La question du financement d’une place en maison de retraite représente un véritable casse-tête pour de nombreuses familles françaises. Avec un coût moyen compris entre 2 000 et 3 000 € par mois, beaucoup se retrouvent démunis face à cette réalité économique. Les pensions de retraite, souvent insuffisantes, ne permettent pas de couvrir ces frais importants. Pourtant, des dispositifs d’aide existent mais restent malheureusement sous-utilisés par méconnaissance. Face à l’urgence d’une situation de dépendance[1], peu de familles ont le temps d’explorer toutes les options disponibles.

Le coût réel d’une maison de retraite en France

Avant d’explorer les solutions de financement, il est nécessaire de comprendre ce qui compose la facture d’un établissement pour personnes âgées dépendantes.

Des tarifs variables selon les établissements et les régions

En 2025, le prix moyen d’un EHPAD se situe entre 2 000 et 3 000 € mensuels. En région parisienne, il peut grimper entre 3 500 et 7 500 €, selon le statut et le standing de l’établissement. Les écarts s’expliquent notamment par la localisation, le type de gestion (public, privé associatif ou commercial), le niveau de prestations et le degré d’autonomie du résident.

Décomposition du tarif d’hébergement

La facturation en EHPAD[2] se divise généralement en trois parties :

  • Le tarif hébergement couvre le logement, la restauration, l’animation et l’entretien.
  • Le tarif dépendance est lié au niveau de perte d’autonomie (GIR[3]).
  • Le tarif soins est le plus souvent pris en charge par l’Assurance maladie.

Cette répartition est cruciale pour comprendre quelles aides solliciter, car elles interviennent différemment selon les postes de dépense.

seniors découvrant les prix des EHPAD en France

Les aides financières officielles à connaître absolument

Plusieurs dispositifs existent pour alléger le coût d’un hébergement en maison de retraite, mais beaucoup de familles ignorent leur existence ou les conditions d’éligibilité.

L’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA)

L’APA est la principale aide pour les personnes en perte d’autonomie. Versée par le Conseil départemental, elle couvre une partie du tarif dépendance et n’est pas récupérable sur succession. Son montant varie selon le degré de dépendance, allant de quelques dizaines d’euros à environ 1 200 € pour les situations les plus lourdes. En établissement, elle est généralement versée directement à la structure d’accueil.

Conditions de l’APA : pour bénéficier de cette allocation, vous devez avoir 60 ans ou plus, et être classé en GIR 1-4 (niveau de dépendance modérée à sévère). Il n’y a pas de conditions de ressources, mais une participation vous est demandée. Elle est calculée sur la base de vos revenus et des tarifs dépendance de l’EHPAD.

L’aide sociale à l’hébergement (ASH) : le dispositif souvent négligé

L’ASH peut, sous conditions strictes de ressources, prendre en charge tout ou partie du tarif hébergement. Elle n’est disponible que dans les établissements habilités à l’aide sociale[4] (sauf exception) et est récupérable sur succession, donation et auprès des obligés alimentaires. Cette récupération explique souvent les réticences des familles, alors même que l’ASH peut constituer une solution décisive.

Conditions de l’ASH : pour bénéficier de l’aide sociale, vous devez être âgé de plus de 65 ans (ou 60 ans, en cas d’inaptitude au travail) et avoir des ressources inférieures au tarif hébergement. Vous serez amené à fournir au Conseil départemental les informations nécessaires pour calculer la participation de vos obligés alimentaires.

Les aides au logement : APL et ALS

Selon la situation et le type d’établissement, les résidents peuvent percevoir l’APL ou l’ALS, versées par la CAF ou la MSA. Elles contribuent à réduire le reste à charge, leur montant dépendant des revenus et de la localisation.

Bon à savoir : l’APL est accordée uniquement dans les établissements conventionnés. Dans les autres résidences, demandez plutôt l’ALS. Les conditions d’éligibilité sont similaires. Pour bénéficier du montant le plus élevé, vos revenus annuels doivent être inférieurs à certains plafonds (5 235 € pour une personne seule).

La réduction d’impôt pour frais d’hébergement

Les contribuables hébergés en EHPAD peuvent bénéficier d’une réduction d’impôt sur leurs dépenses d’hébergement et de dépendance. Les modalités exactes et conditions sont à vérifier auprès des services fiscaux ou d’un conseiller compétent.

Bon à savoir : vous n’avez pas droit à la réduction d’impôt[5] si vous payez uniquement l’hébergement, sans frais de dépendance. Autrement dit, dans une maison de retraite de type résidence-services pour personnes autonomes, les frais d’accueil ne sont pas concernés par cet avantage fiscal.

Aides pour payer une maison de retraite quand on n’a pas les moyens
Aide
Conditions
Avantage
Limite
APA
Perte d’autonomie (GIR 1 à 4)
Non récupérable
Réduit le tarif dépendance
Participation égale au moins au ticket modérateur (tarif des GIR 5-6)
ASH
  • Ressources faibles
  • Occuper une place habilitée à l’aide sociale
Peut couvrir hébergement et parfois la dépendance
Récupérable sur succession
APL/ALS
  • Revenus modestes
  • Établissement conventionné (pour l’APL)
Réduit le reste à charge mensuel du tarif hébergement
Plafonds de revenus
Réduction d’impôt
Dépenses liées à l’hébergement + dépendance
25 % (jusqu’à 2 500 € de réduction)
Réservé aux contribuables imposables

Les solutions alternatives méconnues pour financer un hébergement 

Des solutions complémentaires, parfois ignorées, peuvent faciliter la prise en charge des frais d’EHPAD.

Le viager hypothécaire : libérer la valeur du patrimoine immobilier

Ce dispositif permet d’emprunter une somme garantie par un bien immobilier, sans remboursement du vivant de l’emprunteur, tout en conservant la propriété. Au décès, les héritiers peuvent rembourser le prêt pour garder le bien, ou laisser la banque le vendre pour se rembourser.

La vente en viager : une solution pour les propriétaires

La vente en viager classique offre un capital immédiat (le bouquet) et une rente mensuelle à vie. C’est une manière directe de financer l’hébergement pour les personnes disposant d’un bien mais peu de liquidités.

L’obligation alimentaire : impliquer la famille dans une démarche légale

Cette obligation concerne les enfants et petits-enfants, avec un partage proportionnel aux ressources. Elle peut être définie à l’amiable ou par un juge, et permet de répartir l’effort financier.

Les fonds d’action sociale des caisses de retraite

Ces fonds peuvent financer une partie des frais d’entrée, octroyer des aides exceptionnelles ou prendre en charge une partie des séjours temporaires. Il faut en faire la demande directement auprès de sa caisse de retraite.

Exemple : ARDH et séjour temporaire en EHPAD

L’Aide au retour à domicile après hospitalisation (ARDH), financée par l’Assurance retraite, peut exceptionnellement couvrir un séjour temporaire en EHPAD quand le retour à domicile immédiat n’est pas possible.

Elle est attribuée pour une durée maximale de 3 mois et peut financer jusqu’à 1800 € de prestations, selon les ressources du retraité.

senior regardant les conditions pour souscrire à un fonds d'action sociale

Stratégies préventives : anticiper pour mieux financer votre EHPAD

Certaines stratégies permettent de préparer progressivement le financement d’un hébergement en EHPAD.

La mise en place d’une assurance dépendance

Cette assurance prévoit le versement d’une rente mensuelle en cas de perte d’autonomie, venant compléter les aides publiques. Plus elle est souscrite tôt, plus elle est abordable et accessible.

L’épargne dédiée : un capital spécifique pour la vieillesse

Certaines solutions d’épargne comme le Plan d’Épargne Retraite, l’assurance-vie ou les SCPI peuvent être orientées vers le financement d’une éventuelle dépendance. Bien gérée, cette anticipation reste la meilleure protection contre les difficultés.

Comment négocier avec les établissements d’hébergement ?

Négocier avec un EHPAD demande méthode et préparation, mais peut s’avérer bénéfique.

Les établissements publics et associatifs : une alternative économique

Ces structures pratiquent généralement des tarifs inférieurs à ceux du privé commercial et sont plus souvent habilitées à l’aide sociale. Malgré des équipements parfois moins modernes, elles offrent des prestations de qualité.

Les résidences autonomie : une solution intermédiaire moins coûteuse

Pour les seniors relativement autonomes, elles proposent des logements indépendants avec services collectifs, et constituent une étape avant un éventuel EHPAD.

Le partage de chambre : une option économique à considérer

Bien que moins courant aujourd’hui, partager une chambre peut réduire significativement le coût. Cette solution est parfois utilisée comme étape transitoire ou solution d’urgence.

La démarche pas à pas pour optimiser son financement

Établir un bilan financier complet

Recenser les revenus, évaluer le patrimoine, identifier les charges incompressibles et calculer le reste à vivre pour un éventuel conjoint.

Constituer un dossier d’aides optimal

Contacter le CLIC[6], faire évaluer le niveau de dépendance, déposer les demandes d’APA, d’aide au logement[7] et d’ASH, et solliciter les caisses de retraite.

Consulter un professionnel pour optimiser sa situation

Un conseiller spécialisé peut aider à optimiser son patrimoine, éviter les erreurs administratives et identifier des solutions adaptées.

Des situations particulières qui peuvent ouvrir droit à des aides spécifiques

Des cas particuliers permettent de bénéficier de soutiens financiers adaptés.

Les anciens combattants et victimes de guerre

  • D’aides spécifiques de l’ONACVG
  • De places réservées dans certains établissements
  • De réductions tarifaires dans les établissements publics

Les personnes atteintes de maladies spécifiques

  • Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer[8] peuvent solliciter l’aide de France Alzheimer
  • Les malades de Parkinson peuvent contacter l’association France Parkinson
  • Les personnes souffrant de séquelles d’AVC[9] peuvent se tourner vers France AVC

Ces associations disposent souvent de fonds de solidarité pour leurs adhérents en difficulté.

Face à l’entrée en maison de retraite, la préparation reste votre meilleur allié. En combinant les aides publiques (APA, APL/ALS, ASH), les solutions patrimoniales possibles (viager, épargne dédiée) et l’accompagnement des services sociaux (CLIC, CCAS[10], caisses de retraite), il est souvent possible de réduire sensiblement le reste à charge. Ne laissez aucune piste de côté et faites-vous aider pour monter les dossiers : l’anticipation, quand elle est possible, évite les décisions dans l’urgence et leurs conséquences financières.

Questions fréquentes

Peut-on toucher l’ASH en vivant dans un EHPAD non habilité ?

Seulement dans un cas spécifique. Si une personne âgée réside depuis au moins 5 ans en continu dans un EHPAD non habilité, elle peut obtenir l’ASH à titre individuel. Cette règle évite de devoir changer d’établissement pour des raisons financières.

Que se passe-t-il quand le conjoint d’un bénéficiaire de l’ASH reste au domicile ?

Lorsqu’un résident demande l’ASH, le département évalue les ressources du couple. Tous les revenus doivent être utilisés pour payer l’accueil. Toutefois, le Conseil départemental laisse au conjoint resté au domicile un minimum de revenus. Cela évite qu’il soit contraint de vendre son logement ou se retrouve sans ressources suffisantes pour vivre. En 2025, ce reste à vivre s’élève à 1 034,28 € par mois (comme l’ASPA).

L’ASH est-elle cumulable avec l’APL ou l’APA ?

Oui. L’APA finance la dépendance, l’APL/ALS réduit le coût du logement, et l’ASH complète ensuite le reste. Le résident conserve généralement 10 % de ses revenus (au moins 124 €/mois en 2025) pour ses dépenses personnelles.

Peut-on changer d’EHPAD si on bénéficie déjà de l’ASH ?

Oui, mais uniquement vers un établissement lui aussi habilité à l’aide sociale.

Les petits-enfants peuvent-ils être sollicités pour l’ASH ?

Non. Depuis la loi « Bien vieillir » du 8 avril 2024, les petits-enfants ne peuvent plus être sollicités par le département dans le cadre d’une demande d’ASH.

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Commentaires (2)

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  1. Gattegno annick

    Comment est évalué le GIR

    Répondre
    1. Amandine

      Bonjour

      Je vous remercie pour votre commentaire.
      Le GIR est évalué par un médecin de la MDPH ou du département selon l’autonomie dans les activités quotidiennes.
      Bonne journée.
      Amandine

      Répondre

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