Lorsqu’un proche âgé est hospitalisé pour confusion ou agitation, il est fréquent que les médecins prescrivent temporairement des médicaments antipsychotiques pour calmer les symptômes. Mais saviez-vous que prolonger inutilement ces traitements peut avoir des conséquences sérieuses sur sa santé ?
En tant qu’aidant, vous souhaitez avant tout protéger votre proche, le voir en sécurité et confortable chez lui. Votre rôle est essentiel pour assurer un suivi attentif dès le retour à domicile. Découvrez comment protéger efficacement votre proche grâce à quelques gestes simples mais essentiels.
Pourquoi réduire rapidement les antipsychotiques après une hospitalisation ?
Selon une récente étude publiée dans JAMA Psychiatry, près d’un tiers des personnes âgées continuent à prendre des médicaments antipsychotiques après leur sortie de l’hôpital, alors que ces traitements ne devraient durer qu’une à deux semaines maximum pour traiter des troubles aigus.
La prise prolongée de ces médicaments peut entraîner des effets secondaires graves chez les seniors :
- Chutes et fractures
- Infections urinaires
- Augmentation du syndrome confusionnel
- Risque accru de décès
En arrêtant ces traitements dès que possible, vous diminuez significativement le risque de réhospitalisation et protégez la santé de votre proche.
Les résultats détaillés d’une étude majeure sur ce type de médicaments
L’étude a suivi 27 424 adultes âgés de 65 ans et plus, appariés selon différents critères cliniques et médicaux. Pendant une période médiane de suivi de 180 jours, les chercheurs ont observé que l’arrêt des antipsychotiques était associé à une réduction significative des risques suivants :
- Réhospitalisation générale : les personnes ayant arrêté avaient 11 % moins de risques d’être réhospitalisées.
- Délirium hospitalier : baisse de 13 % des cas de confusion grave nécessitant une hospitalisation.
- Urgences ou hospitalisations liées à une chute : diminution de 23 % des cas d’urgences ou d’hospitalisations dues aux chutes.
- Infections urinaires nécessitant une hospitalisation : réduction de 21 % des hospitalisations pour infection urinaire.
- Mortalité toutes causes confondues : baisse de 23 % du risque global de décès.
Cependant, il n’y avait pas de différence statistiquement significative pour le risque de pneumonie ou d’accident vasculaire cérébral (AVC).
Ces résultats ont été constants, indépendamment du statut cognitif (avec ou sans démence), du type ou de la dose d’antipsychotique administré, ainsi que de la durée initiale de traitement.

Comment agir efficacement auprès d’une personne âgée après l’hospitalisation ?
En tant qu’aidant, vous pouvez jouer un rôle actif et protecteur en adoptant ces quelques bonnes pratiques :
- Communiquez avec le médecin traitant: assurez-vous que le traitement prescrit est réévalué rapidement après la sortie de l’hôpital.
- Surveillez attentivement les effets secondaires: soyez vigilant aux signes comme l’augmentation de la confusion, des troubles de l’équilibre ou une faiblesse généralisée.
- Encouragez une prise en charge globale: une prise en charge non médicamenteuse incluant un environnement rassurant, des routines stables et une stimulation cognitive adaptée peut grandement améliorer l’état de votre proche.
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Exemples d’antipsychotiques couramment prescrits :
- Quétiapine (Seroquel) : souvent utilisée pour son effet sédatif léger, bien que son efficacité dans la confusion soit débattue.
- Rispéridone (Risperdal) : l’un des plus prescrits pour les troubles du comportement chez les personnes âgées, avec prudence en raison des risques vasculaires.
- Olanzapine (Zyprexa) : parfois utilisée en situation aiguë, mais avec des risques métaboliques importants.
- Halopéridol (Haldol) : antipsychotique de première génération, souvent utilisé en cas d’agitation sévère, mais avec un fort risque d’effets extrapyramidaux (rigidité, tremblements).
- Aripiprazole (Abilify) : parfois prescrit pour ses effets modérément sédatifs, avec un profil un peu plus tolérable chez certains patients.
- Loxapine (Loxapac) : parfois utilisée en situation aiguë, bien qu’elle soit plus ancienne.
- Cyamémazine (Tercian): Un antipsychotique souvent utilisé en milieu hospitalier.
💡 Ces prescriptions sont souvent désitnées aux personnes âgées pour les troubles du comportement liés à la démence et doivent être strictement temporaires, comme le rappelle l’étude de la Harvard Medical School citée dans l’article.
Avant toute décision concernant un traitement, n’hésitez pas à consulter des sources médicales reconnues comme la Haute Autorité de Santé (HAS), le Vidal, ou le site Santé.fr. Elles vous permettent de mieux comprendre les effets des médicaments prescrits, leurs indications réelles et leurs risques, notamment chez les personnes âgées. En cas de doute, discutez toujours avec le médecin traitant ou le pharmacien : ils sont vos meilleurs alliés pour une prise en charge adaptée et sécurisée.
LIRE AUSSI: Démence ou confusion aiguë, comment les distinguer ?
Agir rapidement pour préserver la santé de votre proche âgé
Votre rôle en tant qu’aidant est essentiel dans la prévention des complications liées aux médicaments antipsychotiques. Une intervention rapide et un suivi rigoureux après une hospitalisation réduisent efficacement les risques de réhospitalisation et améliorent durablement la qualité de vie des personnes âgées fragiles.
À retenir
- Durée maximale recommandée des antipsychotiques : 1 à 2 semaines après hospitalisation.
- Réduction des risques : réhospitalisation, chute, infection urinaire, mortalité.
- Importance d’un suivi attentif par l’aidant et une prise en charge globale non médicamenteuse.
Questions fréquentes sur les antipsychotiques après une hospitalisation
1. Pourquoi les antipsychotiques sont-ils prescrits aux personnes âgées ?
Ils sont prescrits temporairement pour gérer l’agitation ou la confusion aiguë, souvent associée à une hospitalisation.
2. Quels signes doivent m’alerter pour arrêter les antipsychotiques ?
Soyez attentif aux effets secondaires comme l’augmentation de la confusion, les troubles d’équilibre, la faiblesse ou les infections fréquentes.
3. Que faire si je remarque des effets indésirables chez mon proche ?
Contactez immédiatement le médecin traitant pour une réévaluation rapide du traitement.
4. Les benzodiazépines sont-elles des antipsychotiques ?
Non. Les benzodiazépines sont une classe différente de médicaments, utilisées surtout pour traiter l’anxiété, les troubles du sommeil ou l’agitation. Contrairement aux antipsychotiques, elles agissent sur un autre système neurochimique (le GABA) et comportent un risque important de dépendance[1] et de sédation chez les personnes âgées.
5. Les risques sont-ils les mêmes entre benzodiazépines et antipsychotiques ?
Ils se recoupent partiellement : les deux augmentent le risque de chutes, de confusion et de sédation excessive. C’est pourquoi leur usage prolongé est déconseillé chez les seniors, sauf indication très spécifique et suivi médical strict.
6. Peut-on arrêter une benzodiazépine aussi facilement qu’un antipsychotique ?
Non. L’arrêt des benzodiazépines nécessite souvent un sevrage progressif sous surveillance médicale, pour éviter des effets de rebond anxieux, de l’agitation ou même des crises convulsives.
7. Y a-t-il des solutions non médicamenteuses pour l’anxiété et l’insomnie ?
Oui, des approches comme la relaxation, les routines rassurantes ou les thérapies comportementales peuvent réduire efficacement l’anxiété. Pour l’insomnie, une bonne hygiène du sommeil (heures fixes, lumière naturelle, environnement calme) est essentielle. Ces solutions sont sans effets secondaires et souvent bien tolérées chez les personnes âgées. N’hésitez pas à en parler avec le médecin traitant.
Source :
Chun-Ting Yang et al. JAMA Psychiatry, Health Outcomes of Discontinuing Antipsychotics After Hospitalization in Older Adults, mai 2025.
APM/ Gérontonews
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[1] Dépendance
La dépendance de la personne âgée désigne le besoin d’aide pour réaliser les tâches de la vie quotidienne en raison de problèmes physiques ou mentaux.
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