Novembre arrive, la tension grimpe dans les familles. Entre la peur de l’isolement, les urgences qui s’enchaînent, et l’hiver qui rallonge les nuits, obtenir une place en EHPAD ressemble à une course d’endurance. Taux d’occupation à 98 %, listes d’attente qui s’étirent sur des mois, région parisienne saturée, sud-est, grandes villes… Les places se font rares, la pression monte. Pourtant, quelques leviers existent pour accélérer l’entrée, éviter l’attente interminable et retrouver un peu de sérénité. Voici cinq stratégies, éprouvées sur le terrain, pour optimiser vos démarches et mettre toutes les chances de votre côté.
Comprendre la mécanique des listes d’attente en EHPAD
Premier constat : la demande de places explose. Vieillissement de la population, dépendances lourdes. Une nouvelle étude de la DREES prévoit ainsi qu’à l’horizon 2050, près de 2,8 millions de seniors seront en situation de perte d’autonomie.
Problème : les lits en EHPAD[1] ne suivent pas. L’attente moyenne varie entre trois mois et un an selon les régions. Île-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Lyon, Lille : les listes s’allongent, surtout pour les publics GIR[2] 1 et 2, ceux qui nécessitent le plus de soins.
La situation se complique pour les dossiers incomplets, les demandes de prise en charge spécifique (maladie d’Alzheimer[3], unité protégée) ou les budgets restreints. Face à cette mécanique, anticiper, diversifier et renforcer son dossier deviennent incontournables.

Stratégie 1 : Multiplier les candidatures, élargir la recherche
Ne jamais se contenter d’un seul établissement, même en cas de coup de cœur. Le réflexe : envoyer le dossier d’admission à plusieurs EHPAD, dans différentes communes si possible. Élargir le périmètre géographique, viser aussi bien les structures publiques, privées associatives, que commerciales.
Les EHPAD privés à but lucratif affichent parfois des délais plus courts (1 à 4 mois), les associatifs un compromis, les publics des listes d’attente parfois interminables. Sortir des grandes villes, regarder les départements voisins, accepter de s’éloigner en attendant mieux. Cette souplesse paie.
Stratégie 2 : Opter pour un hébergement temporaire ou d’urgence
Quand l’urgence s’impose, l’hébergement temporaire permet de gagner du temps. Séjour court en EHPAD, accueil de jour ou de nuit : ces solutions ouvrent la porte à une prise en charge immédiate, en attendant une place permanente. D’une durée maximale de 90 jours par an (souvent fractionnable), cet accueil permet de sécuriser la situation, soulager l’aidant, et parfois, d’accélérer l’accès à un lit définitif si un désistement survient. Tous les établissements ne proposent pas ce service, mais il vaut le coup d’en faire systématiquement la demande.
En parallèle, les accueils familiaux, les résidences seniors ou le renforcement des aides à domicile restent des alternatives viables pour les seniors autonomes ou moyennement dépendants. L’objectif : éviter la rupture, garantir la sécurité, maintenir un cadre humain.
Stratégie 3 : Professionnaliser la démarche, mobiliser les bons relais
Les services spécialisés font gagner un temps précieux. Assistantes sociales du secteur hospitalier, du CLIC[4] ou du CCAS, dispositifs d’appui à la coordination (DAC) : ces acteurs connaissent les disponibilités en temps réel, aiguillent vers les établissements adaptés, montent parfois le dossier à votre place.
Cap Retraite vous propose également un accompagnement gratuit et sans engagement, avec suivi personnalisé, analyse fine des besoins et organisation de visites en urgence. Leur réseau, leur accès privilégié aux directions des maisons de retraite, font souvent la différence.
N’hésitez pas à solliciter aussi les services sociaux des hôpitaux, surtout en cas d’hospitalisation ou de retour à domicile compromis. Ils disposent de contacts clés et savent activer les priorités en cas de situation critique.

Stratégie 4 : Soigner le dossier, anticiper les aspects administratifs et financiers
Un dossier incomplet ou mal préparé ralentit tout. Dès le départ, réunir toutes les pièces : état civil, justificatifs de revenus, attestation de sécurité sociale, décision d’attribution d’aides (APA, ASH…), évaluation médicale (GIR). Faire remplir le volet médical par le médecin traitant, être précis sur les pathologies, les besoins d’accompagnement. Actualiser le dossier à chaque évolution de la situation : aggravation de la dépendance[6], changement de ressources, urgence nouvelle.
Simultanément, préparer les aspects financiers : étude des aides à l’hébergement, montage du dossier APA, simulation des droits à l’aide sociale[7] (ASH), mobilisation des caisses de retraite, crédit d’impôt[8] pour l’aide à domicile[9] si nécessaire. Plus le dossier est solide, plus l’admission peut être rapide en cas de place disponible.
Stratégie 5 : Rester proactif, relancer, montrer sa motivation
Un dossier posé, puis oublié : erreur fréquente. Les directions d’EHPAD privilégient parfois les familles réactives, capables de répondre immédiatement en cas de place libérée. Relancer régulièrement les établissements, téléphoner, signaler les évolutions, manifester sa disponibilité (même pour une entrée rapide). Cette attitude proactive permet de ne pas passer à côté d’un désistement ou d’une ouverture inattendue. Rester joignable, être prêt à visiter à tout moment, facilite aussi la prise de décision côté établissement.
Cas pratiques : délais, disparités et solutions alternatives
| Région | Délais moyens (mois) | Particularités |
|---|---|---|
| Île-de-France | 6 à 12 | Forte tension, priorité aux cas urgents |
| PACA | 4 à 8 | Établissements privés plus accessibles |
| Bretagne | 2 à 5 | Délais réduits hors métropoles |
| Auvergne-Rhône-Alpes | 3 à 7 | Forte disparité entre zones urbaines et rurales |
Pour contourner une attente trop longue : accueil de jour, hébergement temporaire, résidence autonomie, accueil familial, colocation seniors. L’adaptation du domicile, avec aide à domicile renforcée, reste la solution de transition la plus fréquente en attendant la libération d’une place.
Accompagnement et préparation psychologique : ne pas négliger l’humain
Derrière les démarches, il y a l’humain. Parler tôt du sujet, impliquer la personne âgée dans les visites, organiser des temps de rencontre avec l’équipe soignante, préparer la chambre : autant de gestes qui facilitent la transition. Les aidants familiaux jouent un rôle clé : rassurer, expliquer, accompagner, maintenir le lien après l’entrée, visiter régulièrement. Cette approche bienveillante réduit le stress, limite les refus de placement, favorise l’adaptation.
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Pour résumer : les 5 stratégies pour obtenir une place en EHPAD
| Stratégie | Objectif | Actions concrètes | Avantages |
| 1. Multiplier les candidatures et élargir la recherche | Augmenter les chances d’obtenir rapidement une place | Envoyer les dossiers à plusieurs EHPAD, viser différentes communes, inclure établissements publics, privés associatifs et commerciaux | Réduit le temps d’attente, offre plus de choix |
| 2. Opter pour un hébergement temporaire ou d’urgence | Sécuriser la situation en attendant une place définitive | Séjour court en EHPAD, accueil de jour/nuit, accueil familial ou résidence seniors | Permet une prise en charge immédiate, soulage l’aidant, ouvre la voie à un lit permanent |
| 3. Professionnaliser la démarche et mobiliser les relais | Gagner du temps et éviter les blocages | Contacter assistantes sociales, CLIC, CCAS[5], services hospitaliers, conseillers spécialisés | Accès à des informations privilégiées, aide pour monter le dossier, priorisation en cas d’urgence |
| 4. Soigner le dossier administratif et financier | Rendre le dossier complet et attractif pour accélérer l’admission | Réunir pièces justificatives, volet médical précis, actualiser le dossier, préparer aides financières (APA, ASH, caisses de retraite) | Augmente les chances d’admission rapide, évite les refus pour dossier incomplet |
| 5. Rester proactif et relancer régulièrement | Montrer sa motivation et rester dans les radars des établissements | Appels réguliers, relances, signaler les changements, être disponible pour visites ou entrée rapide | Permet de saisir rapidement les places libérées, améliore la réactivité de l’établissement |
FAQ pratique : les questions qui reviennent
Peut-on imposer un placement en EHPAD ?
Non, sauf danger imminent ou décision judiciaire (tutelle[10]). Le consentement reste central.
Un dossier peut-il être refusé ?
Oui, si le niveau de soins requis dépasse les capacités de l’établissement ou si le dossier est incomplet.
Peut-on changer d’EHPAD après une admission ?
Oui, sous réserve du respect du préavis et de la disponibilité d’une place ailleurs.
Existe-t-il des aides financières pour accélérer l’entrée ?
L’APA, l’ASH et les aides des caisses de retraite peuvent être mobilisés. Préparer ces dossiers en même temps que la candidature.
Qui contacter en cas d’urgence ?
Les services sociaux hospitaliers, les plateformes d’orientation (numéro vert 0 800 941 340), ou des conseillers spécialisés comme ceux de Cap Retraite (01 76 35 04 40).
L’obtention d’une place en EHPAD exige de l’anticipation, de la réactivité et une stratégie multi-cibles. Les listes d’attente s’allongent, mais des solutions existent pour contourner les blocages : multiplier les demandes, accepter des solutions temporaires, solliciter des relais professionnels, soigner son dossier et maintenir la pression. Le parcours reste exigeant, émotionnellement et administrativement. Mais en combinant ces cinq leviers, la probabilité d’obtenir une place rapidement augmente nettement, même en novembre, même dans les régions tendues. En filigrane, l’accompagnement humain, la préparation psychologique et le maintien du dialogue restent essentiels pour une transition réussie, sans rupture ni perte de repères.
Source : DRESS
✅ Article relu par l’équipe éditoriale avec le concours d’un contributeur expert médico-social chez Cap Retraite. Son expérience de terrain et sa connaissance des dispositifs d’aide et d’accompagnement permettant d’apporter un regard fiable et pertinent aux lecteurs.
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[1] EHPAD
Les EHPAD sont des établissements médicalisés qui accueillent des personnes âgées qui ont besoin de soins médicaux réguliers et d’une aide dans leur vie quotidienne.
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[2] GIR
Le GIR (Groupe Iso-Ressources) est un outil qui sert à évaluer le niveau d’autonomie des personnes âgées, en les classant selon leur besoin d’aide pour les activités quotidiennes.
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[3] Alzheimer
La maladie d’Alzheimer est une maladie qui affecte le cerveau, entraînant des pertes de mémoire et des difficultés à penser clairement, rendant progressivement les tâches quotidiennes plus difficiles.
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[4] CLIC
Le CLIC est un centre local qui aide les personnes âgées en fournissant des informations et des conseils sur les services et les aides financières disponibles, ainsi que les démarches…
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[5] CCAS
Le CCAS est un organisme local qui aide les habitants en difficulté, notamment les personnes âgées, en leur offrant des services sociaux et des aides financières.
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[6] Dépendance
La dépendance de la personne âgée désigne le besoin d’aide pour réaliser les tâches de la vie quotidienne en raison de problèmes physiques ou mentaux.
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[7] Aide Sociale
L’aide sociale est une assistance financière fournie par l’État pour aider les personnes en difficulté à couvrir des besoins essentiels, comme le logement ou les soins en établissement.
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[8] Impôt
L’impôt est une somme d’argent que les citoyens et les entreprises paient régulièrement au gouvernement. Cet argent est utilisé pour financer des services publics comme les écoles, les routes, et…
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[9] Aide à domicile
L’aide à domicile est un service qui accompagne les personnes chez elles en leur apportant une assistance pour les tâches de la vie courante, comme le ménage, les courses, ou…
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[10] Tutelle
La tutelle est un mesure de protection judiciaire où une personne est désignée pour prendre soin des affaires personnelles et financières d’une personne qui ne peut plus le faire elle-même…
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