce qui permet d’améliorer votre future pension.
- Fonctionnaires : vous pouvez aussi surcotiser pour votre retraite de base, mais uniquement pour augmenter la durée des services liquidables (et non la durée d’assurance, qui est déjà comptée à 100 %).
Le surcoût est intégralement à votre charge, et limité à 4 trimestres (ou 8 trimestres pour les agents en situation de handicap ≥ 80 %).
Et si je tombe malade pendant une retraite progressive ?
- Salariés : depuis mai 2023, les arrêts maladie pendant une retraite progressive ouvrent de nouveau droit aux indemnités journalières au-delà de 60 jours.
- Fonctionnaires : en cas de congé maladie (ordinaire ou longue durée), la retraite partielle est maintenue durant la période restante du temps partiel.
Comment évolue le montant de ma retraite progressive si je change de temps de travail ?
Le montant est révisé si vous augmentez ou réduisez votre activité. La nouvelle quotité est appliquée dès le mois suivant la modification, avec justificatifs à fournir (contrat de travail, attestation employeur).
Dans quels cas la retraite progressive est-elle suspendue ou supprimée ?
Suspension :
- si vous ne répondez pas au questionnaire annuel de votre caisse,
- si vous dépassez 80 % de quotité de travail (90 % pour les fonctionnaires),
- si vous cessez temporairement votre activité.
Suppression :
- si vous demandez votre retraite définitive,
- si vous retrouvez un temps complet,
- ou si votre nouveau salaire dépasse votre revenu initial à temps plein.
Je suis fonctionnaire, mon employeur peut-il refuser ma demande de temps partiel ?
Oui. Contrairement aux employeurs privés, l’administration conserve son pouvoir d’appréciation. Elle peut refuser la demande en fonction des nécessités de service, même si vous remplissez toutes les conditions.
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Bonjour
j’emploie une femme de ménage tous les 15 jours, Que dois je faire des documents ? sont ils à signer ?
Merci de bien vouloir me renseigner
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
Vous devez déclarer votre femme de ménage et établir un document écrit (contrat ou bulletin) pour officialiser l’emploi.
Bonne journée.
Amandine
bonjour a temps plein par mon métier je fait des astreintes 60/80 heure par mois et t il possible d en faire pendant une retraite progressive
Bonjour
Je vous remercie pour votre commentaire.
Cela peut être envisageable si les astreintes sont compatibles avec le temps partiel déclaré dans le cadre de la retraite progressive.
Bonne journée.
Amandine