La démence à corps de Lewy (DCL) affecte principalement les personnes de plus de 50 ans. Cette maladie neurodégénérative cause des dépôts de protéines anormales, appelées corps de Lewy, à l’intérieur des cellules nerveuses et jusque dans les zones responsables de la mémoire et des mouvements musculaires.

Si aujourd’hui, il n’existe aucun traitement curatif pour cette démence qui détruit progressivement les  capacités cognitives et motrices de la personne touchée, les chercheurs de la Mayo Clinic (ÉtatsUnis) ont peut-être trouvé un moyen de la détecter plus tôt. En effet, leur étude révèle que les troubles du sommeil paradoxal pourraient être un signe avant-coureur de la maladie… 

Un sommeil agité : révélateur de la démence à corps de Lewy

Les symptômes de la démence à corps de Lewy

La démence à corps de Lewy implique de nombreuses affections causant la dégradation des capacités cognitives : 

  • une mauvaise perception visuelle et spatiale, 
  • des difficultés à réaliser certaines tâches, 
  • un raisonnement illogique, 
  • des troubles de l’attention en début de maladie, souvent confondus avec des pertes de la mémoire en phase plus avancée, 
  • des hallucinations visuelles et parfois auditives, 
  • des déséquilibres,
  • des changements d’humeur qui ressemblent à de la dépression… 

Mais ceux liés au sommeil paradoxal ont particulièrement attisé la curiosité des chercheurs anglais. En effet, les troubles du sommeil, comme les cauchemars ou l’agitation nocturne, sont très présents dans la maladie à corps de Lewy (MCL). 

La particularité des troubles du sommeil

Bien souvent, le patient fait de grands mouvements la nuit. Ces derniers peuvent être si violents, qu’ils arrivent à frapper le conjoint involontairement ou faire tomber du lit. Pour d’autres, les comportements se rapprochent du somnambulisme.    

En observant les agitations en sommeil paradoxal de patients, notamment les gestes soudains des bras et des jambes, les sons et les mots émis, les chercheurs découvrent un lien de diagnostic précoce de 3 à 15 ans avec la DCL, avant que le syndrome ne soit officiellement déclaré. 

Trouble du sommeil et diagnostic précoce de démence à corps de Lewy

5 fois plus de risque de développer la maladie à corps de Lewy

De par cette étude, le « trouble comportemental du sommeil paradoxal » (TCSP) fait ainsi référence aux personnes ayant des nuits « agitées » , comme s’ils semblaient vivre leurs rêves. 

Selon les scientifiques, la présence de rêves physiques est le meilleur indicateur d’un trouble du sommeil paradoxal. Car en temps normal, le corps est censé rester immobile pendant ces phases. Des cycles qui, répétés sur toute la nuit, représentent environ 20% du temps total de sommeil.

D’après les chercheurs, l’atteinte neurodégénérative d’un noyau de la protubérance provoquerait l’agitation nocturne anormale.

En plus de freiner la fonction récupératrice et de se blesser, ces mouvements brusques augmentent la confusion et les problèmes comportementaux. Des signaux révélateurs d’une potentielle démence à corps de Lewy, avec un risque de développer la maladie multiplié par cinq.

Comment diagnostique-t-on la DCL aujourd’hui ?

Le diagnostic actuel est essentiellement réalisé sur des critères cliniques internationaux, dits les critères de McKeith, tels que les troubles cognitifs, mais aussi les hallucinations visuelles, les fluctuations, des troubles moteurs de type ralentissement, rigidité et tremblement… et bien sûr les troubles du comportement en sommeil paradoxal. 

Le problème ? La trop grande variété de manifestations de la maladie et donc de risque de confusions avec d’autres pathologies de type Alzheimer ou Parkinson rend le diagnostic difficile. Le sommeil agité peut aussi annoncer un syndrome parkinsonien.

Pour confirmer la DCL, le médecin se réfère à d’autres signes évocateurs ou biomarqueurs :

  • le DaTSCAN : une solution injectable contenant le principe actif ioflupane qui évalue la perte de fonction des synapses (le point de contact entre deux neurones), visible sous imagerie médicale;
  • la scintigraphie cardiaque pour distinguer la maladie à corps de Lewy de la maladie d’Alzheimer ;
  • la polysomnographie qui mesure le rythme cardiaque, la respiration, les mouvements musculaires  pendant le sommeil… afin d’identifier des troubles.
  • l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour déceler une perte de volume des aires cérébrales.
IRM pour déceler la maladie à corps de Lewy

Vers le 1er symptôme des maladies dégénératives ?

Lien entre le sommeil paradoxal et Parkinson

Avec ces méthodes actuelles, la démence à corps de Lewy est souvent diagnostiquée plus de trente ans après l’apparition des premiers symptômes. Autrement dit, les signes avant-coureurs de la maladie peuvent être présents pendant des décennies avant que le diagnostic ne soit établi. C’est pourquoi cette récente découverte permettrait de déceler ces signes plus tôt, améliorer le diagnostic précoce de la maladie et faire du trouble du sommeil paradoxal, le premier signe de démence à corps de Lewy. 

Ce lien entre le trouble comportemental du sommeil paradoxal et une maladie neurodégénérative n’est pas nouveau. La Fédération pour la Recherche sur le Cerveau (FRC) avait publié une étude en 2016 où plus de 80% des patients affectés par le trouble du sommeil étaient prédisposés à développer une maladie de Parkinson

La cause du trouble du sommeil 

Plus qu’un hasard, la qualité de sommeil semble être un marqueur pré-symptomatique spécifique des neurodégénérescences.

En effet, selon Isabelle Arnulf, professeur de neurologie à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris, ce trouble du sommeil est causé par la perte du « verrou » cérébral qui empêche normalement l’extériorisation de nos rêves.

Invisibles sur les scanner ou IRM habituels, les lésions cérébrales à l’origine de ce trouble pourraient néanmoins être identifiées et suivies par des IRM plus performants. Cette nouvelle technique permet à l’équipe du Professeur Arnulf de travailler à identifier les parties du cerveau qui dégénèrent de façon plus précise. 

Avec 67 % des patients non diagnostiqués et 250 000 patients en France, la démence à corps de Lewy reste difficile à détecter. Cependant, la découverte du trouble du sommeil paradoxal comme symptôme avant-coureur est encourageante pour le dépistage précoce de la maladie à corps de Lewy. 

Une aide supplémentaire pour trouver un traitement curatif qui améliorerait la qualité de vie des patients. Pour rappel, les médicaments actuellement proposés ne font que ralentir la progression de la maladie.

Vous cherchez une maison de retraite pour un proche atteint de la démence à corps de Lewy? Notre moteur de recherche intélligent trouve les établissements avec une unité protégée près de chez vous. Trouvez un établissement à Paris, Marseille, Bordeaux, Nice et dans les plus petites villes.

Sources :

Association France Alzheimer

REM sleep behavior disorder – Mayo Clinic 

frcneurodon.org – Cartographie anatomo-fonctionnelle par IRM 3T multimodale du trouble comportemental en sommeil paradoxal idiopathique

Note de l’article (8 votes)

Cet article vous a-t-il été utile ?

Notez cet article afin de nous permettre d’améliorer nos contenus.

Commentaires (0)

Réagissez, posez une question…

Les derniers articles

Articles les plus recherchés

Nos dossiers sur ce thème

La santé du Grand-âge

L'accroissement de la longévité s'accompagne de la multiplication de pathologies propres aux personnes âgées. Nous abordons dans ce dossier intitulé "la santé au grand âge"…

En savoir plus

Face à la maladie d'Alzheimer

Nous avons consacré un dossier spécifique à la maladie d’Alzheimer, pour appréhender à sa mesure ce véritable fléau, qui touche en France 800 000 personnes,…

En savoir plus

Face à la maladie de Parkinson

Affection dégénérative du cerveau la plus courante après Alzheimer, la maladie de Parkinson touche plus de 2 % de la population française de plus de…

En savoir plus